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à des acquisitions illimitées, et qui avait pris le nom fastueux de grand empire. Mais, après avoir réfléchi sur la cause de ses désastres, la France dut se consoler des restitutions exigées, puisqu'elles n'affectaient point intrinsèquement son système topographique qui reposait toujours sur d'excellentes positions, sur des chaînes de montagnes, de larges fleuves, les deux mers, et que des fortifications ajoutées à quelques villes, pouvaient remplacer les places perdues. Qui ignore qu'en peu d'années, Louis XIV créa une multitude de forteresses? La France à l'abri d'atteintes sérieuses, et d'invasions non provoquées, ne perdait que le triste honneur d'être la terreur de ses voisins, et le fléau des peuples paisibles. L'occupation de dix-huit places fortes par les troupes alliées, pendant cinq ans, afin d'affermir le pouvoir royal, n'avait rien d'humiliant pour la nation française, qui ne devait voir dans l'étranger, qu'un auxiliaire et un défenseur de l'ordre public. Quelle puissance de l'Europe n'a pas signé des traités désastreux? L'adversité dont la France recevait à son tour les leçons, n'avilit que les lâches, et ramène à la raison les peuples gâtés par la bonne fortune.

Il eût été à désirer que le système des contributions de guerre ou d'indemnités pécuniaires, dont on avait abusé sous le dernier gouverne

ment français (1), et qui avait tant aigri les nations vaincues, eût été plus mitigé, tandis que l'usage étendu qu'on en faisait dans ce moment, tendait à l'introduire indéfiniment dans le code des nations. Ces contributions excessives en prolongeant pour un tems indéterminé, les privations d'un peuple, lui sont souvent plus pénibles que la cession de quelques places fortes.

La contribution de sept cents millions jointe aux frais d'entretien de 150,000 hommes, pendant cinq années, et à des remboursemens de diverses natures, étaient une charge bien pesante. Néanmoins, animée non de ce patriotisme qui éclate en phrases sonores ou qui cherche à sé signaler par la ruine des autres peuples, mais se manifeste par de grands sacrifices, la France sut faire honneur à son immense dette. En voyant combien lui coûtaient les conquêtes de la révolution, elle put mieux apprécier la gloire paisible dont ses anciennes annales lui offrent de si beaux exemples. La réflexion eût dû la convaincre plus tôt, que le système d'invasion et la lutte constante avec l'Europe, devaient finir par quelque éclatante catastrophe, effet ordinaire

(1) On pourrait évaluer à plus de trois milliards, les contributions déguisées sous différens noms, que le gouvernement français leva sur différens peuples depuis 1792.

et mérité de l'abus de la puissance. La réconciliation entre les autres peuples et la France, n'eût pu être sincère, tant que l'Europe fût restée flétrie par des succès non compensés, au lieu que la réconciliation est désormais scellée par une balance de gloire et de revers. L'humiliation n'a plus de vengeance à rechercher; les affections se sont ranimées; la parole française a repris son antique réputation; et le cabinet des Tuileries pourra être encore médiateur pacifique, ou protecteur généreux.

Les grandes puissances alliées, l'Autriche, l'Angleterre, la Russie et la Prusse, conclurent entre elles, le même jour que celui de la signature de la paix avec la France, un traité de garantie qui, en confirmant ceux de Chaumont du 1er mars 1814, et de Vienne du 25 mars 1815, reconnaissait dans le préambule, « que le rétablissement de l'ordre en France et le repos de l'Europe étaient fondés sur le maintien de l'autorité royale et de la Charte constitutionnelle. >>

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Ce traité confirmait 1° l'exclusion à perpétuité du pouvoir supréme en France, à l'égard de Bonaparte et de sa famille.

2

Dans le cas où les troupes que les alliés devaient laisser en France, seraient attaquées, ou qu'elles seraient obligées d'entrer en guerre

contre la France, le contingent de chacune des quatre grandes puissances devrait être augmenté de 60,000 hommes.

3o Pour assurer l'exécution de ce traité, les hautes puissances contractantes convenaient de renouveler à des époques déterminées, soit sous les auspices immédiats des souverains, soit par leurs ministres respectifs, des réunions consacrées aux grands intérêts communs, et à l'examen des mesures qui, à chacune de ces époques, seraient jugées les plus salutaires pour le repos et la prospérité des peuples, et pour le maintien de la paix de l'Europe.

C'est ce dernier engagement pris entre les puissances, qui prépara les résolutions définitives dont nous allons parler, et qui servent de complément au Congrès de Vienne.

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LIVRE XIX.

SOMMAIRE.

Exécution des décisions du Congrès de Vienne. Traités divers entre l'Autriche, la Prusse et divers princes d'Allemagne. Ouverture de la nouvelle diète germanique. Traité au sujet de la succession de Parme. · Considérations sur la pragmatique de l'empereur d'Autriche au sujet du fils de Marie-Louise. - Convention entre les puissances alliées et la France Réunion d'Aix-la-Chapelle. Intimité des souverains. Convention concernant l'évacuation du terriAlliance de la France avec les quatre grandes puissances. Déclaration des souverains alliés. Observa

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toire français.

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tions. Recès de la commission territoriale de Francfort. Considérations sur le système conservateur.

LE Congrès de Vienne ne doit point être assimilé à plusieurs assemblées de ce genre qui n'offrirent que de stériles conférences, ou des discussions non terminées. Un des principaux caractères de ce Congrès est que la plupart des

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