Page images
PDF
EPUB

par ceux qui voulaient accélérer l'époque de cette grande révolution. Le trône et l'autel, journellement présentés sur le théâtre comme des objets d'horreur et de mépris, accoutumèrent le peuple à se jouer de ce qu'il avait long-tems vénéré : lui apprendre le secret de sa force, c'était lui en indiquer l'usage; et l'expérience nous a prouvé s'il a bien su profiter des leçons et des exemples que lui offraient les plus célèbres ouvrages des auteurs qui signalèrent le dernier siècle.

Ce ne serait peut-être pas une assertion trop hasardée

de dire qu'écrire en France l'histoire du théâtre, c'est tracer l'histoire morale du peuple, et que, depuis deux cents ans, les diverses révolutions qui se sont opérées dans le goût, pourraient servir d'époque aux progrès des lumières et de la civilisation, comme à la dépravation des mœurs.

Ce n'est cependant point sous, ce vaste rapport que nous avons considéré l'histoire que nous donnons au public: cette tâche, au-dessus de nos forces, demanderait des talens plus mûrs, et une plume plus exercée ; enthousiastes de l'art dramatique

nous avons voulu seulement donner une idée de la funeste influence que la révolution à exercée sur lui. Nous avons voulu réunir dans un cadre rétréci les évènemens intéressans pour tous ceux qui s'occupent de littérature, ou qui chérissent un art qui fait les délices et la gloire de la France. Nous avons voulu rendre hommage aux talens et au courage de beaucoup d'acteurs qui, persécutés, emprisonnés, dispersés, ont lutté contre le vandalisme, et ont conservé le feu sacré qui brûle sur les autels de Thalie et de Melpomène. Nous ne dissimu

lerons pas les obligations que nous avons a des publicistes éclairés, dont les critiques judicieuses et décentes

ont

guidé notre goût dans les analyses et les jugemens que nous avons donnés de beaucoup d'ouvrages. Ce fut, sans doute, pour nous une tâche pénible à remplir que celle de rappeler au souvenir des ouvrages atroces et immoraux, qui, pendant une désastreuse époque, souillèrent la scène française. Nous aurions voulu pouvoir oublier, ou taire le nom de leurs auteurs, ainsi que les torts de certains hommes, qui, faits pour

honorer l'art par leurs talens, travaillèrent à l'avilir par leur conduite. Nous avons cependant tâché d'être justes et décens en même tems que sévères; nous croyons que la vérité la plus forte peut être présentée sous une forme qui en adoucisse la rudesse, et nos lecteurs nous rendront la justiced'avouer que, quand l'indignation a échauffé notre plunous avons presque toujours frappé sur les choses, et rarement sur les individus.

me,

Il est pourtant un homme célèbre dont nous avons été obligés de retracer les torts

« PreviousContinue »