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qu'il fût duc et prince, s'était vu dépouiller du gers; on apprit avec joie que des négociations bâton de maréchal de France, de ces insignes que étaient entamées pour l'évacuation complète du Louis XVIII venait d'accorder à de vieux courti- | territoire français. Mais cette bonne nouvelle ne sans et à des généraux sans gloire, tels que le duc put empêcher la fâcheuse impression produite de Coigny, le comte de Viomenil, Clarke et Beur-par l'annonce d'un nouveau concordat avec le nonville on avait porté l'insulte jusqu'à lui en- | pape. Les députés libéraux pensaient avec raivoyer des lettres de naturalisation ; comme si vingt son que la France devait s'occuper de choses plus années de victoires et d'exploits immortels n'eus-imminèntes. Toutefois, la plus grande satisfacsent pas donné la qualité et les droits des Français à Masséna! Mais la haine de l'émigration poursuivait les géants de la révolution jusque dans la tombe.

Kosciusko, cet illustre et malheureux défenscur de l'indépendance polonaise, ce guerrier citoyen qui aima la France et compta trop sur son appui, finit ses jours, quelques mois après la mort de Masséna, sur la terre de l'Helvétie, où il s'exila volontairement. Puissent la France et la Pologne voir naître de nouveaux Masséna, de nouveaux Kosciusko

tion se manifesta dans l'assemblée lorsque le roi fit connaître qu'il ne jugeait pas nécessaire de conserver les cours prévotales au-delà du ternie fixé pour leur existence on sut un gré infini av gouvernement du mal qu'il ne voulait pas conti nuer; tant est débonnaire cette nation française Enfin, la majorité de la chambre accueillit avec reconnaissance les paroles du roi relatives à une nouvelle loi de recrutement on savait que cette loi serait l'ouvrage du maréchal Gouvion-SaintCyr, et on ne doutait pas qu'elle ne fût totalement dans l'esprit et les dispositions de la Charte, qui Pendant les remaniements du ministère, le jabolissait les priviléges et appelait indistinctement prensier essai de la loi des élections du 5 février tous les Français aux grades et aux emplois, sans s'était fait avec un calme dont les royalistes fu- autres limites que les talents et les services. Derent peinés, car ils avaient prophétisé du tumulte puis le licenciement de ses vieux soldats, la France et même une crise pour l'état. L'ordre le plus n'avait plus d'armée; car on ne pouvait guère parfait régna pendant le cours de ces élections, donner ce nom à ces faibles légions départemenet les choix furent généralement assez bons, puis- tales, surchargées d'officiers favorisés, mais dont qu'il n'y eut de ballottage qu'entre les ministériels | les cadres ne s'étaient jamais remplis. Le moet les libéraux. Ce premier cinquième ayant ren- | ment était douc venu de recréer une armée, en forcé le côté gauche et le centre aux dépens de faisant revivre les grands moyens nationaux à qui la droite, les royalistes éprouvèrent les plus gran- nous avions dû tant de victoires: ces moyens ne des alarmes : ils voyaient avec effroi qu'ils allaient pouvaient être autre chose que la conscription, être successivement évincés de la chambre par le épurée des abus et modifiée dans son exécution. renouvellement quinquennal. De ce moment ils se liguèrent contre la loi du 5 février, et se promirent de saisir toute occasion qui se présenterait pour la faire rapporter ou modifier.

De leur côté, les libéraux regardaient cette loi comme le complément de la Charte, et comme le seul moyen de faire arriver à la chambre des députés représentant l'opinion nationale: ils se flattaient qu'on n'oserait jamais l'attaquer, et, dans ce cas, ils espéraient d'être en nombre pour la défendre.

La bonne opinion que le discours d'ouverture des chambres venait de donner de la majorité du ministère ne tarda pas à recevoir une grave atteinte par la présentation que fit le ministre de l'intérieur, Lainé, du nouveau concordat conclu entre la cour de Rome et l'ambassadeur de Louis XVIII, Blacas-d'Aulps.

A peine le public eut-il connaissance de ce concordat, qu'un cri d'indignation éclata de toutes parts contre les prétentions de la cour de Rome et du clergé il parut une foule d'écrits tendants a démontrer tout ce que cet acte, d'ailleurs inutile, avait d'anti-national, de destructif des libertés de l'église gallicane, d'attentatoire à la Charte, d'in

La session ordinaire de 1817 fut ouverte, par le roi, le 5 novembre. A l'impatience avec laquelle on attendait cette session, on cût dit que la France faisait du gouvernement représentatif et de l'équi-jurieux à l'honneur comme à la raison des Franlibre des pouvoirs un essai nouveau. Des députés, sortis pour la première fois d'une masse indépendante, avaient à délibérer sur des questions qui intéressaient, non-sculement la France, mais toute l'Europe attentive.

çais, et de désastreux pour les finances. En vain le ministre Lainé chercha-t-il, par des phrases doucereuses, de donner le change aux esprits; il ne put parvenir à persuader que l'intérêt de la religion exigeait l'érection de quarante-deux nouLe discours du roi annonçait de grandes amé- veaux siéges épiscopaux, ni que la création d'un liorations à l'état des choses. La France était en- grand nombre de séminaires et de chapitres fût de core sous la surveillance et la tutelle des étran-peu d'importance dans un moment où les finances

étaient si obérées. La nation française voyait clai- |
rement, dans ces transactions, l'influence d'un
clergé qui s'irritait d'être resserré dans ses attri-
butions spirituelles; et elle ne voulait pas plus
de l'ascendant de ce clergé que de l'autorité de la
noblesse émigrée : elle se prononça avec une telle
unanimité contre le concordat de 1847, que, n'o-
sant le retirer, les ministres n'en parlèrent plus.
La fin de la session arriva sans que la discussion
eût été ouverte sur cet acte, auquel les royalistes
et les prêtres attachaient le salut du trône.

Ce qui, dans cette affaire, avait indisposé le plus fortement tous les Français qui ne voulaient absolument plus de l'ancien régime, ce fut la bulle du pape relative à la circonscription des diocèses de France, établie par ce malheureux concordat le saint-père y renouvelait ses protestations contre l'incorporation du duché d'Aviguon et du comtat Venaissin; il se promettait de l'équité du roi très-chrétien, que ces pays seraient restitués au patrimoine du prince des apôtres, ou que, du moins, il lui serait donné une juste compensation. De pareilles prétentions, élevées dans un moment où les plaies faites à la France par les nombreuses coupures à ses limites naturelles étaient encore saignantes, ne pouvaient être reçues qu'avec l'indignation qu'elles excitèrent en effet: cet accueil imposa silence à l'obscure ambition de quelques prêtres qui attendaient la mitre épiscopale, et de quelques familles qui rêvaient encore la feuille des bénéfices.

L'année 1817 se termina par une loi portant que tous les journaux et autres ouvrages périodiques qui traitaient de matières et de nouvelles politiques ne pourraient paraître, jusqu'à la fin de la prochaine session de 1848, qu'avec l'autorisation du roi. Cette disposition improvisée formait primitivement le dernier article d'un grand projet de loi sur la presse, projet qui avait été si fortement combattu que les ministres doutèrent qu'il fût admis à l'épreuve du scrutin. Dans cette crainte, et se voyant arrivé à l'époque où la loi du 28 février rendait la liberté aux journaux, le ministère changea son plan, et fit tout à coup adopter ce dernier article séparément.

De ce moment le despotisme ministériel put s'exercer impunément ; aussi vit-on ceux des ministres sur lesquels la nation avait fondé ses espérances adopter un système de déceptions constitutionnelles qui fortifia contre eux l'opposition libérale. Quant à l'opposition royaliste, elle reprit courage; et, tout en continuant à harceler le ministère qu'elle voulait renverser et remplacer, elle l'appuyait toutes les fois qu'elle le voyoit pencher vers l'arbitraire et les abus de l'ancien régime.

[1818] L'année 1818. qui devait être si fertile en événements heureux pour la France, puisqu'il s'agissait de la délivrance de son territoire, et de la libération des contributions et dettes résultant du déplorable traité du 20 novembre 4815; cette année 1818, qui devait mettre un terme à de grandes calamités de toute espèce, trouva le gouvernement dans une position embarrassante tant envers les chambres qu'envers la nation. Il s'était attiré la haine d'un parti par l'ordonnance du 5 septembre et la loi des élections; mais, comme il avait manqué de courage pour établir la théorie du système que ces deux actes indiquaient, il avait excité la méfiance du parti libéral, et il se a trouvait ainsi entre deux opinions qu'il était obligé de caresser alternativement. Après s'être montré hardi pour proclamer des principes, avait reculé devant les personnes, et laissait l'exécution de la Charte et des lois à ceux qui vonlaient les abolir. Les royalistes exclusifs conservaient encore toutes les places dans l'administration et dans l'armée : l'opinion publique les en chassait; mais le ministère n'osait se décider à marcher avec elle fatiguée de l'attendre, l'opinion l'abandonna, et confia ses intérêts aux nouveaux députés et aux écrivains courageux qui s'en constituèrent les organes. Ces députés, à la tribune, et ces écrivains, dans les éphémères productions de la presse qui échappaient à la censure, formèrent l'esprit public. En même temps qu'elle versait des torrents de lumière jusqu'au fond des · ateliers et des hameaux, l'éloquence populaire caressait toutes les passions généreuses, toutes les espérances, tous les intérêts créés par la révolution et alimentés par les idées du moment : tandis que les écrits des royalistes ne s'adressaient et n'étaient lus que par les hommes de l'émigration, les courtisans anciens et nouveaux, et les élèves des séminaires. Le ministère pouvait encore choisir entre la masse nationale, à la tête de laquelle il lui était facile de marcher, et les hommes de 1815 dont il avait fait un si triste essai. Il aima mieux persister dans son système de bascule, et chercher un appui dans les centres des chambres, qu'il prévoyait déjà de pouvoir convaincre ou corrompre.

Après avoir aigri le parti libéral par la continuation de la censure, les ministres aigrirent les royalistes par la loi sur le recrutement de l'armée. Cette loi fut reçue avec transport par la nation, c'est-à-dire par cette immense majorité qui s'irritait des obstacles que l'on mettait à l'établissement des institutions dont la France éprouvait le besoin.

Les dispositions de cette loi que les royalistes combattirent avec le plus d'acharnement furent:

due, même dans les grades supérieurs. Je ne » blâme pas, je raconte.... Combien d'hommes » n'avons-nous pas vus, qui, après vingt-cinq ans » et plus de repos, sont venus redemander au » principe d'ancienneté ses faveurs et ses béné

4° Celle qui assujettissait, en cas de guerre, à un service territorial tous les anciens officiers et soldats licenciés : dans sa belle conception, le maréchal Saint-Cyr en créait un corps de vétérans propre à fournir une réserve formidable. Les royalistes repoussaient ces vétérans, qui, disaient-»fices; qui, grâce à la magie de l'ancienneté, ils, seraient toujours les soldats de Bonaparte et non ceux de Louis XVIII. Les libéraux soutenaient que ces vétérans seraient les soldats de la patrie et du roi constitutionnel.

2o Celle qui exigeait deux ans de grade comme sous-officier pour être nommé officier. Il n'y avait d'autre exception que pour les jeunes gens qui sortaient des écoles militaires;

» après s'être couchés capitaines ou lieutenants, » se sont réveillés officiers-généraux?........ »

Les arguments des opposants avant tous été combattus avantageusement, la loi fut enfin adoptée le 10 mars: elle obtint, dans la chambre des députés, cent quarante-sept voix sur deux cent trente-neuf. Dans celle des pairs il y eut quatre-vingt-seize boules blanches sur cent soixante-dix votants.

5° Celle qui accordait aux sous-officiers les deux Cette majorité se composait du côté gauche ou des tiers des sous-lieutenances de la ligne ;

libéraux, et d'une partie des deux centres de la chambre des députés; ces centres votaient tou

4° Celle qui disposait des deux tiers des grades et emplois d'officiers inférieurs en faveur de l'an-jours avec les ministres. cienneté ;

5° Enfin, l'article impératif qui n'accordait un grade ou un emploi supérieur qu'à l'officier qui avait servi quatre ans dans le grade ou emploi immédiatement inférieur, excepté à la guerre, pour des besoins extraordinaires, ou pour des actions d'éclat mises à l'ordre du jour de l'armée.

-

Les chambres s'occupèrent ensuite de la loi des finances, une des plus compliquées et des plus accablantes pour les contribuables qui eût été présentée depuis la restauration des Bourbons. On y fixait d'abord le montant des créances à la charge de l'état : celles imputables aux exercices depuis 4801 jusqu'à 1840 étaient évaluées à environ soixante-deux millions, et le montant de ce qui restait à acquitter des créances de 1810 à 1816 s'élevait encore à près de trois cents millions. Les dépenses présumées de 1818 étaient portées au budget pour la somme énorme d'un milliard quatre-vingt-dix-huit millions, non compris l'ar

trente-trois millions cinq cent mille francs les sommes mises à la disposition de la couronne, depuis le 1er avril 1814 jusqu'au 1er avril 4818, et ce, tant pour la liste civile que pour les dettes du roi à l'étranger, les dépenses du mariage du duc de Berry, etc.

Tous ces articles fermaient la porte aux abus et aux faveurs; aussi furent-ils combattus par les royalistes comme attentatoires à la prérogative royale. « La prérogative de nommer à tous les >> emplois civils et militaires, disaient-ils, est » inhérente à la couronne, inaliénable de sa na» ture: on ôte au roi ce qui lui attire le respect,riéré. A cette époque on évaluait à deux cent » le dévouement et la reconnaissance de Far» mée.... Avec cette loi, les militaires se consti» tuent juges de leur mérite, l'armée devient dé» libérante, et l'ordre social est en péril avec une » armée qui délibère. — Le plus grand tort, le » tort irrémédiable du projet de loi, répondait M. Bignon, c'est d'être trop tardif, c'est d'ar» river après la consommation d'un mal énorme, » qu'il eût pu prévenir.... Si la loi qu'on propose » eût existé plus tôt, les grades n'eussent point » été prodigués à une jeunesse, assurément très>> brave, mais qui n'a vu que sur les bords de la » Seine la fumée d'un camp ennemi; tandis qu'on >> laisse dans une inaction qui leur pèse tant de » vieux guerriers, longtemps vainqueurs dans » toutes les contrées de l'Europe, dont la présence » sous le drapeau a compensé la faiblesse numérique de nos bataillons.

» Par une contradiction étrange, tandis que » dans cette chambre on met en doute que l'avan» cement par ancienneté dans les grades inférieurs » doit être consacré par une loi, nous voyons tous les jours, depuis quatre ans, ce principe » d'ancienneté recevoir l'application la plus éten

Ajoutons qu'on venait de liquider les prétendues dettes contractées par la France hors de son territoire, et dont le paiement était réclamé en vertu des traités de 4844 et 1815. Ces dettes venaient d'être fixées à deux cent quarante-huit millions, que le gouvernement français était tenu de payer en inscriptions sur le grand-livre de la dette publique, et sur lesquelles il perdit encore près de quarante pour cent. Ces deux cent quarante-huit millions furent partagés entre toutes les puissances de l'Europe, grandes ou petites; chacune d'elles prit sa part.

Enfin, on avait aussi fixé les prétendues créances des sujets de S. M. britannique, créances aussi peu légitimes et aussi arbitrairement liquidées que les précédentes en mettant l'épée dans un des bassins de la balance, la Grande-Bretagne trouva le moyen de nous soutirer encore un ca

pitai de soixante millions, qui furent payés au moyen de trois millions de rentes inscrites au grand-livre. Ainsi se trouva réalisée cette prédiction d'un général anglais annonçant que notre malheureuse France serait une nababie européenne!

Cependant tous ces immenses sacrifices furent consommés avec une loyauté et une exactitude que les alliés prirent en considération.

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L'article 5 de la convention de Paris, du 20 noembre 1815, portait « que l'occupation militaire, fixée à cinq ans, pouvait finir avant ce › terme, si, au bout de trois ans, les souverains alliés, après avoir, de concert et mûrement examiné la situation et les intérêts réciproques, et les progrès que le rétablissement de l'ordre et de la tranquillité aura faits en France, s'accor⚫dent à reconnaître que les motifs qui les portaient à cette mesure ont cessé d'exister. »>

Se fondant sur la clause facultative de cet article, et sur son exactitude à remplir tous les engagements contractés par ce même traité, le gouvernement français avait demandé la libération du territoire : l'idée de cette libération était si généralement répandue et accréditee dans toute l'Europe, que le moindre retard, au bout de trois ans, eût paru comme un manque de foi des alliés envers la France.

un

démarche faite auprès des souverains étrangers:
elle avait été combinée avec les organes de l'aristo.
cratie anglaise. Ce qui le prouve, c'est le discours
barbare, inique et révoltant que prononça à la
même époque, dans le parlement anglais,
pair héritier d'un beau nom qu'il voua à l'indi-
gnation de tous les hommes honnêtes. Ce pair,
lord Stanhope, après s'être déchaîné contre les
idées dont la France était, suivant lui, le foyer
ardent, osa s'écrier: « Profitons du moment où
» le lion est encore muselé pour briser ses dents,
» roguer ses ongles, et le forcer à nous suivre
» comme un paisible animal. Il faut démembrer
» la France en trois parts, et qu'elle redevienne
» ce qu'étaient les Gaules après la conquête de
» Jules-César. Ce démembrement est l'esprit du
» traité de 1815, comme la conservation de Malte
» était l'esprit du traité d'Amiens. Peut-être la
» politique entrevoit-elle encore des embarras
» dans les conditions du partage; el bien! ou
» peut le différer aujourd'hui; mais il faut main-
tenir l'occupation étrangère, et pendant les
» cinq ans stipulés et au-delà, tant que le par-
» tage définitif n'aura point été réglé, »

D'ici à un prochain congrès nous espérons parvenir à ressaisir de nouveau ce pouvoir salutaire que nous avions avant l'ordonnance du 5 septembre, et alors nous pourrons vous remercier sans danger pour le monde. »

Les auteurs de la Note secrète n'allaient pas aussi loin que lord Stanhope, ils ne demandaient point le démembrement de leur pays, parce que leur intérêt ne s'y trouvait pas; mais ils semblaient Les signataires du traité se décidèrent alors à dire aux souverains alliés : « La France est un se réunir eu congrès à Aix-la-Chapelle, pour s'y pays abominable, habité par des impics et des occuper de la grande question de l'évacuation de scélérats qui viennent de rejeter le concordat et la France par leurs troupes. Mais leurs bonnes de recevoir avec joie la loi des élections et celle dispositions furent au moment d'être ébranlées du recrutement. Nous seuls sommes des honnêtes par les efforts d'une ligue épouvantable formée gens; mais les méchants, les pervers sont plus entre les royalistes français et une partie de l'a- forts que nous; daignez nous prêter, pour quelristocratie anglaise et allemande Cette ligue hon-ques années, cette précieuse armée d'occupation. teuse, ne pouvant se flatter de voir le ministère revenir dans la route de 1815, agissait secrètement pour empêcher l'évacuation de la France, qu'elle peignait, aux yeux de l'étranger, comme étant agitée de toutes les passions révolutionnaires. Quand ce parti vit que les souverains alliés allaient s'occuper sérieusement de la libération du territoire français, il laissa éclater toute sa colère dans un mémoire connu sous le nom de Note secrète, qu'il fit parvenir aux ministres des puissances étrangères. Le but de cette note était d'effrayer les rois sur la situation politique de la France, et de leur faire rejeter la demande de délivrer levation d'une garantie tout établie l'empereur territoire d'un pays qui venait de se libérer de toutes les contributions qui lui avaient été imposées. Les royalistes, auteurs de cette note, s'y traînaient à genoux pour retenir par l'habit les cent vingt mille soldats que la France payait et nourrissait depuis trois ans. L'histoire n'offre rien d'aussi anti-national, d'aussi coupable que cette LEONARD GALLOIS.

Heureusement cet ignoble langage ne produisit pas, sur les cabinets, tout l'effet que les royalistes s'en promettaient. La Prusse, qui ne regardait pas l'organisation militaire de la confédération germanique comme un boulevart suffisant contre les entreprises de la France, eut bien quelque velléité de demander la conser

Alexandre s'y opposa. Le cabinet de Vienne paraissait aussi disposé à recueillir les plaintes des royalistes et à servir leurs projets liberticides; mais l'epinion bien connue de deux autres puissances forcèrent M. de Metternich à faire un acte de condescendance pour le gouvernement frauçais. La délivrance du territoire français fut si

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guée à Aix-la-Chapelle, le 15 novembre: le généralissime Wellington prononça la dissolution de l'armée d'occupation, et le départ des troupes étrangères s'opéra sans confusion et sans retard. La France sortit de tutelle et put enfin respirer librement.

influence M. Fernaux, riche fabricant, homme sans talents politiques, mais d'autant plus redoutable pour ses concurrents qu'il était appuyé par une partie des électeurs commerçants, et que d'ailleurs il était regardé comme libéral. M. Ternaux l'emporta sur Benjamin Constant : ce fut là une faible compensation aux défaites que le ministère éprouva dans presque tous les autres départements qui avaient à nommer.

Quant au côté droit de la chambre, c'est-à-dire aux hommes de 4845, ils ne comptèrent que des pertes. Aussi les écrivains de ce parti se plaignirent-ils beaucoup de l'influence que les libéraux avaient exercée sur les élections par leurs jour

Pendant qu'on agitait, au dehors, la question de la libération et de l'indépendance de la France, le caractère national s'y déployait, au dedans, avec une activité non moins étonnante que les progrès des opinions constitutionnelles. Le premier renouvellement de la chambre des députés y avait amené un cinquième, composé en majeure partie de libéraux, qui augmentèrent le nombre des amis de l'ordre constitutionnel. Cette cham-naux, leurs écrits, et surtout par l'organisation bre offrait déjà de beaux talents, des hommes propres aux discussions parlementaires: aussi les débats sur les lois de recrutement, des finances, de la traite des noirs, etc., avaient-ils offert à la France, avide de liberté, un intérêt plus puissant encore que celui qu'on trouvait dans la lecture de la Minerve, ouvrage périodique que la censure ne pouvait atteindre. La franchise, l'indépendance des opinions du côté gauche, prouvaient au monde que le gouvernement représentatif était compris en France, et qu'il s'y naturaliserait avant la fin du renouvellement total de la chambre.

d'un comité central qui indiquait d'avance ies candidats de son parti. Les libéraux n'avaient fait en cela qu'user d'un droit que les royalistes ne pouvaient leur contester, et dont ils s'étaient servis eux-mêmes, mais sans succès.

Dans leur désappointement, les journaux et les brochures royalistes renouvelèrent leurs plaintes et leurs attaques contre la loi des élections; et, cette fois, on vit le ministère reculer devant sou propre ouvrage : il laissa attaquer cette loi, et permit même qu'on crût qu'elle pouvait être modifiée.

Il paraîtra sans doute fort étrange que des miLe second essai de ce renouvellement était at- nistres qui venaient d'obtenir la délivrance du tendu avec impatience, malgré les entraves op- territoire, et auxquels on devait la loi sur le reposées aux électeurs, et le petit nombre d'éligi- crutement, ainsi que d'autres bienfaits reçus avec bles suivant la loi. A nulle autre époque, depuis joie, ne recueillissent pas tous les témoignages de l'assemblée des bailliages pour les états-généraux, gratitude qui semblaient leur être dus, et n'euson n'avait vu autant de zèle de la part des élec- sent point l'entière confiance de la nation et du teues. Néanmoins, tout se passa avec le plus grand parti libéral. Cette apparence d'ingratitude s'excalme dans des réunions si propres à soulever les plique aisément par la conduite flottante du mipassions politiques. Les choix furent encore meil- nistère, au moment même où il consommait son leurs que ceux résultés des premières élections. grand œuvre de la libération de la France. On l'aPour la première fois depuis les cent jours, on vait vu d'abord blåmer amèrement les auteurs vit sortir de l'urne électorale des noms chers aux de la Note secrète; mais les affronts marqués que amis de la liberté. L'illustre La Fayette, que l'in- ses candidats avaient reçus dans les colléges élecfluence ministérielle était parvenue à écarter dans toraux l'alarmèrent. Il ne se dissimula point qu'il le département de Seine-et-Marne, fut nommé, à était menacé de perdre toute influence sur les une grande majorité, dans le département de la colléges, et, dès lors, il craignit pour son exisSarthe; un autre grand citoyen, Manuel, à qui tence même. Le parti royaliste sut tirer avantage les bâtonniers venaient de refuser l'inscription des craintes du ministère ; il exagéra les dangers sur le tableau des avocats près la cour royale de de la loi des élections; il aigrit les vanités blesParis, fut élu, à la fois, par les départements de sées, et parvint à convaincu quelques membres la Vendée et du Finistère. Les électeurs du Rhône du conseil qu'il était urgent que le gouvernement jetèrent les yeux sur Camille-Jordan, dont la voix changeât de route, s'il voulait arrêter ce que les généreuse s'était élevée contre les mesures acerbes royalistes appelaient le torrent révolutionnaire. adoptées par les autorités de Lyon. Le départe- Avant les élections, il existait déjà une diver ment de la Seine n'avait qu'un député à rem-gence dans les opinions des ministres; depuis lors placer; les voix s'y partagèrent d'abord entre MM. Gilbert-des-Voisins, Manuel et Benjamin Constant; mais le ministère appuya de toute son

cette division fut plus marquée : MM. de Richelieu, Lainé et Corvetto, les trois membres du conseil les plus effrayés de la marche des opi

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