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Ferrare et Ravenne, dans lesquelles la Prusse avait d'abord proposé de transférer le roi de Saxe. L'opinion la plus générale dans le Congrès, à l'égard de ces provinces, était que, par droit de conquête, elles étaient tombées à la disposition des alliés. Le principe de l'indivisibilité du territoire rejeté à l'égard de la France, n'était pas plus admis pour les domaines du saintsiége, par la raison que tout ce qui est susceptible d'accroissement temporel, peut, dans certains cas, être susceptible de décroissement.

Le cardinal Consalvi adressa aussi au prince de Metternich, le 17 novembre, une note au sujet des pertes immenses qu'avait éprouvées, en 1803, le clergé d'Allemagne. Il sollicitait les monarques et leurs ministres au Congrès, d'apporter, dans leur sagesse et leur justice, le rémède à ces maux. Mais le Congrès ne se crut point appelé à statuer sur le sort du clergé d'Allemagne, ni sur la restitution de ses biens, dont une partie considérable était tombée dans les mains des princes protestans; cet objet appartenant à l'administration intérieure de chaque état, ou étant dans le cas d'être traité séparément entre les diverses cours d'Allemagne. Lors de la fixation des rangs diplomatiques, le cardinal Consalvi avait fait réclamer au nom de sa cour; et ce point auquel elle attachait beaucoup d'im

portance, avait été réglé conformément à ses désirs, mais par pure courtoisie.

Le roi de Naples, Murat, ayant résolu, en mars 1815, de tenter par la guerre une révolution en Italie, s'était adressé au pape pour le passage de ses troupes à travers les terres de l'Église; mais Pie VII n'avait pas cru devoir accorder une demande qui l'arrachait à la neutralité; ce qui n'avait point empêché Murat de violer le territoire du saint-siége. Le pape avait protesté, et ne se croyant pas en sûreté à Rome, il en était sorti, le 22 mars, après avoir établi une junte d'état; et il était allé chercher un asile à Gênes, au milieu des troupes anglaises. Depuis, Pie VII, protégé par les armes autrichiennes, était rentré dans Rome; et le sort du saint-siége fut fixé définitivement et d'une manière honorable. Le traité général du 9 juin 1815 lui restituait la totalité de ses anciens domaines, à l'exception du comtat Venaissin, de la ville d'Avignon et de la partie de la légation de Ferrare, située sur la rive gauche du Pô; sacrifices légers, si l'on considère les pays recouvrés par le saintsiége, et qu'en dernier résultat, il lui reste une population de 2,354,000 ames. S'il a perdu, dans la révolution, une partie des droits utiles pour l'expédition des bulles des évêchés et autres bénéfices, il a ouvert des rapports particuliers

avec la Russie, l'Angleterre, la Prusse, le Wurtemberg, le royaume des Pays-Bas et autres états dissidens, dont les ministres résident aujourd'hui à Rome; et le grand projet de réunion des diverses communions semble réalisé, sinon pour une entière croyance, du moins pour

la fraternité et la tolérance.

LIVRE XI.

SOMMAIRE.

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De la reine de Naples, Caroline d'Autriche. Du commandeur Ruffo et du duc de Serra-Capriola, ministres de Ferdinand IV à Vienne. Situation de Joachim Murat.

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Note du prince Talleyrand au sujet du royaume de Naples. Preuves du défaut de sincérité de Murat à l'égard de l'Autriche. Sa défense par ses plénipotentiaires à Vienne. Ses menaces. Déclaration de la cour de Vienne à son sujet. Note des plénipotentiaires de Murat. Réponse de Guerre entre cette puissance et Murat. —Opi

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l'Autriche.

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tion de Ferdinand sur le trône de au sujet de l'Ordre de Malte.

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Sa chute.

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Naples. Négociations
Mémoire de ses plénipo-

Projets divers en faveur de l'Ordre. · Consi

L'ANGLETERRE défendait la Sicile contre les attaques de Joachim Murat, par ses troupes et par ses vaisseaux. Le général Bentinck y commandait pour la cour de Londres avec une autorité qui blessait la reine Caroline d'Autriche ac

coutumée à régner sous le nom de Ferdinand IV. Impatiente d'un joug, prix de la protection anglaise. Cette princesse, sans être arrêtée par sa vieillesse, ni par les périls de la navigation, s'était embarquée secrètement avec son second fils, le prince Léopold, avait traversé l'Archipel, abordé à Constantinople, franchi le Bosphore; et après avoir essuyé une violente tempête dans la mer Noire, avait débarqué à Odessa, d'où elle s'était rendue à Vienne. Accueillie de la famille impériale avec tout l'intérêt dû à une tête couronnée et à son courage, la reine n'avait pas éprouvé, sous le rapport politique, toute la satisfaction qu'elle attendait de l'empereur, son neveu, parce que la cour de Vienne se trouvait liée avec le roi de Naples, par un traité d'alliance qui lui garantissait le trône. Les espérances de la reine Caroline étaient encore incertaines, lorsqu'une mort subite vint la frapper le 7 de septembre, au moment où elle se disposait à agir avec activité auprès des monarques alliés. Le prince Léopold de Bourbon, qui, quoique fort jeune, avait remplacé sa mère dans un rôle difficile, s'en acquitta avec une prudence qui fut couronnée d'un plein succès.

Les plénipotentiaires de Ferdinand IV près le Congrès, étaient le commandeur Ruffo et le duc de Serra-Capriola. Le premier jouissait au plus

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