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PROVINCE DE NOSI-BE

La province de Nosi-Be ne comprend plus que l'ile de Nosi-Be, celle de NosiKomba et quelques petits ilots avoisinants.

L'ile de Nosi-Be, située dans le canal de Mozambique, au nord-ouest de Madagascar, entre 13° 10' et 13° 24' de latitude sud, a une superficie d'environ 30.000 hectares. Sa forme est celle d'un quadrilatère très irrégulier prolongé au nord par la presqu'ile de Navetsy. Sa plus grande longueur atteint près de 25 kilomètres, et sa largeur une quinzaine.

Elle est très rapprochée de la Grande Ile, où l'on peut se rendre en 3 ou 4 heures avec une petite embarcation.

Nosi-Be, qui fait partie du domaine colonial de la France depuis 1841, a formé en 1843, avec Mayotte et Ste-Marie, un établissement colonial sous le nom de Nosi-Be et dépendances. En 1844, c'est Nosi-Be qui devient dépendance de Mayotte et qui reste ainsi jusqu'en juillet 1877, époque à laquelle elle devient colonie distincte. Elle a été rattachée à l'administratión de Madagascar et Dépendances par décret du 28 janvier 1896.

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Orographie. Les montagnes de Nosi-Be forment trois groupes bien distincts: la pointe de Lokobe, la presqu'île de Navetsy et la partie centrale de l'ile. Les sommets les plus élevés n'ont, en moyenne, que 500 mètres d'altitude, tels le Tany Latsaka, au centre, et le Lokobe, au sud.

Le plus grand sommet de Nosi-Komba, où a été établi un sanatorium en 1895, a une altitude de 600 mètres environ.

Hydrographie. Nosi-Be ne possède que trois rivières d'une certaine importance: le Djaba!, l'Andriana et l'Ankerankely. Les autres cours d'eau sont de toutes petites rivières qui se transforment en torrents pendant la saison des pluies, mais qui sont presque à sec du mois de juin au mois de novembre.

Il existe quelques lacs au sud de l'île. Les principaux sont ceux de Djabal, d'Ampombilava et d'Ankiabe. Ces lacs, comme les rivières, du reste, sont infestés de crocodiles.

Dans le voisinage des plus hauts sommets de l'ile, on trouve d'anciens cratères qui forment aujourd'hui des étangs d'une grande profondeur.

Climatologie. On rencontre sur les côtes de Nosi-Be de nombreux marais, dangereux par leurs émanations. Ils occupent surtout l'embouchure des cours d'eau. Quelques-uns sont d'une étendue telle qu'il n'y a aucun espoir de parvenir à les dessécher. Près d'Hell-Ville, il en existe deux formés par le retrait des eaux de la mer à marée basse. L'un d'eux, situé sur la route d'Ambanoro, a été en partie comblé, ce qui n'a pas peu contribué à améliorer l'état sanitaire de la ville, laquelle était réputée, il y a quelques années, comme un des points les plus insalubres de Madagascar. A l'heure actuelle, quoiqu'on n'y soit point exempt des fièvres du littoral, les accès pernicieux ne s'y observent que rarement.

Nosi-Komba jouit, par contre, d'une température très supportable et d'un climat salubre. L'administration y possède quelques cases où les fonctionnaires fatigués peuvent y rétablir leur santé. La plupart des colons de Nosi-Be y ont aussi des habitations, où ils vont séjourner quelque temps pendant la mauvaise saison, qui dure de décembre à avril.

A Nosi-Be, la moyenne de la température est de 28° pendant l'hivernage, et de 25° pendant la bonne saison, de mai à novembre. Pendant l'hivernage, les orages sont très fréquents et la quantité de pluie qui tombe alors est considérable (2m environ).

Les moussons ne se font guère sentir dans l'ile, mais la température y est rafraîchie, aux heures chaudes de la journée, par une brise qui vient habituellement du sud-ouest.

Voies de communication. — D'Hell-Ville partent quatre voies de communication:

1o La route de l'est, d'une longueur de 15 kilomètres environ, qui se dirige vers Facène ;

2o La route du centre ou de Kalempo, qui a 18 kilomètres d'étendue; 3o La route de l'ouest ou d'Ankiabe, 20`kilomètres ;

4o La route d'Ambanoro, de 6 kilomètres environ.

On construit, en ce moment, une nouvelle route, dite de Tsimaromaro, qui reliera la route de Facène à l'embranchement des routes de Kalempo et d'Ankiabe. Enfin, treize ponts métalliques, fabriqués par les ateliers de Levallois-Perret et déjà arrivés à destination, remplaceront, à la fin de cette année, les ponts en bois établis au passage des cours d'eau.

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Ports. La rade d'Hell-Ville, avec son abri naturel, est une des plus belles de la Colonie et peut recevoir des navires de tous tonnages. Elle est desservie régulièrement par les courriers de France, des Messageries Maritimes, et par l'annexe que cette compagnie possède sur la côte ouest de Madagascar. A intervalles irréguliers, quelques vapeurs des Chargeurs Réunis, de la Compagnie Havraise péninsulaire et de la Compagnie allemande D. O. A. G. touchent aussi

Nosi-Be.

La rade d'Ambanoro, à proximité de celle d'Hel!-Ville, n'est visitée que par des boutres qui viennent de l'Inde, ou par ceux faisant le cabotage sur la côte ouest. Ces rades sont éclairées, au nord, par le phare de Nosi-Voro et, au sud, par celui d'Antanikely. Le mouillage d'Hell-Ville est éclairé par un feu rouge situe à l'extrémité d'une belle jetée de 300 mètres de longueur.

Le port, qui ne possède encore qu'un petit quai appartenant aux Messageries Maritimes, va être doté d'un plus grand qui aura 70 mètres d'étendue, et facilitera la manutention des marchandises; il sera muni d'une grue pouvant soulever des poids de 2.000 kilos; un magasin pour la douane sera construit à proximité. Ces installations rendront de grands services, car Hell-Ville, outre son commerce particulier, est le point où s'effectue le transbordement des marchandises destinées à la côte ouest de Madagascar.

Commerce

Au point de vue du commerce, Nosi-Be est un des points les plus importants de là côte ouest de Madagascar. Les principaux produits qui y sont importés sont les vins et spiritueux, les tissus, les denrées alimentaires, la farine, la quincaillerie, l'huile, le saindoux, les vêtements confectionnés, les chaussures, les articles de ménage, le savon, le riz décortiqué, le pétrole, l'huile de coco, etc.

Les produits d'exportation consistent principalement en caoutchouc, peaux de bœufs, écailles de tortue, cire, sucre, rhum, vanille et quelque peu de café. Industrie. La fabrication du sucre donnait autrefois de l'ouvrage à une quinzaine d'usines. Aujourd'hui, il ne reste guère à citer que les usines de Facène, d'Androdoatra et de Sahoulang, dont la production tend à diminuer d'année en année. Les propriétaires ne font plus, en effet, de nouvelles plantations se bornant seulement à utiliser les anciennes.

Dans ces trois propriétés et dans quelques autres, d'importance beaucoup moindre, on fabrique aussi un rhum de fort bonne qualité.

En dehors des industries agricoles, il faut citer la fabrication du savon dans une usine située à Sarodravay, près d'Hell-Ville (Société D. 0. A. G.) ainsi que la bijouterie malgache, fabriquée sur place par les Indiens.

Agriculture.

Le sol de Nosi-Be peut se prêter à toutes les cultures coloniales; il est d'une fertilité remarquable et la végétation y est très vigoureuse. Les cultures à pratiquer sont la vanille, la canne à sucre, le riz et le café.

La culture de la vanille et du café prennent une grande extension.

Tous les colons et quelques indigènes se mettent à la plantation de cette liane. Actuellement, 700.000 pieds sont en terre, dont une partie donne déjà un rendement très appréciable.

La dernière récolte a produit environ 15.000 kilos de gousses vertes, quantité qui aurait sans doute été triplée en 1901, sans la sécheresse qui s'est fait sentir.

Le prix moyen de la vente a été de 10 à 11 francs le kilo. Il faut environ 3 kilos de vanille verte pour obtenir un kilo de vanille préparée, valant de 60 à

75 francs.

D'après les prévisions que l'on peut, dès maintenant, établir en se basant sur l'augmentation progressive des plantations, il est probable que, dans quatre ou cinq ans, Nosi-Be exportera pour plus de 2 millions de gousses préparées.

Le café, qui était jadis une des principales richesses de Nosi-Be, avait été abandonné, mais, à l'heure actuelle, cette culture est reprise sérieusement. Tout fait espérer que dans un avenir prochain, la dépendance aura reconquis, grâce au cafe et à la vanille, son ancienne renommée un moment déchue.

Les quelques plantations de cacao existantes sont de création toute récente. Elles attirent moins l'attention des colons, car les résultats qu'elles procurent ne sont pas aussi immédiats que ceux de la vanille.

Presque tous les légumes de France viennent admirablement bien à Nosi-Be devenu un des points de la côte de Madagascar où l'on vient faire ses approvisionnements. Leur culture, par suite de leur écoulement facile, a pris beaucoup d'extension.

Enseignement. Il existe à Nosi-Be deux écoles, une de garçons et une de filles. La première, dirigée par les Frères de la congrégation du St-Esprit, est fréquentée par 133 enfants, et la seconde, dirigée par les sœurs de St-Joseph de Cluny, compte 131 filles.

Population. La population totale de la province, d'après le dernier recensement fait au mois de décembre 1900, est de 11.836 habitants, se décomposant comme suit :

Européens et créoles...
Indiens....

Indigènes ou assimilés..

466

467

10.903

Hell-Ville. — Hell-Ville, le chef-lieu de la province, se trouve situé au sud de l'ile et peut être cité comme une des plus jolies villes de la Colonie. Les rues y sont bien alignées et bordées de gros manguiers leur donnant une ombre bienfaisante. Ces rues sont bien entretenues et presque toutes empierrées.

La localité est pourvue d'un hôpital qui vient d'être réparé. A quelque distance, se trouve le château d'eau, dont le réservoir alimente la ville pendant toute l'année. Les tuyaux de conduite s'étendent jusqu'à l'extrémité de la jetée, ce qui permet aux navires de s'approvisionner très facilement d'eau douce.

Après Hell-Ville, on ne peut guère citer qu'Ambanoro et Andavakotoko. Ambonoro, situé à 6 kilomètres d'Hell-ville, est un quartier habité surtout par des Indiens et des Arabes et qui présente beaucoup d'analogie avec Zanzibar. Andavakotoko, qui n'est éloigné d'Hell-ville que de 2 kilomètres, n'est, pour ainsi dire, qu'un faubourg de la ville. Sa population est uniquement malgache. C'est un des endroits les plus insalubres, car il est entouré de marais formés par les eaux de la mer.

Les points habités sont très nombreux, mais ce ne sont que de petits villages composés de quelques cases. Ils portent en général les noms des grandes propriétés près desquelles ils sont établis.

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