Page images
PDF
EPUB

rapporté, d'après la déclaration même de celle Dame).

Entraîné par ces réflexions générales, je demande instamment à l'Assemblée Natio nale de vouloir bien se faire rendre compte des démarches inutiles faites jusqu'à présent par son Comité des Finances, pour obtenir une explication sur une prétendue réticence de 600 millions, aperçue dans mes comptes; car l'offre d'en donner la preuve, quoique faite par une personne inconnue, a fixé l'attention du Public, du moment où une pareille offre a été acceptée par l'Assemblée Nationale. Je vous prie encore, Messieurs, d'exiger du Comité qu'il porte cette affaire à son dernier terme; car il seroit disposé, je le crois, à se contenter de réponses vagues et déclinatoires, tant il sait bien qu'à la suite de ses travaux et de ses recherches, il est plus en état que personne de decouvrir mes fantes de calcul, s'il en existe réellement.

"

[ocr errors]

Que n'est-il possible de soumettre également à un examen toutes les assertions calomnieuses, répandues avec profusion dans les infames libelles dont, jusqu'à ces de:niers temps, j'avois ignoré l'horrible puissance! »

[ocr errors]

Je me trouve, je l'avoue, et chaque jour davantage, péniblement attristé, et puisque, par le cours de vos délibérations, je suis maintenant inutile à la chose publique, et que mes forces s'affaisent sous le travail, les inquiétudes et les épreuves de tout genre, j'aspire à trouver le repos, et à m'eloigner pour toujours du monde et des affaires. Je desire donc avec ardeur de connoître promp→ tement, si, d'aucune part, on a quelque reproche à me faire; si le Comité des Fi

nances en particulier, occupé de l'examen du compte que vous m'avez demandé, y trouve quelque chose à reprendre; et certain que je suis de ne m'être jamais distrait un moment du bien public et de la rigide observation de mes devoirs, je ne crains point d'être appelé à toutes les preuves que les Représentans de la Nation jugeront néces

[merged small][ocr errors][merged small]

M. Vernier, du Comité des Finances, a fait un Rapport sur le dernier Mémoire de M. Necker; Rapport dont nous ne découvrons d'autre but déterminé que celui de rassurer -les Peuples sur les besoins publics, et de justifier M. Necker des imputations dirigées contre la comptabilité de ce Ministre.

M. Fernier a donc assuré qu'avant la convocation de l'Assemblée, les impositions annuelles montoient à 750 millions, sans y comprendre le logement des gens de guerre, l'impôt occasionnel de la contrebande, qu'il estime à 6 millions, les frais incalculables d'un recouvrement auquel on employoit 200 mille hommes, plus chers que l'Armée de terre; que malgré cette perception, le Trésor public éprouvoit chaque année un déficit de 50 millions. Il a ajouté que, malgré la dette viagère contractée pour solder le Clergé dépouillé, malgré le remboursement des Offices et le payement des nouveaux Officiers de Justice, l'état en général se trouvera soulagé d'environ 200 millions. Il porte les retards éprouvés par la Ferme générale à 15 millions pour 1789, à 25 millions pour 1790; le déficit sur la Ferme du tabac, les entrées de Paris et du Plat-pays, à 2,500,000 liv. L'impôt pour le remplacement de la Ga

belle, des droits sur les cuirs et autres, n'est pas même réparti, ni par conséquent susceptible de perception. La Contribution Patriotique n'est pas encore rentrée. Le Dé cret qui accorde deux millions pour la mendicité, nécessite l'émission de nouveaux fonds... En général, la situation n'est pas si alarmante qu'on l'a pensé : il ne s'agit que de suppléer, par des avances, un peu chères à la vérité, à des payemens retardés.

[ocr errors]

Le Rapporteur a rendu justice à l'intégrité de M. Necker, et l'a déclaré inexpugnable sur l'article de la comptabilité. On ne peut, suivant M. Vernier, faire à ce Ministre d'autre reproche (il mérite d'être remarqué), que d'avoir voulu se conduire par l'expérience, au lieu de s'élever à la hauteur des conceptions nouvelles de l'Assemblée. Un individu nommé M. Colmar, avoit pris, à la face du Corps Législatif, l'engagement de prouver une réticence de 600 millions de la part de M. Necker: on a invité ce Particulier à fournir ses preuves et à se rendre au Comité; il n'a point répondu.

Tout flatteur qu'étoit ce Rapport, on lui a disputé l'honneur de l'impression. Un Membre a nié que la somme des charges publiques ne s'élevât à l'avenir qu'à 540 millions, et a regardé comme très-dangereux, de présenter ainsi publiquement des espérances hypothétiques. M. Camus s'est également opposé, par d'autres motifs, à l'impression du Rapport: on est universellement convenu de la différer, en passant à l'ordre du jour, c'est-à-dire, à l'Organisation Militaire.

Le Ministre de la Guerre, le Comité, et d'a

près eux, M. de Noailles, avoient adopté le systême d'incorporation, soit le doublement et le tiercement des régimens. M. de Sinetti,et après lui, M. du Châtelet, ont combattu ce Projet. Le dernier de ces deux Opinans a développé avec sagacité toutes les raisons qui militoient contre cette nouveauté, l'expérience, l'utilité de ne pas rendre trop considérables des Corps qu'on est souvent appelé à envoyer dans les Colonies, et qu'il faudroit morcele, le danger effrayant de semer le trouble dans l'Armee, et enfin les circonstances qui rendroient aujourd'hui cette discorde, extrê mement funeste. M. de Broglie a répliqué sans succès à M. du Châtelet, dont la longue expérience l'a emporté sur la jeunesse de son Contradicteur. Il a été décrété que les incorporations n'auroient pas lieu.

La Séance a été terminée par la lecture d'un envoi de M. de Montmorin, dont nous avons rapporté l'objet la semaine dernière : il renfermoit une Lettre de M. l'Ambassadeur d'Espagne à ce Ministre, en date du 7 Juin, une Lettre de M. Firtz-Herbert à M. le Comte de Florida-Blanca, concernant les demandes de la Cour de Londres, et la Réponse du Cabinet de Madrid. Ces différentes Pieces ont été renvoyées au Comité Diplomatique: elles perdent leur intérêt depuis l'accommodement des deux Cours de Madrid et de Saint-James; mais il importe de recueillir le dernier paragraphe de la lettre de M. l'Ambassadeur d'Espagne à M. de

Montmorin.

་་

Elle me charge d'ajouter encore que, dit M. le Comte de Fernand-Nugnez, l'état actuel de cette affaire imprévue exige une détermination

si

détermination très-prompte, et que les mesures que la Cour de France prendra pour venir à son secours, soient si actives claires, et si positives, qu'elles évitent jusqu'aa moindre sujet de méfiance; autrement, Sa Majesté Très-Chrétienne ne devra pas être surprise que l'Espagne cherche d'autres amis et d'autres alliés parmi toutes les Puissances de l'Europe, sans en excepter aucune de celles avec qui elle puisse compter toujours en cas de besoin. Le lien du sang et l'amitié personnelle qui unit nos deux Souverains, et sur-tout les intérêts réciproques qui existent entre les deux Nations unies par la nature, seront toujours ménagés dans tout arrangement nouveau, autant que les circonstances pourront le permettre. s.

DU LUNDI. SÉANCE DU SOIK.

Elle étoit réservée à M. Dubois de Crancé, qui, Dimanche, la demanda par extraordinaire, et pour dénoncer des Ecrits coupables. On avoit imbu le Public que l'atmosphère étincelleroit d'éclairs et de foudres : il n'a été que brûlant; s'il se refroidit quelquefois, ce n'est pas lorsque l'Esprit de parti se trouve exalté par l'objet même de la délibération.

Plusieurs incidens ont préparé les dispositions générales, avant que M. de Crancé eût abordé la Tribune. Et d'abord on a fait lecture d'une Lettre écrite à l'Assemblée par M. de Moustier, Ministre de Frauce auprès des Etats-Unis. Il dénonce la Compagnie du Scioto, comme excitant des émigrations en Amérique, par des promesses trompeuses qui compromettent la fortune des Citoyens et la population du Royaume. F

No. 33. 14 Août 1790.

« PreviousContinue »