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LIVRE XII.

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SOMMAIRE.

Situation de l'Allemagne. Formation du comité germanique. Contestation pour la préséance entre l'Hanovre et Wurtemberg. Bases d'un pacte fédératif proposé par l'Autriche et la Prusse. Du droit des confédérés d'entrer en la guerre. Opinion des plénipotentiaires autrichiens, prussiens et d'Hanovre. Déclarations des rois de Bavière et de Wurtemberg. Discussion sur les doubles voix. Discussion au sujet des villes libres. — Du tribunal fédéral. Note du comte de Nesselrode. Démarches des états du second rang. Déclaration du grand-duc de Bade. Notes

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de Hesse-Darmstadt et de Wurtemberg.

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nipotentiaires autrichiens et prussiens. Réplique des plé nipotentiaires wurtembergeois.

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Considérations.

L'ALLEMAGNE, étant au centre de l'Europe, n'est point engagée dans la guerre, ou livrée à des troubles, que tout ce qui est à sa circonférence ne soit atteint ou menacé. Pareillement, sage liberté, les vues d'administration paternelle et les lumières qui s'y rencontrent, refluent vers les nations voisines. Dès-lors, la nation alle

mande, considérée dans son ensemble, mérite toute l'attention de la politique, soit que comme Empire, elle obéisse à un pouvoir unique, ou à une diète, comme confédération. Qu'on songe quelle serait la puissance d'un empire ou d'une ligue permanente, formés de l'Autriche, de la Prusse, de la Bavière, de la Saxe, de l'Hanovre, du Wurtemberg et de tant de princes du second rang, auxquels sont adjoints partiellement le roi de Danemarck et celui des PaysBas; et que n'exécuterait pas une pareille masse de forces ou de contingens! heureusement pour l'Europe que la nation allemande est paisible, laborieuse, morale, obéissante, et possède l'ensemble des vertus domestiques qui forment les élémens de la félicité réelle des peuples. Elle n'a jamais manifesté de prétentions envahissantes; et si, à des époques reculées, elle se répandit au dehors, ce fut moins par ambition que pour fournir à l'existence d'une trop nombreuse population. Le corps germanique, loin d'avoir fait des acquisitions, avait éprouvé, depuis deux siècles, des pertes qu'il n'avait point cherché à remplacer. Se balançant entre l'Autriche et la France, il ne songeait qu'à défendre ses libertés contre la première, et son territoire contre la seconde. Les orages de la révolution avaient entraîné sa constitution, ses assemblées, les capi

tulations, et englouti une partie importante de son territoire. L'anarchie y régnait; des peuplesfrères s'égorgaient, et un ennemi réel, sous le nom de protecteur, donnait à tous des lois. Depuis la paix de Campo-Formio, et notamment en 1803 et 1806, l'Allemagne avait éprouvé des changemens aussi désastreux qu'irréparables. Depuis près de dix ans, la nation allemande existait sans chef. Sa grande charte, la bulle d'or de Charles IV, avait été déchirée. Une suppression presque absolue avait frappé tous les souverains dont la mitre était entourée d'une couronne. La noblesse immédiate avait perdu ses immunités assurées par les traités comme par des siècles de possession; et la plupart des petites républiques qui, sous le nom de villes impériales, offraient encore des images de la liberté des anciens Germains, avaient été soumises au pouvoir de quelque prince imitateur du protecteur. Le système de concentration, une des merveilles du génie révolutionnaire, avait englouti les ordres de chevalerie. Partout la convenance avait pris la place du droit, écrasé le faible, et frappé la plupart des princes du troisième rang qui, n'étant ni guerriers, ni entreprenans, s'offraient comme des intermédiaires utiles qui amortissaient l'action des puissances supérieures, procuraient même aux grands souverains des alliances de fa

mille, et faisaient souvent l'honneur du trône en y portant moins de faste et plus d'affection pour les sujets.

De l'incorporation violente des états inférieurs aux états du second, et de quelquesuns de ces derniers dans les monarchies, étaient résultées des oppositions internes qui avaient amené des mécontentemens dangereux. Plusieurs des souverains du second rang, qui avaient sollicité ou accepté des accroissemens à une époque où l'usurpation était la seule religion politique, n'avaient pas réfléchi que le système de concentration, ou plutôt de spoliation dont ils profitaient, menaçait leur propre existence; car ces états étaient dans les mêmes rapports de puissance avec ceux du premier rang, qu'ils étaient eux-mêmes avec les états du troisième; et il n'y avait pas de raison pour qu'on ne finît par prononcer leur incorporation aux puissances du premier ordre. La progression de ce système était facile à saisir. Par le recès de 1803, on avait supprimé la presque totalité des principautés ecclésiastiques, et en 1806, de nombreuses principautés séculières (1). En 1807, la Prusse avait

(1) On comptait dans l'empire, entre les trois électeurs ecclésiastiques, un archevêque, vingt-un évêques, dix abbés, et treize abbesses, plus le grand-maître de l'ordre teu

été réduite à la moitié de ses forces et de ses provinces. Or, comme il est dans la politique des grandes puissances de ne jamais décroître, elles eussent incessamment tout englouti; et l'Europe fût devenue le partage de cinq à six potentats, entre lesquels se fût ouverte une lutte terminée par la domination d'un seul. Ainsi l'on fût retombé sous le joug d'une domination monstrueuse; première calamité qui pouvait se prolonger jusqu'à ce que cette même puissance se fût dissoute et partagée en cent débris incohérens; nouvelle calamité non moins intolérable que la première, et qui eût duré jusqu'à ce qu'à la suite de guerres sanglantes, ces débris redevenus des états, eussent formé entre eux divers équilibres. Ainsi le monde politique eût été encore réduit à tourner dans ce cercle vicieux de conquêtes, d'agglomérations et de destructions, dont l'empire des Macédoniens, des Romains, des Tartares, des Ottomans sous Mahomet II et Soliman I, etc., out offert la triste image; et tout ce que la politique moderne a pu

tonique et la grand-bailli de l'ordre de Malte. Toutes ces personnes avaient voix dans la diète de l'empire, ou par elles - mêmes, ou par des représentans les deux tiers avaient été supprimés; le tiers restant avait été dépouillé d'une partie de ses biens. ››

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