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la présidence; Lafayette, Dupont (de l'Eure), Flaugergues et le général Grénier, à la vice-présidence. Napoléon craint que les idées démocratiques, dont il a une si grande peur, ne dominent dans cette assemblée, et qu'elle n'élève des difficultés à la dictature qu'il croit avoir besoin d exercer dans ce moment de crise.

Cing corps de troupes françaises, formant ensemble environ cent mille hommes, dont seize mille de cavalerie, composaient l'armée de Flandre, commandée par Napoléon, qui avait en outre avec lui la garde impériale, au nombre de quatorze mille fantassins et de quatre mille cinq cents cavaliers; en tout, environ cent vingt mille combattants. Cette armée avait devant elle :

4° L'armée anglo-hollandaise, forte de plus de cent mille hommes, ayant deux cent cinquante

dait, avait son quartier-général à Bruxelles;

2o L'armée prussienne, composée de plus de cent vingt mille hommes, ayant trois cents bou ches à feu : elle était sous les ordres de Blücher, dont le quartier-général était à Namur.

« La constitution est notre point de ralliement, » dit-il, en réponse à l'adresse des députés; elle » doit être notre étoile polaire dans les moments » d'orage. Toute discussion publique qui ten-huit bouches à feu; Wellington, qui la comman » drait à diminuer directement ou indirectement » la confiance que l'on doit avoir dans ses dispo>>sitions serait un malheur pour l'état : nous »> nous trouverions au milieu des écueils sans » boussole. La crise dans laquelle nous sommes » engagés est forte. N'imitons pas l'exemple du » Bas-Empire, qui, pressé de tous côtés par les » Barbares, se rendit la risée de la postérité, en » s'occupant de discussions abstraites au moment » où le bélier brisait les portes de la ville. »

On s'aperçoit ici combien l'opposition qu'il voit éclater pour la première fois est de nature à l'inquiéter vivemement dans son camp même. Sans doute Napoléon avait raison en disant que la première chose dont les représentants devaient s'occuper était le salut de la patrie, c'est-à-dire le refoulement des soldats étrangers hors de nos frontières. Mais la chambre ne devait-elle pas aussi se méfier d'un chef militaire, d'un despote dont la conversion paraissait si suspecte? Et n'avait-elle pas à craindre que, s'il était victorieux, il ne cherchât à conserver cette dictature à laquelle il s'était habitué, et qu'on ne pouvait lui accorder que sur le champ de bataille. Triste position que celle d'un état où les deux pouvoirs sont dans une méfiance réciproque, et se désunissent au moment où l'union la plus intime peut seule sauver la patrie et la liberté !

Le 12 juin, Napoléon partit de Paris: le bon esprit de l'armée, l'ardeur que les soldats montraient à venger les malheurs des précédentes campagnes, rendirent à l'empereur l'espoir de la victoire, malgré la grande infériorité numérique des troupes qu'il avait avec lui

Voici quelle était, au 14 juin, la position et la force des armées respectives:

Les troupes de ligne françaises se composaient d'un effectif de trois cent soixante-trois mille hommes, dont deux cent dix-sept mille sous les armes, et prêts à entrer en campagne. Ils étaient divisés en sept corps d'armée, quatre corps de réserve de cavalerie, quatre corps d'observation, et l'armée de la Vendéc.

Les alliés devaient lancer contre la France près d'un million d'hommes.

L'armée du Rhin, formée du cinquième corps, et commandée par le général Rapp, était chargée de protéger les frontières de l'Alsace.

Celle des Alpes, composée du septième corps, sous les ordres de Suchet, devait défendre les débouchés des Alpes et la lisière du pays de Gex.

Ces deux armées ne comptaient guère que trente-six mille combattants; mais elles allaient se renforcer d'un grand nombre de soldats sortis des dépôts, et de plusieurs bataillons de garde nationale.

L'armée dite de la Vendée, qui avait été confiée au général Lamarque, était forte de dix-huit à vingt mille hommes; elle devait aller rejoindre la grande armée après la pacification du pays, laquelle paraissait très-prochaine.

Quatre corps d'observation étaient placés sur les autres frontières. Le général Lecourbe commandait le premier à Béfort. Le maréchal Brune avait sous ses ordres le deuxième, réuni près du Var. Le général Clausel réunissait le troisième à Bordeaux; et le général Decaen, le quatrième dans les Pyrénées orientales; enfin, le général Lafitte, sous les ordres de Decaen, gardait les vallées de l'Ariège, et était opposé au duc d'Angoulême, qu'on savait être à Puycerda.

Ces trois armées et ces quatre corps d'observa tion devaient être renforcés par les troupes de ligne sortant des dépôts, et par les bataillons d'élite de la garde nationale.

Les armées alliées de Wellington et Blücher restaient dans une sécurité parfaite. Dans la nuit du 14 au 15 juin, les espions de Napoléon lui rapportèrent que tout était tranquille à Namur, a Bruxelles, et même à Charleroi ; ce qui lui fit concevoir l'espoir de séparer les deux armées ennemies et de les battre l'une après l'autre. C'était déjà un succès obtenu que les mouvements de l'armée française eussent été, pendant deux jours, dérobés à l'ennemi. Cependant, dans la journée du 44, le général Bourmont, le colonel Clouet et

un autre officier d'état-major étaient passés à l'ennemi; mais, comme ils venaient de Metz, ces traîtres ignoraient les mouvements des Français.

Se fondant sur le caractère différent des deux généraux ennemis, Napoléon calcula que l'armée prussienne serait la première réunie. Il conservait même l'espoir de l'attaquer avant que tous ses corps fussent réunis.

Le 15, au point du jour, les trois colonnes françaises se mirent en marche. Jamais on n'avait vu un pareil enthousiasme dans une armée. Les avantgardes prussiennes furent culbutées. Les Français passèrent la Sambre, et entrèrent à Charleroi à onze heures cette ville venait d'être évacuée à la hâte par le corps prussien de Ziethen, qui fut également chassé de Gilly.

Les Prussiens s'étant retirés sur Fleurus, Napoléon ordonna au maréchal Ney de prendre le commandement de toute la gauche de l'armée, de donner, tête baissée, sur tout ce qu'il rencontrerait sur la route de Bruxelles, et de prendre position, avec les quarante mille hommes sous ses ordres, au-delà des Quatre-Bras. Le lendemain matin, le général Kellerman reçut l'ordre de se porter aussi aux Quatre-Bras, avec son corps de cuirassiers. Il devait aller renforcer la gauche. Les instructions envoyées au maréchal lui enjoignaient de marcher en avant, avec ses troupes, de s'établic aux Quatre-Bras, puisqu'il ne l'avait pas fait la veille, et, dans le cas où l'armée prussienne recevrait la bataille près de Fleurus ou de Gembloux, de faire un détachement sur le flanc droit des Prussiens.

Ce même jour, 16 juin, Napoléon marcha sur Fleurus avec tout le centre. La droite, sous les ordres du général Gérard, le rejoignit à une heure. Bientôt on aperçut les Prussicns en bataille, la gauche appuyée à Sombres, le centre à Ligny, la droite à Saint-Amand. Cette position était forte; mais elle avait les Quatre-Bras sur ses derrières. Napoléon résolut d'attaquer sur le-champ, et envoya de nouveaux ordres au maréchal Ney, pour qu'il tombât sur les derrières des Prussiens, dès qu'il aurait assuré sa position aux Quatre-Bras.

A trois heures, tous les préparatifs étant terminés, Vandamme attaqua la droite de l'ennemi à Saint-Amand. Quelques instants après, Gérard attaqua le centre à Ligny; et Grouchy, après avoir repoussé toute la cavalerie ennemie au-delà du ruisseau de Ligny, força la gauche des Prussiens à rentrer dans la position de Sombres. Le feu devint très-vif. Le village de Ligny fut pris et repris plusieurs fois. Napoléon allait faire une attaque décisive sur ce point, lorsqu'il fut prévenu qu'une colonne de vingt mille hommes

débouchait des bois et tournait les Français, ayant l'air de se porter sur Fleurus. On crut que c'était le corps prussien de Bulow qui avait pénétré entre le corps du maréchal Ney et la gauche de l'armée. L'attaque que Napoléon allait faire fut suspendue, et il fit ses dispositions pour recevoir cette colonne. Un heure après, on lui annonça que c'était le premier corps d'armée commandé par le comte d'Erlon; mais Napoléon ne put marcher sur Ligny qu'à sept heures; Ligny fut emporté. Les Prussiens battus partout, abandonnèrent précipitamment le champ de bataille, et se mirent en retraite dans plusieurs directions. L'obscurité de la nuit ne permit pas d'obtenir tous les résultats qu'on devait espérer de cette victoire. Cependant, les Prussiens perdirent vingt mille hommes, pris, tués ou blessés; on leur prit aussi quarante canons et six drapeaux. Le maréchal Blücher, renversé de cheval, fut quelques instants au pouvoir des cuirassiers français; mais il profita de la nuit pour se tirer d'embarras.

Pendant que Napoléon traitait ainsi les Prussiens, Wellington, tiré de sa sécurité, quittait Bruxelles dans la nuit du 15, et dirigeait son avant-garde sur les Quatre-Bras. Ney, qui pouvait occuper cette position dans la matinée du 46, n'avait pas attaqué les Anglais et les Belges avec sa vigueur ordinaire; il leur avait donné le temps de se renforcer, et ce ne fut que le soir qu'il repoussa les Anglo-Hollandais, après un combat très-meurtrier. Dans cette journée, une autre grande faute fut encore commise le corps de d'Erlon, après avoir été détaché sur les derrières des Prussiens, fut rappelé aux Quatre-Bras au moment où il allait tomber sur Blücher et rendre la bataille de Ligny tout-à-fait décisive. Ce corps n'arriva aux Quatre-Bras qu'après que Ney en cut chassé les Anglais; ainsi les vingt mille hommes de d'Erlon se promenèrent toute la journée, sans pouvoir être utiles nulle part; partout ils cussent rendu les plus grands services. Une partie de l'armée anglaise eût été détruite aux Quatre-Bras, et ce résultat cût été de la plus haute importance pour les jours suivants.

Le 17 au matin, Napoléon voulait marcher sur Bruxelles et attaquer l'armée anglo-hollandaise; mais le mauvais temps et la lassitude des troupes l'arrêtèrent. Il confia la droite de l'armée, forte de trente-six mille hommes, au maréchal Grouchy, lequel avait ordre de suivre les mouvements de l'armée prussienne; il marcha ensuite sur les Quatre-Bras avec les autres corps.

Ainsi les Français se dirigeaient sur Bruxelles en deux colonnes : l'une, forte de soixante-dix mille hommes, sous les ordres de Napoléon, ayant

devant elle toute l'armée anglo-hollandaise; l'autre, de trente-six mille, poursuivant l'armée prussienne.

Arrivée à Planchenoit, la grande colonne fut arrêtée par toute l'armée anglaise. Les bivouacs furent établis, et des officiers furent expédiés au maréchal Grouchy pour lui annoncer que le lendemain il y aurait une grande bataille, et qu'il eût en conséquence à déborder la gauche de l'armée anglaise, et à venir se joindre avec la droite des Français. Malheureusement Grouchy ne reçut pas ces ordres, et il continua à suivre les traces de l'armée prusienne, qui s'était dérobée à sa surveillance.

au chef qui les conduisait n'avait point de bornes. Après avoir parcouru toute la ligne, Napoléon fut se placer sur une éminence, près de la ferme de Belle-Alliance, d'où il avait toutes les réserves sous sa main.

A midi, quatre-vingts pièces de canon commen cèrent le feu. Au bout d'une demi-heure, les batteries opposées s'éloignèrent; les tirailleurs anglais évacuèrent le bas du rideau. Leurs masses furent placées en arrière des crêtes pour s'abriter. L'infanterie française se porta en avant. On remarqua alors beaucoup de mouvement sur la route de Bruxelles, toutes les voitures et les bagages de la droite et de la gauche, éloignés de cette route, s'y précipitaient en voyant le feu s'en approcher. Cependant la ligne ennemic resta dans son immobilité, et plusieurs charges de sa cavalerie fu

mier corps français : une quinzaine de pièces de canon, qui se portaient en avant, furent culbutées dans un chemin creux; mais les cuirassiers du général Milhaud s'étant alors avancés contre la cavalerie anglaise, la sabrèrent.

Le 18 au matin, après une nuit pluvieuse et froide, le temps s'éclaircit sur les huit heures : la terre était si pénétrée de la pluie qu'on s'enfonçait jusqu'à mi-jambe. Toutefois, Napoléon re-rent faites avec succès sur le flanc gauche du preconnut toute la ligne anglaise, et expédia ses ordres aux divers commandants pour la bataille. Tout se mit en mouvement. Le projet de Napoléon était de percer le centre de l'armée anglaise, de le pousser sur la chaussée, et, arrivant sur le débouché de la forêt, de couper la retraite à la gauche et à la droite. Le succès complet de cette attaque devait entraîner la destruction de l'armée anglaise, et, dans tous les cas, la séparer complétement de l'armée prussienne.

Vers les onze heures, le général Reille commença la canonnade pour chasser les Anglais du bois d'Hougoumont; l'engagement devint bientôt très-vif sur ce point. La division du prince Jérôme s'empara du bois, puis elle en fut chassée: il fallut une nouvelle et vigoureuse attaque pour s'en rendre maîtres de nouveau; mais les Anglais se maintinrent dans le château qui est au milieu. Napoléon fit marcher une batterie d'obusiers, qui

mit le feu au château.

Dans ce moment, on aperçut fort loin, sur la droite, une division de cinq à six mille hommes, et l'on apprit que c'était l'avant-garde du corps prussien de Bulow. Un officier fut de nouveau expédié au maréchal Grouchy, pour l'instruire de cet événement, et lui faire hâter sa marche sur la gauche de l'ennemi. Mais comme Grouchy pouvait tarder à arriver, trois mille chevaux, sous les ordres du général Dumont, furent envoyés à la rencontre de l'avant-garde prussienne.

Ces précautions prises, l'empereur ordonna au maréchal Ney de commencer l'attaque projetée contre la Haie-Sainte, appui du centre des Anglais. Les troupes françaises étaient remplies d'enthousiasme, et les acclamations de joie étaient telles, qu'elles empêchaient les commandements d'être entendus: on pouvait tout espérer de ces soixante-dix milles braves, dont le dévouement

Quelque désordre s'étant manifesté à la droite des Français, Napoléon s'y porta au galop avec la cavalerie de la garde, qui rétablit bientôt les alfaires sur ce point. La canonnade continua avec fureur, et une nouvelle attaque sur la HaieSainte rendit les Français maîtres de ce point important. Le feu le plus vif régnait aussi du côté d'Hougoum ont. Les trois quarts des bois étaient au pouvoir des Français, dont les obusiers avaient mis le feu au château. C'était là que se trouvaient les meilleures troupes de Wellington; ce champ de bataille était couvert de gardes anglaises.

A quatre heures, le général Dumont fit prévenir l'empereur que le corps de Bulow se mettait en mouvement; que huit à dix mille Prussiens débouchaient du bois de Frischenois, et qu'on n'avait aucune nouvelle de Grouchy. Le corps du comte de Lobau et la division de jeune garde du général Duhesme furent envoyés pour contenir les Prussiens et les aborder franchement. En même temps, une division du premier corps se porta vivement sur l'extrême gauche de la ligne anglohollandaise, s'empara du village de la Haie, et coupa ainsi toute communication entre les deux

armées ennemies.

Toutes ces dispositions eurent le plus heureus succès. A six heures, le mouvement de Bulow cessa d'être offensif, et n'eut plus rien d'inquiétant. Mais Grouchy, dont l'arrivée aurait p couper toute retraite aux Prussiens, ne paraissait pas : on n'en avait aucune nouvelle.

Le maréchal Ney, qui s'était établi dans la Haic-Sainte, et qui avait ordre de ne faire aucun

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