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reuse pitié des nations que leurs erreurs ont séparées de cette même Eglise.

<< Mais une telle ressource doit être la dernière que tentera un évêque qui chérit l'honneur de sa patrie, lors même qu'elle le dépouille et le persécute injustement. Essayons plutôt de réaliser parmi nous le touchant spectacle qu'offrit la primitive Eglise. Saint Paul avait établi parmi les fidèles de Corinthe une collecte en faveur de ceux qui leur annonçaient l'Evangile A son exemple, la proclamation des citoyens du diocèse de Troyes invite ceux qui jouissent des dons de la fortune à en verser une partie sur les ministres de l'Evangile qui, pour avoir refusé de se parjurer, sont réduits à l'indigence. J'apprends par des avis particuliers que c'est moi seul, légitime évêque de Troyes, que l'on a voulu désigner comme le chef et le centre de toute l'opération; pourrais-je ne pas accepter cette honorable qualité si analogue à mon ministère, si propre à resserrer les liens indestructibles qui m'unissent au clergé de mon diocèse! Je vous prie, Monsieur, de faire connaître de la manière que vous jugerez la plus convenable mon acceptation, ainsi que les dispositions suivantes dout je suis résolu à ne pas m'écarter.

« J'aurai soin de me conformer aux règles de prudence qui sont indiquées dans la proclamation, j'en sens la néces sité; mais pour le dire en passant, quel jugement porter d'une époque où la prudence oblige à couvrir d'un voile impénétrable ceux qui pratiquent la bienfaisance et la charité? Par quelle étrange contradiction ose t-on encore prononcer parmi nous le mot de liberté ?

<«< Citoyens, auteurs de la Proclamation, vous dépositaires des pieuses largesses, vous prêtres dont le dépouillement et les agonies pèsent si douloureusement sur mon cœur, oui je serai le seul intermédiaire entre Dieu et vous. Que ne puis-je moi-même subvenir à tous les besoins! Mais on m'a tout ôté comme à mes coopérateurs. J'ai le regret de ne pouvoir consacrer à leur soulagement que

mes soins, ma surveillance et un partage des modiques ressources qui me restent encore.

<< Ma contribution sera remise à un des dépositaires, car je juge convenable, eu égard à ma situation actuelle, de m'interdire la qualité de dépositaire; je les connaîtrai, je correspondrai dans le silence avec eux, mais je ne participerai pas à leurs honorables fonctions.

« Je les exhorte à recevoir avec reconnaissance toutes les sommes, même les plus légères. Celui qui, en présence de ses disciples, apprécia le denier de la pauvre veuve bien au-dessus des plus riches offrandes, nous traçait à cet égard la règle de notre conduite et de nos senti

ments.

« J'exhorte tous les vrais chrétiens à méditer dans leurs cœurs ces paroles de l'apôtre saint Paul: Souvenez-vous de vos préposés qui vous ont annoncé la parole de Dieu. J'espère que mes diocésains n'oublieront pas que ces préposés fidèles out tout perdu sur la terre, afin de confirmer leur enseignement par l'héroïque abandon des biens de ce monde. Chacun d'ailleurs pourra juger, à la simple inspection, si ceux que la violence a chassés de leurs places étaient les moins recommandables par des mœurs sacerdotales, par un vrai zèle et par une active charité! Enfin ils sont toujours aux yeux de l'Eglise les seuls pasteurs légitimes, et on les a voués à la pauvreté. Ces deux mots disent tout aux âmes picuses et sensibles; mon langage ne serait pas entendu des autres.

« Quant à vous, mes dignes coopérateurs, oh! combien je me trouve honoré d'être votre évêque dans ces temps désastreux. Ni les menaces d'un peuple égaré, ni la certitude de votre ruine, ni les illusions dont on colore le schisme et l'hérésie, rien n'a pu ébranler votre constance. Ce n'est pas de moi que vous avez reçu l'exemple de la fermeté, c'est vous qui me l'avez donné, et je n'étais pas encore votre premier pasteur, que vous étiez déjà les courageux confesseurs de l'unité de l'Eglise. J'admire la

grandeur de vos sacrifices, je vous en loue au nom de la religion et de la patrie; car vous avez bien mérité de l'une et de l'autre, en vous opposant au schisme qui dévaste aujourd'hui l'église gallicane. Puissé-je bientôt me réunir à vous! Dieu m'est témoin que je ne vous eusse pas quittés un seul instant, sans la certitude où j'étais que ma présence ne ferait qu'aggraver vos dangers personnels ; mais absent de corps, quoique toujours, comme l'Apôtre, "présent d'esprit au milieu de vous, ma sollicitude aura sans cesse pour objet de partager vos tribulations, de diriger vos travaux et de pourvoir à tous les besoins du troupeau qui m'est confié. »

«L. M. de BARRAL, évêque de Troyes (1). »

Ce fut à la fin du premier seinestre que parut le contrôle de la contribution faite sur la Proclamation des citoyens du diocèse. Aucun nom ne fut révélé, mais seulement le numéro sous lequel les participants étaient inscrits. On décida que les curés qui recevaient 500 livres de pension du gouvernement ne toucheraient au plus que 220 livres. 38 curés, 27 desservants ou vicaires, 3 engagés dans les ordres se firent connaître. Un seul curé devait toucher 720 livres; 27 desservants 540 livres chacun et les engagés dans les ordres, chacun 360 livres. La somme des besoins annuels était évaluée à 24.520 livres, soit 6.130 livres par quartier. Les contributions ne furent que de 5.568 livres d'où un déficit de 18 452 livres par an. L'évêque exilé avait eu raison de dire: « La postérité honorera bien davantage l'époque de nos malheurs que les temps de notre prospérité (2). »

(1) B. C.,79, XI-264.

(2) B. C., (23, XXXVII-268.

ADDITIONS ET CORRECTIONS

P. 65. Dubois, député du clergé, prit la défense des magistrats troyens* qui avaient provoqué la dissolution du comité formé le 29 août. Son discours à l'Assemblée nationale sur ce sujet, trop long pour être reproduit ici, fait partie du mss. 6573 de la Bibliothèque nationale, fonds français.

P. 77, ligne 12, au lieu de prospérité, lire postérité.

P. 104, ligne 20, lire Cordeliers de Troyes.

P. 105, ligne 9, au lieu de Henri, lire Henry.

P. 108, ligne 8, au lieu de demandent, lire demandèrent.

P. 108. Cavrois, moine de Clairvaux, déclara qu'il profiterait de la liberté de sortir du couvent, à condition qu'on lui fournisse un bref de sécularisation.

Désir exprima la même intention, motivée par ses infirmités qui l'empêchaient de suivre les exercices d'une communauté. Il sollicitait d'ailleurs l'autorisation du Saint-Siège.

Avec dom Rocourt, Laramée déclara vouloir rester dans le monastère.

Parmi les Capucins de Croncels, Flamant, Poichet et Risbourg déclarèrent, le 15 mai 1790, qu'ils avaient l'intention de rester au couvent. La Fournière dit qu'il attendra un bref de sécularisation pour sortir.

P. 110. La déclaration relative à la vie commune faite le jour de l'inventaire (11 mai 1790) est plus digne des religieux que celle du 11 janvier suivant, inspirée par les événements révolutionnaires, comme nous le supposons page 111. Huart déclare vouloir vivre « cléricalement » dans la ville de Troyes, parce que ses infirmités l'empêchent de suivre les exercices d'une communauté (il avait 73 ans); Peuchot attendra pour exprimer son intention que l'Assemblée ait prononcé sur le sort des religieux. Bernard, Conscience et Perrin désirent savoir quelles maisons de l'ordre seront conservées et les obligations que l'on imposera aux religieux.

Brincourt et Lecomte profiteront de la liberté, quand ils auront une pension. Seul Bertilleville déclara « qu'il adhérait complètement à tous les décrets de l'Assemblée nationale, qu'il les regardait comme tendant au bien général et particulier, qu'en conséquence il usait de la iberté accordée par le décret. » Gilles et Lacour sortirent aussi du cloitre.

P. 112. Les religieux de Beaulieu déclarèrent que par goût ils aimeraient à rester dans la communauté, ajoutant que, si on supprimait leur maison, ils verraient ce qu'ils feraient, mais qu'ils ne prenaient aucune sorte d'engagement.

P. 125. Montié amey avait pour 15.646 livres 13 sous 9 deniers de revenus affermés en 1789. L'argent monnayé trouvé le jour de l'inventaire n'était que de 1.500 livres.

P. 127-128, au lieu de Eloy, lire Elloy, âgé de 40 ans. Revial était directeur de l'abbaye de Marquette, au diocèse de Tournai.

Au lieu de Schmitz, lire Schmidt.

Au lieu de Boncomprain, lire Boncompain.

Lors de l'inventaire (24 mai 1790), Clairvaux avait pour sous-prieur Amédée Michaud, d'après un document des Arch N., F, 19, 598.

P. 139. Les dépenses du couvent des Capucins pour l'année 1789 furent de 2.924 livres 18 sous 6 deniers, dépassant les recettes de 3 livres 10 sous 9 deniers.

P. 140. Lors de l'inventaire (20 mai 1790), le couvent des Capucins de Bar-sur-Aube avait quatre de ses membres absents: Augustin Dixon, Louis Callaghan, Pierre Okiusky et Eustache Caffery. Un frère lai, Crépin Grandjean, àgé de 60 ans, et un frère donné, Madelaine, ne sont pas mentionnés dans le personnel relevé aux Archives de l'Aube. Gillaspie s'écrit mieux Gillaspy.

Au lieu de Fitzsimmons, lire Fitzsimons.

P. 143. Lors de l'inventaire (5 mai 1790), la Chartreuse avait trois membres, dont les noms figurent seulement sur la liste conservée aux Archives nationales: Ambroise Baujan, Marc Leboeuf et Athanase Domly; tous les trois étaient prêtres.

P. 150. A la Trinité Saint-Jacques appartenaient, en mai 1790 : Georges, né à Metz, prieur en Normandie; Lebreton, originaire de Pont-à-Mousson, domicilié à Clermont-en-Beauvaisis; Dupuy, chanoine de Saint-Etienne.

P. 154. L'abbaye de Beaulieu payait à celle de Prémontré (Aisne) une pension de 120 livres; à Noyer, vicaire général d'Alby, une pension de 700 livres ; à de la Noue, vicaire général de Saint-Claude, 595 livres. P. 154, note, au lieu de 3341, lire 3341.

P. 157, note 2, au lieu de Héliot, lire Hélyot.

P. 189, 8e ligne, lire au milieu du XIe siècle.

P. 190, ligne 23, au lieu de Corbelin, lire du Corgebin.

P. 218, ligne 27, au lieu de Loizelet, lire d'Oiselet.

P. 272. ligne 23, le chiffre (2) est à supprimer.

P. 320. ligne 23, supprimez le mot regrettables.
P. 327, note, au lieu de 3312, live 3312.

P. 328 ligne 15, au lieu de seraient, lire seront.

P. 350, ligne 25, au lieu de confiez, lire confierez.

P. 433, ligne 18, au lieu de protestation, lire prestation.

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