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voiles, a profité d'un ouragan pour se tirer de la position embarrassante où elle étoit engagée; le 5, elle se trouvoit devant le poit de Sweaborg, et manoeuvroit pour y entrer. L'escadre Russe qui l'avoit poursuivie, n'en étoit éloignée que de 2 lieues.

Si les Suédois n'ont pu gagner Sweaborg, il est probable que le Duc de Sudermanie aura essuyé un nouveau combat: quelques avis de mer l'annoncent déja, et font perdre à ce Prince plusieurs vaisseaux de ligne'; mais des nouvelles plus authentiques nous feront seules discerner l'exagération de la vérité. On doit même suspecter encore une partie des détails racontés par le Patron Danois, qui fait monter à 100 galères détruites ou prises la perte des Suédois. On re sait encore rien de très-certain sur le sort du Roi, que diverses lettres néanmoins s'accordent à dire sain et sauf: il est vraisemblable, en effet, que ce Prince aura passé sur la grande flotte, pour se soustraire au péril que couroit sa flotille. Comptant sur son courage, encore plus que sur la prudence, et voulant compenser la médiocrité de ses forces par la hardiesse de ses entreprises, ce Monarque, aussi téméraire que Charles XII,a préféré de courir les aventures hasardées, à suivre un plan de campagne réfléchi. Il s'est renfermé dans le golfe de Wibourg, pour effrayer les femmes de Pétersbourg, comme s'il n'avoit eu pas un Ennemi en

mer. Bientôt les Busses ont rassemblé leurs forces, et les Suédois ont été cloués dans le golfe, entre une côte ennemie et une flotte supérieure. Les vivres leur ont manqué; il a fallu sortir du défilé : la houle qui favorisoit la sortie de la grande escadre, a causé, à ce qu'on croit, la ruine des galères. Cet événement en raîneroit, non-seulement une perte immense d'hommes et de bâtimens, mais, de plus, il seroit irrémédiable. Les opérations de terre en Finlande ne pouroient plus être soutenues, ni la flotte Suédoise tenir la mer sans danger : les ports de la Suède et Stockholm en particulier, resteroient à découvert, et nous ne sommes qu'au milieu de la saison. Il faut convenir que les Russes ont mérité cet avantage par leur habileté à profiter des fautes de leurs Ennemis.、

P, S. Nous venons de recevoir nos lettres de Stockholm, du 17: elles contiennent des éclaircissemens authentiques qui détruisent la plus grande partie de la relation Danoise, et y ajoutent celle d'une action postérieure qui a dissipé toutes les craintes. Quant au combat livré à la sortie du golfe de Biorko, le récit officiel publié le 13 à Stockholm, annonce ce qui suit :

"Par le Courrier arrivé hier de Finlande, nous avons reçu la nouvelle fâcheuse que, dans un combat qui s'est engagé la nuit da

3 au 4 Juillet entre la grande flotte sous les ordies du Duc de Sudermanie et celle des Russes, la nôtre a beaucoup souffert, et qu'un vent défavorable, encore plus que le canon de l'Ennemi, nous a fait perdre plusieurs vaisseaux; on porte leur nombre à 8 ou 10, mais dont il n'a été pris par l'Ennemi qu'un seul vaisseau de ligne et une frégate; les autres ont échoué sur les bas fonds et sur les rochers, où on les a brúlés, après en avoir retiré les équipages: 14 vaisseaux de ligne et les frégates sont déja rentrés dans le port de Soraborg; plusieurs autres vaisseaux et bâ-. timens y sont attendus. Le Duc de Sudermani a été légèrement blessé à l'épaule. Nous attendons avec impatience les détails de cette affaire, ainsi que des nouvelles ultérieures du Roi, avec la flotte légère qui a peu souffert; il s'est retiré à Swensksund, où il est arrivé le 4 au soir.

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Les alarmes qu'avoit inspiré ce premier engagement, ont été détruites par le Baron de Stiernbald, Aide-de-camp du Roi, parti le 10 de Swensksund, et qui, le 16, a remis à la Reine les nouvelles suivantes :

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Apres la retraite de Wibourg, notre flotte légère a été attaquée à Swensksund, par le Prince de Nassau, le 9 de ce mois, à 10 heures du matin. Le combat a duré 24 h. La vivacité du feu ne s'est rallentie que depuis minuit, jusqu'à deux heures, à cause de l'obscurité. Le lendemain, vers les ro heures, la victoire s'est entierement décidée pour nous. L'Ennemi battu a pris la fuite dans le plus grand désordre. Le Roi conmandoit en personne, ayant sous lui le Lieutenant-Colonel de

Cronstedt. Notre perte ne consiste qu'en un Udemas-Fergebor, avec deux chaloupes canonnières qui ont été coulées à fond. On a cependant sauvé les équipages. Le nombre des Officiers et des Soldats tués n'est pas considérable. En attendant les détails de cette affaire importante, nous donnons ici un état des navires Russes, pris ou coulés à fond'. d'après la relation signée par M. de Cronstedt à Swensksund, le 10 de ce mois. "

Cet état nominatif porte 44 bâtimens Russes pris, ou perdus, savoir; 15 frégates de 34 canons, dont 3 prises, et 2 coulées à fond; 15 galeres de 18 et 15 canons, dont 10 prises, 3 échouées sur les bas fonds, et 2 coulées à fond.

Trois chébecs de 18 canons, pris.

Neuf galiotes de 9 canons, dont six prises, deux échouées, une brûlée.

Deux batteries flottantes ; une prise, l'autre échouée.

Quatre cutters pris.

Quatre chaloupes canonnières échouées. Outre ces bâtimens, on a enlevé quatre étendards, dont deux du Régiment de Kexholm, 110 Officiers prisonniers, parmi lesquels le Brigadier de Denischew le Capitaine de pavillon du Prince de Nassau, et 2000 Soldats ou Matelots.

Une autre lettre de Stockholm, en date du 14, confirme les détails précédens, et ajoute ce qui suit sur l'affaire du 3 au 4. Un bon vent d'Est s'étant élevé le 3, Duc de Sudermanie en profita pour s'ouvrir un passage à travers de l'escadre ennemie ; il l'effectua, mais avec perte des vaisseaux

"

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suivans: l'Enighet, vaisseau de ligne, sauté; la Justice et la Sophi -slagdeleine, idem, pris; la Finlande, la Louise Ulrique, l'Oemhet et l'Hedvige-Charlotte, échoués et brûlés : en tout, 7 vaisseaux de ligne. Les frégates perdues sont, la Zémire sautée, le Jaroslaw pris, et Uplande échouée. On varie dans l'évaluation du nombre des Soldats et Matelots pris ou péris.

De Berlin, le 23 Juillet.

La grande Armée, sous les ordres immédiats du Roi, est repartie en deux divisions, dont l'une est commandée par le Général de Mollendorf. Le Corps sous les ordres du Duc Frédéric de Brunswick est cantonné entre Sagan et Nauenbourg sur le Bober; l'avant-garde est avancée jusqu'au delà de Sprottau. L'armée de la basse Silésie a aussi pris ses cantonnemens. Les Gens d'armes sont à Zislau; la plus grande partie des Régimens qui composent la garnison de cette Capitale, sont à quatre milles des frontières de Bohême. Les Hussards d'Eben sont à Fiedland.

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Telles sont les dispositions topogra fiques du moment elles prouvent que · rien encore n'est définitivement arrêté au Congrès de Reichenbach. - Aux articles que nous avons rapportés antéricurement, et sur lesquels on présumoit les Plénipotentiaires d'accord, on ajoute d'autres préliminaires. La Cour

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