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GÈNE.
GIBIER.

ABDULLA-BEN-Ali, le kilLADAR. VIEUX CANON.

HOSPITALITÉ INDIBEAUCOUP DE TRACES.

PAS DE

VISIONS DE CERFS. - LE PREMIER PAS. DESCRIPTION DU SAMBUR (2).- Ses habitudes.-QUALITÉS REQUISES POUR UN CHASSEUR DE CERFS.-CONSEILS. LA PISTE.-LE COMPAGNON DE WALTER.- - POURSUITE. INSTINCT DU SAMBUR. L'ABOIEMENT D'UN ÉLAN MALE. LE GIBIER EN VUE. MENT D'ANXIÉTÉ. -MON PREMIER CERF. -DEUX FRAPPÉS A Mort. BLESSÉ CAMP.

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MO

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-

LA CHASSE.

PONTO LE MET AUX ABOIS.

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UN TROISIÈME
RETOUR AU

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En l'année 184.., j'étais un joyeux sous-lieutenant dans le vieux régiment qui faisait alors partie des troupes auxiliaires d'Hydrabad, et comme j'avais passé les premiers ennuis de mon noviciat (griffinage), c'est-à-dire les premiers pas, l'exercice de l'adjudant, etc., dans un moment de faiblesse après dîner j'obtins trois jours de congé de la division, de mon colonel (un vrai Tartare) qui, pendant l'absence temporaire du général A..., commandait la garnison, pour accompagner mon grand camarade Walter M...

(1) Ce chapitre est le début d'un livre fort remarquable que notre ancien correspondant, le major L vient de publier sur ses chasses dans l'Inde, sous le pseudonyme déjà connu de nos lecteurs de the Old Shekarry, le Vieux Chasseur. L'ouvrage, édité à Londres, a été écrit en anglais. La traduction, confiée aux soins de notre collaborateur Jules Gérard, l'ami et le compagnon de chasse du major en Afrique, a été revue par lui avec la plus grande attention; le Siècle a consacré plusieurs de ses feuilletons à la reproduction de ces chasses exotiques que nous regrettons de ne pouvoir offrir dans leur ensemble complet aux abonnés du Journal des Chasseurs. Nous ne sommes autorisés à reproduire que ce fragment inédit du livre.

(2) Cerf.

dans une partie de chasse au jaghir du Killadar (1) de la forteresse de Bhoonghir, situé à environ vingt milles de nos cantonne

ments.

Walter, qui commandait la compagnie à laquelle j'étais attaché, avait été mon mentor dans toutes les affaires de service depuis le premier jour que j'avais rejoint le régiment, et il entreprenait maintenant de m'initier aux mystères de la chasse (shekar), tâche que plus que tout autre il était à même de remplir, étant bien connu comme le plus intrépide chasseur et le tireur le plus sûr de son coup dans un pays remarquable pour l'excellence de ses chasseurs.

Des années se sont écoulées depuis que le pauvre Walter a franchi « cette limite d'où ne revient aucun voyageur; » et le cœur le plus bienveillant qui ait jamais réchauffé une poitrine humaine a cessé de battre, car mon ami dort son dernier sommeil à l'ombre d'un grand arbre de la forêt, et son nom ne se représente presque plus à la mémoire, si ce n'est quand à la fin du jour ses vieux camarades se rassemblent autour d'une table amie et parlent << d'incidents émouvants dans les tempêtes ou les combats; » de « saluts » ne tenant qu'à un fil, de glorieux exploits et d'actions hardies; quand un vieux routier montre sur la muraille de la salle quelque effrayant trophée de chasse pour raconter comment cette âme audacieuse qui a disparu plongeait dans quelque torrent furieux, « et luttait contre l'onde de ses bras vigoureux >> à la poursuite de sa proie, défiait le tigre dans son repaire et le tuait seul à seul ou sauvait un camarade d'une mort inévitable grâce à la justesse fatale de son coup d'œil mortel.

Mais revenons à nos moutons. Nous quittâmes le cantonnement à la première lueur de l'aube, et accompagnés de tous nos gens et de nos bagages qu'escortaient, en outre, un caporal et trois cipayes, attendu que le pays était considéré comme peu sûr, à cause des bandes de voleurs des Rohillas et des Puthans, nous longeâmes le bord ou la chaussée du Hussain-Sauger-Tallow, lac artificiel présentant plus de trente milles de circonférence dans la saison des pluies, et après avoir passé à côté du palais princier du résident d'Hydrabad, nous arrivâmes au bungalow du capitaine M..., l'aide-résident avec lequel nous déjeunâmes. Nous

(1) Gouverneur.

nous reposâmes quelques heures, jusqu'à ce que fût passée la chaleur du jour, puis nous repartîmes laissant derrière nous la ville d'Hydrabad, traversant à gué la rivière Moosa, et après une course de trois heures, nous arrivâmes à Shajehanpoor, où nous restâmes pour la nuit, et d'où l'on nous montra la forteresse de Bhoonghir dominant de toute sa hauteur les collines environ

nantes.

A la pointe du jour, le lendemain matin, nous étions de nouveau en selle; nous fîmes une course des plus agréables à travers un jongle peu élevé, et nous arrivâmes à un immense banian (figuier des Indes), au pied duquel nous trouvâmes Abdulla-ben-Ali, le Killadar, et son fils, qui nous attendaient avec du « saindee » (séve du dattier, délicieux breuvage quand elle est fraîche) et des plateaux de fruits et de sucreries de différentes espèces.

Il nous offrit le logement pour nous et pour notre suite, dans le fort, mais nous préférâmes camper sous ce magnifique banian, qui formait à lui seul tout un petit bois, tant sa grosseur était prodigieuse. Contrairement à la plupart des autres productions végétales, cet arbre semble exempté de tout dépérissement en effet, chaque branche du tronc principal produit ses propres racines, d'abord en fibres menues et délicates à plusieurs mètres du sol, lesquelles deviennent de plus en plus épaisses jusqu'à ce que par une descente progressive elles soient parvenues à sa surface, elles y pénètrent aussitôt, y prennent racine, et tirant de la terre leur nourriture, grandissent en larges troncs qui deviennent euxmêmes des arbres reproducteurs et poussent à leur tour d'autres branches, en se perpétuant ainsi par une progression continue et indépendante du père commun qui les a toutes produites. Un banian avec ses troncs multipliés présente les plus belles promenades, les plus beaux points de vue, les plus fraîches retraites que l'on puisse imaginer; car ses feuilles sont larges, douces et d'un vert vif, aussi l'ombre délicieuse qu'il procure est-elle infiniment préférable à celle de tout édifice. Le fruit est une petite figue d'un rouge éclatant quand elle est mûre et qui sert de nourriture aux singes et aux oiseaux de toute espèce qui demeurent parmi les branches. Nous tuâmes plusieurs douzaines de pigeons verts, et d'autres d'espèces différentes, le matin de notre arrivée; le lendemain ils étaient revenus en aussi grand nombre que jamais. Nous nous assurâmes que nos tentes étaient convenablement dressées et nos chevaux solidement attachés aux piquets, et nous

accompagnâmes le Killadar à ses quartiers dans le fort, dont la montée est très-raide et presque impraticable pour les chevaux ; il nous fit faire le tour des fortifications, qui étaient passablement fortes pour un fort du pays. Elles consistaient, comme à l'ordinaire, en un mur percé de meurtrières, avec des bastions carrés en maçonnerie et une espèce de fausse braie, et en une ligne de défenses intérieures qui formaient la citadelle. Il semblait considérer la place comme imprenable, et ni Walter ni moi ne prîmes la peine de le détromper, bien que nous fussions tous deux convaincus qu'il faudrait à nos troupes un peu moins d'une heure pour y entrer.

Il nous montra quelques vieux canons indigènes assez curieux, un entre autres, d'un très-fort calibre, composé de barres de fer forgées ensemble et liées entr'elles par de gros anneaux de fer, et quant au boulet qui était en pierre, nous avions de la peine à le soulever, tant il était lourd.

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Après notre inspection, nous nous rendîmes à la maison du Killadar, qui paraissait avoir été autrefois le vestibule d'un ancien temple hindou, mais toutes les images avaient été détruites et remplacées par des tables de pierre portant des inscriptions persanes. On nous fit entrer dans la Dewan-Khana » ou salle à manger, où était servi un dîner très-délicat à la mode du pays, et notre hôte s'entretint avec nous pendant que nous profitions de son hospitalité ; il paraissait s'amuser beaucoup de mes efforts maladroits pour porter la nourriture à ma bouche avec mes doigts, opération à laquelle je n'étais pas alors accoutumé, bien que ce soit la manière ordinaire de manger parmi toutes les classes et les castes de l'Inde. J'eus mon tour quand il vint nous visiter ensuite, lorsqu'il essaya de manger avec un couteau et une fourchette pour la première fois.

Lorsque nous eûmes dîné, le Killadar fit circuler des sorbets, des sucreries avec des liqueurs et des narghilés (hookah), et il nous informa que ses chasseurs n'étaient point revenus des jongles où il les avait envoyés pour chercher et découvrir les repaires d'un gros tigre qui avait commis de nombreux ravages parmi les troupeaux dans le bas du pays; mais il ajouta que si nous voulions essayer d'une journée de chasse à l'élan (Sambur Rusa Aristoteles), il nous accompagnerait le lendemain matin, et nous montrerait un endroit où nous serions presque certains d'en trouver. Naturellement nous acceptâmes, et après nous être épuisés ré

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