DES AUTEURS SACRÉS ET ECCLÉSIASTIQUES QUI CONTIENT leur vie, le catalogue, la CRITIQUE, LE JUGEMENT, LA CHRONOLOGIE, L'Analyse ET LE DÉNOMBREMENT DES DIFFÉRENTES ÉDITIONS DE LEURS OUVRAGES; CE QU'ILS RENFERMENT DE PLUS INTÉRESSANT SUR LE DOGME, SUR LA MORALE ET SUR LA DISCIPLINE DE L'ÉGLISE; PAR LE R. P. DOM REMY CEILLIER Bénédictin de la Congrégation de Saint-Vannes et de Saint-Hydulphe, Coadjuteur de Flavigny, SOIGNEUSEMENT REVUE, CORRIGÉE, COMPLÉTÉE ET TERMINÉE PAR UNE TABLE GÉNÉRALE DES MATIÈRES, DÉDIÉE AU CLERGÉ CATHOLIQUE FRANÇAIS HONORÉE DES SUFFRAGES DE PLUSIEURS ÉVÊQUES, Des encouragements de plusieurs Vicaires Généraux, Directeurs de Séminaires TOME TROISIÈME LV PARIS LOUIS VIVES, LIBRAIRE-ÉDITEUR 13, RUE DELAMBRE, 13 1 tous ceux qui se trouveraient dans son palais, sacrifieraient, et il condamna au fouet tous ceux qui refuseraient de le faire. Il écrivit même aux généraux de ses armées d'obliger les soldats à se souiller par ces abominations, avec ordre de casser ceux qui en feraient refus. Sa colère n'alla pas plus loin alors : il résista même longtemps aux sollicitations du césar Galère, qui se rendit cette année auprès de lui pour allumer le courroux de ce vieillard contre les chrétiens. On dit que cette haine violente que Galère leur portait lui avait été inspirée par sa mère, qui, irritée contre ceux de ses domestiques qui étaient chrétiens, de ce qu'ils ne voulaient pas manger à sa table, en faisait des plaintes continuelles à son fils et l'animait à les perdre. Dioclétien ne voulait pas écouter Galère, qui le pressait de faire des édits généraux contre les chrétiens, disant qu'il suffisait que les officiers de sa maison et 1. Dioclétien était en Orient vers l'an 302. Comme sa timidité naturelle 1 lui donnait de la curiosité pour les choses futures, il immolait à cet effet quantité de victimes, et cherchait dans leurs entrailles la connaissance de ce qui devait arriver. Dans le temps qu'il s'occupait à ces sortes de sacrifices, il advint qu'il y avait auprès de lui quelques officiers chrétiens; car il leur était permis, selon la remarque de Tertullien, d'assister aux cérémonies profanes, lorsqu'il ne s'agissait que d'y accompagner leurs maîtres. Ces chrétiens marquèrent leur front du signe immortel de la croix; ce qui mit en fuite les démons et troubla la cérémonie. Les sacrificateurs, n'ayant point trouvé dans les entrailles des victimes les signes qu'ils y cherchaient, en immolèrent de nouvelles, croyant qu'il y avait eu quelques défauts dans les premiers sacrifices; mais les dieux ne se rendirent pas propices à leurs offrandes. Tagis, un des augures, soit qu'il eûtles soldats conservassent l'ancienne religion. vu quelqu'un des assistants faire le signe de la croix, soit qu'il s'en doutât, s'écria que le ciel était sourd à leurs prières, parce que la présence de quelques profanes souillait la pureté des sacrifices. Dioclétien, que cet événement aurait dû convaincre de la faiblesse de ses dieux, entra en fureur; il ordonna non-seulement que tous les assistants, mais encore que Lactant., de Mort. Persecutor., num. 10 et seq. Mais ses raisons ne faisant rien sur cet esprit furieux, il consentit à remettre la chose au conseil; car il avait coutume de faire le bien seal pour s'en attirer le mérite, et le mal avec conseil, afin de se décharger de la haine. On appela à cette délibération quelques officiers de robe ou d'épée, qui, soit par leur propre inclination, soit par complaisance, appuyèrent 2 Tertull, lib. de Idolol, cap. 16 el 7. |