CHAPITRE IV. Les évêques fonctionnaires salariés.
I. Une douloureuse conséquence de la suppression des biens, c'est que les évêques passent au rang des salariés. C'est alors que pour la première fois on traite de fonctionnaires les membres du clergé, au moment où ils cessent de l'être. La mission du prê- tre étant toute spirituelle, il n'est pas fonctionnaire de l'Etat dont il n'a reçu aucune délégation.- Mais les constituants, n'ayant plus la foi aux pouvoirs surnaturels des prêtres, les jugent en philoso- phes et ne voient en eux que des «officiers de morale » au service de l'Etat. Ré- - Raisons invoquées pour en faire des salariés.. pugnance hautaine des évêques pour le salaire. On y voit une cause d'avilissement. Sentiment de Burke, du pape. II. efforts des curés pour obtenir une dotation territoriale. Tableau en- chanteur du curé propriétaire et agriculteur tracé par l'abbé de Montesquiou et l'abbé Grégoire. On leur refuse toute propriété.
Première discussion du budget des cultes. Ancienne opulence reprochée aux évêques. Leur traitement. Les curés mécon- tents des 1200 fr, qui leur sont alloués. Leur situation est pire encore après cent ans. La Révolution dont ils ont accéléré la marche les a trahis. III. Le refus du serment à la constitution civile sera un premier prétexte pour ne pas les payer. - D'ail- leurs la Constituante, qui a gaspillé toutes les ressources, n'a pas de quoi acquitter sa dette au clergé. Evêques qui recurent ou refusèrent le traitement. Curés payés ou non, selon les dépar- tements. Les engagements furent peu tenus. Mais le traite- ment du clergé reste inscrit par la Constituante comme dette na- tionale.. 193
CHAPITRE V. Plus de religion d'Etat.
I. Nouveau sacrifice peut-être plus douloureux que les autres, l'Eglise perd sa situation de religion d'Etat. archevêque de Narbonne, à Louis XVI. évêques à la veille de la Révolution.
- Esprit de tolérance des Mais tout le clergé réser- ve le culte public au catholicisme seul. Nombre de cahiers du tiers état parlent dans le même sens. II. Prérogatives de la religion d'Etat jusqu'en 1789. Les lois de l'Eglise, lois de l'Etat. On entre dans la société civile par le baptême, le sacrement de mariage. Les registres de l'Etat civil aux mains des curés. Espérances que donnent au clergé certaines manifestations reli- gieuses de la Constituante. Désillusions rapides. - Premiers débats sur la liberté des cultes. Mirabeau s'indigne des mots tolerance, religion dominante. Sympathies de l'assemblée pour les protestants, auxquels on laisse leurs biens d'Eglise. -Liberté, égalité qu'on leur assure. Les juifs. La discussion manqua: d'ampleur. These hardie de l'abbé Barruel en faveur de la to- lérance réciproque de toutes les confessions chrétiennes. longue tradition a tellement habitué l'esprit public à la possession de l'Eglise que la motion de dom Gerle provoque une émotion ex- traordinaire. Lutte ardente des deux camps. L'émeute ap- pelée au secours. Les curés láchent pied. Adresse de Mira- beau aux Français, III. Douleur de l'Eglise devant la perte de ses privilèges religieux, Graves conséquences de sa déchéance. Plus de voeux solennels reconnus. L'assistance. l'instruction publique lui échappent. L'Etat s'empare des mariages. Le contrat séparé du sacrement. Protestations véhémentes. registres de l'état civil passent de l'Eglise à la mairie. IV. Si tout est perdu pour les évêques entourés de tant de ruines.
Avec leur puissance et leurs richesses, tombent les jalousies et les plaintes soulevées contre l'Eglise. Mais elle garde toutes ses forces morales, et elle sera plus libre dans son action sur les âmes. Cette constatation faite très nettement par trente évêques de la Constituante dans une lettre au pape. Belles paroles de Bossuet sur la force immanente de la vérité, en dehors de tout secours hu- main. Les « moindres droits.» Etonnantes déclarations de Mgr
CHAPITRE VI. Les évêques et la Constitution politique.
1. Les évêques passionnés pour la question politique comme pour la question religieuse. Le sort de la monarchie en dépend. Idées politiques de l'épiscopat. Son libéralis- me dans l'Assemblée de 1788. Un écrit de Mgr de La Lu- zerne. Si la France avait une constitution avant 1789. - Lar- ge inspiration des cabiers. Le clergé en est venu à de- mander une constitution nouvelle qui sera enseignée dans les écoles. II. La Constituante va dépasser les demandes des cahiers. Part active que prennent les prélats aux travaux parlementai- - Boisgelin fait décider le vote à la majorité.
- La Luzer- ne et le sablier. Deux évêques contre les mandats impératifs. - Mgr deJuigné ordonne un Te Deum pour le 14 juillet et éleve la couronne civique sur la tête de Bailly. Les évêques présidents de l'assemblée. Graves évènements sous la présidence de Mgr de Pompignan, Libéralisme de Mgr de Cicé. Son rapport sur la constitution. - Divers incidents de la présidence de Mgr de La Luzerne. Sa barangue aux citoyennes de Paris.- Le juron de M. de Virieu. III. Conversion des évêques à la liberté. dition théologique plus large que la tradition gallicane. ration des droits de l'homme. Réserves des évêques. trouvent dangereux de séparer les droits des devoirs. sont pour la liberté. Pouvoir législatif reconnu à la nation. — Fier langage. On pouvait s'entendre avec de tels hommes, Tirade de Mirabeau sur l'union de l'Evangile et de la liberté.- Les trente évêques de l'assemblée écrivent au pape qu'ils ont vou- lu établir la liberté publique. Combien ce testament politique les honore. IV. Cependant les évêques ne sont pas responsables des vices de la constitution de 1791. Comment elle avait ruiné le pouvoir royal et rejeté les deux chambres chères à plusieurs prélats. Découragement de La Luzerne qui quitte l'assemblée. Mais la majorité des évêques reste fidèle à son poste. Une certaine inexpérience parlementaire. Sorties bruyantes. Attitu- de des évêques non députés. - Grand retentissement d'un mande- ment réactionnaire de l'évêque de Tréguier. - Autres évêques fa- vorables à la constitution trouvés trop froids par Mirabeau. Cruel embarras des prélats en présence d'une constitution qui ruine la monarchie et l'Eglise, mais est vivement désirée parla nation. Ils marchent avec elle. Enthousiasme de l'évêque d'Angers. La généralité de l'épiscopat prête serment à la constitution. Protestation des onze, le 15 septembre 1791. — L'attitude libérale de l'épiscopat d'alors, rappelée plus tard par La Luzerne et Bausset. Pie VI distingue la politique et la reli- gion. - Le temps eût pansé les blessures. Malheur que la constitution civile du clergé ait déconcerté ces bonnes dispositions et condamné les évèques au non possumus.
LES ÉVÊQUES ET LA CONSTITUTION CIVILE DU CLERGÉ
CHAPITRE Ier. La constitution civile du clergé.
I. Les évêques ont marché jusqu'ici avec la Révolution: ils vont être arrêtés par leur conscience. La Révolution, qui a jus- qu'alors attaqué l'Eglise par le dehors, menace maintenant son existence spirituelle. L'Etat, qui a sécularisé l'Eglise, veut encore la réformer et la mettre sous sa main. La Constituante transformée en concile. Le prétexte, c'est de détruire les abus dans l'Eglise comme dans l'Etat. II. Quels sont ces abus ? D'abord, charges inutiles à supprimer. - Chapitres de cathédrale compris dans la proscription. On veut des évêques-curés. Leur entourage. Les grands vicaires, luxe de l'ancien régime, remplacés par les vicaires épiscopaux. Seconde réforme re- manier la circonscription trop inégale des paroisses et des diocè- ses. - Autant de diocèses que de départements. - III. Etablir un nouveau mode de nomination aux charges ecclésiastiques. thème de Mirabeau contre le concordat et l'ancien système de collation. Les élections introduites dans l'Eglise pour corriger ces abus, et mettre en harmonie sa constitution avec la constitu- tion de la nouvelle France. Bataille sur ce point. Critique du système par les orateurs de la droite. Réplique de Mirabeau qui outrage les évêques nommés par le ministre de la feuille. Le concordat très mollement défendu. IV. Vice suprême de la nouvelle organisation: les élus manquent de juridiction. La Luzerne rappelle aux meneurs que les pouvoirs spirituels vien- nent d'en haut, non de la multitude. Ceux-ci inventeut le sys- tème de la juridiction universelle et confondent la juridiction avec l'ordre. L'évêque universel. V. Conséquences de cette législation. Suppression du pape, auquel les nouveaux évê- ques ne peuvent demander aucune juridicdiction. La Constitu- ante parut ignorer le pape dans tout le [cours de sa carrière. Les évèques, qu'on voulait faire profiter de l'affaiblissement du pape, atteints gravement. Ils reçoivent un conseil, des syno- des obligatoires et délibérants.-Prêtres dispensés de leur deman- der les pouvoirs. Les curés qu'on semble vouloir favoriser, sa- crifiés à leur tour. Leur dépendance des autorités civiles qui les paient, qui donnent permission de s'absenter. Ils vont perdre cette garantie suprême d'indépendance: l'inamovibilité. Les ap- pels d'abus portés devant les tribunaux du district. Au fond, sur toutes ces ruines l'Etat a voulu ériger son omnipotence. Résumé
CHAPITRE II. Résistance de l'épiscopat.
I. C'était une question de vie ou de mort, pour l'Eglise de France, de faire échouer la constitution civile. - D'où viendra la résistance? -Ce n'est pas du peuple qui ne comprend pas toute la portée de la question,et est hostile à Rome dans ses cahiers. II. Comment les curés, peu chauds pour le pape, très mêlés à la Révolution, auraient opposé difficilement, malgré leur foi, une barrière infranchissable.
- Mais ils commencent à se dégriser.- Halte dans leur enthousias- me pour la Révolution. III. Les évêques sauvèrent la situation. Comment on a travesti les motifs de leur résistance. — Ils n'agirent pas par intérêt, par dépit d'avoir perdu leurs biens. - Leurs fières déclarations sur ce point. Ils n'agirent pas par politique. On les accuse de contre-Révolution. Ils protestent que l'Eglise est étrangère à la politique. Ils ont prêté et offrent de renouveler le serment civique. IV. C'est l'Etat qui fait de la religion, et non l'Eglise de la politique. Difficultés de la Révolution, comme des monarchies, à admettre la distinction du spirituel et du temporel. Imprudence de cette invasion dans le domaine de la conscience. Les passions politiques aggravées par les querelles religieuses. Les meneurs se défendent, mais en vain, d'avoir touché au spirituel. Comment les églises, les chaires, sont envahies par la lecture des décrets de la Constituante. V. S'il est vrai que les évêques n'agirent que par honneur, à
défaut de conviction. Mot de l'archevêque de Narbonne à la
Ce qu'est l'honneur pour un prélat. Preuves que
l'épiscopat agit par esprit de foi et pour défendre la constitution
de l'Eglise. Comment l'honneur était compris ici par Burke et
M. de Boisgelin.
CHAPITRE III. Lutte suprême de l'Eglise gallicane pour
CHAPITRE IV. Modération extrême de l'épiscopat.
I. Les évêques disposés aux plus grandes concessions. - La solution de Mgr de La Tour-du-Pin. Combien juste était la de- mande formulée par l'épiscopat de se concerter avec l'autorité spirituelle en matière spirituelle. Conduite des archevêques de Vienne et de Bordeaux. Défaillance de M. de Cicé. Lettre très large de M. de Boisgelin au pape. II. Comment on peut présumer qu'un concile national eût accepté, non seulement la réduction des diocèses, mais encore un mode d'élection, une trans- formation profonde des chapitres et des conseils épiscopaux, des synodes périodiques. -- L'évêque de Perpignan offre déjà d'entrer dans cette voie. L'évèque de Saint-Claude, dans un mandement étonnant, appelle les curés à délibérer en synode. Enfin, les évêques siégeant à la Constituante, donnent une preuve suprême
I. La constitution civile était déplorable. Le décret du 27
novembre, qui va obliger le clergé à prêter serment sous peine
de démission, va achever de tout perdre. L'opposition grandis-
sante pousse l'assemblée à précipiter les coups. Elle ne doute
pas qu'un clergé dépouillé, placé sous sa main par le salaire, ne se
soumette. On la supplie d'attendre la réponse du pape.
Quoi! une assemblée souveraine serait arrêtée devant un veto ul-
tramontain. II. Les évêques se plaignent amèrement qu'on
place le clergé entre le déshonneur et la misère, qu'on scrute
jusqu'aux opinions et aux consciences. - Et vous nous appeliez à
vous au nom du Dieu de paix ! Les prélats se réclament de la
liberté des cultes. Puisqu'on invoque le salaire pour violenter
le clergé, « que la loi, dit M. de Boisgelin, nous laisse la liberté
et qu'elle retire ses salaires. »> Les meneurs restent sourds à
ces cris. Ils précipitent la sanction royale du décret et provoquent
la séance mémorable du 4 janvier 1791, pour la prestation du ser-
ment par les ecclésiastiques de l'assemblée. III. Beau specta-
cle. Immortelles paroles des évèques d'Agen et de Poitiers.
Volte-face des évènements. - C'est la première victoire du clergé.
Immense retentissement de cette séance au dehors. Son influen-
ce sur l'attitude du clergé dans toute la France. - IV. Le ser-
ment dans les diocèses. Les quatre prélats constitutionnels.
Comment l'évêque de Rodez faillit prêter le serment. Une
affirmation de Grégoire au sujet d'autres prélats,--Belle attitude de
la généralité de l'épiscopat.-Quelques paroles sublimes..... 416
CHAPITRE VI. Avec quelle vigueur les évêques défendent la
I. Les évêques inébranlables pour eux-mêmes, ont à affermir les autres, et à défendre la situation.. Ils nous apparaissent en- vironnés de ruines. Tout semble s'effondrer sous leurs pas. Crainte de défaillances. ils voudraient détourner toutes les ri- gueurs sur leur tête et être anathèmes pour leurs frères. — Com- ment ils doivent tout d'abord s'assurer de leurs curés. L'as- semblée nationale et les évèques se les disputent. Angoisses des curés. Cheveux blanchis en une nuit. Désolation d'un évêque qui a perdu tout son clergé devenu constitutionnel. Me- naces de peines spirituelles. Le curé d'Auch, qui vient de jurer, excommunié séance tenante, à la cathédrale, par son archevèque.
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