Page images
PDF
EPUB

121

122

.123

124

125

126

des officiers chargés de cette partie importante de l'administration des corps.

TIR DES ARMES A FEU. Le fusil est l'unique arme de l'infanterie de ligne, parce qu'il réunit, comme on l'a dit, le double avantage d'être à la fois une arme à feu et une arme blanche. Pour en tirer tout le service dont il est susceptible, on ne sauroit trop recommander aux chefs des corps l'importance d'exercer les troupes sous ce double rapport.

La valeur du soldat français a rendu la baïonnette redoutable entre ses mains. Il a montré que lorsque l'infanterie est bien pénétrée du sentiment de sa force, elle peut non-seulement résister au choc de la cavalerie, mais encore l'attaquer avec succès. Mais si la baïonnette a été employée d'une manière si brillante, il n'en a pas toujours été ainsi du fusil. Cependant les armes à feu de l'armée française sont, sans contredit, bien supérieures à celles des autres nations, et l'on sait que l'adresse naturelle est une des qualités distinctives des Français. Si le feu de l'infanterie n'a pas généralement produit un plus grand effet, c'est donc au défaut d'instruction qu'il faut l'attribuer; c'est à cet usage si nuisible de multiplier le nombre des décharges, et de les faire avec rapidité, au lieu de les exécuter avec justesse et précision; c'est à cette fausse idée dans laquelle sont presque tous les soldats, qu'à quelque distance qu'ils se trouvent de l'ennemi, ils doivent toujours viser vers le milieu du corps. Il est donc nécessaire de rappeler ici la théorie du tir des armes à feu; car c'est de cette science que dépend essentiellement leur utilité.

On considère deux espèces de lignes dans le tir des armes à feu : la ligne de mire, qui est le rayon visuel dirigé le long de la surface supérieure du canon vers l'objet qu'on veut atteindre; la ligne de tir, qui est la courbe que décrit le projectile, lorsqu'il est lancé hors du tube par l'explosion de la poudre cette courbe seroit une parabole, si l'élasticité et la tenacité de l'air n'opposoient de la résistance au mobile.

Par la construction des canons, en général, la ligne de tir et celle de mire forment entre elles, au-delà de la bouche, un angle plus ou moins ouvert, suivant l'épaisseur à la culasse et celle à l'extrémité opposée. Le projectile, à sa sortie du cylindre, coupe d'abord, et à peu de distance de la bouche, la ligne de mire, passe au-dessus d'elle, et forcé par l'action de sa pesanteur, il se rapproche de cette ligne, la recoupe une seconde fois, et achève de décrire sa courbe jusqu'à sa chute. Ce second point d'intersection est ce qu'on appelle le but-en-blanc; il est plus ou moins éloigné de l'extrémité du canon, selon le nombre des degrés de l'angle sous lequel on tire. Ainsi, 1o. pour frapper un but qui seroit entre le bout du canon et la première intersection, il faudroit pointer au-dessus. 2°. Si le but étoit entre les deux intersections, il faudroit viser au-dessous. 3°. Si le but étoit à une des deux intersections, il fau droit y viser directement pour l'atteindre; 4°. enfin, s'il étoit au-delà de la seconde intersection, il faudroit pointer au-dessus.

On peut conclure de ces observations, qu'on doit élever ou baisser le canon en raison des distances. Mais si ce principe est exact pour le canon du fusil isolément, il ne l'est pas quand le canon est monté sur son bois; en effet, dans cet état, l'épaisseur du fer au tonnerre, prise de la paroi à la partie supérieure, est presque toujours égale à la distance de cette même paroi, prise de la bouche jusqu'au sommet du guidon; en sorte que la ligne de mire se trouvant parallèle à l'axe du cylindre, on doit, dans tous les cas du tir horizontal, pointer au-dessus du but.

La portée horizontale du fusil d'infanterie, avec la charge ordinaire, est à peu près de 234 mètres (120 toises) et sous un angle de 43o,30′ ( la

27

=28

29

130

131

132

133

plus grande amplitude des mobiles lancés par les armes à feu) environ de 974 mètres (500 toises); mais au-delà de 234 mètres (120 toises) tous les coups sont incertains, et c'est à 136 mètres (70 toises envion) que le feu de l'infanterie est le plus formidable (1). Tous les coups tirés au-delà de 234 mètres (120 toises), et surtout à des distances plus grandes encore, sont donc de très-peu d'effet, produisent, en pure perte, la consommation d'un approvisionnement précieux, et rendent nos armes moins redoutables à l'ennemi. Il est donc de la plus haute importance, pour éviter des inconvéniens aussi graves, d'exercer le soldat à tirer à la cible; et pour remplir le but qu'on se propose, on doit y faire tirer à des distances différentes et correspondantes au milieu du corps, à la tête et aux drapeaux, mais toujours pour frapper l'ennemi à la poitrine.

Enfin les officiers doivent être habitués à estimer à l'œil les distances, pour n'employer le feu qu'à des portées convenables et d'une manière efficace.

Charge et TIR DE LA CARABINE: La carabine de guerre est une arme dont la surface intérieure du canon est rayée en lignes spirales, et dont le calibre est tel, par rapport à la balle, que celle-ci ne peut parvenir sur la charge, sans y être poussée avec violence par une baguette de fer et un maillet.

Le canon qui est à pans longs et qui est très-renforcé, a 64c,96 (24 pouces) de longueur. Il a, dans toute cette longueur, sept raies pratiquées dans le tube, par tout à égale distance l'une de l'autre ; son poids, fini et garni de sa culassé, est environ de 1 kilogr.,632 (3 liv. 5 onc. 3 gr).

La charge ordinaire est de 4 gr.,60 (1 gros 16 gr.) de poudre et d'une balle forcée du 28°. de 489 grammes (du 28e. d'une livre).

Dans les dernières carabines fabriquées, on a substitué la platine du mousqueton au modèle de celle précédemment en usage; il en résulte plus de solidité et plus de facilité pour les réparations dans les corps.

La carabine étant, plus que tout autre arme à feu portative de guerre, destinée à viser, on a donné plus de pente à sa crosse (2).

On charge la carabine en laissant, comme au fusil, tomber la poudre au fond du canon; on place sur la bouche un calpin (3) et la balle pardessus, qu'on chasse ensuite avec effort, par le moyen de la baguette et du maillet, jusqu'à ce qu'elle porte sur la charge de poudre; le plomb cédant à la force avec laquelle il est poussé, la surface de la balle perd sa forme sphérique et prend celle de l'intérieur du cylindre.

134 Il est essentiel d'observer : 1°. qu'il ne faut employer, pour cette arme, que des balles du calibre prescrit; car, si le plomb et le calpin ne remplissoient pas parfaitement les raies du canon, il s'échapperoit du fluide par les interstices, et le mobile perdroit par-là une partie de l'impulsion qu'il doit recevoir; 2°. que le soldat doit avoir l'attention d'enfoncer la balle jusqu'à ce qu'elle soit contiguë à la charge, parce que s'il

(1) Il résulte de quelques expériences faites sur le tir du fusil, que pour atteindre un but qui seroit à même hauteur que le canon, et à une distance de 234 mètres (120 toises), il faudroit viser environ 97o,45 (3 pieds) au-dessus.

(2) La pente d'un fusil est la courbure qu'on lui donne pour être mis plus facilement en joue.

(3) Le calpin est un morceau de peau ou d'étoffe, coupé en rond, et enduit d'une substance grasse, lequel doit envelopper la balle dans le canon.

135

136

137

138

139

140

141

se trouvoit un espace entre la balle et la poudre, et qu'une partie du fluide ou de l'air raréfié par le feu ne pût s'échapper entre la balle et les parois du canon, il pourroit en résulter les plus funestes accidens: on doit d'ailleurs avoir soin de ne pas trop refouler la balle sur la poudre, car elle réduiroit celle-ci en pulverin, et lui feroit perdre ainsi une partie de son action; 3°. que le canon s'encrassant promptement à cause de la rayure, doit être souvent nettoyé, sans quoi on éprouveroit la plus grande peine pour enfoncer la balle; 4°. que, s'il est important d'habituer les soldats à charger la carabine avec toutes les précautions nécessaires, il ne l'est pas moins de les exercer à le faire avec promptitude, particulièrement à cause que le tireur n'a pas, à la guerre, la ressource de la baïonnette que la forme du canon ne permet pas d'y adapter.

La balle qui, pour entrer et descendre sur la charge, a été contrainte à coups de maillets de se mouler dans les raies, et de suivre leur direction, suit encore cette même direction lorsqu'elle cède à l'impulsion que lui imprime la poudre, et elle continue à se mouvoir dans le même sens pendant sa projection. Elle acquiert donc, outre son mouvement progressif de translation, un mouvement de rotation autour de l'axe du cylindre qui, coïncidant avec celui de sa direction, obvie, en grande partie, à la déclinaison qui a lieu dans le tir du fusil, et à la forme irrégulière qu'a prise la surface de la balle; car cette balle est retenue à sa place par les efforts opposés et égaux que fait, à chaque instant, la résistance de l'air dans le cours d'une révolution.

Ce mouvement de rotation de la trajectoire explique la supériorité de justesse qu'a cette arme sur le fusil.

L'exactitude à laquelle parviennent ceux qui savent se servir de la carabine, est étonnante, même lorsque les balles sont portées à de trèsgrandes distances: il ne faut cependant pas se persuader qu'elle porte beaucoup plus loin que le fusil; car si on l'a cru ainsi, c'est parce qu'avec cette arme on peut frapper un but à des distances bien plus grandes qu'on ne peut le faire avec les fusils, non pas faute de portée, mais faute de justesse.

CONTRÔLE DES ARMES A FEU. Toutes les pièces rebutées dans les manufactures sont décontrôlées et marquées d'une R; malgré cette réprobation, des armuriers trouvent encore le moyen de les acheter et de les employer pour les réparations des corps auxquels ils appartiennent.

CARTOUCHES A FUSIL. Pour confectionner les cartouches à fusil, on se sert, 1. de mandrins de 189,95 (7 po.) de longueur et de 1c,52 (6 lig. 9 pts.) de diamètre, lesquels doivent être bien cylindriques, et faits avec du bois dur et sec: l'un des bouts doit être arrondi, et l'autre creusé de manière à recevoir le tiers de la balle.

2o. D'une mesure en cuivre, de la forme d'un cône tronqué, ouvert par le haut; comble, elle doit contenir la quarantième partie de 489 grammes (la 40. partie d'une livre de poudre).

3o De papier qui doit avoir du corps, sans cependant être trop épais et dont la hauteur doit être de 35,18 (13 po.) et la largeur de 43,29 (16 po.) Pour le couper, on plie la feuille en trois, dans la largeur, puis chaque tiers en deux dans sa hauteur, et chaque moitié du tiers encore en deux, par une diagonale qui prend depuis 5c,86 (2 po. 2 lig.) de l'angle supérieur de sa gauche, jusqu'à 5€,86 ̊ (2 pou. 2 lig.) de l'angle inférieur opposé de la droite De cette manière, chaque feuille se trouve

3

coupée en douze parties, et chaque partie avec laquelle on fait une cartouche, est un trapèse de 14,43m. (5 po. 41.) de hauteur, et dont une des bases a 0,1150 (4 po. 3 1.), et l'autre 5c,86 (2 po. 2 1.)

2 On place la balle dans la cavité du mandrin sur lequel on roule fortement le papier, en commençant par le côté qui fait angle droit avec la hase de 11,50 (4 po. 3 1.); on observe d'en laisser passer 1,35 (61.) environ, au-dessous, qu'on replie et qu'on arrondit sur la balle, au moyen d'un petit trou pratiqué dans l'épaisseur de la table sur laquelle on travaille. Après avoir retiré le mandrin, on y verse la quantité de poudre déterminée, et l'on plie le papier le plus près possible de la poudre.

Lorsque les cartouches doivent être sans balles, au lieu de plier le papier en trois, on le plie en quatre dans sa largeur, et on en tire alors seize cartonches; dans ce cas, la charge de poudre doit être d'un soixantième de 439 gram. (60o. d'une liv.) : la mesure est rase.

On s'assure de la justesse des cartouches, en les faisant passer dans un bout de canon de calibre.

On en fait des paquets de 10 ou de 15, opposant alternativement les côtés des balles, et les enveloppant avec une feuille de papier qu'on replie des deux boats et qu'on lie avec une ficelle passée en croix sur le milieu de la hauteur et de la largeur.

Les balles pour les fusils et le mousqueton, ayant le même diamètre, et les cartouches étant les mêmes, il en résulte que ces cartouches entrent moins facilement dans cette dernière arme dont le calibre est plus foible que celui du fusil sans cela, la charge pourroit sortir du mousqueton.

Prix, poids et longueur des armes.

[merged small][ocr errors][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small]

PARTIE DEUXIEME. SABRE DE GRENADIER, ancien modèle. Lame cambrée de 2o,22 pou. (9 l.) non évidée, ayant 59c,53 (22 pou.) de longueur, pesant 551 gr. (1 liv. 2 onc.), fourreau en cuir de vache, noirci, sans alaises, garni d'un bout et d'une chape en cuivre laminé; à cette chape est un tirant ou courroie pour le même usage qu'au modèle actuel. Monture en cuivre laiton. Elle est composée d'une poignée à grosses

149

150

151

152

153

154

155

156

157

158

159

160

hélices et d'une garde dont la partie supérieure de la branche se loge sous le pommeau, et celle inférieure fait angle droit avec la croisée qui est du même jet. Poids de ce sabre complet, 1k,284 (2 l. 10 onc.)

Nouveau modèle de l'an 11 (dit briquet). Lame cambrée de 2c,03 (9 1.) de flèche, non évidée, fourreau en cuir garni en cuivre laminé, garde et poignée en cuivre, coulées d'une seule pièce. Il sert à toutes les troupes à pied.

Lame. C'est la partie du sabre destinée à percer et à tailler l'ennemi: elle est fabriquée d'une espèce d'étoffe (1) composée d'acier ferreux ou mou et d'acier sec (2) amalgamés ensemble. Elle se divise en trois parties: le talon, le fort et le foible. Le talon est le tiers le plus près de la garde ou de la soie; le fort est le tiers qui est entre le foible et le talon; le foible est le tiers qui fait l'extrémité de la lame.

La pointe est la partie avec laquelle on perce l'ennemi. Le faux-tranchant ou le biseau est le tranchant qui est à la partie inférieure du dos. Le plat est la partie qui est entre le dos et le tranchant. La soie est la partie qui surmonte la lame sur laquelle sont enfilées la calotte, la poignée et la coquille.

Fourreau. C'est la pièce dans laquelle se loge la lame et qui la garantit. Les fourreaux sont en cuir, garnis en cuivre laminé.

La garniture du fourreau se compose d'un bout ajusté à son extrémité inférieure pour la fortifier et la rendre plus ferme contre la pointe de la lame, et d'une chape également fixée sur le fourreau à la partie supérieure. Sur cette chape ou bélière est soudé un pontet ou agraffe portant un tirant en buffle que le soldat passe dans une boucle adaptée à son baudrier, pour tenir le sabre.

Monture. Elle se compose de la calotte, de la poignée et de la garde, qui sont coulées d'une seule pièce. La monture est en cuivre laiton (3). La calotte est la pièce dont la partie supérieure est au-dessus de la poignée, et celle inférieure ajustée sur cette même poignée; le sommet de la calotte est un bouton demi-olive, sur lequel est rivée la soie, pour fixer la monture.

Poignée. C'est la pièce que la main serre en tenant le sabre.

Il y a à la poignée du sabre vingt-huit cannelures ou hélices, suffisamment profondes et bien marquées : les poignées de métal, par leur poli, échappant des mains plus facilement que les autres, ces caunelures ont pour objet d'affermir davantage le sabre dans les mains du soldat.

Garde. C'est la pièce destinée à garantir la main des coups de l'ennemi.
La garde du sabre est d'une seule branche, d'une forme circulaire.

CONTRÔLES DES ARMES BLANCHES. Les lames de sabre sont marquées d'un poinçon portant la lettre initiale du nom de l'inspecteur de la manufacture, et à côté, d'un autre portant aussi la lettre initiale de celui du contrôleur; ces marques sont placées sur le talon, près la soie.

(1) On appelle étoffe, un alliage de fer et d'acier, dont on forge et l'on soude ensemble plusieurs pièces plates, pour avoir une substance qui participe des propriétés de celles qui ont servi à la composer.

(2) On appelle acier ferreux celui qui a conservé des veines de fer, et l'on nomme acier sec celui où la conversion du fer en acier est complète.

(3) Le quillon est, à la branche principale des gardes des sabres, le prolongement inférieur, arrondi à son extrémité.

« PreviousContinue »