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porta encore un français. On l'appelait coche, ainsi qu'on l'a vu plus haut; et ce nom est resté à nos carrosses publics. Ce terme est un mot de la langue celtique, qui s'est conservé dans la nôtre (1).

Sur la fin du seizième siècle, les Allemands se servaient encore de chariots pour voiture: c'est ce qui paraît par le récit de Jean Walch. Cet auteur, dans ses discours latins, imprimés l'an 1609, parle d'un orfèvre qui, pour montrer son habileté, avait forgé un chariot d'argent doré, dans lequel il y avait des hommes et des femmes, qui était si petit, qu'une mouche attachée à son timon le traînait aisément. Cet ouvrier n'eût pas manqué de faire un carrosse plutôt qu'un chariot, si cette voiture eût été alors connue en Allemagne. ...Louis XIII avait un petit carrosse qu'il conduisait quelquefois lui-même.

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Le roi, écrit M. de Servien, dans une lettre du 28 août 1635, étant hier à la chasse dans sa petite brouette, le tonnerre tomba si près de lui, qu'il renversa et blessa un peu le cocher, qui était sur le derrière, où il se met toujours quand Sa Majesté tient les rênes des chevaux, comme elle faisait alors.

Les carrosses, rares sous Henri IV et sous Louis XIII, sont devenus très - communs. Le nombre de ces voitures, qui ne montait dans Paris, en 1658, qu'à trois cent dix ou vingt, montait à plus de quatorze mille en 1763 (2).

(1) Voyez le Dictionnaire celtique.

(2) M. de Saint-Foix, Essais historiques sur Paris, t. 4.

De France, l'usage des carrosses a passé chez toutes les nations de l'Europe.

par

Pour que chacun pût profiter de la commodité de ces voitures à Paris, on y établit des carrosses de louage. Voici comme le Père Labat (1) raconte l'origine de cet établissement : « Je me souviens, dit-il, d'avoir << vu le premier carrosse de louage qu'il y ait eu à «Paris. On l'appelait le carrosse à cinq sols, parce qu'on ne payait que cinq solst heure. Six per«sonnes y pouvaient être, parce qu'il y avait des por«tières qui se baissaient, comme on en voit encore << aujourd'hui aux coches et carrosses de voitures; et « comme il n'y avait pas encore alors de lanternes << dans les rues, ce carrosse en avait une plantée sur « une verge de fer au coin de l'impériale, à la gauche << du cocher. Cette lumière, et le cliquetis que fai«saient ses membres mal assemblés, le faisaient voir «et entendré de fort loin. Il logeait à l'Image de « saint Fiacre, d'où il prit le nom en peu de temps; «nom qu'il a ensuite communiqué à tous ceux qui << ont suivi.»

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ADDITION DE L'ÉDITEUR (2).

APRÈS les carrosses, l'on a inventé les chaises à bras. La reine Marguerite s'en est servie la première,

(1) Voyage d'Espagne et d'Italie, t. 2, p. 197.

(2) Extrait du Traité de la police, par de la Marre, 1. 6.

et en a introduit l'usage. Elles étaient alors décou= vertes; on les a fermées dans la suite, et l'on n'en voit point d'autres depuis long-temps; la cour, la ville et les provinces s'en servent de la même manière. Les chaises roulantes, communément dites brouettes, le soufflet, le phaeton, et les autres chaises tirées par un ou plusieurs chevaux, ont été aussi trèsbien reçues du public, à cause de leur utilité; il en conserve toujours l'usage pour l'intérieur de la ville et pour la campagne (1). Il n'y a point eu de grand changement dans ces petites machines; la forme des voitures à quatre roues a beaucoup plus varié. Les premiers carrosses étaient ronds on leur a donné dans la suite plus de largeur, et une figure presque carrée pour quatre places; ils étaient fermés par devant, comme le sont encore les carrosses de louage établis pour la suite de la cour. Des voitures plus légères ont succédé à ces anciens carrosses: tels sont, entre autres, le carrosse coupé et la calèche, la chaise avec un avant train, la berline et le vis-à-vis ; ces derniers ont paru depuis peu, et semblent être les voitures de préférence et de prédilection; cependant, le carrosse est le plus distingué, et sert dans les cérémonies; c'est la voiture ordinaire des grands. L'on a souvent proposé de réduire le nombre des carrosses dans Paris, mais le gouvernement n'a point jugé cette réforme nécessaire au bien de l'État. A. l'exemple de ses aïeux, le

le

(1) Il s'agit ici de ce qui se faisait au commencement du siècle dernier. (Edit. C. L.)

roi (1) laisse cette liberté à ses sujets; Sa Majesté, contente de les voir jouir des commodités de la vie, borne son attention à empêcher les superfluités capables de déranger les fortunes des familles. C'est pour cela que les règlemens ne contiennent que des défenses de mettre de l'or et de l'argent sur les équipages (2).

(1) Louis XV. (Edit.)

(2) Voyez les pièces précédentes sur les lois somptuaires.

1

FIN DU VOLUME.

(Edit.)

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