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Entrée de l'armée allemande dans Paris.

Art. 2. La prolongation de l'armistice ne s'appliquera pas à l'article 4 de la convention du 28 janvier, qui sera remplacé par la stipulation suivante, sur laquelle les soussignés sont tombés d'accord :

La partie de la ville de Paris, à l'intérieur de l'enceinte, comprise entre la Seine, la rue du Faubourg-Saint-Honoré et l'avenue des Ternes, sera occupée par les troupes allemandes, dont le nombre ne dépassera pas 30,000 hommes. Le mode d'occupation et les dispositions pour le logement des troupes allemandes, dans cette partie de la ville, seront réglés par une entente entre deux officiers supérieurs des deux armées, et l'accès en sera interdit aux troupes françaises et aux gardes nationales armées, pendant la durée de l'occupation.

L'armée allemande ne pourra plus prélever de contributions en argent.

Art. 3. Les troupes allemandes s'abstiendront à l'avenir de prélever des contributions en argent dans les territoires occupés. Les contributions de cette catégorie, dont le montant ne serait pas encore payé, seront annulées de plein droit. Celles qui seraient versées ultérieurement, par suite d'ignorance de la présente stipulation, devront être remboursées. Par contre, les autorités allemandes continueront à prélever les impôts de l'État dans les territoires occupés. Art. 4. Les deux parties contractantes conserveront le droit de dénoncer l'armistice, à partir du 3 mars, selon leur convenance, et avec un délai de trois jours pour la reprise des hostilités s'il y avait lieu.

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Le télégramme de Votre Seigneurie, du 24 courant, 11 heures 45 minutes du soir, au sujet de l'indemnité de guerre, m'est parvenu

à 11 heures, la nuit dernière, peu de temps après ma rentrée d'une visite au quartier général du roi de Prusse, où j'avais appris que l'indemnité de guerre de six milliards avait été réduite à cinq milliards, ce que M. Thiers avait accepté.

J'en conclus que le télégramme de Votre Seigneurie, par l'entremise du comte Bernstorff, doit être arrivé ici hier matin de bonne heure; mais je n'ai pu voir le Chancelier qui est trop occupé avec les négociateurs, pour recevoir qui que ce soit aujourd'hui.

Les négociations doivent être terminées avant minuit, moment où l'armistice expire et où les hostilités recommenceront si les préliminaires ne sont pas acceptés.

Signé ODO RUSSELL.

N° 1122.

LORD LYONS AU COMTE DE GRANVILLE.

Bordeaux, le 26 février 1871.

Je vois que des remarques ont été faites, dans l'une et l'autre Chambres du Parlement, à propos de mon départ de Paris dans le mois de septembre dernier et sur les mesures que j'aurais prises pour assurer protection à mes nationaux pendant mon absence de la capitale.

Je ne pense pas qu'il soit nécessaire de m'étendre longuement sur le premier point. Le conseil m'avait été donné, par M. Jules Favre, de transporter le siége de ma légation à Tours, et d'y accompagner les délégués du Gouvernement français, en compagnie des autres représentants des grandes puissances européennes.

Je me rendis donc à Tours avec les ministres d'Autriche, d'Italie, de Russie et de Turquie, et, immédiatement après mon départ, je fus suivi par le chargé d'affaires d'Espagne, puis par les représentants des autres puissances. Le fait est qu'il ne resta plus à Paris qu'un seul chef de mission diplomatique des grandes puissances à Paris, ce fut M. Washburne, ministre des États-Unis.

Comme le représentant d'une nation qui s'était scrupuleusement abstenue de prendre une part quelconque dans les affaires de l'Europe, M. Washburne n'avait pas les mêmes raisons que les représentants des puissances européennes de se transporter en un lieu qui offrit l'avantage de pouvoir être un moyen de communication entre

son gouvernement et celui de France; et comme chargé de la protection des sujets de l'Allemagne du Nord en France, la facilité lui fut donnée par les autorités militaires germaniques d'expédier ses correspondances pendant le siége, ce qui avait été refusé aux représentants des autres puissances.

Je crus alors qu'il n'était de mon devoir ni de rejeter l'avis du ministre des affaires étrangères de France, ni de me séparer de mes principaux collègues, et je pensai en même temps qu'il ne serait ni convenable ni prudent de me tenir renfermé dans Paris et perdre ainsi tout moyen de correspondre rapidement et d'une manière satisfaisante avec Votre Seigneurie. L'expérience me démontra plus tard qu'en agissant ainsi, j'avais fait pour le mieux.

Le jour même où je m'éloignai de Paris, toutes les voies de communication avec cette place étaient interceptées, et le lendemain, les fils télégraphiques étaient coupés. Les autorités allemandes refusèrent aux diplomates qui étaient restés dans Paris toutes facilités pour correspondre avec leurs gouvernements, autrement que par lettres ouvertes, sujettes à l'examen de ces mêmes autorités.

Mon séjour au siége du Gouvernement de la Délégation à Tours, et plus tard mon départ de Tours pour Bordeaux, ont été envisagés par les Français comme la preuve évidente du désir du Gouvernement de Sa Majesté de maintenir l'intimité des rapports d'amitié entre les deux pays, en même temps que mes agissements offraient au Gouvernement de Sa Majesté les moyens les plus prompts et les plus efficaces de conserver de fait ces rapports.

Quant à la question des mesures prises par moi pour protéger les sujets anglais après mon départ de Paris, il serait désirable peut-être que j'entrasse dans quelques explications nouvelles, indépendamment des rapports que j'ai eu l'honneur de transmettre à Votre Seigneurie. Les objections soulevées par la marche que j'ai suivie paraissent se réduire à cette plainte portée contre moi de n'avoir pas laissé à M. Atlée, notre consul à Paris, au lieu et en outre de M. Wodehouse, l'un des secrétaires de la légation.

Ce qui arriva est ceci: lorsqu'il devint apparent que l'attaque de Paris était imminente, j'eus naturellement le désir de réduire le personnel de l'ambassade à son chiffre le plus bas, mais de manière à ne compromettre en aucune façon l'expédition des affaires. Une bonne partie du travail ordinaire, et plus particulièrement cette partie du travail causé par le passage des messagers de la Reine et par la nécessité qui s'ensuivait de transmettre sans délai les dépêches dont ils étaient porteurs; ce travail, dis-je, allait être nécessairement suspendu par l'état de siége. En conséquence, je crois que l'on pourrait

facilement se passer temporairement des services de deux des attachés de la chancellerie.

Mais il arriva ceci : c'est que deux de ces attachés avaient avec eux leurs femmes et leurs familles, tandis que les autres étaient tous célibataires. Je choisis donc comme les plus propres à être renvoyés de Paris les deux hommes mariés, l'un desquels s'est trouvé être M. Atlée.

Ainsi que le sait Votre Seigneurie, M. Atlée est porteur d'une lettre patente qui le nomme consul; ses principales fonctions sont celles d'attaché bibliothécaire et de greffier (registrar) d'ambassade. En temps ordinaire, il y a quelques avantages pratiques à faire exercer les fonctions de consul par une personne qui soit immédiatement en rapport avec l'ambassade; au nombre de ces avantages est celui de permettre la perception, pour le compte du Gouvernement de Sa Majesté, des tarifs consulaires qui excèdent de beaucoup le chiffre des salaires alloués aux consuls.

Maintenant, dans les circonstances sous l'empire desquelles se fit mon départ, nulles fonctions spéciales n'était assurément d'une nature telle, qu'elles pussent être mieux remplies par un consul que par un secrétaire d'ambassade. Il n'était point en mon pouvoir d'enlever d'entre les mains du comité chargé de l'administration du fonds de secours la distribution des somines destinées à être réparties parmi les sujets anglais nécessiteux. Il n'entre nullement dans mes vues ni dans mes désirs de le faire. Au contraire, j'avais la confiance la plus entière dans les divers membres du comité, que les motifs les plus généreux avaient portés à rester à Paris, et le noble et incessant dévouement qu'ils ont mis à accomplir leur devoir a justifié pleinement la bonne opinion que j'avais eue d'eux.

En définitive, l'objet qui rendait désirable la présence d'un membre de l'ambassade à Paris, c'était de le mettre à même de correspondre officiellement avec le Gouvernement français et d'exercer sur lui quelque influence en faveur des sujets de Sa Majesté; et il me sembla que j'arriverais plus facilement à mon but en présentant un secrétaire d'ambassade au ministre des affaires étrangères comme représentant de l'ambassade, plutôt qu'un consul que je laisserais purement et simplement dans la ville. J'introduisis donc M. Wodehouse auprès de M. Jules Favre en cette qualité.

En réalité, M. Wodehouse, pouvant parfaitement remplir toutes les fonctions inhérentes à la qualité de consul, se trouvait être dans une meilleure condition que n'aurait été un consul pour communiquer officiellement avec le ministre des affaires étrangères ou d'autres autorités françaises. On comprendra que, naturellement, je suis dési

reux de ne pas exposer sans nécessité un seul des sujets de Sa Majesté Britannique, et j'ai pensé qu'en établissant M. Wodehouse et le général Claremont, attaché militaire à Paris, je pourvoyais de mon mieux à la protection des sujets de Sa Majesté Britannique qui continuaient de résider à Paris.

Je laissai à M. Wodehouse l'ordre de quitter lui-même Paris si l'on menaçait de le bombarder, et alors de faire tous ses efforts pour obtenir un sauf-conduit pour tous les sujets anglais. J'ai pensé que, dans une telle éventualité, la protection de nos compatriotes ne saurait être remise en de meilleures mains que celles du général Claremont, qui, à raison de son intimité avec le général Trochu et de ses liaisons avec des officiers supérieurs français et de son influence auprès d'eux, aurait des moyens particuliers d'assister les sujets anglais si un danger imminent provenait des opérations militaires.

Le ministre de la marine étant établi à Tours, et comme il était clair que l'on ne pourrait avoir pendant le siége aucune nouvelle par voie de mer, j'aurais emmené avec moi le capitaine Horé, attaché naval, s'il n'avait pas été trop malade pour voyager. Vous savez que je lui avais donné l'ordre de me rejoindre aussitôt que sa santé le lui permettrait. Depuis mon départ de Paris, je n'ai plus d'autre service actif que celui consistant à envoyer à M. Wodehouse les ordres de Votre Seigneurie.

Mais j'ai la confiance que Votre Seigneurie pensera que toute ma correspondance avec elle, avant et après mon départ de Paris, fournit la preuve que ma sollicitude n'a pas cessé de se préoccuper des intérêts des sujets britanniques à Paris, et que j'ai constamment manifesté le désir que l'on fit tous les efforts possibles pour leur venir en aide.

Ci-joint la liste des principales dépêches que j'ai eu l'honneur d'adresser à Votre Seigneurie à ce sujet.

Signé: LYONS.

N° 1123.

L'EMPEREUR D'ALLEMAGNE A L'EMPEREUR DE RUSSIE.

(Télégramme.)

Versailles, 26 février 1871, 2 h. 7 m.

C'est avec un sentiment inexprimable et en rendant grâce à Dieu, que je vous annonce que les préliminaire de la paix viennent d'être signés par Bismarck et Thiers. L'Alsace, mais sans Belfort, la Lor

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