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forgé. Le remplissage entre les fermes était fait en grandes poteries de 0,24 de hauteur et de 0o,11 de diamètre.

On conçoit qu'un pareil système, avec tous ses assemblages de pièces forgées, devait revenir à un prix élevé. On ne l'appliquerait certainement pas aujourd'hui.

On a quelquefois mis en œuvre le système de la figure 4 planche XVI; il consiste à réunir par des tirants en fer les murs opposés; ces tirants sont ancrés dans la maçonnerie et leurs extrémités sont réunies par des chaînes en fer logées dans les murs et parallèles à la direction de ces murs. Toute la construction est donc rendue solidaire. Au lieu de plancher, on recouvre le rectangle des quatre murs avec une voûte très-surbaissée en poteries hourdées de plâtre; cette voûte est très-légère, il est vrai. Néanmoins, nous ne pensons pas que ce système doive entrer dans la pratique courante la rupture d'un seul tirant pourra entraîner la ruine de tout l'édifice, et on ne peut pas répondre qu'il n'existera pas quelque malfaçon locale, qu'un tirant, qu'un assemblage ne viendra pas à se rouiller. Il ne faut admettre dans les planchers que des voûtes de petite ouverture. Le système des grandes voûtes avec tirants en fer conviendrait tout au plus pour des planchers de terrasses, à condition que ces voûtes seraient exécutées en poteries ou en briques creuses recouvertes d'une chape en béton et ciment.

Les fermes en fer forgé ont été très-utiles en plus d'un cas pour constituer les poitrails qui supportent par exemple un gros mur de face à l'emplacement des boutiques; autrefois, on faisait ces poitrails en bois, coutume bien défectueuse que l'on conserve encore dans quelques pays; associer du bois à une façade en pierre exposée aux intempéries ne se comprend guère. D'autant plus qu'en bien des cas, on peut exécuter, sans grande dépense, une voûte surbaissée. Lorsque la portée est trop considérable, la voûte surbaissée devient impossible et on a recours aux poitrails en fer, composés de deux fermes solidement accouplées et calculées en vue de la charge qu'elles auront à supporter.

Planchers en fers à double T. — C'est le plancher en fer à double T qui est aujourd'hui le plus répandu, et, grâce aux progrès de la fabrication du fer, on peut construire des planchers de ce genre dans la moindre bourgade.

La figure 5 planche XVI représente un des premiers types de planchers en fer; les solives sont des fers laminės en double T, solidement ancrés dans les murs qu'ils relient, ces fers sont réunis transversalement par des entretoises à crochet, et celles-ci supportent les fantons ou petits fers carrés. Le remplissage sur la paillasse est fait en augets, en poteries, en briques creuses, en modillons creux de plâtre, en béton. On peut même laisser l'entrevous vide et établir le plafond inférieur sur un lattis en bois; mais, on aurait de la sorte un plancher très-sonore et on aggraverait outre mesure cet inconvénient caractéristique des planchers en fer. La sonorité ne peut être atténuée que par un remplissage massif et épais. Sur les solives reposent des lambourdes en bois, entaillées au passage des doubles T et sur ces lambourdes est cloué le plancher.

Les fers à double T sont calculés suivant la portée, ils sont espacés d'environ 1 mètre; les entretoises et les fantons ont au contraire des dimensions constantes; généralement, ce sont des fers carrés de 16 millimetres (entretoises) et de 10 millimètres (fantons).

Dès que la portée atteint 7 à 8 mètres, les planchers en fer analogues au précédent deviennent plus économiques que les planchers en bois.

Dans le calcul des planchers, on admet d'ordinaire une surcharge de 70 kilogrammes par mètre carré ; à cela, il faut ajouter la charge fixe, facile à évaluer d'une manière suffisante par la connaissance approximative de la densité des diverses matières mises en œuvre. Connaissant la portée d'une solive, sa charge fixe et sa surcharge, ainsi que la hauteur qu'elle peut avoir, hauteur qui dépend de l'épaisseur du plancher, on se donne la section de cette solive et par suite son poids, on fait les calculs de résistance: si le métal travaille sous un effort supérieur à 6 kilogrammes par centimètre carré, on augmente la section; dans le cas contraire, on la diminue. Dans tous les cas, on arrive vite, après quelques tâtonnements, à la dimension voulue.

La hauteur des doubles T servant de solives est d'environ de la portée; les poutres en bois ont en hauteur de leur longueur; le fer permet donc de réduire l'épaisseur des planchers, grand avantage pour les hautes constructions des villes. Si l'on ne tient pas absolument à ménager l'espace vertical, il y aura avantage à augmenter le rapport de la hauteur du double T à sa portée.

Les solives et poutres en double T sont encastrées et ancrées dans la maçonnerie des gros murs comme le montre les figures 55, 5* de la planche XVI.

La différence entre les divers systèmes de planchers, pour lesquels on adopte pour les poutres et solives des double T en fer, porte surtout sur la manière dont on opère l'entretoisage et le remplissage.

On obtient un excellent entretoisage avec de petits fers en double T, avec des cornières, avec des simple T, figures 6, 7 et 8, planche XVI; les assemblages des solives et des entretoises se font au moyen de goussets rivés. Dans ces systèmes, les fantons sont toujours nécessaires lorsqu'on veut faire un remplissage en augets; mais, on peut les supprimer et adopter pour le remplissage les briques creuses, les poteries, les modillons creux en plâtre, et les ailes des cornières ou des fers à T facilitent singulièrement la pose de ces matériaux.

Enfin, on peut supprimer l'entretoisement métallique et relier les fers en double T les uns aux autres au moyen de voûtes surbaissées en briques pleines ou creuses; les voûtes sont recouvertes d'un remplissage en béton qui reçoit le plancher; c'est lourd et massif, mais très-solide. Les cylindres d'intrados des voûtes sont parallèles aux solives; la poussée de la dernière demi-voûte s'exerce donc sur le mur latéral; on fera bien de recevoir la retombée de cette voûte sur un fer à double T, égal aux autres, accolé au mur ou noyé dans la maçonnerie de ce mur, et il sera bon de relier ce dernier fer avec le précédent au moyen de tirants en fer plat qui pourront être rivés sur les ailes supérieures des deux double T. De la sorte, on n'aura rien à craindre et on ne verra point se produire de fissures.

Les voûtes en briques pourront avoir 0,75 à 1 mètre de corde et être surbaissées au ou au, fig. 9 et 10.

Ce genre de construction se prête à un système rationnel de décoration; on pourra laisser apparents l'intrados des voûtes et les semelles des double T; on peindra ces deux surfaces de couleurs différentes; le mode de construction se trouvera nettement accusé et on aura un système de longs caissons cylindriques séparés par des plates-bandes.

Aux voûtes en briques on peut substituer, figure 11, des tôles minces, cintrées, assemblées au moyen de cornières accolées et courbées suivant la section droite du cintre. Sur ces feuilles de tôle on établit un remplissage en béton maigre qui reçoit le plancher.

Lorsque la portée est trop considérable, on substitue aux doubles T laminės

des doubles T composés de tôles planes et de cornières, avec âme évidée ou en lattis. Nous avons donné assez d'exemples de ces poutres dans le Traité des ponts métalliques pour n'avoir pas besoin de les reproduire ici.

Ces pièces composées sont très-utiles pour remplacer les maîtresses poutres en bois; elles permettent quelquefois de supprimer des murs de refend, que l'on remplace par une poutre en tôle posée sur colonnes en fonte.

Les figures 12 de la planche XVI donnent une idée de cette disposition : la maîtresse poutre en tôles planes et cornières supporte un plancher en fers à double T laminés.

Les portrails, avec ou sans colonnes en fonte, se composent de plusieurs doubles T accolés et rendus solidaires par des frettes et entretoises, intérieures et extérieures. La figure 13 en est un exemple.

Lorsqu'on ne recherche pas absolument l'incombustibilité des planchers, incombustibilité qui nous paraît du reste illusoire, on peut substituer aux entretoises en fer des entretoises en bois : comme ces entretoises sont cachées et n'ont que de faibles longueurs, elles peuvent être constituées pour ainsi dire avec des bois quelconques, et, par leur emploi, on obtient des planchers réellement économiques.

On a préconisé l'emploi des solives en triple T qui permettent d'établir un plancher en quelque sorte à double fond; la couche d'air interposée entre le parquet et le hourdis s'oppose à la propagation du son et à la déperdition de la chaleur, figure 14; ce système ne s'est point répandu.

L'écartement des solives étant de 0,80, la charge totale par mètre carré de plancher étant évaluée à 250 kilogrammes, on adoptera des doubles T en fer laminé ayant :

Une hauteur de 0,10 et un poids de environ 9 kilogr. pour une portée de 3,00

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Planchers avec fers en U ou en V renversés.- Les fers en U ou en V renversés sont connus sous le nom de fers Zorès, du nom de leur propagateur; avec ces fers, qui sont en général d'assez bonne qualité parce qu'ils sont plus difficiles à laminer que les formes simples, on peut obtenir beaucoup de pièces composées, telles que colonnes, poutres horizontales. Ils sont faciles à assembler grâce aux rebords qu'ils présentent.

La figure 15, planche XVI, donne la coupe en travers d'un fer Zorès.

L'emploi du fer Zorès entraine presque nécessairement la construction d'un plancher avec petites voûtes en briques creuses; les branches du V sont en effet naturellement disposées pour recevoir les retombées de ces voûtes. Cependant, on a souvent recours, même avec les fers Zorés, à un système d'entretoises et de fantons supportant un des remplissages connus, figure 16.

On peut encore constituer une paillasse continue en posant sur les solives de la tôle ondulée; figure 17; l'emploi de la tôle ondulée est du reste aussi facile avec le fer à double T qu'avec le fer Zorès; nous avons vu qu'elle rendait de grands services pour l'établissement des tabliers des ponts.

Remarques générales sur les planchers en fer. Lorsque les poutres en fer supportent une charge notable, il est prudent de ne point en faire reposer les

extrémités sur de la maçonnerie ordinaire; les abouts devront être reçus soit par une forte pierre en granit, soit par une plaque de tôle ou de fonte, chargée de répartir la pression sur une surface suffisante pour qu'il n'y ait ni tassement, ni écrasement. Il semble que les sabots en fonte seraient économiques et d'une application facile. C'est surtout aux abouts des poitrails que la présence de ces sabots est nécessaire.

Toutes les fois qu'on n'adoptera pas des dispositions connues et sanctionnées par l'expérience, il faudra calculer les dimensions des pièces qui entrent dans l'ossature du plancher. Pour cet objet on pourra adopter les données suivantes :

Dans les maisons ordinaires, aux étages supérieurs des grandes maisons, dans les chambres à coucher, on donnera au plancher 0,30 d'épaisseur; la charge fixe est de 275 kilogrammes par mètre carré pour un remplissage en plâtras et de 225 kilogrammes pour un remplissage en briques creuses; la surcharge maxima est de 75 kilogrammes par mètre carré.

Pour les salons et pièces de réception, l'épaisseur est de 0,55, la charge fixe augmente de 25 kilogrammes par mètre carré, et il faut compter sur une surcharge de 100 à 140 kilogrammes.

Dans les grands salons pour assemblées ordinaires, la surcharge sera portée à 200 kilogrammes par mètre carré, et, dans les cas exceptionnels, à 300 kilogrammes.

L'entretoisage au moyen des cornières rivées emploie moins de métal que le système des entretoises à fer carré avec crochets, et il donne plus de rigidité au plancher; il est donc préférable à ces deux points de vue, mais il absorbe plus de main d'œuvre et est plus difficile d'exécution.

Pour les poitrails qui doivent supporter les maisons de Paris à cinq ou six étages, on compte d'ordinaire par mètre courant de poitrail une charge de 20,000 à 25,000 kilogrammes, pour un mur de face de 0,50 d'épaisseur.

On ne tient pas compte de la dilatation dans les planchers ordinaires, notamment en ce qui touche l'ancrage; en effet, les écarts de température sont peu considérables pour des fers noyés dans la maçonnerie.

Poutres armées. A la page 78 du Traité des ponts métalliques, nous avons montré comment on pouvait faire le calcul des poutres armées; le plus simple est de recourir à des décompositions et recompositions successives par le parallelogramme des forces.

Autrefois, on appelait poutre armée une poutre en bois que l'on renforçait par des pièces métalliques; aujourd'hui, bien que ce système souvent peu rationnel soit encore en usage, on entend plutôt par poutres armées des systèmes composés de pièces dont chacune est calculée en vue de l'effort maximum qu'elle aura à supporter et construite avec un métal approprié à la nature de cet effort. Ainsi, dans une poutre armée, on fera en fonte la semelle supérieure qui travaille par compression, au contraire on emploiera la tôle ou le fer forgé pour la semelle inférieure qui travaille par extension, et les liens verticaux ou inclinės qui réunissent les deux semelles se feront en bois, en fer ou en fonte suivant les cas.

Ces dispositions sont logiques; ce qui ne l'est point, c'est de renforcer une poutre en bois par des feuilles de tôle accolées sur ses faces latérales : l'élasticité des deux matières n'est pas la même; donc, si l'ensemble fléchit de telle sorte que le bois travaille convenablement, le métal travaillera trop ou trop peu. Ces alliances, qui avaient leur raison d'être autrefois, ne l'ont plus aujourd'hui ; la poutre entièrement métallique a supplanté la poutre armée.

La figure 18, planche XVI, représente la section d'une poutre armée assez complexe deux poutres en bois comprennent entre elles soit une feuille de tôle, soit une de ces fermettes, que nous avons décrites plus haut, composées d'un arc et d'un tirant; le tout est rendu solidaire par des boulons horizontaux qui traversent aussi les lambourdes rattachées à la maîtresse poutre par des étriers en fer. Cette poutre complexe a rendu des services; elle est aujourd'hui abandonnée.

En fait de poutres armées, on n'a plus guère recours qu'aux poutres en bois avec tirants en fer et bielles en fonte, telles que celles que représentent les figures 19, 20 et 21 de la planche XVI.

3 COMBLES MÉTALLIQUES.

Dans le chapitre relatif à la charpente en bois, nous avons défini les combles des diverses espèces ainsi que les pièces qui entrent dans leur composition.

Pour les combles comme pour les planchers, le fer a remplacé le bois dans la plupart des constructions de quelque inportance. Pour les grandes portées, le fer offre une solution simple et économique.

Le fer a sur le bois l'avantage du petit volume et de l'incombustibilité, point important pour des édifices tels que les musées et les théâtres.

Les Anglais ont fréquemment construit des fermes en fonte; mais, elles ne se sont point répandues en France, où l'on a réservé la fonte pour les pièces telles que les colonnes et contre-fiches, qui travaillent uniquement par compression.

Bien que l'exclusion de la fonte nous paraisse trop absolue, bien que les fermes et arcs en fonte soient susceptibles de rendre de bons services, nous conseillons de recourir au fer et à la tôle dans les cas ordinaires, parce que ces matières offre moins de chances d'insuccès et qu'il est bien plus facile de reconnaître les défauts qu'elles peuvent présenter.

C'est dans la seconde moitié du dernier siècle qu'on a commencé à construire les combles métalliques. Longtemps on ne s'est servi que du fer forgé et la main d'œuvre élevait outre mesure le prix de revient; avec des pièces en fer forgé, on peut atteindre dans certains cas le prix de 1 fr. 50 et même de 2 francs le kilogramme; aujourd'hui, c'est à la tôle et aux fers spéciaux qu'on a recours, et le prix du kilogramme de métal peut descendre à 0 fr. 60 cent. mis en place. Nous allons décrire rapidement des spécimens des divers systèmes; en cette matière, les descriptions n'ont guère d'importance et les dessins en tiennent lieu.

1° Combles en fonte.

Les combles en fonte sont, avons nous dit, peu rẻpandus. La figure 1 de la planche XVII représente en élévation une des fermes du comble de la cathédrale de Chartres

Ferme du comble de la cathédrale de Chartres. Cette ferme est ogivale et supporte des pannes en fer. Elle est représentée d'après les dessins de M. Eck, architecte, et a été construite sur le projet dé M. Émile Martin. Elle comprend : deux arbalétriers en panneaux de fonte, et un tirant en fer forgé f. Chaque arbalètrier se compose de six panneaux évidés en fonte, à nervures saillantes qui servent à l'assemblage, la figure 2 montre la coupe en travers d'un panneau. Les panneaux sont assemblés entre eux ainsi qu'on le voit sur la perspective, figure 3:

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