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B. Ces applications elle-mêmes : questions pratiques, relevant de techniques variées, et commerciales.

A. La réalisation des basses températures et l'étude des phénomènes qui en dépendent ne furent d'abord que des expériences de laboratoire. Ce sont les recherches des savants, qui ont pénétré dans le domaine industriel, grâce à la compétence technique, jointe à des connaissances scientifiques élevées, d'un certain nombre d'ingénieurs. Ces travaux scientifiques se poursuivent toujours et enrichissent nos connaissances de nouveaux faits qui, demain, doivent recevoir des applications industrielles.

Il nous faut donc un corps d'ingénieurs capables de suivre les progrès de la Science, et d'en tirer parti. Le rôle des grandes écoles du Gouvernement est tout tracé : ce sont elles qui doivent le former. Grâce à leur enseignement, les constructeurs français pourraient voler de leurs propres ailes et en peu de temps, nous posséderions un matériel frigorifique à nous, au moins égal en valeur à celui des autres nations.

Mais il ne suffit pas d'avoir des machines produisant et utilisant le froid, de construction française ou étrangère, d'ailleurs. L'industrie ne peut prospérer que si elle trouve des ingénieurs praticiens, des contremaîtres, des Chefs d'ateliers, capables d'assurer la conduite des installations existantes; d'où la nécessité d'un enseignement entièrement nouveau, orienté dans un sens surtout pratique. C'est aux Écoles d'Arts et Métiers, aux Écoles pratiques d'industrie, pour ne parler que de celles qui relèvent directement de l'État, qu'il appartient de mener à bien cette tâche; il est permis d'espérer que le Ministère du Commerce et de l'Industrie, saisi d'une demande à cette fin, lui donnera une suite favorable.

B. Tout autre est le domaine des applications. Le commerce et l'industrie ont le plus grand intérêt, dans bien des cas, à se servir du froid produit artificiellement. Les applications déjà réalisées, celles qui existent en puissance, doivent donc être étudiées avec détail; ce sont autant de techniques variées qu'il est indispensable d'enseigner dans les écoles les plus diverses, pour obtenir de bons résultats. De même que le dosage d'un médicament ou d'un réactif doit être fait avec une précision rigoureuse, de même la température, l'état hygrométrique, etc., doivent être réglés avec soin pour la conservation de telle denrée, pour telle opération chimique, sous peine de déboires. Aujourd'hui les mauvais résultats net sont pas imputables à l'imperfection des méthodes ou des machines; ils proviennent de l'ignorance de ceux qui s'en servent, et contribuent malheureusement pour une large part à l'hostilité du public envers le froid industriel. Un enseignement approprié seul les fera disparaître. Faut-il citer les nombreux établissements qui devraient le donner? Écoles commerciales, professionnelles, Instituts de Chimie; Écoles d'agriculture, depuis l'Institut agronomique jusqu'à la plus humble fermeécole; Écoles d'horticulture, Écoles d'industrie laitière et fromagère,

toutes ont à en bénéficier. L'apparition des basses températures a transformé l'œnologie, la brasserie, la fabrication des salaisons, presque tout pourrait-on dire... jusqu'à la marche des hauts fourneaux et la fabrication du chocolat! Pourquoi la France resterait-elle en arrière? Pourquoi négligerait-elle de se servir, aussi complètement que possible, du froid, cet agent merveilleux, qui a fait la prospérité de l'Amérique du Sud et facilité l'existence de bien d'autres pays?

Il y a donc quelque chose de plus à faire. M. Marchis a pensé à l'organisation d'une campagne en faveur de l'industrie frigorifique; c'est du moins l'interprétation évidente d'un de ses programmes composé pour l'enseignement dans les écoles normales primaires. Les instituteurs et institutrices, convenablement instruits de ces questions, pourraient très utilement servir la cause du froid, car leur parole pénètre partout avec une force incontestable. Nous sommes persuadés que ce serait pour le plus grand bien de notre patrie; et c'est avec l'espoir que tous ces désirs deviendront des réalités que nous terminerons ce rapide exposé sur «ce qui reste à faire ».

M. PAUL DESNOYERS,

Paris.

L'ÉCRITURE DANS L'HYGIÈNE SCOLAIRE.

25 Mars,

3-2.51

Le Gouvernement et le pays tout entier se préoccupent, et avec raison, d'augmenter nos forces militaires. Il nous est impossible de laisser grandir des armées qui, à l'étranger, autour de nous, peuvent tout à coup devenir menaçantes pour la sécurité de la France, sans prendre contre de telles menaces toutes les précautions utiles. C'est à cette nécessité que va répondre l'accroissement de nos effectifs. Ceux-ci ont été imprudemment diminués si nous voulons que notre pays vive avec honneur, il nous faut aujourd'hui les augmenter.

Mais avoir plus d'hommes sous les drapeaux, ce n'est pas tout. Il faut encore que ces hommes soient forts, vigoureux, capables d'un effort éner gique et persévérant. S'il n'en était pas ainsi à quoi serviraient-ils? Les uns seraient réformés par le Conseil de revision, d'autres, après leur incorporation, seraient incapables de faire campagne.

Mais, pour avoir des hommes vigoureux, il faut se préoccuper dès leur enfance de leur créer cette vigueur, et surtout de ne pas empêcher par de fâcheuses pratiques leur développement naturel.

Le rôle de l'instituteur est ici considérable. Les futurs soldats de la patrie, c'est dans une large mesure, lui qui les forme, intellectuellement sans doute, mais aussi physiquement. Il ne doit pas veiller seulement à l'instruction de l'enfant, il doit se préoccuper aussi de son développement physique. Tout cela se tient du reste : « Mens sana in corpore sano » disait l'antiquité et ce vénérable adage n'a pas cessé d'être vrai. De là, toute une suite de sollicitudes qui s'imposent à l'instituteur, relativement à l'hygiène de l'école, à sa propreté, à son aération, etc. Il y a des habitudes, des attitudes, qui peuvent nuire de la façon la plus grave au développement du corps de l'enfant, contrarier l'action de la nature et produire de véritables déformations. C'est à l'instituteur de l'en pré

server.

Une des causes de ces déformations qui, à la fois, donnent au corps un déplorable aspect, en diminuent la force et en détruisent la vigueur, peut se trouver dans la position que l'instituteur laisse prendre à ses élèves lorsqu'ils écrivent. Si cette attitude gêne le développement normal du corps, si elle le force à un développement irrégulier, il est facile, d'apprécier par le temps, relativement considérable, pendant lequel les écoliers ont à écrire, quelles conséquences aura cette position vicieuse, et combien de chances il y a pour que leur santé soit, par là, atteinte pour toujours.

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Or, il est prouvé que l'une de ces attitudes dangereuses est celle que nécessite, de la part de l'enfant, l'écriture droite, celle que depuis un certain nombre d'années, on s'est efforcé de substituer à notre ancienne écriture penchée. L'écriture droite ne permet pas à l'enfant de garder une attitude naturelle, elle l'oblige à prendre, lorsqu'il écrit, une position unifessière qui occasionne une déviation de la colonne vertébrale.

Et ce n'est pas là une assertion hasardée. Devant le nombre, toujours croissant, des enfants atteints de scoliose, l'attention des hygiénistes a été appelée à en rechercher les causes. Ils se sont livrés à ce sujet aux études les plus minutieuses, ils ont fait de nombreuses expériences, ils se sont enquis de la méthode d'écriture imposée aux enfants atteints de scoliose et à ceux qui en étaient exempts; ils ont examiné et analysé, dans tous leurs détails, les diverses positions que prennent instinctivement, nécessairement les écoliers alors qu'ils travaillent, les uns pratiquant l'écriture droite, les autres l'écriture penchée. Et leur conclusion a été formelle : c'est la condamnation de l'écriture droite, c'est la recommandation de l'écarter de l'école. L'écriture penchée, au contraire, qui se produit avec un mécanisme beaucoup plus simple, permet à l'enfant de conserver sa position normale, l'oblige par conséquent à un moindre effort et ne peut déformer son corps, si jeune et si flexible. Cette écriture est celle qui devrait être enseignée et pratiquée dans toutes les écoles.

Ces conclusions ont été soumises et recommandées au Ministre de l'Instruction publique, par une délégation des membres du Parlement, appartenant au corps médical. Une décision ministérielle sera prise pro

chainement à cet égard et portée à la connaissance des instituteurs. Il y aurait assurément plus d'une réforme touchant à l'hygiène et au développement physique de l'enfant à opérer dans nos écoles. Le matériel est souvent défectueux : des troubles de la vue, des déformations corporelles, comme celle que nous venons de signaler, peuvent résulter de l'emploi d'un mobilier acquis à une certaine époque ou bien des connaissances hygiéniques, qui nous sont aujourd'hui familières, étaient tout à fait ignorées. Il est nécessaire qu'à cet égard des améliorations viennent à être réalisées. Seulement cela est coûteux et notre budjet de l'instruction publique est limité. Les réformes se feront, elles se font déjà, mais peu à peu, progressivement, en proportion des ressources qui doivent les payer. Ici, en ce qui touche la méthode d'écriture, point de dépenses à faire, par conséquent point de délais qui s'imposent; il suffit d'une décision ministérielle. La bonne volonté des instituteurs, leur dévouement à l'enfance suffiraient même, à défaut de prescriptions ministérielles. Aujourd'hui qu'ils savent ce que de sérieuses recherches scientifiques ont révélé des deux méthodes d'écriture, les dangers de l'une, l'utilité de l'autre, leur zèle pour les enfants qui leur sont confiés nous garantit qu'ils n'hésiteront pas ceux qui l'avaient abandonnée reviendront à notre vieille écriture nationale, l'écriture penchée. Ils auront rendu de la sorte un grand service aux jeunes générations et, par conséquent, à l'avenir de notre pays.

M. OCTAVE MENGEL,

Perpignan.

CONSIDÉRATIONS SUR L'ENSEIGNEMENT SECONDAIRE ESPAGNOL (1).

3-3 (46)

27 Mars.

De tout ce que j'ai pu voir, de tout ce qui j'ai pu entendre, autant que possible avec un esprit dégagé de toute idée préconçue, de l'analyse que j'ai faite des cours que m'ont confiés mes collègues espagnols, de la documentation qu'ils m'ont fournie avec la courtoisie et l'aménité qui les caractérisent, il résulte pour moi l'impression, que nous n'avons à peu près rien à glaner chez nos voisins les Espagnols, au point de vue des méthodes d'enseignement notre conception actuelle de l'enseignement secondaire étant à l'antipode de la leur.

Notre plan d'études crée la divergence hâtive des spécialisations,

(1) Conclusions d'un Rapport adressé à M. le Ministre de l'Instruction publique.

éveille et oriente le développement des aptitudes spéciales de l'enfant; le plan d'études espagnol au contraire semble avoir pour but la convergence des intelligences individuelles vers une culture générale uniforme et, par suite, étouffe ou du moins retarde les spécialisations. Le plan français s'adapte avec aisance et souplesse à l'enfant; tandis que le plan espagnol adapte l'enfant à ses rigides et officielles exigences.

Mais, singulière antithèse, alors que le professeur espagnol, dans le cercle où il lui est permis d'évoluer, jouit d'une liberté entière, sans autre contrôle que celui de sa conscience, le professeur français reste sous une surveillance plus ou moins étroite, captif du détail de multiples programmes, et parfois des exigences des examinateurs. Je sais bien que l'arrêté du 29 juillet 1911 invite ceux-ci à faire abstraction de leurs préférences; mais combien liront jusqu'au bout ce paternel et judicieux arrêté.

Le principe de la coinstruction des sexes pratiquée chez nos voisins, dans les instituts de deuxième enseignement, et qui est pour eux le présage d'une émancipation intellectuelle et sociale, est-il à méditer? Y aurait-il lieu d'étendre en France aux classes fréquentées par des élèves de 12 à 17 ans, les timides essais de ce genre, qui viennent d'être tentés notamment, à Paris dans les classes supérieures, au lycée de Chaumont dans les classes inférieures à la sixième, au collège de jeunes filles de Perpignan dans les classes élémentaires. Je ne le pense pas. Non pas que nous avons à craindre, comme les Américains chez qui la coéducation est en défaveur, de voir les jeunes filles accaparer les premières places et jeter ainsi le découragement dans les rangs des garçons. La comparaison que me permettent de faire huit années d'enseignement en Sciences naturelles, en Chimie, en Physique et en Mathématiques, simultanément au collège de garçons et au collège de jeunes filles de Perpignan me rassure pleinement à cet égard; car là où il faut un travail demandant la conscience, la compréhension et même simplement la réceptivité, où semble cependant exceller la femme, nos bons élèves garçons ne m'ont pas paru inférieurs aux filles. Ce qui, à mon sens, rend chimérique dans notre enseignement secondaire toute tentative de coïnstruction, c'est en premier lieu la regrettable association de l'internat et de l'externat, avec toutes ses fâcheuses conséquences au point de vue de l'émancipation morale de l'élève, et plus spécialement de l'interne. En France, absorbés que nous sommes, par la préoccupation de donner aux enfants, qui nous sont confiés, une instruction complète, forte et bien assise, nous négligeons peut-être un peu trop l'éducation. En Espagne où l'internat officiel n'existe pas, le rôle éducateur appartient uniquement aux établissements privés. N'y aurait-il pas lieu de s'inspirer davantage de cette pratique, commune d'ailleurs à la plupart des pays qui nous entourent? Cette question partiellement résolue au collège de jeunes filles de Perpignan et dans un petit nombre d'établissements d'enseignement secondaire de création récente, avec toutes les garanties d'édu

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