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Les communications par voies fluviales et maritimes sont très irrégulières. Ce service est fait par de petits voiliers jaugeant de 10 à 40 tonneaux au plus. Le manque de moyens de transport plus confortables arrête l'essor de la colonisation. Un service régulier de cabotage à vapeur est à l'étude qui comblera heureusement cette lacune.

La ville de Mananara et le village d'Antanambe, autrefois environnés de marais, sont aujourd'hui presque entièrement assainis. A Maroantsetra, des travaux analogues vont être entrepris. Cette ville, bientôt à l'abri des influences palustres, sera, par suite, d'un séjour agréable.

Un quai sera incessamment construit sur les bords de la rivière Anjahanambo, qui facilitera les opérations du commerce, en même temps qu'il protégera les berges contre les érosions du courant et contribuera puissamment à donner au chef-lieu plus de salubrité.

Ports. Les ports de la province sont, par ordre d'importance; Maroantsetra, Mananara, Antanambe, Rantabe, Imorona. Le plus fréquenté est celui de Maroantsetra, ancien Port-Choiseul de la Compagnie des Indes. Situé an sud de la ville de ce nom et à l'embouchure de l'Antanambalana, il est abrité des vents dominants du sud-est par l'ile de Nosi-Mangabe et par une langue de terre, où fut bâti autrefois le vieux Maroantsetra ou Louisbourg. Il reçoit plus spécialement les petits voiliers qui font le cabotage de cette côte. Les grands bateaux jettent l'ancre à l'entrée de la rade, en face de Maroantsetra.

A quatre milles environ de la ville se trouve Nosi-Mangabe ou ile Morosy, qui servit à la fois de défense et de sanatorium à Benyowski et à ses compagnons d'aventure. A l'ouest de cet ilot, merveilleusement abritée, une petite crique, connue des marins sous le nom de Port-Memoria, peut servir de refuge, dans les mauvais temps, aux navires des plus forts tonnages.

Commerce. Les commerçants sont, pour la plupart, des représentants des maisons de commerce de Tamatave. Ils importent des tissus, indiennes, cotonnades de toute sorte, rhum, cau-de-vie anisée, vins, bières, etc., ainsi que de menus objets de quincaillerie; mais ces maisons manquent d'approvisionnements et d'achalandage.

Ils exportent les produits locaux : caoutchouc, cire, rafia et surtout le riz. Les transactions relatives à ce dernier produit représentent le plus clair revenu du commerce. Par suite de défrichements nouveaux de quelques grands marais, la quantité de cette denrée susceptible d'être exportée sera sous peu doublée.

Les toiles françaises, qui sont importées dans la région à l'exclusion de toutes autres, sont très appréciées des indigènes.

Industrie. L'industrie, presque nulle, se réduit à la confection de quelques nattes et rabanes. L'indigène fabrique aussi une boisson tirée de la canne à sucre, qui vient très bien dans la région, le betsabetsa, dont il fait, dans certaines circonstances, un usage immodéré.

On peut également ranger, sous ce titre, les exploitations forestières de la province, au nombre de quatre M. Lecomte, à Antanambe; M. Maigrot, à Hiarana et Ambodiforaha ; MM. Archambeaud frères, à Antalavia, scierie mécanique actionnée par une roue hydraulique; enfin, celle de la Compagnie forestière de Madagascar, représentée à Tanjona par son agent, M. Coulpier.

A l'exception de cette dernière, qui est encore dans la période d'installation, les trois autres exploitations fonctionnent d'une façon satisfaisante.

Agriculture. -Aucune entreprise agricole n'existait avant l'occupation française; mais, depuis 1897, de sérieux efforts ont été faits par quelques commerçants intelligents et actifs pour créer, à côté de leur commerce, des exploitations rémunératrices. Ces tentatives, timides encore, n'ont, eu égard à la fertilité du sol de ce pays, porté jusqu'à ce jour que sur les cultures riches: la vanille, le café et le giroflier. Mais les résultats obtenus assurent, d'ores et déjà, à la région, un riche avenir agricole.

Les cafés plantés dans la province se comportent très bien; le Liberia, en

particulier, y réussit beaucoup mieux que le café indigène. La culture du giroflier, tentée à Mananara, donne déjà les plus belles espérances. Le cacaoyer a été délaissé, on ne sait pourquoi; tout prouve qu'il réussirait aussi bien que sur l'Ivoloina et l'Ivondrona, près Tamatave. Superbes sont les vanilleries de M. Dupavillon, colon mauricien à Maroantsetra, qui a produit l'année dernière 800 kilos de vanille entièrement préparée, et celle de M. Bonas, colon français à Mananara, laquelle entre en rapport cette année et donnera au moins autant que la précédente.

Frappés du succès de ces premiers essais, neuf autres commerçants se mirent à créer simultanément de nouvelles vanilleries, actuellement d'une belle venue, à Maroantsetra, dans la moyenne et basse vallée de la Mananara et à Antanambe.

Mais que de place encore pour les colons travailleurs, et combien il est regrettable que leurs vues ne se soient pas portées davantage vers les territoires de la baie d'Antongil, où existent de vastes espaces en friche, d'une richesse incomparable, qui conviendraient parfaitement à toutes les cultures tropicales à haut rendement !

En outre, dans la province, et notamment dans les vallées de l'Antanambalana, de l'Anotratro et de la Mananara, d'excellents pâturages sont déjà peuplés par plus de 15.000 têtes de bétail.

Le recrutement de la main-d'œuvre, qui paraît difficile au nouvel arrivant, devient cependant plus aisé pour ceux qui étudient l'indigène et savent l'utiliser.

Le Betsimisaraka, paresseux par nature, hésite quand il s'agit d'aliéner sa liberté pour une longue durée. Il est doux, craintif, et s'enfuit lorsqu'on le maltraite. Par la douceur et la persuasion, qui n'excluent pas une certaine fermeté, l'administration parviendra à secouer la torpeur native des Betsimisaraka, et à force d'encouragements et d'exhortations, ce peuple prendra progressivement le goût du travail, car il n'est pas, on le voit, indifférent au confortable ni aux douceurs de la vie aisée. Pour s'assurer les moyens d'une existence moins précaire, l'indigène paiera de sa personne.

La moyenne des salaires dans la province est de 17 fr. 50 par mois.

Enseignement. L'enseignement laïque est professé par des instituteurs malgaches dans les 7 écoles officielles de Maroantsetra, Andranofotsy, Mahavelona, Ambinanitelo, Rantabe, Mananara et Antanambe.

Population. Le dénombrement, fait en avril 1900, accuse une population de près de 32.000 habitants. Les Betsimisaraka y forment la majorité; viennent ensuite les Tsimihety, dans les hautes vallées, et un certain nombre de Hova, Antainosy (émigrés de Ste-Marie), Zazamanga ou Makoa et, enfin, quelques Antaimorona.

Les représentants des deux premières races, bien que paresseux, sont cultivateurs de profession; mais les vrais travailleurs, ceux qui s'engagent volontiers dans les exploitations agricoles, sont les Zazamanga et, surtout, les Antaimorona, originaires du sud. Les Hova détiennent la presque totalité du commerce de détail indigène, ils sont les intermédiaires actifs et recherchés des commerçants européens. Les Sainte-Mariens sont bûcherons, charpentiers ou marins.

ADMINISTRATION

MM. Lagriffoul, administrateur-adjoint de 1r classe, chef de la province.
Maria, administrateur-adjoint de 3° classe.

Royet, adjoint de 1re classe des affaires civiles.

Prétrel,

id.

Claude, adjoint de 2o classe des affaires civiles.

id.

MM. Pouperon T., commis de 1re classe des affaires civiles.
Baron, commis de 2o classe
Hubert, comptable de 1r classe.

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MM. Vergnes, garde principal de 1re classe, commandant la compagnie.
Trial,

id.

Deshayes, garde principal de 2o classe.

Français

Liste des Colons

MM. Archambeaud J., concessionnaire fo-
restier.

Archambeaud E., concessionnaire fo-
restier.

Artina, cuisinier.

Bègue, cultivateur.

Biberon, préparateur de vanille.
Bijoux, employé de commerce.
Bonas, commerçant planteur.
Bougarie, charpentier.

Bourdageau, commerçant planteur.
Bousingo, employé de commerce.
Coulpier, agent de la Ci forestière.
Crescent, commerçant planteur.
Deshayes E, pêcheur.

Deshayes A., commerçant.
Dijoux, charpentier, planteur.

Fraisse, représentant la maison Mes-
poulet.

Gastrin, commerçant.

Giquiand, employé de commerce.
Hirmanse, charpentier.

Lecomte, concessionnaire de forêts.
Mallet B., commerçant.

Mallet G., employé de la Cie forestière.
Nontlois, charpentier.

Neyrolles, représentant de commerce.
Patchez,

Sanson, commerçant.

id.

Simonet, mécanicien à la Cie forestière.
Tonnelier, préparateur de vanille.

Anglais

M. Allard, commerçant.

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Ste-MARIE DE MADAGASCAR

Situation. L'île de Sainte-Marie, ou Nosy-Boraha, s'étend parallèlement à la côte est de Madagascar, suivant une direction générale N.-N.-E. S.-S.-O. Elle est comprise entre 16° 40' et 17° 8' de latitude sud et entre 47° 39' et 47° 55' de longitude est. Sa longueur est d'environ 55 kilomètres du nord au sud, sur une largeur moyenne de kilomètres; elle mesure 16.500 hectares de superficie.

Ste-Marie est séparée de Madagascar par un chenal qui, dans sa partie la plus étroite, entre la Pointe-à-Larrée et Lokintsy, mesure environ deux milles et demi et s'élargit de plus en plus vers le sud et vers le nord; il atteint 30 kilomètres de largeur à ses extrémités.

Côtes.

La mer, calme dans le canal, est continuellement houleuse sur la côte est. Celle-ci est bordée sur toute sa longueur, à une certaine distance du rivage, par une barrière de récifs quelquefois double ou triple, interrompue seulement vers le sud par quelques passes accessibles aux pirogues. Parallèlement à la côte occidentale, on rencontre aussi quelques brisants, mais moins étendus.

Le littoral de l'île est peu découpé; il est sablonneux à l'ouest et présente, du côté opposé, des promontoires rocheux. En partant du nord, le rivage occidental forme la pointe d'Antsirakaraiky, la baie d'Ambatoroa, la pointe d'Antsirakalalina, celles d'Anivorano et d'Ankirihiry, la baie et la pointe de Lokintsy (qui fait face à la Pointe-à-Larrée), les baies de Tafondro et d'Ambatokokohy, la pointe d'Anjaha, la pointe aux Sorciers, la baie de l'Ilot Madame, la plus vaste, qui renferme l'ile aux Forbans et l'Ilot Madame, siège de l'administration; la pointe de Bellevue, celles d'Antevibe, d'Andapanangohy et de Ravoragy. La côte est forme une ligne presque droite; on y remarque seulement la profonde baie d'Antsahasifotra. Les points facilement abordables sont la plage d'Ambatoroa, la baie de Lokintsy et surtout celle de l'Ilot Madame. Les iles sont: I'lle-aux-Nattes, l'Ile-Madame, l'Ile-aux-Forbans, qui est inhabitée, les Ilesau-Sable et de la Baleine, également inhabitées.

Orographie. L'ile Sainte-Marie est couverte de mamelons irréguliers et peu élevés qui la partagent du nord au sud en deux versants [est et ouest]; le point culminant n'atteint pas plus de 70 mètres.

Hydrographie. D'une façon générale, le pays est bien arrosé. La rivière la plus importante est l'Antsaha; les autres cours d'eau sont petits et d'un très faible débit pendant la saison sèche.

Climatologie. Le climat de l'île est incontestablement malsain; mais son insalubrité a été exagérée. Les fièvres, en effet, n'y sont pas plus dangereuses que sur les autres points de la côte, et, comme partout ailleurs à Madagascar, l'hygiène et la sobriété rigoureusement observées permettent aux Européens d'y séjourner plusieurs années.

Les pluies sont abondantes et tombent pendant neuf mois de l'année. Il y a, par suite, beaucoup d'humidité.

Pendant la deuxième quinzaine de décembre dernier, la colonne d'eau mesurée au pluviomètre s'est élevée à 55"/".

La température moyenne est de 21°, du 15 avril au 15 septembre; de 24°, du 15 septembre au 15 décembre, pendant la saison sèche, et de 28°, avec des maxima de 32 et 33o, du 15 décembre au 15 avril, pendant la saison chaude et humide.

Les orages, qui sont rares, apparaissent vers la fin de mars. D'octobre à mars, les vents soufflent de l'est au sud-est, quelquefois au nord-est; d'avril à septembre du sud-ouest et du sud-est et se font même vivement sentir.

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Voies de communication. - Deux routes longent les côtes est et ouest. L'une part d'Ambodifototra, passe à Antsahabe, Analaratsy, Maromandia, Tafonaro, Lokintsy, Ankirihiry, Anivorano, Ambatoroa et aboutit à Ambodirano. L'autre part d'Ankoalamaro, passe à Ivatao, Ilampy, Fitariha, Antsa hasifotra, Ambodihena, Ambatonisambo et aboutit également à Ambodirano.

Deux autres routes, allant de l'est à l'ouest, mettent en communication Ankirihiry avec Antsahasifotra, Ambodifotatra avec llampy.

Enfin, plusieurs sentiers très praticables relient entre eux les principales agglomérations.

Les communications par mer sont assez fréquentes avec les ports de Madagascar Fenerive, Manankatafana, Soanierana, Manompa, Mananara; elles se font par pirogues et voiliers.

Un paquebot des Messageries Maritimes touche à Sainte-Marie le 3 de chaque mois, venant du sud; un autre y passe le 15, venant du nord. Quelques autres bâtiments y font aussi escale irrégulièrement.

Commerce. Etant donnée sa situation, Sainte-Marie pourrait constituer un excellent entrepôt pour les marchandises d'importation à écouler à l'intérieur de la Grande Terre, mais il semble que l'île souffre de la mauvaise réputation d'insalubrité qui lui a été faite.

Les transactions commerciales sont actuellement de peu d'importance. Les marchandises introduites sont des tissus, chaussures, mercerie, accordéons, vins, liqueurs et spiritueux, légumes sees, farines et conserves. Les produits exportés consistent en vanille, café et girofle.

Industrie.

L'industrie peut être considérée comme nulle. Toutefois certains planteurs se proposent de tenter la distillation du girofle; ils auraient même commandé à cet effet, dans la Métropole, un outillage spécial. Si leur essai réussit, les revenus provenant des plantations de giroflier, principale ressource de Ste-Marie, seront augmentés dans une notable proportion.

Les indigènes confectionnent des nattes, des rabanes et quelques objets de sparterie; ils fabriquent aussi de l'huile de coco et de l'eau-de-vie (betsabetsa), qu'ils tirent de la canne à sucre.

Agriculture. Les produits agricoles de Ste-Marie sont le café, la vanille, le girofle, le maïs, le manioc, la patate, la canne à sucre, l'ananas, l'orange, la banane, le letchi.

Les indigènes, qui sont d'origine betsimisaraka, délaissent presque tous les travaux agricoles pour s'adonner à la pêche.

Les boeufs sont en faible nombre dans l'ile; mais les volailles, oies, canards, sont très répandus et vendus à bas prix.

Le café, qui rapporte de 1.500 à 2.000 kilos annuellement, est en voie de décroissance; malgré tous les soins dont cette culture a été l'objet, il semble que l'on doive renoncer définitivement à s'y livrer, le sol ne lui étant pas propice.

Le giroflier, au contraire, donne, tous les trois ans, une récolte évaluée à 100 tonneaux et au tiers de ce chiffre, les années intermédiaires. Cet arbre pousse très facilement à Ste-Marie; on n'a pour ainsi dire que la peine de le planter.

En ce qui touche à la vanille cultivée depuis peu de temps, on peut prédire qu'elle deviendra bientôt une nouvelle source d'importants revenus, toutes les plantations faites jusqu'ici s'étant parfaitement développées. On peut estimer à 50.000 le nombre de pieds de vanille actuellement plantés.

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