ont lerons pas les obligations que nous avons a des publicistes éclairés, dont les critiques judicieuses et décentes guidé notre goût dans les analyses et les jugemens que nous avons donnés de beaucoup d'ouvrages. Ce fut, sans doute, pour nous une tâche pénible à remplir que celle de rappeler au souvenir des ouvrages atroces et immoraux, qui, pendant une désastreuse époque, souillèrent la scène française. Nous aurions voulu pouvoir oublier, ou taire le nom de leurs auteurs, ainsi que les torts de certains hommes, qui, faits pour honorer l'art par leurs talens, travaillèrent à l'avilir par leur conduite. Nous avons cependant tâché d'être justes et décens en même tems que sévères; nous croyons que la vérité la plus forte peut être présentée sous une forme qui en adoucisse la rudesse, et nos lecteurs nous rendront la justiced'avouer que, quand l'indignation a échauffé notre plume, nous avons presque toujours frappé sur les choses, et rarement sur les individus. Il est pourtant un homme célèbre dont nous avons été obligés de retracer les torts nombreux, et même l'ingratitude. Quoique nous n'ayons. cité que des faits, nous eussions, par respect pour le malheur, effacé le nom de Laharpe, si l'ouvrage n'eût été déjà sous presse à l'époque de la disgrace qu'il vient d'essuyer. Nous savons que l'infortune a ses droits, et nous eussions appliqué à Laharpe ce beau vers de Lafontaine : Et c'est être innocent que d'être malheureux. HISTOIRE DU THÉATRE FRANÇAIS PENDANT LA RÉVOLUTION. L'HISTOIRE que nous allons tracer commence naturellement à l'ouverture du Théâtre Français, après la quinzaine de Pâques 1789; mais nous croyons devoir jeter un coup d'œil en arrière, et donner une idée succincte des principaux évènemens qui avaient signalé l'année théâtrale précédente. I Dorfeuille, qui avait déjà débuté au Théâtre Français en 1784, y reparut au mois de février 89. Cet acteur eut de chauds partisans, et de plus ardens détracteurs; les uns le trouvaient parfait, les autres trèsmédiocre ; ce qui prouve qu'il avait et des défauts et des qualités. Il joua successivement Cinna, Oreste et Philoctète dans ce dernier rôle, il obtint un triomphe complet. Le public le redemanda après la pièce, et le couvrit d'applaudissemens. * : Cette même année, la scène fran * Ce Dorfeuille a péri à Lyon, victime de la réaction qui suivit le 9 thermidor, Il ne faut pas le confondre avec le Dorfeuille qui vient de publier l'Art du Comédien, ouvrage qu'on peut appeler classique, et qui a obtenu tout le succès qu'il méritait. C'est ce que nous avons de mieux en ce genre. |