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DU SACREMENT

DE MARIAGE.

Manière d'adminiftrer le Sacrement de Mariage.

L

ES Fiancés étant à jeun, autant qu'il se pourra, vêtus modeftement, accompagnés de leurs Parens, Tuteurs ou Curateurs, felon les circonftances, & de quatre Témoins, qui foient dignes de foi, domiciliés, & capables, s'il fe peut, de figner leurs noms, fe rendront à l'Eglife au jour & à l'heure dont on fera convenu.

Alors le Curé ayant pris une Etole blanche pardeffus fon Surplis, ou, s'il doit dire la Messe tout de fuite, s'étant revêtu d'un Amic, d'une Aube, d'une Ceinture & d'une Etole croifée fur fa poitrine, ira faire fa prière à genoux au bas du grand Autel, accompagné d'un Clerc, qui portera le Bénitier, l'Afperfoir, & un petit Baffin. Il fe rendra enfuite, foit à la Porte du Chœur, foit dans une Chapelle, où les Fiancés doivent l'attendre. Puis, R. de Lyon, II. P.

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tous les deux étant debout devant lui, le Fiancé à la droite de la Fiancée, il leur fera, étant couvert, l'Exhortation fuivante, ou quelqu'autre femblable:

EXHORTATION,

Qu'on fera en entier, ou en partie, felon les circonftances ou la qualité des Perfonnes.

I qu'as des hommes. Elle feule peut

n'appartient qu'à la Religion d'ennoblir & de

leur imprimer le caractère de la véritable grandeur. Elle élève à un ordre fupérieur celles mêmes où nous paroiffons ne fuivre que les penchans de la nature; & telle eft, Mes Frères, l'alliance dont ces faints Autels vont être les dépofitaires & les témoins.

Le Mariage, dans les principes du Chriftianifme n'est pas feulement l'union intime & permanente de deux époux, prévenus l'un pour l'autre d'une eftime & d'une inclination mutuelle, & qui déformais ne doivent plus être qu'une feule ame, comme ils ne font plus, felon l'expreffion de l'Ecriture, qu'une feule chair: il eft encore un Sacrement, & un grand Sacrement, dit l'Apôtre. Il eft le fymbole augufte de l'union de J. C. avec fon Eglife. Et fous ce rapport, qu'il eft digne, M. F., de votre refpect & de votre vénération!

Oublions, s'il eft poffible, que c'eft le Créateur lui-même qui, dans l'état heureux de l'innocence primitive & dans le jardin des délices, forma ces

:

nous en >

noeuds facrés oublions ce prodige touchant, par lequel il voulut embellir la nature, en accordant aux befoins du premier homme une aide femblable à lui, une compagne destinée à partager & à augmenter fa félicité. Quelques leçons d'amour mutuel que donne aux époux cette origine de la fociété conjugale trouvons de plus fublimes encore dans les paroles de l'Apôtre. Oui, M. F., J. C. & fon Eglife font les modèles fur lefquels vous devez former vos fentimens. Aimez-vous l'un l'autre, comme J. C. a aimé fon Eglife, pour laquelle il n'a pas craint de donner son sang & fa vie. Ayez pour fin principale votre fanctification réciproque, comme J. C. dans fes travaux & dans fes fouffrances s'eft propofé la fanctification de son Eglife. Et fi le Seigneur répand fur votre union les bénédictions promises aux époux qui le craignent, n'élevez les enfans qu'il vous donnera que pour fa gloire faites tout pour leur falut, comme J. C. a tout fait pour celui de fes Elus.

Ces devoirs, M. F., vous font communs à l'un & à l'autre ; mais il en eft encore de particuliers pour chacun de vous. Un Epoux Chrétien fe fouvient toujours quel eft le Chef dont il tient la place, & il le représente encore plus par fa douceur & par fa prudence que par fon autorité. Il veut plaire à fon Epoufe, & il étudie fes inclinations, ou pour les fuivre ou pour les fupporter. Il regarderoit comme une lâcheté criminelle, d'offenser le partage de fon cœur une perfonne choisie dans

par

tout l'univers, pour être l'objet de fon eftime & de fa tendreffe. Il est tout à elle, mais fans ceffer d'être à J. C.

une

Il faut auffi, dit l'Apôtre, que l'Epoufe foit. foumise à fon Epoux, qu'elle révère fon autorité, qu'elle lui conferve une fidélité inviolable, obéiffance pleine de refpect & d'amour. Elle ne doit jamais oublier qu'une vie paffée dans les vains amusemens du fiecle, eft indigne d'une femme chrétienne; que fa plus folide gloire confifte à aimer la retraite, à n'être point occupée de sa personne, à soulager son Epoux avec une application qui détermine fa confiance, & qui lui rende le poids des affaires domeftiques plus léger & plus doux.

Voulez-vous, M. F., être guidés & encouragés dans la pratique de toutes ces vertus par de grands modèles? confidérez le jeune Tobie & fa religieufe compagne, & réglez votre vie fur celle de ces Epoux pleins de foi. Dites comme eux dès ce

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moment: Nous fommes les Enfans des Saints. A Dieu ne plaise que dans l'état faint du Mariage, nous imitions les mœurs profanes de ces hommes à qui il n'a pas été donné, comme à nous, de connoître le Seigneur & les maximes faintes de fa loi.

Puiffent les vœux que nous formons pour votre félicité, attirer fur vous les bénédictions les plus abondantes! Puiffe furtout le Sang de J. C. qui va couler fur ces Autels & dont nous allons fceller vos fermens, fanctifier vos liens & les rendre auffi doux qu'ils feront déformais facrés & inviolables.

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L'Exhortation finie, le Curé, étant couvert avertira les Parties de fe mettre à genoux, & de fe donner la main droite l'une à l'autre. Puis appellant l'Epoux par ses nom & furnom, il lui fera la Demande fuivante :

D. N. Voulez-vous prendre N. ici préfente pour votre femme & légitime épouse?

R. L'Epoux répondra: Oui, Monfieur.

Il fera de même à l'Epouse la Demande suivante : D. Et vous, N. voulez-vous prendre N. ici préfent pour votre mari & légitime époux?

R. L'Epouse répondra: Oui, Monsieur.

Ici le Curé doit être fort attentif à ce que les deux Parties, & furtout l'Epoufe, fi elle est encore jeune s'expliquent de manière à ne laisser aucun doute fur la liberté de leur confentement. Ceft dans ce cas feulement qu'il doit procéder à la Célébration du Mariage. Alors, l'Epoux & l'Epoufe continuant à tenir leurs mains droites jointes ensemble, il dira, étant découvert :

D

Eus Abraham, & Deus Ifaac, & Deus Jacob' ipfe vos conjungat, impleatque benedictiónem fuam in vobis. Et ego vos in matrimónium conjungo, in nómine Patris, & Fílii, & Spíritûs Sancti. Amen.

Puis il leur jettera de l'eau bénite, en difant :

Quod Deus conjunxit, homo non séparet.

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