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lui répond qu'on n'a pas besoin de lui. Le Peuple crioit: Vive le Roi! à bas la Nation! à bus les Cocardes! Le Régiment de Languedoc n'est venu que deux heures et demie apres la scène. Il est faux qu'il ait été tiré des coups de fusils du Corps-de-Garde; les blessures légères qu'ont eues quelques personnes du Peuple, viennent de la foule et de la mal-adresse de plusieurs à manier les

armes.

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Le Lecteur a fini par déclarer que, sûrs de leur innocence, les Patriotes ne craindroient pas de se constituer prisonniers sous la sauve-garde de la Loi.

Les applaudissemens tumultueux des Galeries qui frappoient des mains, des pieds, des cannes, et l'approbation éclatante que le côté gauche a donné à ce Discours, ont dispensé l'Orateur et ses Collègues de cette formalité. Quoiqu'ils n'eussent apporté aucune preuve quelconque de leurs assertions, ni justifié d'une seule Piece authentique à leur appui, le Procès a été considéré comme instruit de reste. MM. Feydel, de Virieu, la Chèze et Maury étoient inscrits par le Président pour parler sur le Décret du Comité; on leur a constamment fermé la bouche.

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M. Malouet cependant, a élevé une Motion incidente. La gravité des faits qu'on vient d'imputer sans preuve à la Municipalité de Montauban, a-t-il dit, et l'acquiescement que leur silence forcé paroîtroit

donner, me déterminent à demander que les Officiers Municipaux soient de nouveau appelés et interrogés sur les faits principaux dont on les charge, et qu'ils désavouent. »

Je demande la question préalable s'est

écrié M. Charles de Lameth. Puis monfant à Ja Tribune: « Ce que nous avons à faire est extrêmement facile; élaguons tout ce qui n'est pas de notre ressort. Nous pouvons prononcer; mais nous ne devons pas examiner les détails de cette affaire. L'information. doit être faite par des Juges; c'est à nous à les désigner, et à suspendre les Officiers Municipaux de leurs fonctions. Depuis Bordeaux jusqu'à Dunkerque, depuis Dunkerque jusqu'à Perpignan, la clameur publique vous denonce les Officiers Municipaux de Montauban, et vous indique le jugement qu'il faut prononcer. Il seroit honteux pour nous de nous amuser à discuter ; je demande que l'Assemblée prononce sur le champ.

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Je demande moi, a repliqué M. de Cazalès, comment l'Acte qui prononce qu'il y a lieu à un jugement, ne seroit pas un jugement? comment ce n'est pas un jugement que de suspendre une Municipalité de ses fonctions? Si vous ne voulez rendre les Officiers publics victimes du premier dénonciateur, pouvezvous prononcer une pareille suspension, sans prendre connoissance de l'affaire? J'adinire l'étrange jurisprudence du Préopinant! l'Assmblée, selon lui, doit juger sur la clameur publique. Ce principe mérite d'être mis en parallèle avec celui qu'il avança l'autre jour, que les Officiers Municipaux de Montauban devoient être jugés dans le sens de la Révolution. Les préventions les plus fortes se sont manifestees jusque dans le sein de cette Assemblée. Le public y a applaudi avec la plus grande indécence, apphudissemens qui portent le caractère de la férocite, lorsqu'ils sont dirigés contre des personnes qui se trouvent sous le glaive de la

loi. Quand l'opinion publique a dicté d'a-Vance votre jugement, il est de votre devoir, comme il est d'usage dans tous les tribunaux équitables, de différer pour donner aux passions le temps de se caliner, et aux préventions trop violentes le temps de se dissiper. (On crie à l'ordre, aux voix.)

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«Je demande que ceux qui crient, as ancent quelque chose de raisonnable, de juste, d'humain, en me contredisant. « Pas une seule famille n'a été exilée de Montauban, comme le Comité des Rapports l'a prétendu. Quelques individus en sont partis volontairement, pour attirer de nouvelles calamités sur leur malheureuse Patrie, pour venir ici intriguer contre la Municipalité. "

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Je suis Citoyen de Montauban : c'est pour ma Patrie que j'implore la justice de l'Assemblée. Les Officiers Municipaux sont l'ouvrage du Peuple qui les a choisis; ils jouissent de son estime. Voulez-vous, par l'effet d'une injuste prévention, les enlever à sa confiance? faut-il que des torrens de sang suivent cette erreur? faut-il que cette Ville disparoisse de dessus la surface de la terre? Je conclus à l'ajournement, et je demande que les Membres de la Garde Nationale de Montauban soient tenus de remettre leur diseours sur le Bureau, et de fournir les preuves des faits qu'ils ont avancés. Je demande au surplus que l'Assemblée prenne connoissance de la procédure commencée à Montauban. M. le Garde-desSceaux en a l'Extrait. Voilà où sont déposés la seule instruction, les témoignages et les preuves. Je finis par un fait qui vous prouvera la nécessité d'un ajournement et la crainte des Coupables. »

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M. Frydel, Député du Quercy, sortoit Jeudi soir de cette salle, portant les pièces de ce te procédure sous le bras. Huit hommes s'approchèrent de lui, en se disant tout bas: Il faut les lui enlever, en attendant que nous puissions mieux faire.. M. Feydel précipita sa marche; mais ils suivirent tous ses mouvemens, et ne le quittèrent que lorsqu'ils le virent escorté de deux autres Députés, et d'un Grenadier qu'il rencontra. "

Ce récit, certifié par M. Feydel lui-même, et par MM. de Marinais et Darget témoins, sembloit donner lieu à de sérieuses réflexions: mais M. Barnave les étouffa; il s'empressa d'écarter l'attention de cet attentat non exécuté, et quoi qu'on eût refusé la parole à ceux qui étoient inscrits pour la prendre, il la prit pour plaider contre la Municipalité de Montauban et pour rassembler les charges; à la sixieme on perdit patience, et on lui demanda les preuves.

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( Aux voix ! aux voix ! s'écria le côté gauche. Aux preuves reprit M. d'Epresménil). A ces mots, la majorité se levant à la fis, força le Président de prononcer, qu'il n'y avoit pas lieu à délibérer sur la Motion de M. Malouet, ni sur l'ajournement.

Ces Motions incidentes étant ainsi jugées, le President alloit ouvrir la discussion sur le fond de la question, restée intacte; les cris recommencèrent: M. Charles de Lameth t décider préalablement que la discussion étoit ferinée, avant d'avoir commencé. Privés de l'audience, les Officiers Municipaux de Mon1auban envoyèrent la déclaration suivante au Président :

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Nous Maire, Officier Municipal et Procureur de la Commune de la Ville de Mon

tauban, supplions M. le Président de l'Assemblee Nationale de vouloir bien lui faire part du déŝaveu formel que nous faisons des faits avancés contre nous à la Barre, par nos adversaires, et du defi que nous leur donnons d'en produire aucune preuve legale." A Paris, le 26 Juillet, à 11 heures moins un quart du soir. CIEURac, Maire; MIALARET, LADE Procureur de la Com

mune.

La lecture de cette déclaration, leș instances de M. l'Abbé Maury, les réclamations, tout fut inutile. L'ajournement, l'information, l'audience, les amendemens, la discussion même, furent rejetés par la quastion préalable, et le Décret du Comité des Rapports converti en Décret de l'Assemblée. La plupart des Membres de la Minorité refuserent de délibérer: M. de Virieu s'avança vers le Bureau, et dit : « Ne voulant point participer à une marche aussi oppressive, « je déclare que je ne veux pas autoriser par ma présence le Décret qui va prévaพ loir.

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Le Régiment de Languedoc paroissant` fire dévoué au Peuple de Montauban, on décida de l'éloigner de cette Ville, par une des dispositions de l'Arrêt que voici:

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L'Assemblée Nationale, après avoir entendu son Comité des Rapports, déclare que l'information commencée devant le Juge de Montauban, relativement à l'événement ar rivé dans cette Ville, le 10 Mai dernier, demeure comme non-avenue ;

"

Ordonne que son Président, se retirera pardevers le Roi, pour supplier Sa Majesté de donner des ordres, pour que l'ancienne Garde Nationale Montalbanoise soit rétablie dans le

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