Page images
PDF
EPUB

'de tyrans qui vaudroit mieux que la sienne. La postérité impartiale le placera peut-être un peu au-dessous de Mahomet et de Gengiskan, mais au- dessus de Mazaniel, et même de Robespierre. (Anonime en 1815.)

BUONAPARTE (Joseph), né en 1768, 7 janvier, à Ajaccio; fut élevé chez son oncle, chanoine en Toscane. 1792 Commis dans les bureaux du district d'Ajaccio, secrétaire de la société populaire.

1793 Employé chez un commissaire ordonnateur à Marseille, et ensuite commissaire des guerres.

1794 1er août. Marié à Marie-Julie, fille de Clary, riche né

gociant et fabricant de savon de Marseille, née le 26 dé

cembre 1777, et sœur de la femme du général Bernadotte, prince-royal de Suède.

1797 Ambassadeur à Rome; menace le pape Pie VII de recommencer la guerre s'il ne renvoyoit pas de son service le général Provera.

1798 Député au corps législatif (conseil des cinq-cents). 1799 Conseiller d'état.

1801

9 février. Signe à Lunéville, en qualité de ministre plénipotentiaire de la république française, le traité de paix entre la France et l'Autriche.

1804 Prince français.

1805 Grand électeur de l'empire.

1806 Roi de Naples et de Sicile.

1808 6 juin. Roi des Espagnes et des Indes.

1814 Il est chassé de son royaume, revient à Paris, et conserve le titre de roi Joseph.

30 mars. Se sauve de Paris la veille de l'entrée des alliés à Paris, avec des voitures chargées de meubles, d'or, d'argent et de vins.

1815 Revient, après le retour de Napoléon de l'île d'Elbe. Se sauve en Suisse après la seconde abdication de son frère, etc.

Il a eu de sa femme:

Charlotte-Zénuïde-Julie, infante, née le 8 juillet 1801;
Charlotte, sa sœur, infante, née le 31 octobre 1802.

b.

xviij

GÉNÉALOGIE DE LA FAMILLE

Josephi est un homme insignifiant, sans caractère, qui, s'il n'avoit pas été roi, pourroit se faire oublier de l'histoire. A l'exception de l'infamie de ses mœurs, il pouvoit jouer le rôle de Lascazas, mais il a préféré celui du bourreau de Pizarre ; il a coûté à l'humanité le sang d'un million et demi d'hommes.

Il étoit connu pour avoir une tête foible, un cœur foible, un esprit foible; il ne lui a manqué qu'un peu d'énergie pour refuser d'être un exécrable tyran; mais il a consenti à tout ce que son monstre de frère a voulu de lui, et c'est ainsi qu'il est parvenu à régner pendant quelques années en Espagne sur des cadavres.

Son frère Napoléon lui écrivit de Charleroi, en date du 16 juin 1815, pour lui annoncer la perte du général Letort, et l'ordre qu'il avoit donné de confisquer les biens des traîtres qui formoient des rassemblemens à Gand. Il ajoute : « Le doux Joseph a trouvé cette mesure trop rigoureuse; il ne se souvient donc plus de ce qu'il a fait des traitres qui ne voulurent jamais le reconnoître comme roi d'Espagne?»> (Ibidem.)

BUONAPARTE (Lucien), né en 1770.

1792 Président d'une société de Jacobins forcenés à Ajaccio. 1793 Banni de sa patrie, et débarque à Marseille.

[ocr errors]

Garde-magasin à Saint-Maximin, département du Var, où il dirige la société populaire.

1794 Se marie avec la fille de l'aubergiste où il logeoit, à SaintMaximin, en a une fille.

1796 Épouse à Paris, en secondes noces, la veuve d'un agent de change, fille de M. Bleschamps, ancien commissaire ordonnateur de la marine.

Il a de ce mariage six enfans.

1799 Député au corps législatif (conseil des cinq-cents). >> 9 novembre. Président du corps législatif à la fameuse journée de Saint-Cloud.

[ocr errors]

Conseiller d'état, ministre de l'intérieur.

1801 15 janvier. Quitte le ministère de l'intérieur, se brouille avec son frère Napoléon, part pour l'Italie avec trois ou quatre millions qu'il s'étoit procurés pendant les douze mois de son ministère.

1807. Il se retire avec sa famille en Angleterre, d'accord avec son frère, pour faire l'espion.

1814 Revient en Italie après l'abdication de Napoléon ; se présente au pape Pie VII comme un homme très-reli

gieux; lui fait hommage de son poëme : le pape le fait prince de Canino.

1815 Revient à Paris après le départ de son frère de l'ile d'Elbe, prend la qualité de prince, s'empare du palais du duc d'Orléans.

[ocr errors][ocr errors]

Nommé membre de la chambre des pairs.

Se sauve de Paris après la seconde abdication de Napoléon; il est arrêté à Turin par ordre du roi de Sardaigne, et enfermé dans la citadelle. On lui permet de rejoindre sa femme en Italie.

Lucien est d'une ambition sans bornes; il est né insouciant, superficiel, un peu plus que médiocre, à l'exception de quelques moyens oratoires dont il a fait usage dans les sociétés populaires, où il a prêché le sans-culotisme le plus dégoûtant. Une éducation abandonnée au hasard l'a laissé sans instruction solide; un jugement faux l'a détourné de tout ce qui étoit utile, une âme corrompue l'a éloigné de tout ce qui est bien. Sa tête est complètement vide, et son cœur dissimulé vaut encore moins que sa tête. Facile à aborder pour les hommes vils qui flattent ses manies, plus facile à subjuguer par les hommes vils qui les excitent; fort contre les senti mens généreux qui ne l'entraînent jamais, et foible contre les préjugés grossiers; il passe, au gré des circonstances, de la domination des femmes publiques à celle des moindres charlatans. Grand dissipateur; lorsqu'il étoit ministre de l'intérieur, il ne rougissoit pas d'employer les moyens les plus honteux pour avoir de l'argent ; il suffira de dire qu'il se disoit républicain et qu'il s'est fait prince; qu'il a dédié un mauvais poëme au pape, et qu'il étoit le protecteur, l'agent ou le complice d'une conspiration déjouée, dont Pie VII a failli être la victime. (Ibidem.)

A son arrivée à Paris, en 1815, comme républicain, il s'est emparé du palais du duc d'Orléans; il a pris la qualité de prince français; s'est chamarré de tous les cordons pos

XX

GÉNÉALOGIE DE LA FAMILLE

sibles, et, pour prouver son désintéressement, il a fait retirer des caves du palais du duc d'Orléans, pour environ quatre-vingt mille francs de vin qu'il a vendu, et dont il a partagé les sommes avec son frère Joseph. Napoléon avoit demandé la moitié des vins. Lucien a lu son mauvais poëme à l'Institut; mais comme prince et frère de l'usurpateur, tous les membres de l'Institut en ont fait le plus grand éloge.

BUONAPARTE (Louis), né en 1778, 1
à Ajaccio.

1792 Sous-lieutenant dans un régiment corse.
1793 Débarque à Marseille.

er septembre,

1796 Aide-de-camp de son frère à l'armée d'Italie.

1798 Colonel d'un régiment de dragons: part avec Napoléon pour l'Égypte.

>> Arrive avec lui à Paris.

1802 Épouse Hortense-Eugénie Beauharnais, fille de Joséphine, première femine de Napoléon.

1805 Prince français, grand-connétable de France, et colonel-général des carabiniers.

1806 24 mai. Roi de Hollande jusqu'en 1811, époque où Napoléon lui ôte son royaume, qu'il réunit à l'Empire français.

>> Il se retire en Allemagne.

1815 A Rome.

De son mariage il a eu deux enfans:

Napoléon-Louis, prince-royal, grand-duc de Berg et
de Clèves, né le 11 octobre 1804.
Charles-Louis-Napoléon, né le 20 avril 1808.

Louis, dénué des facultés de ses frères, mais étranger à leurs crimes, s'est fait connoître par une probité douce, imide et casanière, qu'on attribue à son tempérament débile et d'une mauvaise santé : une chose remarquable et unique dans l'histoire d'un peuple, que l'établissement d'une dynastie où les aînés sont épileptiques et les cadets scrophuleux; il faudroit voir le sceau de la Providence, qui a attaché deux maladies héréditaires et hideuses à une race de tyrans. (lb.)

BUONAPARTE (Jérôme), né en 1784, 15 décembre, à Ajaccio.

}

1804 Prince français: 1805 Sa mauvaise conduite détermina son frère Napoléon de le faire voyager sur mer; il débarqua aux États-Unis. Un riche négociant lui avance l'argent dont il avoit besoin; il veut séduire sa fille, mais il l'épouse. Le père écrit à Napoléon pour l'instruire de ce mariage, en lui observant que sa famille est digne de la sienne, et qu'il peut être utile au gouvernement français, etc. Napoléon ne répond pas, et fait dire à Jérôme de revenir à Paris avec sa femme; mais il donne secrètement l'ordre au préfet de Bordeaux de ne laisser débarquer que son frère, et de renvoyer aux États-Unis, par le même bâtiment, son épouse; elle étoit enceinte. 1806 Jérôme arrive à Paris.

1807 22 août. Roi de Westphalie.

>> 1 décembre. Il épouse Frédérique-Catherine-SophieDorothée, princesse-royale de Wurtemberg, née le 2 février 1783.

1614 Il est détrôné, et se sauve de ses états.

1815 Il revient à Paris lors du retour de son frère de l'île d'Elbe. Il quitte Paris après la seconde abdication de Napoléon, et se retire dans les états de Wurtemberg.

JÉRÔME n'a ni esprit, ni instruction, 'ni facilité, ni honneur, ni courage, ni délicatesse. La nature lui a donné cette exaltation de tête qui accompagne les tempéramens violens ; mais elle ne lui a pas donné de chaleur d'âme, ou pour mieux dire, elle ne lui en a pas donné une. Aucun maître n'auroit tiré parti de ce caractère indisciplinable; aucune circonstance ne l'auroit modifié. Jeté de bonne heure dans les plus mauvais lieux, il a pris les habitudes et les travers de la société la plus corrompue : grossier, dur, despotique dans ses manières, et abominable dans ses mœurs, ne respectant ni luimême ni les autres, et ne se faisant respecter de personne, il s'est attiré l'avèrsion de tous les peuples qui l'ont vu. C'est un débauché sans frein qui gouverneroit comme Héliogabale, dont il paroît avoir fait son modèle. Avec cette violence qui

« PreviousContinue »