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parti par la Plaine-du-Rosoir, la Porte-Nadon, les enceintes de la Pointed'Irey, la Croix-de-Montmorin, la Mare-d'Episy, les Placéreaux, le Parquet-de-Montigny, les Ventes-Héron, la Gorge-aux-Loups, les Ecuries-dela-Reine, les Forts-de-Marlotte, la Croix-de-St-Hérem, les Ventes-Bourbon, les Montoirs de Reclose, le carrefour Girardin, la Cange-aux-Lièvres, et Cange-Guillemette, le Rocher-des-Demoiselles, les Montoirs-de-Reclose, les Ipréaux; là les chiens sont tombés en défaut; ayant cherché longtemps sans succès à redresser la voie, on a donné l'ordre de sonner la retraite manquée après deux heures et demie de chasse.

Laisser-courre par Lémans et Gaillard.

Le 22 dudit. Rendez-vous à la Table-du-Roi. On a attaqué un cerf dixcors au carrefour des Bécassières. L'animal a pris son parti par la Tabledu-Roi, les enceintes de la Mare-aux-Evées, le Rocher-Canon, les Montsde-Failly, le rocher Cuvier-Chatillon, le carrefour de l'Epine et des ClairsBois, les Gorges-d'Apremont, la Gorge-aux-Neffliers, la Croix-du-GrandVeneur, le rocher des Deux-Sœurs, la vallée de la Solle, le Cabaret-Masson, les Ecouettes, la Croix-de-Toulouse, les Buttes Saint-Louis, la Croix-deVitry, les Bécassières, la Table-du-Roi, les Ventes-du-Lys, le Chêne-auxChiens, l'Epine-Foreuse; a pris de l'eau à la Mare-aux-Evées, s'est fait battre dans les Bécassières et les enceintes de la Mare-aux-Evées, puis s'est jeté dans ladite Mare où il a été noyé par les chiens après quatre heures de

chasse.

Laisser-courre par Lafeuille, Leroux fils, Lafeuille-Verjus, Verjus fils, et

Duval.

Dans le cours de cette même chasse, un autre cerf dix-cors, chassé par une vingtaine de chiens dans les Gorges-d'Apremont, les Monts-Girard, le Fourneau-David, Franchard, où il est revenu sur son contre, a été porté bas par les chiens aux Gorges-d'Apremont.

NOUVELLES ET FAITS DIVERS.

On écrit de Cauterets, le 19 septembre, que la veille, 18 septembre, un ours énorme a été tué à Cauterets par le nommé Jean-Marie Sarrettes, qui a fait preuve dans cette circonstance de la plus grande intrépidité.

De nouvelles chasses vont s'organiser contre ces hôtes redoutables du département des Hautes-Pyrénées.

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Nous croyons devoir informer nos abonnés que le Tir National, dont l'ouverture avait été fixée au 30 septembre, se trouve remise au 7 octobre prochain. (Voir aux Tablettes de Saint-Hubert.)

L'un des Directeurs, Rédacteur en chef: LEON BERTRAND.

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MES CHASSES EN ABYSSINIE

PAR A. VAYSSIÈRES.

SECOND VOLUME.

CHAPITRE XII.

IRAM-DHATE-EL-OMAD.

Le lendemain, notre barque reprit la mer, et, avant le coucher du soleil, nous pûmes doubler le Rag-el-Abiad (cap Blanc), pointe extrême d'une plage aride qui, vers l'Est, s'étend jusqu'au DjebelYoub.

Des centaines de trombes, soulevées par le vent, couraient au hasard sur la grève, tournant sur elles-mêmes comme un immense fuseau, s'arrêtant quelquefois, et ayant alors l'apparence de colonnes, derniers débris de quelque temple enseveli sous le sable du désert.

Habité par la tribu des Béni-Harb, la plus féroce, la plus inhospitalière de tout le Hedjâg, le Djebel-Youb tire son nom du saint homme Job, que l'on dit enterré dans ces montagnes. Ce pays semble receler des ruines considérables.

Yombo, où nous venions mouiller le surlendemain, est le port de la ville sainte de Medina, comme Djeddah est celui de la Mecque. Seulement, le premier a été à peu près abandonné par le

TOME XXIX.-2° SEMESTRE 1860.

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commerce, tandis que le deuxième est devenu l'un des marchés les plus importants de l'Asie.

Yombo est bâti au pied du Djebel-Radhoua, dont les crêtes se dentellent d'énormes pics qui prennent au soleil les plus belles teintes violettes. Une plage de quelques lieues se déroule au pied de la montagne et se creuse en une rade assez profonde, dont l'étroite ouverture est encore embarrassée par un banc de polypiers. Un santon, qui repose sous un hangar en feuillage, garde cet îlot de madrépores, et le marin arabe ne manque jamais d'invoquer sa protection en entrant ou en sortant de la passe.

La ville dort au fond de cette rade calme comme un lac que le soulèvement lent, mais continu, qui a lieu sur cette côte, ne peut manquer d'assécher avant peu. La grève qui l'entoure, brûlée par le soleil, rouge comme la brique, aride, semée de flaques d'eau laissées par les grandes marées, est empreinte d'une indicible désolation. Quelquefois de longues files de chameaux la sillonnent en tous sens; quelquefois un Bédouin à demi nu, accroupi sur la selle de son dromadaire qu'ornent toujours des guenilles en drap rouge brodées de cauris blancs, la traverse avec la vitesse d'une flèche. Ce sont les seuls incidents qui, de loin en loin, viennent animer ce paysage sans vie et sans verdure. La ville elle-même, à moitié ruinée, enfermée dans un rempart en ruine aussi, est plus triste encore que la plage. Le soleil et l'air de la mer dévorent les pierres et la boue salée dont elle est bâtie; le simoun balaie sans cesse la poudre qui se forme sous l'influence de ces deux causes; chaque jour une maison ou un pan de mur s'écroule, et le désert reprend peu à peu son domaine.

Pourtant, lorsque trois années auparavant je visitai Yambo pour la première fois, telle ne fut pas l'impression que sa vue laissa dans mon souvenir. Nous venions de Suez et, depuis deux jours déjà, l'eau manquait tout à fait à bord de notre barque. La facilité de renouveler à Yambo notre provision dut influer sur ma manière de voir. En Arabie, toute terre où l'eau ne manque jamais est une terre de délices. D'un autre côté, la ville avait ce jour-là comme un air de fête. Elle était pleine de Bédouins au costume pittoresque, aux armes de formes bizarres. Le gouverneur turc payait en ce moment, aux cheiks des tribus voisines, le tribut annuel qui fait que les Arabes tolèrent la domination de la Porte. Des nuées de sauvages enfants du désert étaient accourus pour

cette distribution d'argent. Ces hôtes d'un jour avaient ravivé la

ville qui se meurt.

Les cités arabes ont d'ailleurs un cachet d'originalité propre, dont la nouveauté frappe toujours l'Européen qui les parcourt pour la première fois. C'est précisément cette absence de la régularité que l'on est habitué à trouver partout dans notre Occident. Ici, au contraire, chaque habitation s'arrange comme elle le peut de la première place vide. Les rues sont une sorte de labyrinthe étroit, tortueux, se coupant sous toutes sortes d'angles. Tantôt elles sont couvertes par un hangar en bois, grossièrement fait de nattes et de feuillée, qui projette une ombre épaisse sur ces couloirs; tantôt, elles n'ont aucune espèce d'abri pour les défendre d'un soleil de plomb; et, bien avant midi, les chiens hurlent de douleur en courant sur le sable brûlant. Dans ces rues, l'on va du nouveau à l'inattendu, de l'inattendu à l'étrange. Les hommes ne se ressemblent pas plus que les rues; les costumes pas plus que les hommes. Les bazars populeux offrent le mélange le plus varié d'hommes blancs, cuivrés, noirs, hâlés du soleil ou pâles comme les habitants des villes dont la vie se passe au fond d'une échoppe obscure. A cette tourbe de passants habillés de cent manières, bigarrés de toutes les couleurs, se mêlent des femmes perdues dans leur mésayèh bleu ou blanc, et dont on ne voit que les yeux, qui, presque toujours, méritent bien d'être comparés par les poëtes arabes aux yeux des gazelles.

Quelque temps après le pèlerinage, Yambo est encombré d'hommes de toutes les parties du monde musulman, qui n'ont pas manqué d'aller courber leur front sur les dalles de marbre sous lesquelles reposent les cendres du Prophète.

Nous y avons vu un grand nombre d'Algériens. L'un d'eux, ancien brigadier dans nos corps de spahis, maudissait, en excellent français, l'élan de dévotion qui l'avait conduit à la Mecque et à: Médine, villes saintes dont il parlait avec une irrévérence païenne. N'ayant pas les moyens de regagner son pays, il s'était enrôlé dans les troupes irrégulières au service de la Porte, et s'en consolait en chantant le refrain assez connu : C'est la mère Michel, etc. Le Djebel-Radhoua, habité par des hordes arabes à demi sauvages, belliqueuses, pillardes et inhospitalières, est un pays inaccessible, même aux Turc établis à Yambo depuis des siècles. Cette montagne n'est qu'un contre-fort projeté vers la mer par la grande chaîne qui longe toute cette côte d'El-Akabah jusqu'au détroit de

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Bab-el-Mandeb. Elle doit atteindre une altitude assez considérable, puisqu'on y trouve, sur quelques cimes, des glaciers qui ne fondent que dans les plus fortes chaleurs de l'été. Il n'est pas inutile de rappeler que Yambo est, à peu de chose près, par vingtcinq degrés de latitude Nord, c'est-à-dire sous le tropique du Cancer. Toutefois les habitants du Djebel Radhoura n'ont aucune idée de la neige.

par des

Les gorges qui séparent ces pics géants sont fertilisées ruisseaux qui tous se perdent dans les sables en sortant de la montagne. Dans ces gorges, comme à Médine, le caféïer réussit encore. C'est probablement là le point extrême de la zone où cet arbre peut prospérer.

Mais le végétal le plus précieux de ces montagues est l'amyris opobalsame qui donne le baume de la Mecque. On l'obtient en piquant les branches de l'arbuste. Chaque piqûre donne une gouttelette qui est recueillie soigneusement à l'aide d'une lame de canif. Lorsqu'ils sont parvenus à amasser une certaine quantité de baume, les montagnards viennent le vendre en ville. A Yambo même, il serait difficile d'en acheter aux marchands qui n'eût pas été falsifié.

Le Djebel-Radhoua recèle dans ses replis des forêts considérables quelques cimes sont couvertes de conifères; partout ailleurs la végétation est encore très-riche, si on la compare à l'aridité de la plaine. Aussi la chasse abonde. Un chérif d'Yambo nous dit qu'on y trouvait six espèces d'antilopes: d'abord la gazelle commune (la carine), que l'on appelle ici dabbi; le rim, qui serait le reim des Hébreux s'il n'avait qu'une seule corne au lieu de deux qu'il porte réellement; le bagar-el-ouahach ( vache sauvage), dont les cornes sont d'une longueur démesurée; l'enfri à pelage blanc, le béden ou bouquetin; l'odayhy à longues cornes parallèles se recourbant légèrement en arrière. Le daman pullule dans les rochers; la panthère n'est pas rare, pas plus que le caracal et d'autres petites espèces félines.

Il était à peu près neuf heures du matin, lorsque nous sortîmes du port d'Yambo. Le vent du Nord, que les Arabes désignent sous le nom de schémal, parce que, en se tournant vers les lieux saints, le Nord est à la gauche, le vent du Nord charriait un brouillard assez dense pour voiler le soleil. Ce brouillard rampait lentement à la surface de la mer, puis allait s'arrêter à chaque saillie de la côte, à chaque piton des montagnes.

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