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La figure 2 de la planche XI représente un système servant à étayer une porte en arc surbaissé que surmonte une baie en plein cintre.

Ces exemples suffiront à indiquer les mesures qu'il convient d'adopter suivant les divers cas.

Transport des bâtiments. Le transport de bâtiments en maçonnerie d'une place à une autre a été tenté plus d'une fois avec succès et, avec les moyens dont nous disposons aujourd'hui, n'offrirait plus aucune difficulté. Nous avons vu comment on déterminait le mouvement de progression des plus lourds tabliers métalliques, comment, au moyen de verrins, on pouvait supporter des voûtes en maçonnerie, les abaisser et les relever à volonté; comment, au moyen de presses hydrauliques, on était arrivé à soulever des masses énormes, telles que des tabliers de grands ponts métalliques, des navires, etc.

Mais ce sont là évidemment des opérations exceptionnelles dont la description ne peut rentrer dans notre cadre.

Le transport d'un bâtiment ordinaire n'offrirait, du reste, aucune difficulté. Émy cite une opération de ce genre effectuée, au commencement du siècle actuel, dans les environs de Lisieux.

Après qu'on eut allongé l'église de Saint-Julien, de Maillac, il arriva que le clocher en charpente, qui était primitivement au-dessus du portail, se trouvait entre la nef et le chœur, au milieu de la longueur de l'édifice. Le sieur Nicolle, maitre charpentier de Courson, fut mandé pour savoir s'il était possible de changer le clocher de place sans le démolir et de le transporter sur le nouveau portail. Après s'être concerté avec le sieur Lamy, charpentier de Lisieux, ils se chargèrent tous deux de l'opération, moyennant la modique rétribution de 250 francs.

« Le clocher a 75 pieds de hauteur de flèche au-dessus des murs de l'église qui en ont 25. Le dessus des murs de l'église a servi de chemin pour conduire le clocher à sa nouvelle place. On a commencé par le moiser solidement, après quoi on l'a enlevé au moyen de vérins de 16 pouces (0,45), pour passer en dessous deux poutres qui s'étendaient jusque sur les murs de l'église, et reposaient. sur deux autres poutres dirigées dans le sens de la longueur des murs. Ces dernières poutres portaient chacune sur deux rouleaux à têtes de cabestans roulant sur des sablières couchées sur les murs.

Six hommes, agissant lentement et également avec des leviers embarrės dans les têtes des rouleaux, imprimèrent le mouvement de translation au clocher. Dix heures de travail furent employées le premier jour pour lui faire parcourir 11,37; le second jour, la même manœuvre le fit arriver en huit heures à son nouvel emplacement, distant de celui qu'il avait occupé de 21,20. Pendant le trajet, les cloches, suspendues dans le clocher, n'ont pas cessé de

sonner. »

CHAPITRE III

MENUISERIE

La menuiserie est l'art de mettre en œuvre les bois de petites dimensions, et particulièrement les planches. C'est un dérivé de la charpente, et les menuisiers étaient autrefois soumis à la juridiction du maitre charpentier du roi; cependant, dès le treizième siècle ils avaient leurs statuts particuliers.

On distingue deux genres de menuiserie :

La menuiserie dormante, ou de revêtement, qui comprend les parquets, lambris et cloisons;

La menuiserie mobile, qui comprend les portes, fenêtres, volets, persiennes. Les principes de construction sont les mêmes pour la menuiserie dormante que pour la menuiserie mobile.

Un ouvrage de menuiserie se compose de planches ou panneaux assemblés soit entre eux, soit avec des bâtis plus épais et plus forts.

On peut dire que le problème de la menuiserie se réduit à ceci : assurer l'invariabilité de l'ensemble, en permettant aux parties élémentaires tous les mouvements de contraction et de dilatation qu'entraînent les variations de température et d'humidité.

Tous les bois, particulièrement lorsqu'ils sont débités de droit fil, c'est-àdire parallèlement à l'axe de l'arbre, sont très-sensibles aux variations de température et d'humidité; cette sensibilité tient surtout à la présence des rayons médullaires. Si ces bois sont assemblés à joints invariables, et qu'ils viennent à se contracter, ils ne tarderont pas à se fendre suivant les lignes les moins résistantes; au contraire, s'ils se dilatent, ils se boursoufleront et se gondoleront, et pourront même se fendre comme dans le cas précédent.

Il faut donc laisser à toutes les pièces un jeu suffisant pour parer à toutes les éventualités. Nous verrons tout à l'heure comment on y est arrivé.

Assemblages.

On trouve en menuiserie tous les assemblages usitės en charpente, et décrits à la page 155 de notre Cours de stéréotomie; cependant, en menuiserie, on trouve le plus souvent :

L'assemblage à tenon et mortaise, figure 1, planche XII;
L'assemblage à queue d'hironde, figure 2, planche XII;

Et particulièrement l'assemblage à onglets avec tenons croisés, figure 3, planche XII; le premier et le dernier de ces assemblages doivent être consolidés par des chevilles en bois.

Les assemblages précédents ne s'appliquent guère qu'aux pièces des bâtis qui encadrent les panneaux.

L'assemblage universel, véritablement caractéristique de la menuiserie, c'est

l'assemblage à embrèvement longitudinal, analogue à celui que nous connaissons déjà sous le nom de rainure et languette.

L'embrèvement longitudinal est représenté dans toute sa simplicité par la figure 4, planche XII; la pièce B pénètre dans une rainure ménagée tout le long de la pièce A, sans atteindre le fond de cette rainure; les mouvements de dilatation et de contraction de B sont donc absolument libres.

Mais il est rare que l'on donne au tenon pénétrant dans la pièce A toute l'épaisseur de B; on a alors un effet analogue à celui de la figure 5; l'effet décoratif est meilleur puisque le relief est plus accentué.

Si l'épaisseur des planches le permet, on complètera même l'embrèvement par des rainures et languettes, comme le montre la figure 6.

Dans la menuiserie dormante, il n'y a qu'une face vue; la face cachée, qui regarde le mur, doit être plane. On a recours alors à l'assemblage de la figure 7; les faces cachées des pièces telles que A et B sont dans le même plan, et la saillie des faces vues les unes par rapport aux autres est augmentée d'autant.

Les ouvrages de menuiserie sont, comme nous l'avons dit, généralement formés de bâtis encadrant des panneaux beaucoup plus larges et de moindre épaisseur. Ces panneaux ne peuvent être faits d'une seule planche, et on les compose de plusieurs planches accolées à rainures et languettes; les joints de ces diverses planches s'ouvriraient, si on n'en assurait l'invariabilité à l'aide de colle-forte. C'est alors le panneau tout entier qui se dilate ou se contracte, et les mouvements des diverses planches se cumulent au lieu de se produire isolément.

Si la colle forte ne parait point suffire, on ajoute, tous les soixante centimètres, par exemple, une clef en bois, ayant en épaisseur le tiers de celle des planches, et pénétrant d'un bout dans une planche, de l'autre dans la planche voisine c'est une sorte de double tenon, que l'on assujettit avec de petites chevilles en bois.

Quelquefois, dans les ouvrages communs, on supprime même les rainures. et languettes, et on se contente d'assembler les planches des panneaux au moyen de clefs. Mais ce système ne sulfit pas à empêcher de légers mouvements, et les joints s'ouvrent toujours un peu.

On peut encore, lorsqu'on emploie de larges planches, placer dans les joints des baguettes à double languette C (figure 8, planche XII); chaque languette pénètre dans une rainure correspondante des pièces A et B.

Dans les divers exemples que nous donnerons plus loin, on trouvera toutes les variétés des assemblages précédents.

Parquets. -- Au chapitre précédent, nous avons décrit les parquets que l'on rencontre le plus souvent, savoir :

Le parquet à l'anglaise, formé de planches étroites toutes parallèles, fixées sur des lambourdes, avec joints alternants;

Le parquet en feuilles de fougère avec point rectiligne continu, figure 5, planche VII, le parquet à point de Hongrie, figure 6, planche VII, analogue au précédent.

Toutes les feuilles de ces parquets doivent être assemblées à rainures et à languettes, non-seulement entre elles, mais encore avec les cadres qui se trouvent au pourtour de la pièce; les feuilles sont fixées aux lambourdes au moyen de clous pointes, que l'on chasse obliquement dans les tranches verticales du bois, et qui ne doivent pas apparaitre à la surface.

On rencontre encore assez souvent des parquets à compartiments, tels que

celui de la figure 9, planche XII. Chaque compartiment est formé d'un cadre rectangulaire, dont les quatre côtés sont assemblés à onglets avec tenons croisés et chevillės; les rectangles allongés et les carrés qui constituent le remplissage sont assemblés entre eux et avec le cadre à rainures et languettes; de même les cadres voisins sont assemblés à rainures et languettes.

L'avantage des parquets de ce système est que les compartiments peuvent être fabriqués à l'avance et posés rapidement.

Ils ont l'avantage encore de se prêter à une décoration plus variée; et, si l'on a recours à des bois de diverses natures, on obtient des mosaïques d'un effet agréable. Lorsque les panneaux qu'on accole les uns aux autres sont de grandes dimensions, il faut se servir de bois bien secs, sans quoi les joints s'ouvriraient

outre mesure.

On doit aussi, et c'est du reste un principe général en menuiserie, n'employer que du bois débité sur maille, car il est moins sensible aux variations atmosphériques, et surtout il se gondole bien moins que le bois débité suivant des plans parallèles à un diamètre de la section.

La figure 11 représente un arbre débité sur sa moitié A parallèlement à un diamètre; considérons une planche telle que abcd, elle contient plus de mailles sur sa face ac, que sur sa face bd; et, comme les mailles sont très-hygrométriques, si l'humidité augmente, la face (ac) s'élargit plus que son opposée, la planche se voile; si l'humidité diminue, l'effet inverse se produit.

Avec des planches sciées sur maille, comme le montre la moitié B de la même figure, il y a même nombre de mailles des deux côtés ou à peu près, et le voilement ne se produit pas; la planche, en se contractant et en se dilatant, reste plane.

Le débit des bois sur maille a longtemps fait la fortune des Hollandais, qui venaient acheter chez nous des billes de chêne et nous les renvoyaient débitées suivant cette méthode, sous le nom de chêne de Hollande.

Avec des bois de couleurs différentes, on peut produire de véritables planchers en mosaiques, tels que celui de la figure 10, planche XII; mais on doit n'associer ensemble que des bois de même dureté et, autant que possible, de même dilatabilité, et il faut poser ces planchers de luxe sur un premier plancher ordinaire.

Lambris et cloisons. Les lambris sont les revêtements dont on recouvre les faces des murs. On distingue les lambris d'appui et les lambris de hauteur; les lambris d'appui ne règnent guère que sur 1 mètre de hauteur au-dessus des planchers; les lambris de hauteur s'étendent jusqu'au plafond.

Les lambris d'appui sont généralement couronnés d'une petite corniche qui porte le nom de cimaise, et à leur partie inférieure, près du plancher, ils sont recouverts d'une planche verticale, qui s'appelle la plinthe.

Les lambris sont composés de cadres en bois épais, composés de montants et de traverses assemblées à tenon et mortaise, et le remplissage comprend un plus ou moins grand nombre de panneaux. La face cachée du lambris ne doit pas être appliquée contre le mur; cette face plane et rabotée est à une certaine distance en avant du mur; le cadre est traversé par des vis à bois qui pénètrent dans des tampons horizontaux scellés dans la maçonnerie du mur; les têtes des vis sont noyées dans les cadres, elles laissent un trou apparent que l'on bouche avec des lames de bois fixées à la colle forte de telle sorte que leurs fibres soient parallėles aux fibres voisines.

Lorsque les bois sont bien secs, et il doit toujours en être ainsi, c'est une

bonne précaution d'appliquer deux ou trois couches de peinture sur leur face qui regarde le mur.

Voici divers exemples de lambris:

La figure 12 de la planche XII représente un lambris de hauteur avec lambris d'appui :

A et B sont les panneaux alternativement grands et petits du cadre supérieur; C est la cimaise.

Det G sont les panneaux alternativement grands et petits du lambris d'appui ; E est la plinthe et F le bandeau.

fait

La figure 13 est la coupe horizontale du lambris précédent; cette coupe nettement comprendre les divers assemblages et nous n'avons pas à donner d'explications détaillées.

Les figures 14 et 15 de la planche XII représentent en élévation et en coupe horizontale une cloison vitrée fort simple; cette cloison possède un panneau d'appui. Sur la coupe horizontale on voit en a, a les montants du cadre et en (b, b) les petits bois du vitrage; on donne le nom de petits bois aux pièces qui forment les cadres des carreaux, ces pièces présentent des feuillures dans lesquelles se logent les bords des verres, que l'on fixe, comme on sait, au moyen de pointes et de mastic.

La figure 16 de la planche XII représente une devanture de boutique, avec panneaux pleins et panneaux vitrés; au-dessus des panneaux est posée une frise assez haute pour recevoir l'enseigne, et cette frise est couronnée d'une corniche.

Les figures 1 et 2 de la planche XIII représentent les lambris qu'on applique sur les faces d'ébrasement des portes dans les gros murs.

Les exemples précédents suffiront à faire comprendre la disposition des lambris les plus compliqués; lorsqu'on veut obtenir une décoration riche, on augmente le nombre des moulures sur les cadres et sur les panneaux, on ménage sur ces derniers des parties saillantes, rondes, ou en forme de losange, en pointe de diamant, etc... Mais il faut éviter l'excès et la confusion dans tout cela, et chercher plutôt la richesse dans l'emploi de beaux bois, judicieusement associés.

Les dimensions des panneaux ne doivent pas être trop grandes, si l'on veut éviter l'effet pernicieux des contractions et dilatations: ainsi, on ne donne pas à un panneau plus d'un mètre de large sur 3 mètres de long.

Dans certains cas, lorsque les panneaux sont grands et minces, on les consolide par des traverses appliquées sur la face cachée de ces panneaux et fixées au montant des châssis. Les panneaux sont liés à ces traverses par des vis à bois, mais on a soin de ménager pour le passage des vis dans les traverses des trous ovales laissant un libre jeu à la dilatation.

Portes.

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On distingue les portes à un vantail et celles à deux vantaux. 1o Portes à un vantail. La figure 3 de la planche XIII représente une des portes à un vantail les plus simples; cette porte est composée de deux montants et de trois traverses dont une intermédiaire; il y a donc deux panneaux. Le panneau supérieur est plan et aminci sur les bords, de sorte que la partie centrale représente un rectangle en relief. Le panneau inférieur est taillé en pointe de diamant comme on le voit sur la coupe, figure 4. Les bords du panneau supérieur sont entourés d'une moulure rapportée.

L'emploi des moulures rapportées est économique et a pris, depuis quelques

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