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regret. Elle a sa charpente apparente comme dans toutes les églises du XIIIe siècle.

La partie du chœur, qui est beaucoup plus élevée que la nef, présente à l'abside deux grandes fenêtres en ogives, qui rappellent la fin du XIIIe siècle, ce que l'on peut constater par la guirlande et les têtes sculptées aux poutres de la charpente. L'ensemble de l'église à l'extérieur est surmonté d'un bandereau formant corniche. La base du mur repose sur un léger bahut taillé en biseau.

En 1700, l'église était dans un tel état de délabrement qu'elle menaçait ruine. Aussi fut-elle sur le point d'ètre interdite par Mr l'Evêque. C'est alors qu'on y fil de grandes réparations. Le chœur fut aballu et remplacé par celui qu'on voit maintenant. Ce furent les religieux du Gard qui le firent construire, ainsi que la sacristic. C'est de cette époque que datent également le confessionnal, la chaire à prêcher et les boiseries du chœur, y compris le rétable qu'on remarque au-dessus de l'autel. Le tout fut exécuté à l'abbaye du Gard. Les bans furent fails en 1729, au nom des habitants qui s'engagèrent à payer chacun 1 fr. par place, pour couvrir la dépense.

On remarque dans l'intérieur de l'église quatre statues qui proviennent de l'abbaye du Gard. Deux anges adorateurs de chaque côté de l'autel, la statue de saint Jean-Baptiste et celle de la sainte Vierge. Cette dernière surtout est d'un grand prix. Elle est de grandeur naturelle, en pierre, représentant la Vierge tenant l'enfant Jésus. On y reconnaît dans la pose penchée, dans le torse cambré sur la banche, le faire maniéré de la fin du XIVe siècle. - Cette statue a été repeinte à diverses époques.

Une pierre tumulaire se voit dans le pavé de l'église à

l'entrée du chœur. Elle porte une inscription effacée, sauf le nom de M. Pioger, seigneur de Rouvroy, qui fut enterré à cet endroit.

La façade de l'église, terminée en pignon triangulaire, présente au visiteur une porte cintrée, ornée d'un rinceau. Elle est surmontée d'une niche contenant une statue de saint Firmin, le martyr.

Le clocher, en forme de tour carrée, terminé par un toit aigu, possède trois cloches qui sortent des ateliers de M. Caviller, fondeur à Amiens.

En dehors de l'église, se trouve la croix de station. Autrefois, elle était toute en pierre. Elle a été remplacée par une colonne de granit provenant de l'abbaye du Gard, et surmontée par une croix en fer. C'est un joli échantillon de la ferronnerie au XVIIIe siècle.

La Chapelle du Cimetière, dédiée à Saint-Albin, n'a de remarquable que son ancienneté. Elle paraît avoir été réduite dans ses proportions, à cause des dégradations causées par la vétusté. Toutefois, on admire dans l'intérieur un Ecce Homo, de grandeur naturelle, tout en pierre de taille, qui n'est pas sans mérite; et une statue de saint Antoine, autrefois placée dans l'église et vénérée d'un culte particulier. Ce fut en l'année 1731 que la dévotion en l'honneur de saint Antoine fut établie dans la paroisse de Croy. Depuis plusieurs années déjà une grande mortalité régnait parmi les bestiaux, lorsqu'on songea à invoquer le secours et la protection de ce saint. Un grand cierge brûlait toujours devant sa statue; et un tronc placé dans l'église recueillait les offrandes des fidèles. La dévotion des habitants envers saint Antoine a cessé avec le fléau.

L'Abbé E. JUMEL.

L'HOTEL-DE-VILLE D'HESDIN ".

L'Hôtel-de-Ville d'Hesdin, dont la première pierre fut posée le 23 juillet 1563, n'est donc pas l'ancienne maison de la reine de Hongrie.

Cette maison de campagne, n'est autre que le bâtiment principal, mais transformé, du collège communal actuel.

VII.

Il nous paraît intéressant, au point de vue des modifications survenues au siècle dernier dans les limites de l'Hôtel-de-Ville, des prisons et de l'ancien hôpital, de lire les documents qui suivent, extraits d'un registre aux actes mémoriaux, faisant partie des archives d'Hesdin :

» L'an mil sept cent soixante quatorze et le vingt-huit décembre onze heures du matin, nous mayeur et échevins de la ville d'llesdin assemblés en l'hotel commun de lad. ville sur ce qui nous a été représenté que la chapelle qui existe dans l'ancien hôpital de cette ville a été rétablie et remise en état de notre consentement par les soins de maître Pierre-Joseph Préclin, prêtrevicaire de la paroisse de cette ville et aumônier du magistrat, pour servir de chapelle à l'Hôtel-de-Ville dans le terrein duquel elle se trouve au moien de la réunion de l'ancien hôpital à la ville, avons résolu et arrêté que lad. chapelle sera à l'avenir la

(*) Voyez la Picardie, 1868, p. 545 et suiv.

chapelle de la ville sous l'invocation de Notre-Dame-de-Miséricorde, en conséquence que lad. chapelle sera entretenue aux frais et dépens de lad. ville aussi avant que le produit des chaises que la ville a fait mettre à ses dépens dans lad. chapelle, ne sera pas suffisant pour subvenir aud. entretien; qu'il sera dit chaque année à voix basse, le jour de la rentrée du barreau, dans lad. chapelle par l'aumônier de la ville une messe du Saint-Esprit à laquelle assisteront les maycur et échevins, qu'il ne sera rien fait en lad. chapelle que du grès et consentement desd. mayeur et échevins, au moins de celui d'entre eux qui sera marguiller en charge qui aura particulièrement la police et l'inspection de lad. chapelle de laquelle l'aumônier de lad. ville aura la clef, pour quoi il se chargera au pied d'un inventaire de tous les ornemens, linges et autres choses appartenans à lad.. chapelle, pour en être fait le recollement à chaque changement d'aumônier et être remis avec lad. clef à celui qui sera nommé, qui se chargera de tout au bas dud. inventaire, et comme il n'y en a pas eu de fait jusqu'à présent led. sieur Preclin, aumônier de l'Hotel-deVille icy présent, s'oblige d'en remettre un en dedans huitaine, de lui certifié véritable qui sera transcrit à la suite des présentes afin qu'il soit constaté par acte en bonne forme de tout ce qui appartient à lad. chapelle dans laquelle qui que ce soit ne pourra avoir aucun droit, n'y s'entremettre en aucune façon, sauf et à l'exception desd. mayeur et échevins et de l'aumônier de l'Hôtelde-Ville qui ne pourra même rien y faire faire de son chef et sans y être authorisé par écrit par led. mayeur et échevins ou marguiller en charge, et le sieur (1)......... avocat et échevin, marguiller en charge, ayant actuellement remis sur le bureau la somme de vingt-deux livres quinze sols six deniers qui nous a dit être le produit des chaises depuis qu'elles ont été mises en lad. chapelle; nous avons résolu que lad. somme sera remise au marguiller qui

(1) Nous supprimons tous les noms de familles encore existantes.

va être nommé pour être employée à achepter du galon d'argent pour une chasuble dont l'étoffe qui est de satin a été donnée à lad. chapelle par une dame de considération de cette ville, et que les prisonniers peuvent facilement d'une des chambres de lad. prison entendre la messe lorsqu'il s'en dit en lad. chapelle au moyen d'une ouverture qui donne sur lad. prison et qu'il nous parait être de l'humanité de contribuer au soulagement des prisonniers; nous autorisons le concierge ou geolier de lad. prison de quêter en lad. chapelle à l'exclusion de tous autres, à charge par lui de remettre le produit desd. quêtes dans un tronc qui se trouve en lad. chapelle pour les prisonniers, duquel l'aumônier de la ville en gardera la clef, lequel tronc ne pourra être ouvert par led. aumônier qu'en présence du marguiller pour l'argent qui en sera tiré être employé par eux de commun accord au soulagement des pauvres prisonniers.

« Ainsi fait lesd. jour, mois et an que dessus et avons signé après quil a été dit que Monseigneur l'illustrissime et reverendissime Evêque de Saint-Omer ainsi que tous autres restent réservés dans leurs droits. Suivent les signatures (1). »

(1) Nous remarquons dans les signatures, celle de M. Farré, dont le nom a été donné à l'une des rues d'Hesdin agrandi. Profitons de cela pour dire deux mots de cet agrandissement.

L'article 18 de la charte de 1562, dit :

« Et pour autant que entendons l'entrée de nostre ditte ville de Hesdin estre encore en aucun droit de difficile accès, tant pour les hommes, chevaux, que chariot, spécialement en temps d'hyver; nous adviserons au plus tôt que commodieusement faire se pourra d'y remédier si besoin est, en y faisant faire quelques chaussées de pierres ou autres ouvrages, etc. » Nous l'avons dit; en 1562, on ne pénétrait facilement dans la ville que par la rivière de Canche. Il y a quelques années, on voyait encore, du côté de l'entrée des eaux, l'une des voûtes par lesquelles on pouvait y entrer. Dès 1595, une digue étroite fut établie et on ouvrit à l'une des extrémités de cet ouvrage la porte du Bourg, qui fut nommée plus tard, porte vieille. travaillait alors à l'extension des limites de la ville. Ou établissait des rues

On

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