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No 1153.

RÉPONSE DU PAPE A LA NOTIFICATION DE LA RESTAURATION DE LA DIGNITÉ IMPERIALE EN LA PERSONNE DU ROI DE PRUSSE,

Vatican, le 6 mars 1871.

Au sérénissime et très-puissant Guillaume, empereur d'Allemagne et roi illustre de Prusse.

Pie IX, pape. Sérénissime et très-puissant empereur, salut. Par la lettre très-gracieuse de Votre Majesté impériale et royale, nous est apportée une nouvelle de telle sorte qu'elle provoque d'elle-même nos félicitations, autant pour la dignité suprême offerte à Votre Majesté, que pour l'accord unanime avec lequel les princes et les villes libres d'Allemagne ont résolu de vous la conférer. C'est donc avec une grande joie que nous accueillons la notification de cet événement, qui,nous en avons la confiance, avec l'aide de Dieu et selon vos vœux, pour le bien général, aura d'heureuses suites, non pas seulement pour l'Allemagne, mais pour l'Europe entière. Nous remercions tout particulièrement Votre Majesté des témoignages que vous nous donnez de votre amitié, car nous espérons qu'elle ne contribuera pas peu à protéger la liberté et les droits de la religion catholique. Mais, en retour, nous désirons que Votre Majesté soit convaincue que nous ne négligerons rien pour pouvoir, à l'occasion, bien mériter de vous. En attendant, nous prions Celui qui dispense tous les biens de combler Votre Majesté impériale et royale de toute vraie félicité et de vous attacher à nous par les liens d'une parfaite affection. Donné à Rome, près Saint-Pierre (au Vatican), le 6 mars de l'année 1871, vingt-cinquième année de notre pontificat.

Signé PIE IX.

N° 1154.

L'EMPEREUR NAPOLÉON III A M. GRÉVY, PRÉSIDENT DE L'ASSEMBLÉE

NATIONALE,

Wilhelmshöhe, le 6 mars 1871.

Monsieur le président, au moment où tous les Français. profondément attristés par les conditions de la paix, ne pensent qu'aux

malheurs du pays, l'Assemblée nationale a prononcé la déchéance de ma dynastie et a affirmé que j'étais seul responsable des calamités publiques.

Je proteste contre cette déclaration injuste et illégale.

Injuste, car, quand la guerre a été déclarée, le sentiment national, surexcité par des causes indépendantes de ma volonté, a produit un élan général et irrésistible.

Illégale, puisque l'Assemblée nommée à seule fin de conclure la paix a outre-passé ses pouvoirs en décidant des questions hors de sa compétence et, fût-elle un corps constituant, elle serait encore sans pouvoir pour substituer sa volonté à celle de la nation.

L'exemple du passé est là pour le prouver. L'hostilité de l'Assemblée constituante en 1848 échoua devant les élections du 10 décembre, et, en 1851, le peuple me soutint par plus de sept millions de suffrages contre l'Assemblée législative.

Les pouvoirs politiques ne peuvent prévaloir contre le droit, et le droit public français pour la fondation de tout gouvernement légigitime est le plébiscite. De toute manière, il n'y a qu'usurpation d'un côté, oppression de l'autre.

C'est pourquoi je suis tout prêt à m'incliner devant la libre expression de la volonté nationale, mais seulement devant elle.

En présence des malheureux événements qui imposent à tous l'abnégation et le désintéressement, j'aurais voulu garder le silence; mais la déclaration de l'Assemblée me force à protester au nom de la vérité outragée et des droits de la nation méprisés.

Recevez, Monsieur le Président, l'assurance de ma haute estime.

Signé: NAPOLÉON.

N° 1155.

M. WASHBURNE A M. HAMILTON FISH.

Paris, le 8 mars 1874.

Sir, ils sont partis. Consummatum est. Les troupes allemandes, comme je vous l'ai écrit mercredi 1er courant, sont entrées au nombre de 30,000, suivant les conditions du traité. Le 3o article du traité spécifiait qu'aussitôt après la ratification du traité par l'Assemblée nationale de Bordeaux, les troupes allemandes devaient quitter immédiatement l'intérieur de Paris. La ratification a été votée mercredi

soir et la nouvelle en fut télégraphiée immédiatement à M. Jules Favre. A six heures le lendemain matin, celui-ci se rendit à Versailles pour demander, conformément aux stipulations du traité, l'évacuation immédiate de l'intérieur de Paris. Le quartier général allemand néanmoins refusa d'admettre la nouvelle télégraphique comme étant une preuve concluante du fait de la ratification. Ce ne fut qu'à onze heures, jeudi matin, qu'un courrier spécial arriva de Bordeaux avec la copie régulièrement certifiée des actes de l'Assemblée ratifiant le traité, et à midi et demi M. Jules Favre, muni des documents officiels, retourna à Versailles pour réclamer l'échange des ratifications. Mais ce ne fut qu'à neuf heures du soir, jeudi, que les détails de l'évacuation furent réglés par les autorités militaires françaises et allemandes. Il fut convenu que l'évacuation commencerait le lendemain matin, vendredi, à huit heures, et serait terminée à onze. Les troupes allemandes se mirent en marche à l'heure convenue, montant les Champs-Elysées et passant sous l'Arc-de-Triomphe, en poussant de nombreux vivats. A onze heures précises, le dernier soldat allemand sortait de la porte Maillot et Paris pouvait respirer librement. Durant l'occupation, il y a eu assez de mouvement dans la partie occupée par les troupes allemandes, mais il n'y a eu de perturbation sérieuse nulle part. Dans le fait, tout s'est passé beaucoup mieux qu'on aurait pu le prévoir. A peine les Allemands étaient-ils sortis de Paris que les boutiques, cafés, restaurants et hôtels ouvrirent de nouveau leurs portes, l'avenue des Champs-Elysées fut balayée et arrosée et les magnifiques fontaines de la place de la Concorde commencèrent à couler. A trois heures de l'après-midi, la journée était superbe, toute la portion de la ville qui, pendant deux jours, avait paru couverte d'un manteau de deuil, présentait l'aspect le plus gai et le plus joyeux, et la population paraissait beaucoup plus joyeuse qu'elle ne l'a été depuis bien des longs mois.

J'ai, etc.

Signé: WASHBURNE.

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On fait courir en province des bruits odieux.

Il y a à Paris 300,000 gardes nationaux, et cependant on y fait entrer des troupes que l'on cherche à tromper sur l'esprit de la population parisienne. Les hommes qui ont organisé la défaite, démembré la France, livré tout notre or, veulent échapper à la responsabilité qu'ils ont assumée, en suscitant la guerre civile. Ils comptent que vous serez les dociles instruments du crime qu'ils méditent.

Soldats-citoyens, obéirez-vous à l'ordre impie de verser le même sang qui coule dans vos veines? Déchirerez-vous vos propres entrailles? - Non! vous ne consentirez pas à devenir parricides et fratricides !

Que veut le peuple de Paris?

Il veut conserver ses armes, choisir lui-même ses chefs, et les révoquer quand il n'a plus confiance en eux.

Il veut que l'armée soit renvoyée dans ses foyers pour rendre au plus vite les cœurs à la famille et les bras au travail.

Soldats, enfants du peuple, unissons-nous pour sauver la République. Les rois et les empereurs nous ont fait assez de mal. Ne souillez pas votre vie. La consigne n'empêche pas la responsabilité de la conscience. Embrassons-nous à la face de ceux qui, pour conquérir un grade, obtenir une place, promener un roi, veulent nous faire entr'égorger.

Vive à jamais la République !

Voté dans la séance du Wauxhall, le 10 mars 1871.

Les délégués, dans la même séance, ont voté des félicitations aux citoyens de l'armée de la Loire, pour l'hommage pieux qu'ils ont rendu aux martyrs de la liberté, en portant une couronne à la colonne de Juillet.

N° 1157.

CONVENTION CONCLUE A REIMS, LE 10 MARS 1871, ENTRE LES ADMINISTRATIONS DES POSTES ALLEMANDES ET FRANÇAISES, CONCERNANT L'EXÉCUTION DU SERVICE POSTAL DANS LES DÉPARTEMENTS OCCUPÉS.

Reims, le 10 mars 1871.

Entre les soussignés, M. Stephan, directeur général des postes de l'empire allemand, et M. Rampont-Léchin, directeur général des postes de la République française, dùment autorisés à cet effet par leurs Gouvernements respectifs, il a été convenu ce qui suit :

Art. 1er. Le gouvernement allemand consent à ce que l'administration des postes, dans les départements occupés par les troupes allemandes, sera remise, de la part de l'administration allemande actuelle, entre les mains de l'administration des postes françaises, aux conditions et sous les réserves stipulées dans la présente Convention. La remise sera effectuée trois jours après que la ratification des présentes aura eu lieu, d'une part, par S. Exc. le chancelier de l'empire allemand, M. le comte de Bismarck-Schoenhausen, et, d'autre part, par M. Jules Favre, ministre des affaires étrangères de la République française.

Art. 2. A partir du jour indiqué dans l'article précédent, l'administration allemande cessera ses fonctions en tant que celles-ci concerneraient le service postal du pays dans les départements occupés par les troupes allemandes. L'administration française commencera immédiatement l'exploitation du service postal pour les habitants desdits départements.

Les lettres et autres objets de correspondance se trouvant entre les mains des employés allemands au moment de la remise seront expédiés par les employés français aux mêmes conditions, taxes et règles qui auraient été appliquées si l'expédition finale avait été effectuée par l'administration allemande.

Donc ces lettres, etc., n'auront à supporter aucune taxe supplémentaire, bien que les timbres-poste allemands y eussent été collés, et sans que ce fait donne lieu à aucun décompte entre les deux administrations. Toutefois, les taxes dont les lettres non affranchies ou insuffisamment affanchies auraient été passibles d'après les tarifs allemands seront remboursées au moment de la livraison aux bureaux de recette allemands.

Dans le cas où, pendant les cinq premiers jours à partir de l'exé

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