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qu'il espère s'ouvrir lui-même pour rentrer avec gloire. dans le royaume.

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BANNES, près du camp de JALES. Il a paru un manifeste, au nom de cinquante mille françois rebelles. qui déclarent la constitution nulle. Ce manifeste blasphématoire est une pièce supposée. Il a pau, en même temps, et dans le même pays, une lettre des protestans, par laquelle ils défient au combat tous les catholiques de leur canton. Cette lettre fanfaronne est une pièce supposée encore. De toute part on élève des épouvantails pour faire peur aux gens simples. On diroit que la constitution ressemble à ces lorteresses où se réfugioient les héros et les héroïnes dest siècles passés, et qui étoient attaquées sans cesse, ou par des géants toujours pourfendus, ou par des magiciens toujours enchaînés.

BEFORT. Les troupes en garnison dans cette citadelie, ont donné une alarme mieux fondée. Les soldats, excités par des mal-intentionnés, à ce que mandent les uns, ou échauffés par le vin, à ce que mandent les autres, ont quitté leurs casernes, forcé les maisons, maltraité les citoyens. L'assemblée nationale a pris des mesures pour faire châtier les coupables, dont on a fort exagéré les désordres, mais qui seroient toujours punissables, quand ils n'auroient blessé que la discipline, ou versé qu'une seule goutte de sang humain. L'assemblée nationale, à qui l'on a rendu compte de ce nouveau désordre a décidé M. Latour colonel, du régiment Royal-Liégeois, et accusé d'être le moteur du trouble, sera amené, ainsi que les principaux coupables, à Paris et conduit dans les prisons de l'Abbaye, pour être jugé.

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que

NANCY. On a célébré avec une grande pompe les funérailles d'un jeune officier, nommé DESILLES, mort des blessures qu'il avoit reçues le jour où les gardes-nationales de Metz défirent le régiment de Châicau-Vieux. Il étoit officier du régiment du Roi. Voyant ses soldats prêts à tirer le canon contre les gardes-nationales, il se jette hardiment à la bouche du canon l'embrasse, le couvre de son corps, et dans cette attituds héroïque il exhorte les siens à rentrer dans le

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devoir. Ces insensés deviennent plus furieux à l'aspect de sa noble résistance, et les plus féroces d'entre eux lui tirent des coups de fusils, qui le renversent à demi mort. Le canon part aussitôt et le boulet roule pardessus sa tête, sans la toucher. L'assemblée nationale lui avoit décerné une couronne civique. Il vient d'expirer au milieu de son triomphe. C'est pourquoi la même assemblée vient d'adresser aux parens du héros des témoignages de douleur et d'estime. La ville de Nancy, de son côté, a offert à cette famille des lettres de citoyen. Désormais tout particulier qui. aura fait une belle action, aura une place, non pás dans une gazette de cour, mais dans l'histoire des François.

BREST. La subordination est enfin rétablie dans l'escadre, et jusqu'au moindre matelot, tous ont reconnu la loi. Après avoir corrigé les mutins, l'assemblée va corriger l'article du code pénal qui les avoit révoltés si fort. Le matelot françois mérite d'être conservé avec soin et traité avec indulgence. Sa condition est si pénible, sa vie si exposée, et son salaire si modique !

MELUN. Dans une assemblée primaire, tenue ces jours passés, on faisoit l'appel nominal des citoyens actifs. Le président de la section nommoit chaque sitoyen, un peu riche, MONSIEUR, et les autres, par leur nom tout court. Il appela ainsi sans respect un jeune vigneron. Je vous y attendois, s'écria celui-ci : pourquoi, monsieur, distinguez-vous les citoyens ? pourquoi ne m'appelez-vous pas MONSIEUR, tout comme vous avez appelé mon voisin ? Avez-vous oublié la politesse nouvelle de l'égalité? Souvenezvous, monsieur, que chacun de nous est monsieur ou que personne ne l'est. Le président sourit et se corrigea.

PARIS. L'assemblée nationale continue à établir avec mesure les impôts directs et indirects. Elle apporte à ce grand travail une combinaison suprême, sachant fort bien que le trésor public doit puiser dans tous les trésors particuliers, sans en épargner, ni en appau

vrir aucun.

Le roi, ayant accepté la démission de M. de la Luzerne! a nommé, au ministère vacant de la marine, M. de Fleurieu, estimé par des voyages et des observations maritimes, et un de ceux qui ont présidé à l'établissement du nouveau port de Cherbourg,

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Découvertes.

Un mécanicien, auteur d'ingénieuses machines, vient de présenter à l'assemblée nationale plusieurs nouveautés de son invention. La première est un levier, un instrument par le moyen duquel un enfant de quinze ans pourra élever seul, du fond des carrières, une masse de pierre, pesant cinq quintaux. La seconde, est un autre levier, avec lequel un seul homme pourra transporter sur un vaisseau les canons du plus fort calibre. La troisième est un mastic qui, loin de se dissoudre, se durcira dans l'eau, et fera corps avec les matières qu'il joindra ensemble. La quatrième est un enduit qui dispensera de tous les frais qu'il en coûte pour CARENER et CALFEU TRER les navires, c'est-à-dire, pour raccommoder et garantir cette partie du navire qui est enfoncée dans l'eau.

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L'assemblée nationale autorise M. Brulée à ouvrir, ses frais, ainsi qu'il le propose, un canal, qui commencera à la rivière de Beuvronne, au-dessus de Paris, se divisera en deux branches, dont l'une, traversant Paris, tombera dans la Seine, et l'autre, passant par SaintDenis, et se subdivisant en deux nouvelles branches, se rendra, moitié dans la Seine, près de Conflans, moitié dans l'Oise, près de Pontoise ; de sorte que le trajet de Paris à Pontoise, qui consommoit huit jours, se fera

dans un jour seul. En abrégeant le chemin du commerce de canal va tanimer tous ces cantons; car la prompte et libre circulation des denrées vivifie un pays comme celle du sang vivifie nos corps. Beaucoup d'ou vriers sans ouvrage vont être employés à celui-ci, qui en préparant la richesse à venir, soulagera la misère pré

sente.

On s'abonne à Paris, chez DESENNE, Libraire au Palais-Royal; et en province, chez les principaux Libraires et chez les Directeurs de la Poste, pour 7 liv. 4. §. par an; l'abonnement ne peut être moins d'une année. On prévient les Souscripteurs qu'il faut affranchir les Lettres et le port de l'argent; et on les prie de vouloir bien circonstancier l'adresse de chaque Village, pour éviter la ressemblance des noms.

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5.1..

MESSIEURS les Souscripteurs qui auront des réclamations à faire, sont priés d'indiquer avec précision le nu méo qui se trouve sur leur adresse.

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ANNÉE

DE LA

FEUILLE VILLAGEOISE.

SEPTIEME SEMAINE.

Feudi 11 Novembre 1799.

Suite de la Géographie universelle.

Nous avons dit un mot des radotages du Mercure de France, qui, pour flagorner bassement l'orgueil des ci-devant Nobles, voudroit que l'on interdît toute connoissance aux Villageois. Il prétend que nous n'enseignons la Géographie que pour apprendre que Paris est la capitale de la France. Nous avons donné la liste des capitales de l'Europe: devions-nous effacer Paris de cette liste? Honni de tous les Citoyens de cette Ville, le Nouvelliste du Mercure voudroit pouvoir la faire disparoître jusques sur la carte. Il voudroit faire pis encore aux Villages. Les Barbares du Nord crevoient les yeux à leurs esclaves afin de les dominer, de les tyranniser sans péril. Le Nouvelliste du Mercure arracheroit volontiers les yeux aux gens de la Campagne qui commencent à les ouvrir. Enfin il ne veut pas souffrir qu'un villageois connoisse rien, au-delà de sa charrue et de son clocher.

Sans répondre désormais à de telles pauvretés, nous continuerons de donner des notices claires et précises des quatre parties du Monde. En qualité de François, le citoyen des champs doit connoître

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