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Rentrée de Bonaparte

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Re

en France. - Annonce de cet événement au Congrès. Im-
pression qu'il produit. Mise hors de la loi de Bonaparte
par le Congrès. Préparatifs de guerre universels.
grets de l'empereur Alexandre. D'un prétendu traité de
Bonaparte avec l'empereur d'Autriche. Intrigues de l'u-
surpateur. Renvoi d'Eugène Beauharnais, de Vienne.
Rapport du conseil d'état de Bonaparte, et sa réfutation. ·
Rapport fait dans le Congrès sur Bonaparte. — Quadruple
alliance entre l'Autriche, la Russie, l'Angleterre et la Prusse.
Accession de l'Europe.

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LE Congrès de Vienne retardé quelque tems, dans sa marche, par l'opposition des intérêts entre les grandes puissances, avançait, depuis

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le mois de février, avec rapidité; et chaque jour amenait de nouvelles résolutions ou complétait les précédentes. La Russie avait limité ses prétentions sur la Pologne; les indemnités de la Prusse avaient été assignées; le sort du roi de Saxe était fixé; l'Angleterre avait obtenu pour l'Hanovre et pour le roi des Pays-Bas, des accroissements favorables à sa prospérité et à sa sûreté; la confédération helvétique était plus forte et plus indépendante; le roi de Sardaigne s'élevait du sein des revers à une plus haute puissance; l'Autriche avait obtenu les pays depuis la rive droite du Pô jusqu'aux bouches du Cattaro; les rangs entre les agents diplomatiques étaient réglés. sans blesser l'amour-propre; les peuples d'Afrique, placés au nord de l'équateur, étaient réintégrés dans les droits de l'espèce humaine; tout s'ordonnait sans convulsion, et se distribuait sur un plan sage et régulier, lorsqu'un événement trop dédaigné, parce qu'il paraissait improbable, menaça de replonger l'Europe dans le chaos dont elle sortait à peine.

Des bruits divers circulaient sur Napoléon Bonaparte. Suivant les uns, il était résigné à son sort, s'occupait d'administration, faisait percer des routes, se construisait un palais, et composait les mémoires de sa vie. Suivant d'autres, ces apparences de distraction ou de sage

occupation, couvraient des machinations. On pensait qu'il combinait avec sa famille, avec Lucien, son frère, et ses confidens secrets, les moyens de ressusciter sa grandeur passée. Dans la réalité, il entretenait des relations clandestines avec les chefs des factieux qui nourrissaient son ambition de folles espérances, et invoquaient son génie pour venir rendre le bonheur à la France, c'est-à-dire, leur rendre à eux-mêmes le pouvoir.

Le bruit de la prochaine rupture du Congrès, l'alliance défensive du 3 janvier entre la France, l'Autriche et l'Angleterre, et l'opinion que les Belges, les Polonais et une partie de l'Allemagne, brûlaient de se ranger sous les drapeaux de Bonaparte, échauffaient une multitude d'hommes remuans ou sans principes. Le gouvernement d'un homme qui se jouât de tout ce qu'il y avait de sacré, convenait à leur immoralité. Ils exprimaient leurs regrets sur les cessions immenses de territoire, et ne cessaient de préconiser le génie guerrier de Bonaparte, comme le seul gage de la prospérité publique. La sagesse du cabinet de Louis XVIII, la bonne intelligence avec les puissances étrangères, la bienveillance générale, l'esprit d'humanité, étaient traités avec dédain. Incendier de nouveau l'Europe, paraissait à certains yeux, le sublime de

la politique. Ces génies turbulens adressaient secrètement leurs voeux à Bonaparte; et celui-ci crut qu'ayant le parjure et l'audace pour auxiliaires, il pourrait tout oser. Le 26 février au soir, il fait inopinément embarquer quatre cents soldats de la vieille garde et cinq cents hommes de différentes armes qu'il répartit sur un brick armé et sur six petits bâtiments, et il va aborder, le 1er mars, près de Cannes, dans le golfe de Juan. Pourvu de plusieurs milliers de -proclamations séditieuses, et d'une forte somme d'argent que lui avait procurée sa famille, il ne tarde pas à se porter dans l'intérieur de la France étonnée. La nouvelle de l'irruption de Bonaparte arriva, à Vienne, le 5 mars au soir, au moment où se donnait chez l'impératrice d'Autriche, une représentation d'un Tableau vivant rappelant l'entrevue de Maximilien Ier avec Marie de Bourgogne, grand et mémorable souvenir pour la maison d'Autriche. Tandis que le nom et le choix des nobles acteurs de cette brillante scène, ainsi que l'élégance des costumes et les situations diverses présentaient un ensemble qui charmait les regards, tout à coup une sourde rumeur, indice de quelque événement important, vient troubler le majestueux ensemble de la représentation. Le Tableau se sépare, tous les spec

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