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Il paraît que ces ardoises ont assez bien réussi jusqu'à présent; mais il faudra les surveiller, car dès que la rouille apparaîtra en un point, elle se développera trés-rapidement; la rouille est, du reste, très-apparente sur une teinte grise.

Chéneaux.

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CHENEAUX, NOUES, FAITAGES.

Le chéneau est l'espèce de rigole placée en bas du toit et destinée à conduire les eaux aux tuyaux de descente. Quelquefois on supprime le chéneau et on prolonge la toiture jusqu'à 0,40 ou 0,50 en avant du mur pour en éloigner les eaux qui le dégraderaient. Dans ce cas, on placera aussi quelquefois une gouttière ordinaire en ferblanc ou en zinc soutenue par des crochets en fer galvanisé. Voici divers exemples d'égouts et de chêneaux:

1° Couverture en tuiles dont les crochets sont fixés à des lattes; a, chanlatte taillée suivant l'inclinaison de la tuile; b, chevron, fixé par une vis à bois à la sablière (c); à la base du toit, on voit qu'il y a double tuile, figure 12, planche XXV.

2o Mur à corniche; il y a au bord de l'égout trois tuiles, dont deux enchâssées dans un massif de plâtre m; b est le chevron, c la la sablière et (d) le coyau. Souvent, on augmentera le nombre des tuiles enchâssées dans le massif de plâtre, afin d'augmenter la saillie de l'égout. Figure 13, planche XXV.

3o Chéneau en plomb; la feuille de plomb (mn) est engagée sous la dernière ardoise ou sous la dernière tuile et se relève le long d'un massif A, massif en plâtre recouvert par des ardoises ou des tuiles maçonnées; (p) est le tuyau de descente. Figures 14, 15, planche XXV.

4o Chéneau en fonte et plomb de l'église de Saint-Vincent-de-Paul; fig. 11 à 13, planche XXV; en avant une cimaise en fonte ornée limite le chéneau et couronne la corniche; cette cimaise est boulonnée sur des crampons en fonte scellés dans la pierre de taille; on établit contre la cimaise et sur la corniche une aire en plâtre convenablement profilée pour recevoir la feuille de plomb formant rigole; on remarquera qu'à son bord supérieur cette feuille de plomb se recourbe sous une saillie en fonte de la cimaise, afin de ne point laisser l'eau pénétrer entre le plomb et le plâtre. Il va sans dire que l'autre bord de la feuille de plomb doit être engagé sous la couverture.

Les chéneaux doivent avoir depuis leurs sommets jusqu'aux tuyaux d'écoulement une pente suffisante pour que les eaux ne séjournent pas (0,01 par mètre); les feuilles successives sont posées à recouvrement.

Sur un édifice un peu soigné, on ne saurait avoir recours à des gouttières masquant la corniche; on établit des chéneaux, et quelquefois les tuyaux de descente sont ménagés dans le massif des maçonneries comme des tuyaux de cheminée; c'est une disposition dangereuse, mieux vaut recourir à des tuyaux de descente en fonte ornée, mis en rapport avec la décoration de l'édifice. Pour les noues, on a recours à un système analogue à celui des chéneaux; seulement, la pente étant plus forte, il y a moins de précautions à prendre pour le recouvrement. Les noues se font en zinc, en ferblanc ou en plomb.

Noues.

Faitages. Les figures 16 de la planche XXV représentent un faitage commun pour couverture en tuiles; l'arête est recouverte d'un demi-cylindre (a)

en terre cuite posé sur un massif de plâtre et plâtras convenablement profile. Les joints entre deux demi-cylindres (a) sont cachés par un bourrelet de plâtre; on retrouve ce bourrelet de plâtre le long de la ligne horizontale qui sépare la faitière de la tuile ordinaire. Pour les joints transversaux, on adopte aujourd'hui des faitières à agrafes, d'un système analogue à celui des tuiles modernes, fig. 3, pl. XXV.

Dans les édifices importants on aura recours à des faîtages en fonte ou en plomb très-ornés, qui terminent la toiture d'une manière élégante.

Remarques générales sur la couverture. Il nous a paru intéressant de reproduire ici, comme nous l'avons fait pour la ferronnerie, les lignes que dans son rapport sur l'Exposition de 1867, M. Viollet-Leduc a consacrées à l'art du

couvreur.

<< Parmi les industries de bâtiment qui ont fait le plus de progrès depuis l'Exposition de 1855, il faut citer celles du couvreur et du plombier. En Angleterre, en France, en Prusse, en Autriche, les couvertures des bâtiments publics et privės sont mieux faites, moins chères et plus durables que celles que l'on faisait il y a vingt ans.

La zinguerie étampée, le plomb et le cuivre repoussés, sont des industries nouvelles ou renouvelées avec succès. La tuilerie, grâce aux agents mécaniques, a atteint une perfection inconnue jusqu'à nos jours. Les ardoisières, exploitées à l'aide de moyens puissants fournis par les moteurs à vapeur, envoient des produits excellents par leur régularité et leur dimension.

Remplacant les combles en bois par des charpentes en fer, il fallait trouver le moyen d'éviter l'interposition du bois entre le fer et la couverture même outre qu'il est toujours difficile d'attacher de la volige ou de la latte en bois à des chevrons en fer, il y avait par suite de cette interposition quelque chose d'illogique dans l'emploi des matériaux. L'adoption des lattes en fer pour poser l'ardoise directement à l'aide des crochets est donc une solution dont il faut tenir compte à un entrepreneur de serrurerie, M. Lachambre, car son système de lattis en fer étiré nous paraît avoir une supériorité marquée sur les lattis en tôle employés parfois. Ce lattis en fer permet également la pose de la tuile à crochets directement sur les combles en fer.

Le système de couverture en zinc sur charpente en fer est encore à trouver; la superposition du zinc directement sur le fer produit une action galvanique qui détruit promptement la couverture métallique. On continue donc à interposer de la volige entre le fer et le zinc pour éviter cet effet; encore faut-il avoir le soin de ne pas laisser les têtes de clous ne pas toucher le zinc. Bien que la fabrication des zincs employés pour couvertures ait fait des progrès très-notables, les entrepreneurs de couvertures ne semblent pas encore s'être préoccupés sérieusement de la destruction du métal recouvrant par les substances subjacentes, destruction souvent très-rapide. L'interposition des feutres et des cartons bitumés entre la volige, le plâtre, le fer et le zinc, arrête, il est vrai, ces effets destructeurs ; mais il y a là une cause de dépense assez notable; puis ces feutres et cartons n'ont eux-mêmes qu'une durée assez limitée.

Nous avons vainement cherché, parmi les exposants de couvertures métalliques, l'emploi de procédés propres à empêcher l'oxydation des plombs posés directement sur du bois. On sait que la plupart des bois de chêne, qui n'ont pas encore séjourné dans l'eau et qui n'ont pas été purgés de leur séve, transforment trèspromptement les plombs mis en contact avec eux (malgré plusieurs couches de peinture) en oxyde blanc de plomb, autrement dit blanc de céruse, à ce point

que les plombs sont à remplacer après quelques mois de séjour sur ces bois. L'interposition des feutres, seule, arrête cet effet: mais, nous le répétons, c'est lå une augmentation sensible dans la dépense. Quelques couvreurs-plombiers ont pris le parti, parfois, de poser les plombs ouvrés indépendamment des bois qu'ils sont censés recouvrir. C'est éviter la difficulté, non la résoudre, d'autant plus que ces plombs ainsi façonnés sans armatures spéciales, renforcés à l'intérieur par d'épaisses couches de soudure, reviennent à des prix exorbitants. C'est mentir au principe de la couverture en plomb, destinée à revêtir des ouvrages en bois. Dans ce cas, mieux vaut employer le cuivre repoussé qui est plus léger, et, par le fait, malgré la valeur du métal, revient moins cher parce qu'il se soutient de lui-même, étant battu au marteau, avec une épaisseur minime. Le cuivre repoussé peut d'ailleurs être posé directement sur les armatures en fer à cause de sa rigidité.

Zinc. Tout en constatant les progrès faits dans la fabrication des zincs façonnés destinés aux couvertures, nous pensons que cette fabrication ne suit pas la ligne qui convient à ce genre de couverture. Le zinc, très-sensible aux variations de la température, se comporte mal lorsque les soudures sont multipliées et dans la plupart des ouvrages les conditions de retrait et de dilatation du métal ne sont pas suffisamment étudiées. Les grands ouvrages en zinc exposés indiquent certainement des résultats remarquables dans l'art d'étamper à chaud, d'assembler et de souder ce métal; mais la plupart des objets exposés ne sont point exécutés en raison des qualités de la matière employée. Ce sont des œuvres difficiles à obtenir, sans contredit; elles indiquent une fabrication avancée, mais qui pêche par son principe même et par le côté pratique. A la place de ces objets décoratifs, mais peu usuels, et certainement d'une durée très-limitée lorsqu'ils sont exposés aux intempéries, nous eussions préféré voir quelque bon système de couverture en zinc à dilatation libre, cherchiant à sortir de la méthode ordinaire des attaches, agrafures et couvre-joints, encore si imparfaits et si peu solides.

Les couvertures en grandes feuilles de zinc, qui sont encore les meilleures dans la pratique, ont l'inconvénient de présenter un aspect désagréable, à cause surtout des ondulations qui se produisent sur ces feuilles par une température élevée. Les essais de couverture en tuiles de zinc d'une médiocre dimension n'ont pas été heureux jusqu'à présent, parce que ces couvertures laissent passer facilement les eaux pluviales et sont dérangées par les grands vents. Mais il y aurait certainement quelque chose à tenter entre ces deux extrêmes et c'est vers cette étude que doivent tendre les efforts des couvreurs en zinc plutôt que de chercher à simuler, à l'aide de ce métal, des ouvrages de plomberie décorative ou de pierre et de bois; puisque l'on étampe aujourd'hui le zinc par des moyens mécaniques, et qu'on est arrivé à rendre ce métal assez souple par l'échauffage pour n'être point déchiré par l'étampage, ce serait l'occasion de chercher à donner aux couvertures un aspect moins froid et plus de rigidité par des procédés d'étampage et à obtenir des feuilles de métal pouvant être posées partout facilement, sans soudure et sans clous, comme on pose de la tuile ou de la grande ardoise à crochets. Il y aurait encore à trouver le moyen de doubler mécaniquement les feuilles de zinc propres aux couvertures, d'une manière qui isolerait ce métal du fer, de telle sorte qu'on pût poser directement ces feuilles sur des lattis en tôle ou en petits fers à T, en supprimant ainsi le voligeage.

Un des inconvénients du système actuel de couverture en zinc est d'exiger l'emploi d'ouvriers habiles et ayant beaucoup pratiqué en grand, de sorte que,

si l'on entreprend des travaux de cette nature loin des grands centres, ou l'ouvrage est mal exécuté par suite du peu d'expérience des ouvriers, ou il revient à des prix très-élevés parce qu'on est obligé de faire venir des ouvriers spéciaux. Il semble que les fabricants qui s'occupent de façonner le zinc pour couvertures trouveraient un avantage considérable à livrer des feuilles de métal toutes prêtes à être posées par les premiers couvreurs venus, comme on livre de la tuile. Ce serait là un résultat sérieux, utile, pratique, qui prendrait bien vite rang au-dessus de ces objets de luxe à bon marché qui passent de mode du jour au lendemain et se détériorent promptement à l'action des agents atmosphériques.

Cartons bitumés. L'exposition des cartons bitumés est nombreuse : la Russie, la Prusse, l'Autriche, la Belgique, le Danemark, la Suède, l'Angleterre et la France ont envoyé quantité de ces produits dont les qualités, peu durables en général, ont été reconnues par tous ceux qui les ont employés. Il ne faut chercher d'ailleurs dans ces cartons, plus ou moins imbibés de bitume, qu'un moyen de couvrir des bâtiments temporaires ou une matière propre à être interposée entre des murs humides et des boiseries ou sur les parois extérieures des murs pour les garantir contre les effets de l'humidité.

Des feutres bitumés d'une grande souplesse, pour couvertures, figurent également à l'exposition. Au contact de l'air, sous l'action de la chaleur, les parties huileuses du bitume s'évaporent assez promptement, et il ne reste plus que des parties charbonneuses qu'il faut de nouveau enduire de brai, si on veut éviter l'infiltration de la pluie dans l'épaisseur des cartons. Les cartons et feutres les plus profondément pénétrés de bitume sont naturellement ceux qui se maintiennent étanches le plus longtemps.

C'est donc en les déchirant ou les coupant qu'on peut reconnaitre si la péné tration du bitume est complète. Les produits de la Prusse, du Danemark et de la Russie donnent à l'exposition de bons échantillons; aussi ces couvertures sontelles très-répandues dans l'Allemagne du Nord où le climat se prète mieux que le nôtre à leur emploi. Pour atténuer les effets de l'action du soleil sur ces cartons bitumés, un exposant français, M. Maillard, les recouvre d'une couche del schiste pilė; on doit constater que les cartons de cette fabrique sont entièrement pénétrés de bitume. Aussi peut-on admettre que ces produits français se conserveront assez longtemps à l'air pour pouvoir trouver une application dans les bâtiments agricoles, dans les usines, etc. Quoi qu'il en soit, l'expérience seule peut faire reconnaître les qualités de ces produits, et, jusqu'à présent, l'expérience ne leur a pas été favorable, ou n'a pas été encore assez longue pour qu'il soit possible de les considérer comme un produit susceptible de fournir des couvertures très-durables.

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Vitrerie des bâtiments. La France conserve la supériorité qu'elle avait acquise depuis longtemps dans la fabrication des verres à vitres de grandes dimensions et à bon marché. Elle a réuni à cette industrie séculaire celle des verres coulés pour bâtiments, que l'Angleterre fabriquait seule il y a quelques années. Toutefois, sous ce rapport, les fabricants anglais fournissent à des prix plus bas des variétés de ces verres coulés que nous n'obtenons pas encore. Il faut notamment signaler les beaux verres moulės blanc verdâtre que les Anglais fournissent en grande quantité pour des vitraux et qui sont à la fois très-solides et d' aspect très-satisfaisant à cause de leur effet varié. Mis en plomb, ces verres épais défient la grêle, le vent et même des chocs assez forts, ils permettent des décorations translucides, d'un aspect chaud et doux, sans atteindre le prix de

nos vitraux de grisailles. Employés pour couvrir des gares, des marchés, des hangars, ils résistent aux agents atmosphériques et tamisent beaucoup mieux les rayons solaires que nos verres blancs qu'il faut en été couvrir par des toiles ou des clayonnages. Leur épaisseur ajoute de la force aux armatures en fer qui les reçoivent en les étrésillonnant solidement.

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