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Arbalétriers en double T laminé, tirant composé de deux fers cornières accolés, poinçon s'opposant à la flexion du tirant.

Les figures 9 à 11 représentent la marquise intérieure dont la portée totale est de dix mètres, y compris un porte-à-faux de 1 mètre; les colonnes en fonte qui la supportent sont alternativement espacées de 4,585 et de 9,185 d'axe en axe. L'ossature comprend les poutres transversales en double T composé à section variable, un entablement en tôle à jour à l'aplomb des colonnes, avec frontons en arc de distance en distance; une corniche en bois fixée à l'extrémité des poutres transversales; la toiture en zinc, inclinée vers le mur du fond, conduit les eaux dans un chéneau ménagé le long du mur.

Nous donnerons, pour terminer, la coupe en travers de la marquise extérieure; cette marquise est surtout remarquable par ses supports en tôle et cornières et par ses poutres composées affectant un profil d'égale résistance, fig. 11 à14 pl. XXI. Marquises pour chemins de fer. Il n'est point difficile de composer avec des fers à simple et à double T et avec des colonnes en fonte des marquises d'une portée suffisante pour abriter les quais des gares de chemins de fer. Lorsque la portée n'est pas trop considérable, on adopte une pente continue; les eaux pluviales s'écoulent à l'extérieur, ou mieux, sont recueillies par un chéneau qui les conduit dans des colonnes creuses.

Lorsque la portée est considérable, on prolonge la marquise en saillie au delà des colonnes; pour ménager la hauteur et la lumière, pour amener en outre toutes les eaux dans le plan des colonnes, on adopte un système à deux pentes inverses comme celui de la figure 5 planche XI.

C'est la coupe en travers de la marquise construite par M. l'ingénieur Marin pour le chemin de fer de Ceinture. Les figures de détail en font comprendre la disposition les fermes sont composées d'un fer à double T, convenablement courbé à l'aplomb des colonnes en fonte; ce fer à double T est assemblé avec d'autres plus petits qui servent de pannes, et qui marquent les bords horizontaux du vitrage central. Le double T transversal s'appuie au sommet des colonnes creuses, au chapiteau desquelles il est rattaché à l'intérieur et à l'extérieur par des consoles en fer semi-forgé ; des poutres en treillis rejoignent les colonnes successives et sont comme un faux-entablement. On voit sur la figure 6 l'agencement du chéneau et des colonnes creuses; celles-ci conduisent jusqu'à l'égout les eaux pluviales. Le scellement de l'arbalétrier dans le mur de fond est de 0,20; on fera bien de renforcer ce scellement par une chaîne ou une ancre de petite dimension.

Les colonnes en fonte et par suite les fermes transversales sont espacées de 5 mètres d'axe en axe; on a donc tous les éléments de la construction.

La partie non vitrée est couverte en zinc posé sur des voliges et ces voliges en sapin, qui restent apparentes par dessous sont posées à 45° sur les arbalètriers, c'est-à-dire en feuilles de fougère.

L'arête extérieure de la marquise est marquée par une sorte de corniche ou lambrequin en zinc ou en bois, ou en tôle étampée. On en trouvera les détails dans les nouvelles Annales de la construction.

Le prix de revient est de 35 francs par mètre courant.

Combles en tôle ondulée de la gare de l'Ouest. Calcul de la résistance de la tôle ondulée. Il y a déjà longtemps que les tôles ondulées ont été appliquées pour la première fois à la couverture des édifices et notamment des hangars et halles de chemins de fer. Depuis, on les a accueillies avec faveur dans la composition des planchers et des tabliers de pont.

Les figures 1 à 7 de la planche XVIII représentent d'anciens combles en tôle ondulée construits pour le chemin de fer de l'Ouest (gare à marchandises de Paris). La tôle ondulée a l'avantage de réaliser à la fois la couverture et la ferme; elle supporte son propre poids et les surcharges accidentelles. Pour le calcul, on peut assimiler chaque ondulation double, figure 7, à un fer à double T ayant des semelles d'une largeur égale à la demi-longueur horizontale de l'ondulation et une épaisseur égale à celle de la tôle avec une âme ayant la hauteur de l'ondulation et une épaisseur double de celle de la tòle.

Le solide fictif ainsi composé doit être capable de résister à la charge fixe et accidentelle qui correspond à une ondulation complète.

Les feuilles de tôle s'assemblent à recouvrement au moyen de rivets de sept à huit millimètres de diamètre; on les réunit par bandes plus ou moins larges sur un cintre établi sur le sol, on les élève au moyen de grues et on les met en place sur les colonnes au moyen d'un cintre léger.

Les figures 1 et 2 montrent comment la tôle ondulée est supportée par une poutre en fonte servant d'entablement à des colonnes également en fonte, espacées de 10 mètres d'axe en axe; l'entablement en fonte sert en même temps de chéneau.

Aujourd'hui, il va sans dire qu'on n'adopterait point la fonte, mais la tôle pour constituer cet entablement.

Les colonnes opposées sont réunies par des tirants en fer rond qui détruisent la poussée horizontale.

Il faut remarquer que la présence de ces tirants n'est pas indispensable et qu'on pourrait les supprimer pour de petites couvertures; en ne fixant point les extrémités inférieures de la tôle et laissant un libre jeu à la déformation, les réactions intérieures se mettraient en équilibre avec les charges à supporter. Dans certains cas on pourrait craindre un aplatissement trop considérable de la tôle ondulée et il vaut mieux recourir au tirant.

L'ouverture du comble est de 11 mètres, une travée de 10 mètres a absorbé 2,430 kilogrammes de tôle ondulée et 260 kilogrammes de fer pour cornières, tirants, fers à vitrage, etc.

Fermes en fer pour maisons ordinaires. — Les types précédents légèrement modifiés peuvent s'appliquer aux fermes des maisons ordinaires; on pourra souvent, vu la faible portée, se contenter des arbalétriers en double T, solidement assemblés entre eux à leur sommet et pénétrant par leur pied dans un sabot en fonte qui reçoit également la fourchette d'un tirant en fer.

L'entretoisement des fermes s'obtiendra au moyen de pannes en double ou en simple T et de croix de Saint-André, posés suivant le plan de la toiture, au-dessus ou au-dessous des arbalétriers.

L'espace compris entre les arbalètriers et le tirant reste ainsi absolument vide et c'est un grand avantage au point de vue de la commodité des greniers.

S'il s'agit des combles brisés, des combles à la Mansard, des arcs de cloître, des voûtes d'arêtes, des ogives, rien ne sera plus facile que de créer avec des tôles planes et des cornières un arbalètrier en double T ayant le profil voulu; la poussée horizontale de cet arbalètrier, arc ou ferme, sera détruite par la résistance du mur de support, et mieux par un tirant logé dans le plancher inférieur; dans le cas d'un comble brisé, on s'arrangera pour établir au niveau de la brisure un second tirant ou entrait.

Bien des édifices récents possèdent des combles en fer conçus dans le sens

que nous venons de dire; avec tous les exemples que nous avons donnés, on en composera facilement de pareils,

ÉTAT ACTUEL DE LA FERRONNERIE.

La production et le travail du fer ont pris depuis un demi-siècle un essort inouï; la ferronnerie se perfectionne tous les jours. Eu égard à l'importance du sujet, nous avons cru devoir reproduire ici les principaux extraits des rapports rédigés par M. Viollet-Leduc, membre du jury de l'exposition universelle de 1867.

Serrurerie appliquée aux bâtiments. ler. Grandes pièces. La serrurerie en grandes pièces a décidément remplacé la charpente dans les édifices publics et, en France, dans la plupart des constructions privées. Je dirai quelques mots des procédés employés sur les chantiers pour mettre ces pièces en œuvre. A cet égard, il est encore des perfectionnements à introduire; les petites forges mobiles françaises sont notoirement insuffisantes et la manoeuvre des fers au moment où on les emploie laisse beaucoup à désirer chez nous, tandis que les forges mobiles anglaises sont remarquablement montées. Il résulte de l'imperfection des engins des chantiers en France, que les pièces de fer qu'il faut retoucher au moment de la pose sont souvent défectueuses. Ce n'est que dans les chantiers de grands travaux de ferronnerie que l'on organise des forges et engins convenables; dans les constructions privées ces détails essentiels sont nėgligés. Nous croyons nécessaire d'attirer l'attention des serruriers constructeurs sur ce point important.

Les pièces d'assemblages à faire au moment de la pose, le travail nécessaire pour compléter le montage, manquent de cette puissance et de cette sûreté de moyens que nous trouvons dans les ateliers fixes. Plus la grande ferronnerie perfectionnera ses produits, mieux elle se rendra compte des forces exactes des matériaux employés, et moins elle devra se contenter d'à peu près.

Il faut songer définitivement à laisser de côté les vieux engins et ne plus considérer la main de l'homme dans les travaux de bâtiment, que comme une transmission de l'intelligence à des forces automatiques auxquelles doivent être dévolus la puissance brutale et le labeur matériel. Les forces mécaniques sont seules pourvues de l'énergie propre à façonner les fers que l'on emploie dans les constructions aujourd'hui avec précision, économie et rapidité; c'est donc à elles qu'il convient de recourir en ne considérant plus la main de l'ouvrier que comme l'agent intellectuel dirigeant, non comme une force matérielle, car celleci est évidemment insuffisante. Ce sont là des questions de frais d'établissement devant lesquels reculent encore parfois nos industriels du bâtiment. Les rabais excessifs dans les adjudications les obligent à économiser sur ces frais, et au total, ni eux, ni le travail, ni les ouvriers ne gagnent à l'ajournement des moyens mécaniques nécessaires aussi bien sur les chantiers que dans les ateliers.

22. Progrès récents de la ferronnerie. Ce n'est pas l'intelligence de ces moyens qui fait défaut. On pourrait en fournir plus d'une preuve. Peut-être même est-ce la facilité avec laquelle, en France, l'ouvrier sait se débrouiller (pour nous servir d'une expression de chantier) que l'on doit d'ajourner trop longtemps l'organisation des travaux de serrurerie sur le tas comme dans l'atelier.

Il faut cependant reconnaître que nos constructions de ferronneries françaises ont une supériorité marquée sur les ouvrages analogues exécutés en Angleterre. En principe, les constructeurs français ont presque entièrement renoncé aux fontes de fer dans la construction des combles et planchers, tandis que, en Angleterre, malgré des sinistres très-graves, on continue à se servir des fontes pour ces sortes d'ouvrages. Nous n'employons plus les fontes que comme supports résistants, comme revêtements, comme poinçons parfois, mais les tôles avec cornières et les fers à T ont, chez nous, remplacé la fonte, aussi bien dans les bâtiments que dans les entreprises du génie civil.

A peine si, en 1855, on employait les tôles dans les constructions, en France, tandis que l'Angleterre les utilisait déjà; mais, depuis lors, les progrès ont été très-rapides de ce côté-ci de la Manche, tandis que la fabrication anglaise est restée presque stationnaire. Peut-être doit-on ce développement au nombre prodigieux d'édifices qui ont été élevés sur toute la surface de la France depuis douze ans, et principalement à la construction des marchés publics et des grandes gares dans la plupart des centres populeux. N'oublions pas, cependant, que les premiers ouvrages de ferronnerie forgée appliqués aux bâtiments civils ont été exécutés en France vers la fin du dernier siècle, et que nous avons eu dans tous les temps une aptitude particulière pour les ouvrages de fer façon

nés au marteau.

Nos planchers en fers à T pour toutes les habitations présentent des avantages considérables légèreté, faible épaisseur (ce qui est important dans les villes où la hauteur des habitations est fixée), chances d'incendie supprimées, salubrité et solidité. Si la sonorité des planchers en fer est encore un de ces inconvénients auxquels il est indispensable d'apporter un remède efficace, plusieurs exposants français ont essayé de résoudre le problème, et, s'ils n'y sont pas parvenus d'une manière absolue, au moins sont-ils sur la voie. Les entrevous cellulaires en plâtre, ceux en poteries creuses chevauchées ou en briques de ciments avec des vides, sont déjà préférables aux entrevous ordinaires en plâtras et plâtre coulé. Les nouveaux procédés ont encore l'avantage d'éviter la poussée et de permettre d'économiser les entretoises et les fantons entre les solives en fer à T. Les ateliers de serruriers français sont généralement montés de telle sorte. qu'ils peuvent aujourd'hui façonner de grandes pièces en tôle avec cornières rivées à des prix abordables.

Les Halles centrales, tous les marchés publics dernièrement installés à Paris, le bâtiment même du Champ de Mars en fournissent la preuve. Il faut constater aussi l'intelligence rare des chefs de ces ateliers; ils savent introduire, sur les projets remis entre leurs mains, des perfectionnements dans les détails de l'exécution, qui montrent combien la pratique de ces grands travaux leur est devenue familière, combien ils se préoccupent de trouver les moyens d'économiser la matière tout en conservant une solidité complète.

3. Tôles embouties. Nous croyons utile d'appeler l'attention de nos constructeurs sur l'emploi des tôles embouties pour planchers, système adopté avec succès en Angleterre, notamment par M. Robert-Mallet, qui a envoyé quelques échantillons de ses produits au palais du Champ de Mars.

On peut évidentment tirer un parti excellent de ce système pour les voûtes de grandes salles et même pour des planchers. C'est un moyen de ne pas dissimuler

1 Le comble du Théâtre-Français a été exécuté en fer forgé, sous la direction de l'architecte Louis (1786-1790).

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la structure du fer et qui permet d'entrer dans la voie de l'emploi décoratif de cette matière. Nous ne pouvons admettre, en effet, que le fer doive être dissimulé dans les constructions de quelque importance par des revêtements de plâtre de stuc ou de bois. Le fer, dont l'emploi devient de plus en plus fréquent, adoptera des formes qui seront l'expression de ses qualités. On doit chercher ces formes convenables et les trouver, en laissant de côté les apparences traditionnelles données à des matières d'une nature différente, et on ne saurait admettre que le fer ne puisse montrer les formes qui lui conviennent que dans des gares ou des hangars.

Les Anglais ont essayé, pour la fonte, de trouver des formes d'art en rapport avec les qualités du métal: leurs essais ont été parfois heureux; or, le fer forgé doit aussi manifester ses qualités par des formes en rapport avec elles. C'est à nos ingénieurs et à nos architectes d'ailleurs que ces observations pourraient être adressées, car les ateliers sont aujourd'hui en état de fournir une exécution assez belle pour qu'il n'y ait pas lieu d'en dissimuler les détails, du moment que ces détails auront été habilement composés.

24. Fonte de fer. Bien que la fonte de fer donne aujourd'hui des produits d'une pureté remarquable, on ne saurait admettre que cette matière soit destinée à simuler les formes qu'affectent la pierre, le bois ou même le plomb repoussé.

On eût désiré voir à l'Exposition des détails de construction en fonte de fer qui auraient présenté des formes propres à la nature du métal; les lucarnes de comble qui sont exposées par exemple, dans la section française, semblent moulées sur des lucarnes en bois ou même en pierre. Indépendamment des qualités et perfections de la fonte, ce serait, semble-t-il, à trouver ces formes que les industriels devraient tendre aujourd'hui. Sous ce rapport, les produits d'Angleterre et de Prusse sont plus près des règles du vrai, dont on ne saurait s'éloigner sans tomber dans les plus étranges abus.

Serrurerie décorative.

La serrurerie décorative forgée a été perfectionnée d'une manière remarquable depuis les dernières expositions et les produits français présentent en ce genre une nombreuse et intéressante série d'objets. L'emploi presque exclusif de la fonte de fer pour les grilles, balcons, les rampes d'escaliers, de 1825 à 1845, avait fait abandonner par les serruriers les ouvrages de forge; dans les grandes villes on ne trouvait plus de forgerons que parmi les maréchaux ferrants.

Deux causes ont fait revivre cette belle industrie des fers forgés, si florissante autrefois la fabrication des machines et les études faites sur les industries anciennes.

L'exposition rétrospective, si judicieusement installée au cœur du palais du Champ de Mars et si fort appréciée du public, fait assez connaître qu'il serait malséant de reléguer parmi les esprits rétrogrades les artistes ou industriels qui se sont voués à l'étude des anciennes fabrications d'objets propres aux bâ

timents.

La plupart de ceux qui voudraient faire prendre le change à l'opinion publique à cet égard, trouvant bon d'employer les produits de ces industries renouvelées, il convient, nous semble-t-il, à l'occasion de l'Exposition universelle et en présence des produits des industries anciennes, de rendre justice: 1o à ceux qui par leurs études, par un labeur aride, ont provoqué cette renaissance d'arts abandonnés et si injustement dédaignés; 2° aux industriels intelligents qui, à travers mille obstacles suscités par la routine et aussi par l'ignorance dédai

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