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reçoive les retombées de l'arc doubleau, ce quelque chose est un pilastre ou une colonne engagée.

Les panneaux, compris entre deux pilastres successifs, le socle des piedsdroits et l'imposte qui indique la naissance du berceau, reçoivent des cadres moulurés bien disposés pour contenir des peintures à fresque.

Les caissons de la voûte sont eux-mêmes ornés avec plus ou moins de richesse. Dans un dôme, les arcs doubleaux sont dirigés suivant des méridiens et des figures ou des caissons variés décorent la surface des fuseaux sur laquelle les arcs doubleaux sont en relief; il va sans dire que, si l'on emploie des caissons, toutes les dimensions doivent diminuer à mesure qu'on s'élève vers le sommet du dôme, c'est-à-dire à mesure que les arcs doubleaux se rapprochent

Tous ces arcs doubleaux devant aboutir au sommet du dôme se confondraient et se pénétreraient; aussi les arrête-t-on d'ordinaire soit à une grande rosace, soit à un orifice circulaire qui supporte la lanterne du dôme.

La décoration des voûtes d'arête est bien simple; elle consiste à accuser les arêtes par de grosses nervures moulurées qui semblent autant de fermes rigides supportant les parties de voûte comprises entre elles.

Aux époques de décadence, on a été plus loin soit une demi-arête ob, figure 9, planche V, on l'a abattue par une surface cylindrique de manière à la remplacer par deux autres arêtes bg, bh; le sommet unique o s'est trouvé décomposé en quatre sommets ghik, qu'on a réuni de manière à former un quadrilatère qui a reçu soit une inscription, soit une rosace, soit une peinture.

Les voûtes en arc de cloître se prêtent mal à recevoir des arêtes trèssaillantes; on les dote en général d'un plafond à jour ou d'un plafond peint et les surfaces cylindriques latérales sont indiquées par des cadres moulurés.

La voûte ogivale, caractéristique de l'architecture du moyen âge, se prêtait bien à des décorations luxueuses; on adoptait fréquemment la voûte surhaussée parce que sa poussée est moindre, et cette poussée latérale était reportée par des contre-forts extérieurs ayant pour profil la demi-section de la nef sur des piliers verticaux que l'on surchargeait au moyen de clochetons. Dans l'ogive surhaussée, la clef tend à remonter; il était donc bon de la charger dans certains cas et en la chargeant on augmentait la stabilité de l'édifice. Aussi voit-on, dans beaucoup de voûtes d'arête ogivales, des lustres suspendus au sommet; quelquefois même, l'architecte ingénieux a encastré et scellé dans la clef de voûte une tige de fer verticale qui descend vers le sol et qui est cachée au milieu d'ornements en pierre qui l'entourent et qu'elle soutient. On est arrivé par là à des effets originaux, mais auxquels il faut recourir avec réserve.

CHAPITRE II

CHARPENTE

Assemblages. Les pièces de bois équarries et réunies les unes aux autres. doivent, pour la stabilité, se transmettre les pressions dans la direction de leurs axes. Lorsque deux pièces s'arc-boutent, il est donc nécessaire qu'elles aient leur axe dans le même plan. Les entailles saillantes et creuses au moyen desquelles on rend un joint invariable s'appellent un assemblage.

Il y a trois grandes classes d'assemblages:

1° Deux pièces de bois qui se joignent peuvent faire un angle et elles donnent lieu alors, soit à un assemblage à tenon et mortaise si l'une des pièces est limitée à l'autre, soit à un assemblage d'angle si les deux pièces se terminent à un angle commun, soit à un assemblage par entailles si les deux pièces se croisent;

2o Deux pièces de bois peuvent s'assembler bout à bout; l'assemblage porte alors le nom d'enture;

3o Deux pièces de bois peuvent s'accoler parallèlement l'une à l'autre; ce sont alors des pièces jumellées.

Les variétés des trois classes d'assemblages ont été décrites aux pages 133 et suivantes de notre cours de stéréotomie, auquel le lecteur voudra bien se reporter.

PANS DE BOIS.

Un édifice en pans de bois 'est composé d'un squelette en charpente; chaque face est formée de plusieurs cadres en bois que l'on vient remplir ensuite d'une maçonnerie légère, tantôt en briques, tantôt en moellons de plâtre, tantôt plus simplement en pisé recouvert d'un enduit.

C'est une construction rapide, économique, on peut même ajouter durable si elle est bien exécutée; mais on tend à l'abandonner presque partout; là où on ne fabriquait pas de chaux ni de briques, on en trouve aujourd'hui; les bois et surtout les grosses pièces ont augmenté de prix dans des proportions considérables. Toutefois, un ingénieur peut encore être appelé dans certains pays à construire des maisons en pans de bois et il est utile d'en donner la composition.

Pans de bois extérieurs formant façade. Les bois au contact du sol pourrissent vite; aussi établit-on un pan de bois sur un soubassement en

maçonnerie B et l'on acccède au rez-de-chaussée par plusieurs marches A; le rez-de-chaussée est ainsi exhaussé pour être à l'abri de l'humidité, car les maisons en pans de bois ne sont généralement pas établies sur caves, figure 10, planche V.

A chaque étage correspond un pan de bois partiel qui se compose d'une semelle basse S et d'une semelle haute ou chapeau H, réunies par des montants verticaux P ou poteaux. Les poteaux, qui limitent les baies, portes ou fenêtres, sont des poteaux d'huisserie; les autres sont des poteaux de remplage ou de remplissage. Les poteaux s'assemblent par tenon et mortaise dans les sablières haute et basse. Pour empêcher la déformation du pan de bois dans son plan vertical, il faut le trianguler; on le fait au moyen de pièces inclinées qui s'appellent écharpes ou décharges si l'angle de ces pièces G avec les semelles est moindre que 60°, et qui s'appellent guettes dans le cas contraire.

Les pièces L qui limitent les huis à la partie supérieure sont des linteaux; les pièces V sont les appuis des fenêtres et les pièces U qui supportent les appuis sont des potelets. Les assemblages des guettes, des linteaux, des appuis et des potelets sont à tenon et mortaise.

On appelle trumeau la surface d'un cadre entre deux huis; c'est la surface qu'il s'agit de remplir. Lorsque cette surface est trop grande, des poteaux auxiliaires J ou tournisses, figure 11, viennent s'engager dans la guette soit par un assemblage à tenon et mortaise, soit par un assemblage à oulice avec embrèvement; quelquefois encore, au lieu de tournisses, on emploie une seconde guette en sens inverse de la première et qui vient la rencontrer à mi-bois; c'est ainsi qu'on forme la croix de Saint-André FF. Les joints à tenon et mortaise des bois inclinés les uns sur les autres sont à embrèvement; c'est une condition indispensable à la solidité et à l'invariabilité de l'ouvrage.

Aux angles du bâtiment, comme aussi à la séparation des diverses travées, on trouve un poteau de fort équarrissage qui règne sur toute la hauteur de l'édifice; c'est le poteau cornier G, auquel les sablières sont rattachées par des équerres en fer. Il fait saillie sur le reste du pan de bois, mais cette circonstance se prête fort bien à une décoration rationnelle de l'édifice, puisqu'elle a pour effet de mettre en relief les principaux éléments de la construction.

Lorsqu'on fait des fenêtres en arc ou en plein cintre comme sur la figure 11, planche V, les arrondissements sont formés par des goussets I en bois découpés en courbe et qui s'engagent à tenon et mortaise dans les poteaux d'huisserie.

Chaque pan de bois partiel supporte le plancher de l'étage supérieur; les solives de ce plancher s'appuient sur le chapeau de dessous et supportent ellesmêmes la sablière du dessus.

Autrefois on laissait souvent les bois apparents pour les recouvrir de sculptures; aujourd'hui l'on préfère donner à l'éditice un aspect menteur en le recouvrant d'un enduit sur lequel on figure des pierres de taille et des moulures.

Dans le cas où l'on applique un enduit, il faut avoir soin de le faire adhérer au bois au moyen de rainures creusées dans celui-ci; par raison d'économie on se contente généralement d'obtenir une mauvaise adhérence au moyen de vieux clous dont on larde la pièce de bois et dont la tête se trouve engagée dans l'enduit.

La figure 12, planche V réprésente une autre maison en pans de bois et

qui est portée par des pilastres en pierres de taille occupant toute la hauteur du rez-de-chaussée; on établit sur ces piliers une très-forte pièce de bois qu'on appelle poitrail et sur laquelle vient reposer le reste de la charpente; on reporte une partie de la charge qui tend à faire fléchir le poitrail M sur les pilastres Q au moyen des écharpes ou décharges D, que l'on établit aussi au second étage. C est le poteau cornier engagé dans la sablière basse; on voit en F la croix de Saint-André qui garnit un panneau. Les pièces horizontales X assemblées à tenon et mortaise avec deux poteaux consécutifs sont des étrésillons si elles sont de faible longueur, sinon ce sont des traverses.

Il est de toute nécessité, si l'on veut arriver à l'invariabilité de la charpente, que les poteaux et tournisses des différents étages se trouvent bien à l'aplomb les uns des autres et que les huis se correspondent verticalement. L'observance de ces règles ne peut du reste que profiter à l'aspect architectural.

Pans de bois intérieurs. Les pans de bois intérieurs ont à supporter une charge aussi grande que celle des pans extérieurs, mais ils ont un remplissage moins épais; ils sont moins éprouvés par les agents atmosphériques, sont percés d'ouvertures moins nombreuses; aussi fait-on ces pans de bois intérieurs plus légers et leur épaisseur va même en décroissant à mesure que l'on s'élève.

La figure 16, planche V donne l'élévation de l'étage d'un pan de bois intėrieur. P sont des poteaux qui s'assemblent sur une solive, à l'aplomb de laquelle ils doivent se trouver : S est la sablière, A les poteaux auxiliaires espacés entre eux d'une quantité égale à leur largeur, ce qui constitue la claire-voie; sous la sablière est le chapeau inférieur qui supporte les solives de deux travées voisines; les solives sont écartées entre elles de quantités égales à leur largeur afin que les abouts des solives de l'autre travée puissent s'engager dans les intervalles. JJ sont des tournisses, figure 17, D une guette, T une traverse, G une décharge destinée à reporter les pressions sur la file de poteaux; L est un linteau. On fait le remplissage des trumeaux avec de la maçonnerie légère, qui affleure les faces des pièces de bois et là-dessus on vient faire un enduit ou ravalement : il faut laisser apparentes les pièces d'huisserie.

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Cloisons légères. Enfin, la division est achevée par des cloisons légères assises en un point quelconque du plancher, figure 18, planche V.

Les poteaux sont assemblés dans les solives pour être invariables et les sablières S ainsi que les traverses T s'assemblent dans les poteaux; on peut encore consolider par des écharpes F. Le remplissage peut se faire soit en briques ou carreaux de plâtre posés de champ, soit en bâtons entourés de foin et engagés dans les rainures des poteaux puis recouverts d'un enduit de plâtre ou de torchis, soit en planches M, bien dressées et assemblées à rainure et languette, soit en planches brutes Q recouvertes d'un lattis avec enduit.

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Dimensions des pans de bois. Les pans de bois de façade ont 0,22 à 0,25 d'épaisseur dans un bâtiment de quelque importance; les étages successifs sont en retraite les uns sur les autres, sans quoi ils produiraient mauvais effet, on réduit l'épaisseur de 0,01 par étage.

Les poteaux corniers ont toujours une saillie de 3 à 4 centimètres. Les pans de bois intérieurs, sur lesquels s'appuient les solives des planchers, ont une épaisseur variant de 0,15 à 0m,22, suivant leur hauteur.

L'épaisseur des pans de bois pour cloisons, varie de 0a,08 à 0,15.

Le remplissage des pans de bois se fait aujourd'hui en carreaux de plâtre, en briques creuses ou en poteries.

Poteaux isolés.

-Les poteaux isolés sont en général de forme carrée; cependant, il convient d'en abattre les arêtes par des pans coupés et on arrive alors à la forme octogone.

Les poteaux en bois ne sont jamais posés sur le sol, mais sur un dé en pierre, figure 1, planche VI, à moins qu'ils ne s'assemblent dans une sablière.

Ils n'ont pas assez de masse et de stabilité pour conserver d'eux-mêmes la position verticale comme le feraient des colonnes en pierre, ce qui prouve que celles-ci ne sont pas une imitation des poteaux primitifs en bois.

Les poteaux en bois s'engagent par un tenon dans le poitrail A qu'ils supportent, et ils sont consolidės latéralement par des contre-fiches BB.

Pour donner plus d'élégance à la construction et obtenir une apparence d'arcade, on peut profiler les contre-fiches suivant une courbe d'intrados.

De même, on peut orner la surface du poteau et des contre-fiches de sculptures plus ou moins riches, et terminer la tête du poteau par quelque chose qui rappelle un chapiteau de pilastre.

PLANCHERS EN BOIS.

Les planchers sont des pans de bois horizontaux dont la face supérieure constitue l'aire d'un étage, tandis que la face inférieure constitue le plafond de l'étage inférieur.

Deux genres de pièces entrent dans la construction des planchers:

Les poutres ou sommiers qui forment l'ossature et qui s'appuient en général sur les murs, les solives qui reçoivent le sol ou aire de l'étage et qui s'appuient en général sur les poutres au moins par un bout. Les solives ont presque toujours une dimension uniforme et leur équarrissage est moindre que celui des poutres.

Le plancher le plus simple est celui dans lequel on peut poser les solives sur deux murs parallèles; il faut alors que l'écartement de ces murs ne soit pas trop considérable, figure 2. Les règlements de police interdisent de faire passer des poutres à moins de 0,16 des conduits de cheminée; il faut donc adopter une disposition spéciale pour les solives voisines de la cheminée C; une de ces solives B est arrêtée avant d'arriver à la cheminée et elle repose sur une solive transversale A, qu'on appelle chevêtre; le chevêtre est lui-même assemblé avec les deux solives complètes D et E. La solive B porte le nom de solive boiteuse. Mais une telle disposition n'est guère admissible que dans une construction en pans de bois parce que les abouts des solives sont reçus par des sablieres, et que, loin d'affaiblir le pan de bois, elles le consolident et le contre-ventent. Si l'on scellait dans un mur des pièces aussi rapprochées que des solives, on affaiblirait ce mur outre mesure et on compromettrait la solidité de l'édifice.

Entre deux solives consécutives on laisse un intervalle égal à l'une d'elles de sorte que le vide est égal au plein.

Les scellements dans le mur seraient donc trop multipliés ; on préfère accoler au mur ou engager dans le mur d'une certaine quantité une sablière ou lam

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