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Sahabe, l'établissement d'un certain nombre de chenaux drainant les eaux du marais abaisserait immédiatement le niveau de celles-ci et les terrains marécageux, traversés de fossés et bordés de digues, pourraient alors être peu à peu conquis par la culture. C'est dire que la région, si faiblement peuplée à l'heure actuelle, pourrait nourrir un nombre d'habitants bien plus considérable et son développement agricole prendre une extension qui en ferait une des régions les plus riches de l'Ile.

Le rendement des terrains mis en culture est faible. Cela tient à la mauvaise méthode de travail des indigènes. Ils se contentent, après avoir inondé leur rizière, de la faire piétiner par les boeufs et d'y semer le riz à la volée. Le riz, et avec lui beaucoup d'autres plantes parasites, poussent librement et les indigènes ne s'en occupent plus jusqu'à la récolte. Cette façon de faire est tout à fait conforme au tempérament paresseux des Sihanaka, et il sera très difficile de leur faire adopter le travail à l'angady et le repiquage.

Les légumes d'Europe réussissent assez bien, surtout pendant la saison sèche. Ils nécessitent néanmoins des soins minutieux.

Le bétail compte actuellement 27.000 têles, jeunes veaux compris. La région du lac Alaotra se prête admirablement à l'élevage du boeuf : les troupeaux sont maintenus pendant la saison pluvieuse dans les montagnes qui entourent la plaine; la saison sèche venue, i's descendent pacager dans la plaine qui, grâce à son sous-sol humide, conserve des herbages frais jusqu'à la saison pluvieuse suivante.

Les indigènes possèdent quelques porcs; cet élevage prend tous les jours une plus grande importance.

On pourrait, dans la région du lac Alaotra, se livrer à l'élevage du mouton. Les quelques individus qui y existent (moutons à grosse queue) sont très beaux.

Enseignement. Il existe des écoles dirigées par des instituteurs officiels à Ambatondrazaka, Imerimandroso, Amparafaravola, Morarano, Anosimboahangy, Mangalaza, Manakambahiny Est. Elles sont fréquentées par plus de 2.000 enfants.

Population. Le chiffre de la population de la province s'élève à 22.297 habitants se décomposant comme suit:

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Les habitants, de race sihanaka en majorité (il y a aussi quelques métis sihanaka-hova, sihanaka-sakalava et sihanaka-betsimisaraka), très doux, patients, intelligents, sont par contre très paresseux. Ils travaillent uniquement pour subvenir à leurs besoins très restreints; mais, comme ils sont très assimilables, on peut être assuré que le contact et l'exemple des Européens leur créeront des besoins qui les obligeront dans l'avenir à travailler plus qu'ils ne le font actuellement.

La faible population de la région rendrait fort difficile le recrutement de la main-d'œuvre nécessaire à la colonisation, main-d'oeuvre d'ailleurs de mauvaise qualité pour les raisons exposées plus haut, et aussi à cause de son inaptitude à la culture intensive.

Il était nécessaire de signaler cet inconvénient d'une façon toute particulière, afin de mettre les futurs colons en garde contre les difficultés qu'ils auront à surmonter et leur éviter ainsi des déboires certains.

DISTRICT DE MORAMANGA

La province d'Ambatondrazaka vient récemment de s'augmenter de l'ancien cercle de Moramanga, dont les renseignements ci-dessous font ressortir l'importance.

Limites.

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Le district de Moramanga, situé approximativement entre 45° 48' - 46° 15' de longitude Est, 18° 19° 15' de latitude sud, est une longue bande de territoire comprise entre le pays des Betsimisaraka à l'est, le district d'Anosibe au sud et l'Imerina à l'ouest. La superficie est de 6.235 kilomètres carrés. La région est étranglée entre deux forêts qui, par leur importance et leur direction, en font une zone d'un aspect particulier, soumise à un climat propre, différent de celui de l'Imerina. La forêt de l'est couvre toute la partie orientale du district depuis Didy jusqu'à la région de Lakato. Celle de l'ouest, moins considérable, isole Moramanga de la province de Manjakandriana. Orographie. Dans un terrain aussi tourmenté que l'est celui de Madagascar, le système orographique ne se dégage pas d'une façon très nette. Le voyageur qui suit la route Analamazaotra-Sabotsy, après avoir parcouru le difficile terrain couvert par la forêt orientale, débouche brusquement dans une vaste plaine qu'arrosent le Mangoro et ses tributaires. Le village de Moramanga est situé sur les pentes ouest d'un éperon venant du col de Tangaina; à la sortie de la localité, du côté de Tananarive, le voyageur aperçoit derrière lui une ligne de hauteurs courant vers le nord; cette ligne de montagnes va se souder aux massifs d'Antanimenakely et d'Ambohiborona pour former ainsi une sorte de cuvette d'où descend le Mangoro. Les pentes du Mangoro sont abruptes sur la rive droite. Elles forment une série d'élévations communiquant entre elles par des paliers qu'utilisent la nouvelle route et l'ancien sentier muletier. A peu de distance de Sabotsy, on s'élève très brusquement en Imerina par une difference d'altitude de 500 à 600 mètres. Surplombant le Mangoro, les massifs de l'Angavo et de l'Ifody offrent, sur la rive droite, une barrière majestueuse isolant le plateau central de la partie orientale de l'lle. La plaine du Mangoro, qui, à hauteur de Moramanga, se développe sur une largeur de 20 kilomètres, se rétrécit d'une façon considérable vers la région de Beparasy. Cet étranglement est dù aux contreforts du Fody et à ceux du massif de Lohavohitra.

Hydrographie. Le Mangoro est à proprement parler la seule artère fluviale du district de Moramanga. Descendu de la région d'Antanimenakely, le fleuve traverse le territoire de Moramanga dans la direction générale nord-sud et, après avoir arrosé les environs de Beparasy et d'Anosibe, va se jeter dans l'océan à Mahanoro. En raison des nombreux bancs rocheux qui obstruent son cours, le Mangoro n'est pas navigable; son lit est d'ailleurs très irrégulier et, à côté de plages sablonneuses, l'on rencontre de magnifiques cascades et de longues parties en eau profonde et calme qui ne peuvent être franchies à gué, même en saison sèche.

Les affluents du Mangoro sont, sur la rive droite:

La Sahamaitso ou rivière d'Amboasary, la Sandrinety, la Sahara, qui descend des pentes d'Anjozorobe en Imerina, la Sahajaojono, grossie de l'Andranobe et de l'Isafotra, le Manambolo, qui s'appelle Mandraka dans sa partie supérieure et qui a servi de directive à une partie de la route carrossable. Cette dernière rivière arrose Sabotsy et, par ses apports d'alluvion, fait de ce pays une des régions les plus fertiles du district.

Il faut citer encore l'importante rivière Sambotanana, qui, sous le nom de Rango, descend des ramifications de l'Imerina et dont le cours moyen sera vraisemblablement suivi par la voie ferrée Tamatave-Tananarive; enfin la Sahanaka, aux alluvions aurifères et aux rives d'une fertilité exceptionnelle.

Les affluents de la rive gauche du Mangoro sont moins nombreux et,

l'exception de la Sahamaharinana, dont la vallée est bien caractérisée, les autres, tels que le Ranofotsy, le Marovoay, le Lakato, ne sont que des ruisseaux torrentueux.

Climatologie. Le couloir que forme le Mangoro et que bordent les deux forêts Est et Ouest donne au pays une humidité incontestable. Des brouillards persistants couvrent la plaine dès la chute du jour et ne disparaissent qu'avec le lever du soleil. La température moyenne oscille entre 14 et 22° centigrades, et le peu d'élévation de cette température est dù, en premier lieu, à l'altitude, variant entre 900 à 1.000 mètres, en second lieu aux vents de direction générale est-ouest Comme c'est la règle sous les tropiques, deux saisons partagent l'année, l'une pluvieuse et chaude, de décembre à juin, l'autre fraîche, de juillet à décembre. Les pluies sont abondantes et quotidiennes. Les orages qui les amènent viennent de l'ouest et sont, quelquefois, d'une violence toute particulière.

L'Européen peut, avec une sévère hygiène, conserver sa santé à Moramanga; il doit, de préférence, y arriver et s'y installer vers le mois d'août.

Voies de communication.

Depuis l'achèvement de la route carrossable, le trafic du district de Moramanga a augmenté dans une proportion considérable. Les villages voient tous les jours s'aceroitre leur population; de nouvelles agglomérations viennent s'établir sur la grande voie commerciale du versant oriental et cette ère de prospérité ne fera certainement que s'accentuer. Des chemins muletiers en bon état d'entretien réunissent les localités suivantes :

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Le Mangoro n'est navigable que dans la partie de son cours située à hauteur au nord d'Antanjona.

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Commerce. A l'exception du marché de Beparasy, dans le sud, appelé à prendre quelque importance, les lieux de trafic et d'échange se trouvent échelonnés sur la grande route Tamatave-Tananarive ou à proximité. Il faut citer en première ligne Moramanga, et en deuxième Sabotsy. A Moramanga, le jour des principales transactions est le lundi, bien que l'animation soit grande sur le marché tous les autres jours; les principaux commerçants sont des Hova. Au nombre des objets ou denrées de vente courante, les toiles tiennent le premier rang, les effets d'habillement, ustensiles de cuisine, sucre, savon, tabac, bougies, fil, etc., viennent ensuite.

Sabotsy, à 36 kilomètres dans l'ouest de Moramanga, possède également un marché très fréquenté.

Les produits d'exportation sont peu nombreux. A Sabotsy et à Moramanga, on fabrique des nattes vendues dans les régions voisines. Le miel cueilli dans la forêt est, à Sabotsy, l'objet de transactions assez élevées. Dans les petits villages traversés par la route carrossable, tels qu'Ambodinifody et Anjomakely, de nombreux revendeurs débitent aux convois et aux passants d'importantes quantités de riz venues d'Imerina.

Des Hova, en grand nombre, viennent se procurer à Sabotsy et dans les environs les plants de manioc dont ils ont besoin et qui, dans cette région, sont d'une qualité exceptionnellement belle.

Beparasy, dans le sud, fait quelque trafic en raison de sa situation sur la route Jean-Laborde. 900 bourjanes traversent mensuellement cette localité, allant à la côte ou se dirigeant vers Tananarive.

Industrie.

La confection de poteries grossières est, avec la fabrication des nattes, la seule industrie de la région.

L'administration a installé une briqueterie à Moramanga.

Agriculture. La situation économique du district est en voie de progrès. La région, redevenue calme, voit rentrer ses anciens habitants que la période insurrectionnelle avait terrorisés et éloignés de toute agglomération.

Le district est surtout une région agricole qui, pour donner son maximum de rendement, nécessiterait un grand nombre de bras; malheureusement, la population y est clairsemée et le chiffre des décès y est sensiblement égal à celui des naissances.

Les différentes cultures pratiquées sont, par ordre d'importance:

1o Le riz, qui vient dans les fonds de vallées à proximité des villages; les territoires de Sabotsy et de Beparasy sont ceux qui produisent cette denrée en plus grande quantité. La superficie cultivée dans le district est de 2.474 hectares, représentant un rendement de 5.000 tonnes de riz environ.

2o Manioc, patates, maïs, haricots, arachides, canne à sucre, tabac. — Ces produits, d'importance secondaire, couvrent une superficie assez considérable, mais qu'il serait difficile de déterminer. Chaque village est entouré d'une bande de terrain consacrée à ces diverses cultures. Les récoltes en sont abondantes et pourraient constituer une véritable source de richesses le jour où les indigènes augmenteraient leur rendement.

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3° Le café. Les districts de Moramanga et de Sabotsy, seuls, sont à mentionner pour la culture du café, et encore les indigènes qui s'en occupent procèdent-ils d'une façon toute rudimentaire. Dix mille pieds de café, répartis entre un grand nombre de cultivateurs, constituent, en dehors des plantations de Moramanga, toute l'importance de cette culture. L'indigène, après avoir planté le pied de café, le fume peu ou point et le laisse croitre sans plus de soins; aussi la récolte est-elle le plus souvent dérisoire.

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Elevage. Les troupeaux se reconstituent peu à peu et l'augmentation a été de plus de 2.000 têtes de bétail depuis le dernier recensement. Ce nombre serait plus considérable encore si les indigènes renonçaient à la déplorable habitude de défoncer leurs rizières en les faisant piétiner par les bœufs. L'emploi exclusif de l'angady éviterait aux troupeaux d'énormes fatigues que ne compense pas la nourriture médiocre que les pâturages locaux leur procurent. Les moutons et les porcs sont en nombre peu considérable. Ces derniers ont été longtemps considérés par les indigènes comme bêtes immondes, mais la réaction s'opère et tous les marchés quelque peu importants de la province en détaillent comme viande de boucherie. Les habitants de Sabotsy entre autres s'adonnent à l'élevage du porc depuis que le transfert des chantiers du génie sur la rive gauche du Mangoro ne leur permet plus de se défaire de leurs excédents de manioc en le vendant aux ouvriers.

Les poules, oies et canards sont très répandus dans tous les villages.

Colonisation. Le district de Moramanga est parfaitement propice aux entreprises de colonisation; la vallée du Mangoro, en particulier, offre quantité de terres qui, pour être mises en valeur, n'exigeraient qu'une faible main-d'œu vre. Malheureusement, cette dernière fait à l'heure actuelle à peu près complètement défaut tant la population bezanozano est clairsemée. L'Européen qui colonisera dans la vallée de Moramanga devra posséder un pied-à-terre en Imerina, à peu de distance de sa concession, afin de mieux résister à la rigueur du climat et de se retremper dans une atmosphère plus vivifiante.

Les points se prêtant spécialement à des entreprises agricoles sont :

1o La rive du Mangoro, au nord de la route carrossable et dans la région de Sabotsy-Mandialaza;

2o Les vallées de la Sahara et de la Santala (district d'Ambilombe), très riches en rizières, autrefois cultivées, et depuis l'insurrection abandonnées. L'élevage y réussirait fort bien ;

3o Les rives du Mangoro, au sud de la route carrossable (rive droite);

4o La région d'Ambohiberanga. Ces deux dernières régions manquent presque totalement de voies de communication. C'est une infériorité qu'il est bon de signaler.

Enfin les deux forêts qui limitent la province à l'est et à l'ouest pourront devenir, avec les ressources qu'elles offrent, l'objet d'utiles et fructueuses entreprises.

Population. - L'élément bezanozano forme la plus grande partie de la population du district; des Hova, en assez grand nombre, surtout à Moramanga, se sont établis dans le pays pour y commercer ou y faire de l'agriculture.

La population est douce, timide et très soumise; n'ayant que des besoins excessivement restreints, elle n'aime pas le travail.

La population totale est de 12.694 habitants. Les villages les plus peuplés sont: Moramanga, Sabotsy, Beparasy, Mandialaza. En dehors de ces centres, les habitants se cantonnent dans une foule de petits hameaux très disséminés, dont quelques-uns ne comprennent que deux ou trois cases.

ADMINISTRATION

MM. Compérat,, administrateur de 1r classe, chef de la province. Huré, administrateur-adjoint de 3o classe, chef du district d'Ambatondrazaka.

Drimaracci, commis de 2o classe du corps des comptables.

Durif, lieutenant d'infanterie coloniale, chef du district d'Imerimandroso.

DISTRICT DE MORAMANGA

M. Carron, administrateur-adjoint de 3o classe, chef du district.

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