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CERCLE DE TULEAR

Limites.

Le cercle de Tulear est borné au nord par le Mangoky, qui le sépare du cercle de Morondava.

A l'est, par la Malio, depuis son confluent jusqu'à l'embouchure de l'Isahaina, ensuite par la ligne de partage des eaux entre cette rivière et la Malio. De la source de cette dernière, la limite oblique à l'est et coupe l'Onilahy à 20 kilomètres en amont du confluent de l'Hazofotsy, puis elle rejoint le pays mahafaly près d'Andakato, en contournant les bassins de l'anapera et de l'Hoaky. Elle rejoint la mer à 40 kilomètres au sud de l'embouchure du Menarandra, en coupant cette rivière un peu en amont de la Sakavato.

Au sud et à l'ouest, par le canal de Mozambique.

Depuis le Mangoky jusqu'au nord-ouest de Bekitro, la frontière longe le cercle des Bara. A partir de ce point jusqu'à la mer, elle longe le cercle de FortDauphin.

Le cercle de Tulear fait partie du commandement supérieur du sud et se compose de deux parties:

La première, bornée au sud par l'Onilahy, est l'ancienne province de Nosi-Ve, à laquelle le sous-secteur de Benenetsa, qui relevait du cercle des Bara, a été rattaché en novembre 1900.

La deuxième partie comprend le pays au sud de l'Onilaby. Elle n'a commencé à être pénétrée qu'au mois de novembre 1899, date de la création des postes de Betsioka et Androka, suivie, dans le courant de 1900, par la création des postes d'Itampolo, Ejeda, Ampalaza et Beheloka.

La superficie totale du cercle est d'environ 67.000 kilomètres carrés, dont 40.000 sont compris dans la première partie et 27.000 dans la seconde.

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Orographie. Première partie. Au point de vue orographique, on distingue, dans la partie comprise entre le Mangoky et l'Onilahy, trois zones parallèles au littoral.

La première, qui est la zone côtière, est basse, argilo-sablonneuse et marécageuse en beaucoup de points : sa largeur atteint jusqu'à 12 et 15 kilomètres. Elle est bordée, sur le rivage, par une ligne de dunes, les unes fixées par la végétation, les autres mouvantes et se déplaçant du sud au nord et de la côte vers l'intérieur.

Ces dunes proviennent du sable que la marée basse laisse à découvert sur la plage et qui est emporté en poussière fine quand soufflent les vents périodiques et violents du S.-O.

La seconde zone est constituée par un vaste plateau calcaire que l'on peut considérer comme le prolongement du Bemahara; sa largeur varie de 60 à 100 kilomètres, son altitude est en moyenne de 300 à 400 mètres; elle s'élève beaucoup aux abords du massif de l'Anàlavelona, dont le point culminant atteint 1.310 mètres.

Ce massif important se termine presque à pic du côté de l'est, sur les vallées du pays Bara, tandis que du côté du plateau calcaire la liaison se fait par des pentes continues.

Cette zone est aride et désolée, elle est coupée par la vallée encaissée du

Fiherenana; l'eau y est très rare, on n'en trouve qu'en certains points, dans des trous d'eau souvent taris.

Aucune exploitation n'est possible dans les parties du centre et du sud, en raison de l'état précaire des communications avec la côte. Dans la partie nord, le plateau s'abaisse vers les bassins du Mangoky, les vallées sont plus nombreuses et plus larges et présentent de plus grandes surfaces cultivables; mais les eaux sans écoulement forment des chapelets d'étangs et de lacs rendus saumâtres par la nature saline du sol.

Hors des vallées, c'est partout le même terrain calcaire sur lequel les eaux ne séjournent pas. Au N.-O., on rencontre, encore loin dans l'intérieur, des dunes fixes formant une série de hauteurs parallèles.

La troisième zone, à l'est de la précédente, est d'abord formée par un plateau mamelonné aux ondulations très amples, le sol est constitué par cette terre rouge, appelée latérite, si abondante dans le plateau central de Madagascar. Puis, quand on s'avance vers l'est, le terrain se relève et devient montagneux. On se heurte aux premiers contreforts de l'Isalo et du Tsitondroiko, qui atteignent des hauteurs voisines de 1.000 mètres. Cette zone est bien arrosée, les pluies y sont régulières, on y trouve de nombreux pâturages.

Le massif montagneux de l'Analavelona, qui se dresse entre les deux dernières zones, forme un noeud orographique entre le Mangoky, la Malio, le Fiherenana et la mer. Cette énorme masse, due à un soulèvement volcanique, renferme un grand nombre de roches cristallines et basaltiques. Le basalte se trouve aussi au bord de la mer, où on le rencontre en bancs noirâtres.

Deuxième partie. — Au sud de l'Onilahy, la première zone est plus sablonneuse qu'au nord, l'eau douce y est rare et celle que l'on trouve est toujours un peu saumâtre. Le plateau calcaire qui forme la deuxième zone est encore plus désolé que dans la première partie; c'est cependant dans cette zone qu'on trouve l'arbre à caoutchouc intisy, qui constitue la principale ressource du pays mahafaly.

La troisième zone n'existe pour ainsi dire pas, c'est le prolongement de la zone précédente, avec cette différence qu'elle est arrosée par des rivières dont les affluents ont de l'eau en permanence.

Au point de vue géologique, la plus grande partie du cercle appartient au terrain secondaire, en particulier la région du secteur bara entre Basavoa et Antanimena, qui renfermé de grandes quantités de gryphées arquées caractéristiques du liais.

La vallée du Mangoky et une bande sur le littoral sont formées de terrain quaternaire.

La basse vallée de l'Onilahy est formée de terrain tertiaire.

Les soulèvements qui ont déchiré le sol ont amené à la surface, en certains points épars dans tout le cercle, des roches éruptives et cristallines.

Des débris très nombreux d'oeufs d'épiornis, oiseaux géants, qui existaient encore à une époque assez rapprochée, se trouvent dans le sol près de la montagne de La Table, aux environs immédiats de Tulear et surtout en pays mahafaly."

Des fouilles faites à Besavoa, et particulièrement à Ambolisatra, ont permis de reconstituer, d'après les ossements trouvés, le corps d'un petit hippopotame dont l'espèce est disparue et la plus grande partie du corps de l'épiornis.

Les montagnes du plateau calcaire affectent fréquemment la forme de

tables.

Hydrographie. Les principaux cours d'eau tributaires du canal de Mozambique sont, du nord au sud:

Le Mangoky, le Manombo, le Fiherenana, l'Onilahy, la Linta et le Menarandra (ces deux derniers coulant en pays mahafaly).

Le Mangoky est le plus important et sa longueur lui donne un des premiers rangs parmi les grands fleuves de Madagascar, mais comme voie de pénétration vers l'intérieur, il oppose à la navigation des difficultés considérables.

A partir de Tanandava, il s'étale en un delta formé de quatre bras, dont le

plus méridional, le Kitombo, est ensablé et ne reçoit de l'eau qu'aux très fortes

crues.

Le courant du fleuve paraît se reporter de plus en plus vers le nord et l'on peut prévoir que dans un avenir peu éloigné, le Mangoky se déversera dans la mer près d'Andranopasy. A la saison des pluies, la masse d'eau du fleuve est considérable, le courant est très violent et charrie de nombreux troncs d'arbres gênant la navigation.

A la saison sèche, la profondeur est faible dans la partie amont des bras du delta, des bancs de sable embarrassent le large lit et le chenal se déplace sans

cesse.

Le bras le plus suivi, pour remonter à l'intérieur, est le bras de Kelifoly, qui débouche à Andalanda."

Au-dessous de Vondronve, le lit se resserre et la profondeur devient assez grande, mais certaines parties, par suite des rochers qui s'y trouvent ou de l'allure torrentielle du fleuve, sont difficiles à franchir par les embarcations. Le Mangoky reçoit sur sa rive gauche la Malio, grossie de l'Isahaina, rivières aux larges lits, sujettes à de fortes crues, la Sakanavaka, qui passe près d'Ankazoabo et le Sikily, dont la vallée sauvage sépare les Sakalava des Bara.

Le Manombo vient de l'Analavelona, son régime est torrentiel et, souvent, à la saison sèche, le peu d'eau qui reste se perd dans le sable avant d'arriver à la mer. Il reçoit à droite le Ranozaza, qui passe à Antililoaka et forme des marais où la culture du riz serait aisée.

Le Fiherenana prend sa source près de celle de la Malio; il a un cours très encaissé, surtout dans la traversée du plateau calcaire; son lit est très large, et à l'époque des hautes eaux, il remplit entièrement certaines parties de sa basse vallée, ce qui prive de toute communication les villages situés entre ces étranglements.

Il est partout guéable aux basses eaux, sa vallée renferme de nombreux villages qui utilisent, pour leurs cultures, les petits vallons qui se trouvent sur les deux rives.

L'Onilahy est, après le Mangoky, le cours d'eau le plus important du cercle. Il n'a pas de delta et le vaste couloir qu'il suit dans le plateau débouche à la mer entre deux falaises rocheuses près de Saint-Augustin. Lui aussi est encombré de bancs de sable, qui entravent la navigation aux basses eaux.

Ses affluents sont, à droite: l'Imaloto, la Sakamare, la Teheza et le Sakondry, les vallées de ces affluents sont fertiles et cultivées par de nombreux villages. A gauche, il reçoit des affluents de peu d'importance.

La Linta a de l'eau dans la partie supérieure de son cours, mais à partir d'Ankazotaha, son lit est généralement à sec; elle se jette à la mer à Androka A la saison des pluies, elle a de fortes crues subites.

Le Menarandra a sa source dans le cercle des Bara et n'a d'affluents importants que dans le haut de la vallée, il reçoit à droite le Sakavato. Un lac très allongé, le Tsimanampetsotsa, s'étend le long de la côte mahafaly, au nord d'Itampolo. Il est encore peu connu et l'eau qu'il renferme est saumâtre.

Le reste du pays mahafaly est très sec et les trous d'eau potable y sont fort

rares.

Climatologie. La saison chaude va de décembre à avril. Pendant le reste da temps, le climat est tempéré, surtout pour les points situés le long de la côte. Dans l'intérieur, si les journées continuent à être chaudes, du moins les nuits sont-elles très fraîches.

A Tulear, la moyenne de la température pendant la saison chaude, de novembre à mars, est de 30 à 32° pour le maximum, et 25 à 26° pour le minimum. Durant la saison froide, d'avril à octobre, les températures extrêmes sont 26 et 12°

A l'intérieur, les maxima sont plus élevés d'environ deux degrés.

Le pays mahafaly jouit d'un climat plus froid et à Androka la moyenne est de plus de deux degrés inférieure à celle de Tulear.

Les pluies tombent régulièrement à l'intérieur à partir du mois de novembre: sur la côte, elles sont rares, les orages crevant sur le plateau avant d'arriver à la mer.

A Tulear, en 1900, il n'a pas plu 10 fois et encore quand il a plu, est-ce peu abondamment.

Pendant la saison sèche, il ne pleut nulle part.

Dans le pays mahafaly, la sécheresse est encore plus grande; il y a trois ans que la pluie n'y est tombée, aussi les cultures y sont-elles abandonnées et la disette se fait-elle sentir. Les habitants mangent des racines et des produits de la forêt, ou vont recueillir du caoutchouc pour l'échanger à la côte contre des denrées d'alimentation.

Les vents les plus fréquents sont ceux du S.-O. Ils soufflent presque journellement pendant la saison chaude; ils commencent à se faire sentir vers midi, puis augmentent d'intensité jusqu'à souffler en tempête pendant la soirée; la nuit, ils tombent et, vers le matin, la brise de terre leur succède, mais souffle

faiblement.

Les vents rafraîchissent les points situés sur la côte et leur action bienfaisante se fait sentir pendant 300 jours dans l'année au moins.

Les vents du nord soufflent rarement et durent peu, ils concourent à l'élévation de la température.

On peut dire que le climat du cercle de Tulear est sain sur la côte et dans le pays mahafaly. L'intérieur est moins sain, du moins les points situés dans les vallées où la température est élevée comme dans celle de 'Onilahy.

Le secteur des Bara Imamono est relativement salubre, en tout cas, il l'est davantage que le secteur des Tanosy.

La maladie qui sévit le plus généralement est la fièvre paludéenne; les accès pernicieux sont très rares.

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Voies de communication. 1o Maritimes. Le port de Tulear est desservi mensuellement par l'annexe des Messageries Maritimes qui correspond avec le paquebot partant de France le 25 de chaque mois. Ce port a aussi des relations irrégulières avec la côte d'Afrique.

Son importance s'accroîtra considérablement le jour où l'on aura fait les quelques travaux nécessaires à son outillage et à l'aménagement de la rade.

Cette rade est un abri sûr, protégé par un récif de corail qui longe la côte à une distance de 6 à 8 kilomètres et qui n'offre des passes qu'en face des embouchures du Fiherenana et de l'Onilaby. Tulear étant situé assez loin entre ces embouchures, sa rade est à l'abri des courants qui existent à l'entrée de ces passes. Le seul inconvénient du mouillage résulte de l'éloignement des fonds propres à l'ancrage: les navires doivent s'arrêter à environ 1.500 mètres du rivage et une vaste plage de 600 à 700 mètres, découverte à marée basse, nuit beaucoup aux opérations de chargement et de déchargement empêchant de les accomplir rapidement.

En outre, l'eau douce fait défaut et pour en avoir de grandes quantités les navires sont obligés d'envoyer des embarcations à St-Augustin, à l'embouchure de l'Onilahy.

Pour développer l'importance du port et permettre aux navires qui doublent le Cap de Bonne Espérance d'y relâcher, il faut créer son outillage et dans ce but mettre à exécation les trois projets suivants :

1o création d'un wharf de 700 à 800 mètres, de manière que les goëlettes puissent accoster à son extrémité pendant la plus grande partie de la journée. 2o construction d'une canalisation d'eau douce amenant l'eau du Fiherenana au bord de la mer.

3o éclairage et balisage de la rade et des passes pour permettre aux bateaux d'entrer et de sortir à une heure quelconque du jour ou de la nuit.

Quand ces travaux seront effectués, il n'est pas douteux que le port de Tulear ne prenne rapidement une place prépondérante parmi les principaux ports

de l'Ile.

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