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MOUVEMENT DE LA POPULATION DE LA FRANCE

PENDANT L'ANNÉE 1880.

Il résulte du tableau qui précède que, pour une population que l'on peut évaluer à 37,314,660 habitants, il y a eu, en 1880:

279,035 mariages, soit 7.5 p. 1,000 habitants.

920,177 naissances, soit 24.7 p. 1,000 habitants.
858,827 décès, soit 23.0 p. 1,000 habitants.

En se reportant vingt ans en arrière, on trouve pour une population à peu près équivalente (36,522,404 habitants).

288,937 mariages, soit 7.9 p. 1,000 habitants.
956,875 naissances, soit 26.4 p. 1,000 habitants.
781,635 décès, soit 21.4 p. 1,000 habitants.

En résumé, l'accroissement naturel de la population, celui qui résulte de l'excédent des naissances sur les décès, qui avait été, en 1860, de 175,240 ou de 0,48 p. 100 habitants, n'est plus, en 1880, que de 0,17. En d'autres termes, la population de la France qui, en 1860, tendait à doubler en 145 ans, ne doublerait qu'en 433 ans, si les conditious actuelles continuaient à persister.

On n'a pas oublié les perturbations que les événements de 1870-1871 ont fait éprouver aux mouvements de notre population. Pendant cette période néfaste, les mariages et les naissances ont diminué dans une forte proportion, tandis qu'il y a eu une augmentation tout à fait extraordinaire dans le chiffre des décès. Il est vrai que dès l'année suivante, une vive réaction s'est produite qui a compensé en partie nos pertes, mais qui ne pouvait durer. Il convient donc de négliger ces années exceptionnelles et d'étudier les faits à partir de 1873, année pendant laquelle la population a repris sa marche ordinaire.

Considérons d'abord les mariages et voyons dans quelle mesure leur nombre a varié par rapport à la population

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Le fait important qu'on déduit de ces rapports, c'est que le nombre relatif de mariages, après s'être maintenu pendant les trois ou même les quatre premières années à un taux quelque peu supérieur à la moyenne, s'est abaissé tout à coup en 1877 à 7 1/2 p. 1000, pour descendre au rapport de 1880 qui est le moins élevé qu'on ait eu à constater. Cette double marche en sens inverse nous paraît être un des résultats de nos désastres. Pour les premières années qui ont suivi la guerre, beaucoup d'unions qui avaient été retardées par les événements, se sont célébrées et ont par cela même dépassé le nombre norma 1 des mariages; plus tard, on est arrivé à l'époque ou beaucoup de jeunes gens de 20 à 25 ans se seraient mariés, et le nombre des mariages s'est trouvé diminué par les pertes que la guerre avait fait éprouver aux jeunes gens de cet âge.

On s'explique donc naturellement le déficit qu'accusent les quatre dernières années, mais ce n'est là, sans doute, qu'une des causes de l'abaissement anormal qu'on vient de constater et qui aura probablement pour effet de diminuer encore le nombre déjà si faible de nos naissances.

Cette réduction s'accentue, en effet, de plus en plus, comme on peut le voir par les chiffres ci-après :

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Examinons quelle est dans les naissances la part respective des enfants légitimes et des enfants naturels :

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La proportion des enfants naturels qui tendait à décroître, se relève à partir de 1877, juste au moment où le nombre des enfants légitimes diminue avec le plus de rapidité. C'est que ces derniers se rattachent intimement aux mariages, dont le nombre a, comme on vient de le voir, singulièrement décru, tandis que les enfants naturels sont indépendants de cette cause.

Dans les tableaux du mouvement de la population, les mort-nés proprement dits, aussi bien que les enfants morts avant la déclaration de naissance avec laquelle ils sont confondus, forment une classe à part, distincte à la fois des naissances et des décès.

Voici quel a été leur mouvement :

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C'est pour la période entière une moyenne de 4.44 morts-nés pour 100 nais sances totales; le rapport de la période décennale 1860-1869, était de 4.47.

Ce rapport a donc, en définitive, peu varié. Disons seulement qu'on constate une diminution assez marquée dans la proportion des morts-nés illégitimes, ce qui coïncide avec une diminution des infanticides, en tant que ces derniers aient pu être exactement relevés.

Jusqu'ici nous avons parlé des naissances dans leur ensemble sans distinguer les sexes. Il nous suffira de dire, à cet égard, que dans les naissances d'enfants vivants, le rapport des garçons aux filles n'est plus que de 104 p. 100. Les garçons restent toujours en excédent sur les filles, mais dans une proportion qui diminue graduellement depuis 1850, époque où la prédominance masculine était encore de 106 p. 100. C'est là encore un fait qui donne à réfléchir. L'excédent des garçons sur les filles reste d'ailleurs plus élevé dans les enfants légitimes que dans les enfants naturels. Mais c'est dans les mortsnés surtout que les garçons dominent. Ils l'emportent en 1880, sur les filles, dans le rapport de 147 à 100.

La presque totalité des naissances provient d'accouchements simples. Les accouchements multiples ne forment pas, en effet, le centième du total. Ce qui distingue les accouchements multiples, c'est qu'ils donnent lieu à trois fois plus de morts-nés que les accouchements ordinaires. Passons aux décès. Pendant la période qui nous occupe, leur rapport à la population a varié comme il suit :

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Ces rapports sont à peu près les mêmes chaque année ; ils oscillent autour de 22.6 p. 1000, lorsque la moyenne

de la période décennale précédente (1866-1869) s'élevait à 23.4. La France est d'ailleurs en des pays de l'Europe où la mortalité est la plus faible. Cela tient en partie au petit nombre de ses naissances.

T. LOUA.

MOUVEMENT DE LA POPULATION DE LA FRANCE PENDANT L'ANNÉE 1881.

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