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dispositions militaires séparées; mais son armée ne parut sur les frontières de France que lorsque le parti de l'usurpateur fut renversé. Dans toute l'Europe, la Suède seule, qui avait pris une part honorable aux campagnes de 1813 et de 1814, ne participa point à la présente ligue, par différens motifs, et principalement parce qu'elle désirait un subside que l'Angleterre lui refusa.

Ainsi, le Congrès qu'un parti à la fois trompeur et trompé, représentait comme dissous ou incapable d'agir, cimentait, en peu de jours, une coalition universelle. Le traité du 25 mars imprima à tous les peuples, un mouvement rapide. Le plan de la campagne qui allait s'ouvrir, fut discuté dans un comité où se trouvaient le duc de Weilington et le prince de Schwartzemberg, et les autres généraux en chef. L'empereur de Russie et le roi de Prusse assistaient fréquemment aux séances de ce comité; et tout fut préparé avec autant de sagacité que de bonne intelligence, pour assurer un prompt succès.

LIVRE IX.

État de la Suisse.

SOMMAIRE.

Ses députés au Congrès; leurs instruc

tions. Accueil sévère d'Alexandre au député de Berne.

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Création d'un comité pour les affaires de la Suisse. Délibération. Opinion des plénipotentiaires composant le comité. Demandes du canton de Berne. Discours et mémoire de son député Zerleder. Opposition du député du canton de Vaud. Réclamation de Zug. Dis

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Cessions du roi de Sar

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cussion au sujet de Genève. daigne, en faveur de Genève. Réunion de la Valteline, de Chiavenne et de Bormio au Milanais. Réserve du plénipotentiaire français. Déclaration du cabinet autrichien à ce sujet. Réclamation des familles grisonnes dépouillées par la France. Déclaration du Congrès touchant la Suisse. Acceptation de cette déclaration par la

diète.

ON

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N a vu que, lors de l'entrée des alliés en Suisse, à la fin de 1813, l'acte de médiation de 1803 avait été annulé par la très-grande majorité des cantons, et que les plénipotentiaires des alliés avaient entamé à Zurich, avec les députés des dix-neuf cantons, une négociation

dont l'objet était de réorganiser la Suisse, et de la lier au système de l'Europe dont, jusqu'à ce jour, elle avait été isolée; car la neutralité de la Suisse n'était point garantie par les autres puissances. Les alliés s'étaient engagés à faire reconnaître, lors de la pacification générale, la neutralité perpétuelle de la nation helvétique, à lui faire restituer les pays que la France en avait détachés, et à fortifier même sa ligne de défense par des arrondissemens. Mais ces engagemens n'étaient obligatoires de la part des alliés, qu'autant que l'association helvétique offrirait à l'Europe, par son système fédératif et ses institutions cantonales, une garantie de sa tranquillité intérieure, ainsi que des moyens suffisans pour faire respecter sa neutralité. Cette première négociation ayant été conduite à sa fin, la plupart des cantons avaient signé, le 8 septembre 1814, un nouveau pacte fédéral; et tous, à l'exception de Berne, de Fribourg et du Valais, s'étaient empressés de terminer leur organisation particulière ou cantonale. La diète avait immédiatement nommé ses députés au Congrès. Le premier était M. de Reinhard, landamman de la Suisse, homme éclairé, sans passion, et recommandable par sa franchise et la pureté de ses intentions. Les deux autres députés étaient MM. Montmach et Viéland.

Leurs instructions leur enjoignaient principalement de demander, 1o l'intervention des puissances, pour que la Suisse fût reconnue dans son état présent de liberté et d'indépendance politiques: 2o de faire consacrer le principe de sa neutralité perpétuelle; 3° de solliciter la réintégration de la Suisse dans ses anciennes frontières, et qu'il y fût ajouté quelques améliorations. Pour ce qui concernait les questions qui agitaient l'intérieur du pays et les prétentions de canton à canton, les députés de la diète devaient fournir des renseignemens au Congrès, afin d'éclairer ses jugemens.

Il y avait encore à Vienne, des députations particulières de divers cantons, et nommément de Berne, de Saint-Gall, d'Argovie, du pays de Vaud, du Tésin, des Grisons et de Genève : elles remirent leurs lettres de créance, comme représentant des états indépendans, dont elles étaient chargées de défendre les intérêts.

La légation suisse reçut des monarques qui étaient à Vienne, un accueil honorable. Une véritable estime s'attacha toujours au nom de la nation suisse. C'est le prix mérité de la valeur, et d'une fidélité plus honorable encore. L'empereur Alexandre dit à la légation : « Qu'il n'avait cessé de porter un vif intérêt aux affaires de la Suisse; qu'il continuerait d'y donner son attention, et

qu'il aurait toujours près du corps helvétique un ministre chargé de veiller à tous les événemens et de consolider son existence politique; mais que dans la circonstance présente, il considérait toute la nation, et non aucune partie, ni aucune faction; qu'il apprenait avec peine qu'il y avait toujours en Suisse des inquiétudes et des troubles; que l'indépendance de la Suisse serait reconnue sans difficulté, mais qu'elle devait s'en rendre digne. »

Le député de Berne ayant voulu prendre la parole, l'empereur Alexandre le regardant avec sévérité, ne se montra point disposé à l'écouter. Ce prince avait été prévenu contre ce canton. La part que le cabinet de Pétersbourg prenait aux affaires de la Suisse, indiquait qu'il entendait participer désormais à tous les intérêts du continent. Ce vif. intérêt au sort des cantons était aussi, en partie, l'effet des démarches du colonel Laharpe, ancien instituteur d'Alexandre, qui était, à Vienne, député du canton de Vaud.

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L'article II secret du traité de Paris, portait, << que la France reconnaîtrait et garantirait conjointement avec les puissances alliées, et comme « elles, l'organisation politique que la Suisse se << donnerait sous les auspices desdites puissances «< alliées, et d'après les bases arrêtées entre

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