Page images
PDF
EPUB

Force m'a été dès lors de placer un prisme P sur le trajet des rayons issus de L, et de passer à l'étude des éclairements monochromatiques, puisqu'en aucun cas la lumière blanche n'avait donné dans des conditions pareilles, deux résultats pareils. Pour cela la plage S est exposée au préalable aux rayons solaires pendant 10 minutes ou à ceux d'une lampe électrique de 50 bougies à 1 m pendant 30 minutes, le courant passant. Après réglage, je fais tomber sur S un faisceau de rayons monochromatiques, alors l'aiguille de l'ampèremètre prend instantanément une position qu'elle conserve pendant 8 à 12 secondes, après lesquelles, les folles oscillations recommencent (fig. 3).

Heureusement, pour toutes les couleurs simples du spectre et pour toutes leurs intensités, j'ai constaté cette période de fixité initiale de l'aiguille, grâce à laquelle j'ai pu, après des expériences répétées, établir des courbes fixes en fonctions des déviations galvanométriques et des intensités lumineuses (fig. 4). Pendant 2 mois, avec la même plage S

[blocks in formation]

5 10 15 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110 120

Fig. 4. Les intensités varient de o à 100 bougies environ. Remarquer que la plus grande sensibilité du sélénium répond aux radiations vertes V, et rouge orange RO.

[ocr errors]

et la même force électromotrice aux mêmes éclairements e1, C2, C3, ont correspondu les mêmes déviations n1, na, nз, ... à très peu près. Les courbes sont demeurées superposables.

[ocr errors]

Sensibilité de l'expérience. - Étant donnés deux éclairements voisins e, et es, à quelle valeur suffisamment petite de e, e correspond-il une différence suffisamment nette des deux déviations n1 -ną? Je l'ai recherché: 1o en déplaçant la lampe L d'un mouvement continu et uniforme pendant les 10 secondes de la période initiale; 2o en effectuant deux mesures distinctes après un faible déplacement de L par rapport

à S (1 à 5 cm). La sensibilité du sélénium est grande : elle paraît décroitre à mesure que l'intensité lumineuse croit; elle est maxima pour le vert.

En résumé, avec des radiations monochromatiques et après une exposition préalable du sélénium à la lumière, les déviations galvanométriques correspondant à des éclairements moyens sont demeurées à très peu près comparables pendant 3 mois.

L'exposition du sélénium à la lumière que l'on veut mesurer doit être de courte durée (10 secondes).

Dans ces conditions on peut établir, comme je l'ai fait, des courbes fixes en fonction des déviations galvanométriques et des intensités lumineuses.

Il est donc possible, dans la limite de ces expériences, de mesurer objectivement les intensités lumineuses ou les « degrés d'éclairement >> en un point donné pour des radiations monochromatiques.

Il semble d'autre part, a priori, qu'il est aisé de passer de l'intensité d'une radiation monochromatique à celle de la lumière blanche totale émise par la même source.

Ainsi la graduation de l'appareil pourrait être faite avec exactitude; elle rendrait plus aisée l'exploration des éclairements; plus rapide et plus simple, leur mesure. Le photomètre pratique, le photomètre clinique serait réalisé.

M. PAUL JÉGOU,

Ingénieur, ancien Élève de l'École supérieure d'Électricité,
Ex-Préparateur à l'École radiotélégraphique, Sablé (Sarthe).

CONSIDÉRATIONS RELATIVES A LA THÉORIE GÉNÉRALE DU DÉTECTEUR EXPLICATION DE L'ACTION DÉPOLARISATRICE DES

ÉLECTROLYTIQUE.

ONDES SUR LA POINTE SENSIBLE.

26 Mars.

538.563 (078)

On résume souvent le détecteur électrolytique en disant que c'est un petit Wenhelt Cette expression peut présenter un réel intérêt quand il s'agit de donner une idée succincte de la forme et de la constitution du détecteur électrolytique lequel, en effet, ne diffère guère de l'interrupteur Wenhelt que par les proportions qui sont considérablement réduites; mais il importe de remarquer qu'il ne faut accorder à cette définition imagée aucune portée théorique. Dans les deux systèmes, en effet, les conditions de fonctionnement sont visiblement différentes et les phénomènes mis en jeu ne peuvent être que d'ordre très différent.

Une des premières tentatives d'explication du fonctionnement du détecteur électrolytique a été donnée par le commandant Ferrié, dès 1905, c'est-à-dire quelques années après en avoir donné le principe: selon lui, l'action serait différente suivant que le détecteur est soumis ou non à une force électromotrice auxiliaire. Sans source électrique sensibilisatrice, le détecteur jouerait un rôle pur et simple de soupape; avec une source de polarisation, le détecteur constituerait un condensateur électrolytique, dont les armatures chargées à la tension de la source crèveraient alternativement, sous l'action des ondes, au point de contact de la pointe avec l'électrolyte par suite de la crevaison d'une bulle diélectrique ou gazeuse enveloppant le contact ponctiforme de la pointe sensible.

Quelques expérimentateurs, parmi lesquels on peut citer notamment Fessenden, ont émis l'hypothèse d'un effet thermique provoqué sur l'électrode sensible par le passage des oscillations hertziennes.

Aujourd'hui toutes ces théories sont, pour ainsi dire, tombées dans l'oubli et il est généralement admis que le pouvoir décélateur des ondes du détecteur électrolytique est une conséquence naturelle d'une polarisation de l'électrode sensible. Cette théorie acquiert, d'ailleurs, d'autant plus d'intérêt qu'elle cadre parfaitement avec les phénomènes bien connus de la polarisation que l'on rencontre quand, pour analyser de plus près le fonctionnement d'un détecteur, on vient à l'associer à un galvanomètre (*), lequel remplace alors l'écouteur téléphonique.

Au cours de nos recherches, nous avons cependant rencontré certains phénomènes qui, pour avoir une explication raisonnable, nous ont paru exiger qu'on adjoigne à cette théorie de la dépolarisation de la pointe sensible une hypothèse complémentaire capable de rendre compte comment les ondes peuvent produire cette dépolarisation.

Nous avons alors été conduit à supposer que le platine, corps extrêmement poreux et condensant facilement des gaz en lui-même, se comporterait comme une sorte de limaille agglomérée (Expérience de M. Branly, radio-conducteur à limaille agglomérée dans du soufre) qui, en quelque sorte, cohérerait sous l'action des ondes, ce qui aurait pour effet de chasser les gaz occlus dans le platine, c'est-à-dire préci sément de dépolariser l'électrode sensible.

Si l'on tient compte d'autre part du Skin-Effect pour les courants de haute fréquence qui est tel que, pour la fréquence 108, l'intensité des oscillations n'est plus que le centième de l'intensité superficielle à la profondeur de 0,023 mm; on s'explique aisément pourquoi le fil de l'électrode sensible doit être : 1o en platine (métal poreux); 2o en fil très fin (Skin-Effect); 3o très court. (Effet total du courant hertzien avant toute diffusion dans l'électrolyte.)

Pour mettre en évidence l'intérêt de cette hypothèse complémentaire,

(*) Tissot, Journal de Physique, janvier 1908.

nous citerons, en outre, les quelques phénomènes suivants qui ainsi reçoivent une explication rationnelle très simple:

1o Fonctionnement sans pile du détecteur même avec deux électrodes en platine si les ondes sont énergiques, avec naissance d'un courant de sens inverse au courant observé lorsque la détecteur est associé à un source électrique. Suivant notre hypothèse, les ondes chassent les gaz occlus dans le platine, ce qui modifie l'état moléculaire de l'électrode d'où naissance d'un léger couple électrique dont le pôle négatif est évidemment l'électrode sensible.

20 Possibilité de faire fonctionner un détecteur électrolytique avec une électrode active en fil de platine extêmement fin ayant 5 à 6 mm de long, si ce fil a été au préalable porté à l'incandescence, c'est-à-dire dépolarisé dans sa masse. Selon nous, si le fil de platine a été porté à l'incandescence, on sait que ce fil peut être considéré comme parfaitement dépolarisé; en le plongeant dans l'électrolyte, il est naturel d'admettre que la polarisation de notre électrode ne sera un début que superficielle, dès lors on conçoit que, malgré la diffusion des ondes dans l'électrolyte, l'énergie des ondes puisse être suffisante pour provoquer une une cohération superficielle capable de chasser les gaz occlus, jusqu'à quelques millimètres de l'origine de la plongée du cheveu de platine dans l'électrolyte.

3o Le phénomène remarquable du fonctionnement de plusieurs détecteurs montés en parallèle, comme s'ils étaient indépendants malgré la multiplicité des points de contact avec l'électrolyte, peut s'expliquer ainsi Les ondes se subdivisent naturellement suivant les diverses branches ou électrodes sensibles montées en parallèle dans l'électrolyte; d'autre part, chaque pointe de platine étant très fine et très courte, l'onde pénètre encore suffisamment dans chacune d'elles pour les faire cohérer ou les dépolariser entièrement. Il n'en serait pas du tout de même si l'on avait une électrode présentant une surface de contact équivalente à la somme des surfaces de contact présentées par chacune des pointes sensibles.

L'onde, en effet, ayant la même pénétration, laquelle ne dépend que de la fréquence des ondes, l'onde n'aura plus d'action sur le centre de l'électrode et celle-ci ne se dépolarisera pas suffisamment pour provoquer le courant polarisateur auteur du son rendu par l'écouteur sous l'action de chaque train d'ondes.

M. PAUL JÉGOU.

DÉTECTEUR ÉLECTROLYTIQUE SANS FORCE ÉLECTROMOTRICE AUXILIAIRE. 538.56 (978)

26 Mars.

Pour sensibiliser le détecteur électrolytique, c'est-à-dire le rendre capable de déceler les ondes hertziennes les plus faibles, il est nécessaire, comme on le sait, d'appliquer à ses bornes une source électrique dont la tension rigoureusement réglée doit être extrêmement voisine de la tension critique qui amorcerait l'électrolyse du bain acidulé dans lequel plongent les deux électrodes. Cette source électrique qu'on pouvait

Pointe sensible

SO4H2 concentré

Amalgame Mercure Zinc

Electrode platine

Fig. 1.

supposer devoir seconder les ondes pour engendrer le son décélateur dans les écouteurs téléphoniques, aurait paru indispensable si, de puis quelques années, ne s'était introduit dans la radiotechnique l'usage des détecteurs à cristaux, capable de déceler les ondes avec une plus grande sensibilité encore et sans le secours d'une énergie électrique auxiliaire quelconque.

Il nous parut dès lors rationnel et intéressant de rechercher si le détecteur électrolytique ne pourrait pas aussi déceler les ondes par lui-même. L'intérêt de ce problème nous parut même double d'une part, en effet, si l'on peut créer le détecteur électrolytique très sensible sans source électrique auxiliaire, celui-ci présentera sur les cristaux l'avantage de la robustesse, de la régularité et de l'indéréglabilité; d'autre part, sous cette forme peut-être plus concrète, on peut espérer rendre un tant soit peu plus tangibles les phénomènes en quelque sorte mystérieux mis en jeu dans les détecteurs à cristaux.

En 1909, au Congrès de l'Association française pour l'Avancement des Sciences, qui se tenait à Lille, nous indiquions le principe d'un détecteur électrolytique capable de déceler avec sensibilité les ondes sans le secours d'une source électrique auxiliaire. Ce détecteur ne différait des détecteurs ordinaires que par l'électrode inactive

« PreviousContinue »