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Le rayon à la base des colonnes étant pris comme module, et ce module étant divisé en 30 minutes,

La hauteur des colonnes doriques est de 16 modules et la distance entre les axes de deux colonnes voisines est de 7 modules 1/2;

La hauteur des colonnes ioniques est de 18 modules et la distance entre les axes de deux colonnes voisines est de 6 modules 3/4 ;

La hauteur des colonnes corinthiennes est de 20 modules et la distance entre les axes de deux colonnes voisines est de 6 modules.

Dans les constructions les plus remarquables de l'antiquité, les colonnes d'angle sont plus rapprochées que les autres de leurs voisines; on donne quelquefois à ces colonnes une légère inclinaison vers le monument qu'elles suppor tent, et cette inclinaison a mème été adoptée pour les colonnes de façade. Une pareille disposition concourt efficacement à donner à l'édifice une apparence de solidité, et l'œil est satisfait.

En ce qui concerne les dimensions des diverses parties de l'entablement, on les trouvera au tableau suivant :

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Le diamètre de la base des colonnes est de 2,06 au temple de Pæstum, 1,87 au Parthénon, 0,84 au temple d'Erecthée, 1,46 au Panthéon de Rome.

L'espace libre entre les colonnes est de 2,40 au temple de Pæstum, 2m,425 au Parthenon, 2,28 au temple d'Erecthée.

Galbe des colonnes. - Les plus vieilles colonnes ont une forme de tronc de cône très-accusée, et cependant il est rare que la génératrice soit absolument rectiligne.

L'expérience a prouvé, ainsi que nous l'avons vu à la page 809 de notre Traite des machines, qu'à égalité de matière employée il était avantageux de donner aux colonnes une forme renflée vers le milieu, et cela se conçoit, car on rend de la sorte la flexion moins facile.

On obtient en outre une forme plus élégante et c'est ce que les anciens avaient bien reconnu.

Le galbe de la colonne est son profil sur un plan vertical; on s'astreint d'ordinaire à avoir à la base une tangente verticale, et on adopte pour profil soit un arc de cercle, soit une conchoïde. Généralement, le premier tiers de la colonne est cylindrique.

Chez les Grecs, la différence entre le diamètre à la base et le diamètre au sommet de la colonne était très-accusée ; le rapport des deux diamètres était de:

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Décoration des colonnes. - -La décoration qu'on rencontre le plus fréquemment sur les colonnes, ce sont les rainures ou cannelures verticales, figure 18, planche I.

Au temple de Paestum, les rainures ont pour profil l'arc de cercle décrit du centre du carré construit sur le cadre de la rainure; il y a vingt-quatre canuelures accolées; le nombre des cannelures doit toujours être un multiple de 4. Les lignes verticales des cannelures produisent un bon effet, et celles-ci ne sont pas assez profondes pour nuire à la solidité de la colonne.

Cependant, on peut craindre que l'arête de séparation de deux cannelures. voisines ne soit au sommet d'un angle trop aigu, et souvent on préfère placer le centre de la section au sommet du triangle équilatéral construit sur la corde de la cannelure.

Pour les colonnes ioniques et corinthiennes, on a recours à des cannelures demi-circulaires, et il faut alors laisser des filets entre elles. Dans la partie inférieure de la colonne, les cannelures sont exposées à des dégradations; on les arrête donc an dernier tiers, ou, si on les prolonge, on ne fait que les accuser à la surface sans les creuser, et on indique à la place du creux une baguette verticale ou rudenture.

Un autre mode de décoration moins fréquent, c'est l'usage des tambours ; les tambours ont pour objet d'accuser les divers morceaux dont une colonne est formée, ils jouent le rôle des refends et bossages, figure 1, planche XIX. Philibert Delorme a propagé en France les colonnes à tambours et en a tiré des effets remarquables.

PILASTRES

Les pilastres sont des colonnes à section rectangulaire.

Ils ne sont jamais isolés, mais engagés dans un mur où ils tiennent lieu d'une demi-colonne; quelquefois même on trouve une colonne engagée de moitié ou

seulement d'un tiers dans le massif du mur, mais le pilastre est plus rationnel que la colonne.

Soit, figure 20, planche I, une colonnade en avant d'un monument A; l'entablement de la colonne se retourne aux angles pour venir s'appuyer sur les murs latéraux du monument; il parait nécessaire de renforcer le mur, de lui donner plus de vigueur réelle et surtout apparente, en ces points où il supporte l'entablement; on y arrive au moyen des pilastres (p) faisant sur le nu du mur une saillie plus ou moins accentuée.

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Cette saillie dépend de l'énergie d'expression qu'on veut obtenir; elle est au moins du de la largeur du pilastre et au plus des ; quand la saillie atteint la moitié de l'épaisseur, on reproduit cette saillie sur l'entablement à l'aplomb du pilastre; on fait, comme on dit, ressauter l'entablement.

Les pilastres trouvent encore leur place le long des murs entre lesquels il existe plusieurs files de colonnes; le prolongement de chaque file est indiqué sur le mur par un pilastre. Figure 12, planche IV.

Quelquefois même on accole une série de pilastres le long d'un mur sans raison apparente, uniquement pour constituer une division de la surface et un système d'ornementation.

On donne aux pilastres comme largeur à la base celle des colonnes; mais le fruit des faces latérales est toujours peu accusé. La saillie du chapiteau, destinée à ménager la transition entre la forme ronde et la forme carrée n'est plus néces saire, aussi le chapiteau des pilastres ne doit-il posséder qu'une faible saillie et ne plus être considéré que comme un ornement.

La décoration la plus en usage pour les pilastres, ce sont les cannelures verticales; les tambours sont aussi adoptés quelquefois, surtout lorsque la surface du mur, dans lequel est engagé le pilastre, est recouverte de refends et bossages. Le pilastre le plus simple est la chaine de pierres dont on fait grand usage pour indiquer l'ossature des constructions ordinaires.

ARCADES

Lorsque l'écartement des colonnes atteint une certaine amplitude, il devient difficile sinon impossible de trouver des pierres assez longues et assez solides pour constituer l'architrave. Il y a bien un moyen dans ce cas, c'est de traiter l'architrave comme une voûte, et de la composer de plusieurs voussoirs appareillés en plate-bande.

Mais la plate-bande est une voûte essentiellement défectueuse, exerçant de grandes poussées latérales, et telle que la moindre déformation qu'elle subit produit un effet déplorable; il faut absolument renoncer à la plate-bande dès qu'elle acquiert des dimensions notables.

On a alors recours aux voûtes à directrice courbe; la seule voûte usitée dans l'antiquité, la plus simple et la plus belle, c'est le plein cintre.

Les voûtes en plein cintre, posées sur colonnes à section rectangulaire, semblent avoir pris naissance en Etrurie; les Romains en ont fait grand usage, en les excluant toutefois des édifices religieux pour lesquels on conservait les formes pures de l'antiquité.

On désigne sous le nom d'arcades les voûtes portées par des supports isolés. Le type le plus commun de l'arcade est représenté par la figure de la planche II;

le support comprend un socle, un fût ou pied-droit et une imposte, sorte de chapiteau recevant les retombées de la voûte.

La voûte est composée de voussoirs, et quelquefois ces voussoirs sont recouverts de moulures circulaires, destinées à établir une distinction nette entre la voûte et le remplissage; les bandeaux moulurés prennent le nom d'archivoltes. Entre l'archivolte et la corniche, il existe une surface correspondant à de la maçonnerie de remplissage; ce sont les tympans qui se placent généralement un peu en retraite sur le bandeau de la voûte, et qui sont susceptibles de recevoir des motifs de décoration, tels que des bas-reliefs, des écussons, etc.

Les tympans supportent une corniche moulurée.

Les arcades peuvent être assimilées aux ponts en maçonnerie, et nous avons montré, en traitant de ces ouvrages tout le parti qu'on pouvait tirer des tympans au point de vue de l'ornementation.

Les pieds-droits eux-mêmes sont susceptibles de recevoir une décoration variée. Lorsqu'on veut obtenir une apparence de vigueur et de solidité, on est sobre d'ornements et on se contente de mettre en relief les voussoirs et les pierres des pieds-droits, au moyen de refends et de bossages (fig. 1, pl. III).

Il arrive souvent que la largeur des pieds-droits aux naissances est inférieure au double de la largeur de l'archivolte; les extrados de deux archivoltes voisines se coupent donc, figure 1; on réunit alors en une seule pierre les deux premiers voussoirs de deux arcades voisines.

Le socle des pieds droits est rarement supprimé ; quant à l'imposte, il y a quelquefois avantage à la supprimer afin de ne point arrêter le regard sur des lignes horizontales et de donner à la construction un aspect élancé.

Dimensions des arcades. - Voici les dimensions usuelles des arcades.

La hauteur varie de une fois et demie à deux fois l'ouverture; les arcades si gracieuses de Bramante ont en hauteur deux fois l'ouverture.

La largeur des pieds-droits est le quart de l'ouverture; mais elle doit être augmentée si l'on veut obtenir une grande apparence de vigueur.

Quant au socle et à l'imposte, leurs dimensions dépendent du degré de richesse de la construction; Bramante a donné à l'imposte le de la hauteur des arcades.

La dimension de l'archivolte dépend de 'ouverture; en effet, l'archivolte représente l'épaisseur de la voûte, et celle-ci ne croit pas proportionnellement à l'ouverture; l'ouverture variant de 5 à 8 mètres, l'épaisseur de l'archivolte variera du au de l'ouverture.

Arcades sur colonnes. — L'arcade sur colonnes, qui a pris naissance lors de la décadence de l'empire romain, a été adoptée comme élément principal de construction des temples chrétiens. L'arcade ogivale a régné seule pendant plusieurs siècles; à la Renaissance, on est revenu au plein-cintre qu'on n'a guère abandonné depuis.

L'arcade sur colonnes a un grand aspect de légèreté; pour ne point dépasser la mesure, il convient même d'adopter des colonnes plus courtes que d'ordinaire et presque cylindriques.

Les retombées des voûtes, reçues par la table rectangulaire du chapiteau, sont par conséquent en saillie sur le fût de la colonne et cette disposition contribue à accroitre l'apparence de légèreté de celle-ci.

Il ne faut pas aller trop loin dans cette apparence de légèreté, car les colonnes étant plus espacées dans les arcades que lorsqu'elles supportent des entablements horizontaux, se trouvent par cela même plus chargées; il faut

donc qu'elles soient en réalité plus solides et plus massives, et il est rationnel qu'elles le paraissent.

On a eu bien souvent recours à des systèmes d'arcades dans lesquels on a associé les pieds-droits et les colonnes. Les arcades sont réellement soutenues par des pieds-droits rectangulaires, mais en avant de ces pieds-droits, dans leur partie centrale, on a placé des colonnes dont le fût, passant en avant de l'imposte, s'élève tout le long des tympans et se termine par un chapiteau supportant la corniche de couronnement, laquelle est souvent surmontée d'un attique. Il est rare que les colonnes soient détachées des pieds-droits; généralement elles sont engagées de moitié ou des deux tiers, figures 2, 3, planche III.

Quelquefois cependant, dans des constructions d'un luxe exagéré, on a séparé la colonne du pilastre, figure 4; la corniche rcs saute alors à l'aplomb de la colonne et porte en cet endroit une statue, destinée à justifier dans une certaine mesure la présence de la colonne.

La colonne étant ainsi détachée et placée en avant du pied-droit, on ménage à la partie centrale de celui-ci un pilastre qui correspond à la colonne et qui divise par deux lignes verticales la surface nue du pied-droit.

Dans le cas où l'on ne place pas de colonne en avant du pied-droit, et que cependant on veut lui donner de la légèreté, on peut lui accoler à la partie centrale un pilastre, de saillie plus ou moins forte, qui s'élève jusqu'au dessous de la corniche en interrompant l'imposte à son passage.

On voit qu'en somme on peut introduire une grande variété dans les arcades et réaliser avec elles toutes les combinaisons de richesse et d'élégance.

PORTES ET FENÊTRES

Les proportions des portes et fenêtres sont à peu près les mêmes que celles des arcades. La hauteur est de une fois et demie à deux fois la largeur.

L'aspect doit être en rapport avec l'ordre de l'édifice; ainsi, pour l'ordre dorique on adoptera en hauteur un peu moins de deux fois la largeur, pour l'ordre ionique la hauteur sera juste le double de la largeur, pour l'ordre corinthien la hauteur sera égale à deux fois un sixième la largeur.

Les portes d'appartement à deux vantaux ont les dimensions suivantes : largeur comprise entre 1,50 et 1,60; hauteur comprise entre 2,50 et 2,90.

Les portes à un vantail ont les dimensions suivantes: largeur 0,75 ȧ 0,90; hauteur 1,95 à 2,45.

Pour les croisées on ne peut spécifier les dimensions qui dépendent de la hauteur de l'étage et de l'importance des pièces qu'il s'agit d'éclairer.

La baie ménagée dans la maçonnerie pour recevoir une porte ou une fenêtre présente trois parties : figure 5, planche III.

Le tableau a,a, à faces planes verticales normales au parement du mur;
La feuillure b,b, où se loge le châssis de la fenêtre;

L'embrasure c,c, limitée latéralement à des plans obliques, formant angle obtus avec le châssis de la fenêtre; cette disposition permet d'ouvrir complétement la fenêtre et offre à l'accès et à la diffusion de la lumière une plus large baie.

Les plans verticaux qui limitent l'embrasure sont les faces d'ébrasement; d'ordinaire, ils s'arrêtent en haut à un plan horizontal; cependant, il arrive

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