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Face.

Les diverses populations de Berbérie orientale sont à face courte, à l'exception de la haute race dolicéphale, leptorhinienne, qui est longifaciale.

Pigmentation.

Dans les croisements entre individus très foncés, parfois négroïdes, les sujets à peau claire ne peuvent conserver leur absence de pigmentation. Ce n'est que par atavisme, que paraissent les teintes les moins foncées. Sachant que les indigènes non croisés possédent des yeux de « gazelle », nous avons séparé les yeux en noirs et en non foncés.

Ces derniers allant de la couleur noisette au bleu, sont généralement plutôt verts. La coloration des yeux fournit une carte assez semblable à celle de la taille. La fréquence des yeux clairs correspond assez bien avec celle de la haute taille. et du nez étroit. Les yeux noirs sont dans les régions à nez large, et ils suivent, sur tout le littoral oriental, la répartition de la petite race, soit dolichocéphale, soit brachycéphale.

Les conclusions à tirer de ces recherches, mentionnées sur les cartes spéciales, permettent de dresser une carte ethnologique. Cette carte établit les éléments suivants :

1o Un élément à tendances brachycéphales, brun, mésorhinien de taille primitivement petite s'étendant sur le littoral depuis Tripoli à l'Est, jusqu'à la base du Cap Bon en Tunisie. C'est dans les îles de Gerba et de Kerkenna que cet élément a subi le moins de mélanges. On le retrouve avec ses principaux caractères en Kabylie. Par croisement avec des grands dolichocéphales à peau claire, cet élément a une taille plus élevée que dans l'Est, et il est moins absolument foncé.

On peut rapprocher les brachycéphales berbères de ceux d'Europe et d'Asie Mineure.

2o Un élément dolichocéphale de petite taille. Il se trouve lui aussi sur le littoral. Il domine dans la plupart des villages du Cap Bon, du pourtour du golfe de Tunis et de la vallée de la Medjerda. Les habitants de la plupart des villes et villages du département de Constantine; ceux de la Kabylie occidentale et du grand Atlas, au sud d'Alger, appartiennent à ce type, caractérisé par une petite taille.

Dans le Sud, des croisements avec des négroïdes tendent à déterminer de la platycnémie chez les sujets de ce type.

Cet élément ethnique peut être comparé à la race méditerranéenne de petite taille.

3o Toutes les plaines sont occupées par un élément de haute taille, à tête allongée. Dans les endroits où il est le moins profondément mélangé, cet élément est leptorhinien, à téguments clairs, à cheveux parfois chatains clairs, aux yeux bleus. Les sujets de ce type se rencontrent plus spécialement dans le département de Constantine; à l'Ouest, au pourtour de la

Kabylie; dans l'Est, il ne dépasse guère la frontière tuniso-algérienne. Le type dolichocéphale de haute taille pur, rappelle la grande race nordique d'Europe.

Cet élément subit deux types de croisements différents : 1o Avec des brachycéphales; 2o avec des négroïdes. Dans l'Est, sur l'arrière terre du Sahel tunisien, dans l'Aoures et au Djebel-Amour, puis en Kabylie. Dans le Sud, le croisement avec des négroïdes tendant à la platyrhinie, fonce les yeux et les téguments des grands dolichocéphales en même temps, leur nez s'élargit. On a ainsi un type de haute taille, dolichocéphale fortement mésorhinien.

ANTHROPOMÉTRIE DES FEMMES.

Les particularités constatées chez les hommes ont été étudiées chez les femmes, en se basant sur 941 observations.

Taille.

La taille moyenne des femmes varie peu. Elle est de 1,57 m chez les plus grandes tribus de 1,53 m chez les plus petites. L'écart entre la taille des femmes et celles des hommes, est de 10 cm pour les régions de brachycéphales, de II pour les petits dolichocéphales, de 12 pour les grands dolichocéphales.

Tête.

Les femmes des régions brachycéphales ont la tête plus allongée que celle des hommes vivant dans les mêmes endroits. Par contre. elles ont une tête semblable, sinon plus courte dans les parties peuplées de grands dolichocéphales. Cette tendance s'accentue chez les femmes du groupe dolichocéphale de petite taille. Leur indice céphalique 75, 17 est plus court que celui des hommes 74-40.

Nez.

Les femmes des régions leptorhiniennes ont le même indice nasal que les hommes (67,2 et 67,7). Les populations à nez large fournissent un indice nasal moins élevé chez les femmes (70,1) que chez les hommes (73,02). Même observation pour les régions brachycéphales (H. 71,2; F: 69,6) et aussi pour les petites dolichocéphales mésorhiniens (Hommes 70,2; Femmes 67,9). L'indice nasal est peu variable chez les femmes.

Indice facial.

Il ne varie que de 106 (chez les grands leptorhiniens) à 108 (chez les petits dolichocéphales).

Téguments.

Ceux-ci comme les yeux, sont beaucoup plus foncés chez les femmes que chez les hommes.

CRANIOLOGIE.

La réunion des documents craniologiques, concernant la Berbérie orientale, nous a fourni 423 crânes, allant de l'époque néolithique jusqu'aux âges contemporains.

Néolithiques.

Les Africains néolithiques paraissent se rattacher à deux types. L'un, mésaticéphale, d'aspect négroïde, modérément prognathe, possède une ossature grêle. Les principaux sujets de ce type ont été trouvés à Tabessa et à Redeyef. Ce type est encore fréquent surtout dans la population des oasis.

Le second type néolithique a surtout été rencontré dans des cavernes. Il est fortement dolichocéphale, avec glabelle saillante. La norma verticulis est pentagonale. La face est courte, avec zygomas déjetés en dehors. L'orbite est microsème, le nez mésorhinien. La petite race dolichocéphale, décrite antérieurement, semble descendre de ce type.

Race des dolmens.

Avec la population des monuments mégalithiques, apparaît la race grande, dolichocéphale leptorhinienne. Cette race a une face allongée, et des orbites magasémes.

Carthaginois.

Les populations les plus anciennes, connues après celles des dolmens sont celles de Carthage. La plus grande partie des crânes, trouvés dans les nécropoles, datent du Ive siècle avant notre ère. On peut distinguer parmi eux plusieurs types, dont un type phénicien, mésocéphale à bosses pariétales renflées sur les côtés. La masse cependant appartient à la race dolichocéphale de petite taille : à la fois voisine dans le passé des africains néolithiques des grottes et dans le présent des petits dolichocéphales, qui peuplent, aujourd'hui encore, la presqu'île du Cap Bon et la vallée inférieure de la Medjerda. Une série de crânes de Tunisois contemporains présente les mêmes caractéristiques que la moyenne des crânes de Carthage au Ive siècle.

Période romaine.

Les crânes trouvés dans les sépultures de l'époque romaine reproduisent les principaux caractères des habitants actuels des mêmes régions. Les crânes de l'ancienne Hadrumète sont les mêmes que ceux des habitants de Sousse moderne.

Par contre, à Tabarca, à Bulla Régia, à Simittu, la population qui se rapprochait par ses caractères, d'une part, des Carthaginois, d'autre part, des petits dolichocéphales, a été remplacée par de grands dolichocéphales. Cette invasion a eu lieu après l'époque romaine,

Période moderne.

Les crânes recueillis tant en Tunisie qu'en Algérie montrent les mêmes caractéristiques que celles trouvées chez les vivants. A mesure qu'on s'avance vers l'ouest, on remarque que l'orbite s'arrondit, la face s'allonge, le nez devient aussi plus mince. Cette modification permet de reconnaître l'action de plus en plus accusée de la grande race leptorhinienne dans les croisements.

Avec ces documents empruntés, soit à l'homme vivant, soit au squelette, nous avons essayé d'établir les apports ethniques qui, des divers continents avoisinants, ont coopéré à la formation de la population, si mêlée, du nord de l'Afrique.

L'Afrique parait avoir fourni la petite race négroïde, fort voisine des Nubiens.

Les populations de la région de la Méditerranée sont représentées par les sujets dolichocéphales de petite taille, si semblables à ceux qui peuplent ou ont peuplé la plupart des grandes îles (Sardaigne, Sicile, Crète, etc...). L'Europe a envoyé de fortes migrations de sujets de sa grande race nordique. On peut se demander si les brachycéphales sont européens ou asiatiques (Anatolie).

L'Asie a envoyé des types aujourd'hui à l'état sporadique; tels que phéniciens et arabes. A ce sujet, les auteurs recherchent quel est le vrai type arabe? Existe-t-il même un type arabe? On trouve en Asie des arabes brachycéphales (82-83). D'autres sont très dolichocéphales (72-73). Quoi qu'il en soit, on retrouve en Berbérie la trace d'un état social importé d'Arabie : C'est l'Islam, mais les importateurs, peu nombreux, ont été, après quelques générations, résorbés par la population ambiante. Il n'y a pas de groupes arabes vrais importants dans le nord de l'Afrique.

Parmi les éléments de provenance asiatique, nous donnons quelques mensurations de Juifs de Berbérie, prises sur le vivant et sur le squelette. Nous avons étudié aussi les descendants des Turcs et des Morisques d'Espagne.

Cette étude somatique est complétée par un essai de description des caractères des peuples mentionnés par les historiens dans l'Afrique. Ainsi, les Gizantes de Sciplax et d'Hérodote seraient de grands leptorhiniens blonds. Les Lotophages et les Maklyes appartiendraient à la petite race brachycéphale, tandis que les Anséens, Zaouces et les Maxyes, auraient les caractères des petits dolichocéphales bruns.

A l'époque romaine, les Numides auraient été des grands dolichocéphales, aux teintes claires, et se distingueraient des Maures. Ceux-ci, primitivement de même race, auraient perdu leur coloration claire et élargi leur nez, par croisement avec des populations négroïdes, ou éthiopiennes.

ETHNOGRAPHIE.

L'Ethnographie a été décrite dans l'Ouvrage, en passant successive

ment en revue l'organisation sociale, l'habitation, le vêtement, la coiffure, la bijouterie, les mutilations, la musique, la danse, le langage, l'écriture, l'agriculture, l'alimentation, l'industrie, le commerce, les rites concernant la naissance, le mariage, la mort; enfin les survivances religieuses. Dans ces diverses manifestations ethnographiques, il est possible de distinguer trois courants principaux d'influences: 1o Un très primitif ou courant ethiopien.

2o Un courant englobant les populations brachycéphales et dolichocéphales de petite race ou courant égéen.

3o Un courant particulier à la grande race ou courant européen primitif.

Influence éthiopienne.

Les populations éthiopiennes peu civilisées n'ont pas, par suite, laissé de traces très profondes. On peut leur attribuer dans le passé, l'introduction de ces outils en silex si finement retouchés. Ils sont semblables à ceux découverts en Égypte et dans beaucoup de stations sahariennes. Les meules, les mortiers et les plats en pierres de l'époque néolithique, si fréquents dans le Sahara, peuvent avoir cette même provenance.

Dans l'organisation sociale, avant l'islam, on peut noter l'absence de mariage régulier chez de nombreuses tribus libyennes de l'antiquité; la liberté de la femme complète, la prostitution non déshonorante, sont des points d'organisation sociale communs aux pays d'influence éthiopienne, en Afrique mineure.

Dans l'architecture, deux influences peuvent être éthiopiennes. D'une part, les curieuses constructions en forme de voûtes appelées Rhorfa dans le Sud (Métamer, Médenine). Des constructions semblables sont figurées sur des dessins anciens à Béni-Hassan, dans la haute Égypte. Les types de constructions en briques crues, disposées de façon à ornementer les façades, sont d'origine éthiopienne. Cette architecture qui se trouve dans les oasis, existe aussi dans la région nigérienne.

La Fouta ou pagne, se voit dans les dessins les plus archaïques de l'Egypte. Cette pièce de costume est portée couramment par les hommes et aussi par les femmes dans la région des oasis.

La cynophagie et l'acridophagie sont vraisemblablement des habitudes attribuables à une influence éthiopienne.

On peut y joindre l'autel des génies de la famille qui se trouve dans la cour des maisons des oasis et aussi sur les bords du Niger.

Enfin, le culte phallique, dont il reste tant de trace sur les confins du Sahara, pouvait être comme en Égypte, de provenance éthiopienne.

2o Influence égéenne.

La civilisation propre à la mer Egée a rayonné sur l'Afrique mineure par la petite race dolichocéphale et aussi par la population brachycéphale. La condition de la femme y est très spéciale. Elle est protégée

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