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roit fouffrir un plus long retardement.

Nous entrerons donc ici dans la difcuffion de tout ce qui s'eft paffé de plus confiderable dans le cours de cette affaire, la plus importante qu'ait peut-être jamais eu l'Eglife de France. Nous donnerons une époque fixe à fon origine, un détail exact de fes progrès; & nous attendrons de l'autorité feule le dénoüement qu'il plaira à Dieu de lui donner.

Par fa fainte grace nous n'avons en vûë d'offenfer qui que ce foit. Nous fçavons qu'il en eft dans des places refpectables que le Parti nous oppofe comme des boucliers impénétrables; qu'il les prône comme fes Héros; qu'il les canonife fur fes Autels particuliers comme les Athanazes de notre fiécle, & qu'il les encenfe comme fes Idoles. Nous raporterons leur conduite; mais nous ne toucherons point à leurs perfonnes. Nous aimons mieux croire que, fi leur vigilance a été trompée, leur ame n'a pas été féduite; que fi leur Religion a été furprise, ils n'ont pas aperçu le piége; & que s'ils ont prêté leur nom à une fi mauvaife caufe, ils ne lui ont pas entiérement livré leur cœur.

Comment fe perfuader en effet que des perfonnes, prépofées pour veiller au bien de l'Eglife, ou de l'Etat, euffent pû fe réfoudre à fomenter la difcorde, fi la chaleur des difputes & l'aigreur des diffentions s'étoient d'abord préfentées à leur efprit avec des progrès fi déplorables? N'eft-il pas évident au contraire que fi elles avoient feulement entrevû l'abyme affreux qu'on creufoit fous leurs pieds, à la vûë des malheurs que leurs

Religion de l'incendie qu'ils alloient allumer dans le Royaume, des trophées qu'ils alloient ériger à un Parti fchifmatique, loin de concourir aux pernicieux deffeins de l'héréfie, ces mêmes perfonnes auroient été des plus zélées à faire evanoüir tous ces complots?

rer que

Nous ne leur imputerons pas même de n'avoir pas fait rentrer dans le devoir ceux qui paroiffoient n'agir que fous leurs ordres. Ce feroit ignorer l'efprit de Parti que de fe figules Chefs en font les Maîtres, & qu'ils peuvent forcer les autres d'avancer, ou de reculer felon leur gré. Nulle Faction ne dépendit jamais que de fon propre caprice. Il est vrai que ceux qu'elle place à fa tête, ont un nom pour commander. Mais il n'eft pas moins vrai qu'ils ont auffi un intérêt perfonnel de lui obéir. Hs n'en peuvent difpofer qu'autant qu'ils lui demeurent affervis ; & pour peu qu'ils s'en détachent, on voit les mêmes complots qui les avoient élevés, fe renoüer pour les abbâttre. C'eft, mes très-chers Freres, ce que vous pourrez remarquer en plus d'un endroit de cetté Hiftoire. Quand quelques Evêques oppofans font rentrez dans l'unité, c'est dans feurs anciens Adhérans qu'ils ont trouvé leurs plus cruels Ennemis.

Nous n'avons garde cependant, fous prétexte que nous écrivons une Hiftoire, de demeurer indécis fur le feul Parti qu'il y ait à prendre en genre de Religion. Il n'eft jamais permis d'êtré neutre en matiere de foi; & il vous fera aifé de reconnoître ici cet ancien attachement que nous avons toûjours eû pour la Bulle Unigenitus. On évite la partialité lorf

qu'on raporte fidélement les démarches des uns & des autres, fans chercher ni à groffir leurs fautes, ni à déguiser leurs vertus. Si les Refractaires fe plaignoient de Nous à cet égard, nous fommes en état de leur démontrer que par ménagement nous n'avons pas tout dit ; & s'ils défirent les piéces juftificatives de tout ce que nous avançons dans cet Ouvrage, nous fommes en état d'en former un Recueil qui aura de quoi les fatisfaire. Enfin nous avons la confolation de ne vous présenter cette Hiftoire qu'après l'avoir retouchée fur les Obfervations qu'on y a fait à la Cour même, & file cas le requeroit nous les produirions fans peine, afin de prouver la fidélité avec laquelle nous avons taché de les fuivre.

Aprenez-donc ici, mes très-chers Freres, combien on a voulu vous impofer, & furprendre votre Religion dans toutes les Apologies que le Parti a publié pour colorer fa conduite, & profitez de cette connoiffance pour vous affermir toûjours plus dans la Foi. Donné à Lurs, dans notre Palais Epifcopalle 18. Novembre 1736.

PIERRE-FRANCOIS, Evêque de Sifteron.

Par Monfeigneur,

J. DAVID, Prêtre Secretaire,

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DU PREMIER LIVRE.

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Anfenius étudie avec l'Abbé de S. Cyran qui lui infpire fes erreurs. Quel étoit le plan de leur Doctrine? Janfenius compofe un Ouvrage ou il l'explique. Il fe foûmet au Saint Siége, & il meurt. Son Livre eft imprimé après sa mort & condamné à Rome par trois Papes confécutifs. Alexandre VII. dreffe un Formulaire contre les erreurs de Janfenius. Le Roy l'autorife par une Déclaration. Quatre Evêques de France refufent de le figner. On ordonne leur procès, & ils feignent de fe foumettre. Le P. Quênel écrit des réfléxions Morales où il rétablit tout le fiftême de Janfenius. M. le Cardinal de Noailles les aprouve, Quelques Evêques les con damnent. Rome les profcrit auffi par un Bref qui n'eft pas reçu dans le Royaume. D'autres Evêques en dévoilent le venin. M. le Cardinal de Noailles s'élève contre ces derniers. Mgr. le Dauphin s'employe inutilement à fléchir M. le Cardinal de Noailles. Ce Prince compose un Mémoire, où il réprésente les Janfeniftes comme formant une Cabale des plus unies. Le Roy revoque le Privilege qu'il avoit autrefois accordé pour l'impreffion des Réfléxions Morales. Il demande au Pape une Bulle pour les condamner. M. le Cardinal de Noailles promet de s'y foumettre. Les Partifans de quênel remuënt à Rome pour empêcher la condamnation de fon Livre. Le Pape le flétrit par une Bulle. M. le Cardinal de Noailles condamne les Réfléxions morales; mais dans une Affemblée d'Evêques il s'opofe à la Bulle avec buit Prélats de fon Parti. Quarante autres Evêques la reçoivent dans la même Affemblée. Ils dreffent une Inftruction Paftorale, & le Pape leur témoigne fa fatisfaction..

S

HISTOIRE

DE LA

CONSTITUTION

UNIGENITUS.

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1

LIVRE PREMIER.

Ly a près d'un fiécle que Janfe-
nius occafionna par fes § Ecrits
tous les troubles dont l'Eglife de
France eft agitée. Il nâquit en 1585.
Hollande dans le Village d'Ac-

koy, & il fit fes études de Théologie dans 1602.
l'Univerfité de Louvain. Son malheur fut d'y & fuiv.
trouver deux efprits dangereux qui faifirent fa
confiance, & qui lui infpirerent l'amour de la
nouveauté. L'un étoit fon Profeffeur, Doc-
teur Flamand, nommé Janfon; l'autre un
Ecclefiaftique de Bayonne, appellé Du Ver-
ger de Hauranne.

L'entêtement de ces deux hommes étoit au raport de Janfenius même, qu'avant S. Au

§ Imprimés pour la premiere fois en 1640. Janf. de rat. & aut. c. 30.

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