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rossignol américain. je dois confesser ici que maintefois il tombe frappé à mort par un chasseur impitoyable. Pourquoi donc avoir tué ce gentil oiseau? Ah! c'est que sa chair est succulente et que le goût en est exquis. Là se réduit le secret de cette cruauté.

La chasse est si belle dans l'Amérique du Nord, que ce n'est point ordinairement le gibier qui manque sur le passage du chasseur, mais la poudre et le plomb dans son sac. Il me suffira pour prouver ce que j'avance, de citer un passage de journal que j'ai tout lieu de croire fort authentique. C'est le récit d'une chasse faite dans le comté de Shefford (Canada), près d'un village nommé Frost.

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Les habitants de cet endroit s'étaient rassemblés à la taverne de «l'Aigle d'or, afin d'aviser au moyen de détruire le gibier qui menaçait le produit des récoltes du pays. Il fut résolu que les oiseaux et les animaux pillards, devenus trop nombreux, seraient frappés dans une grande Saint-Barthélemy. Les chasseurs nommèrent deux chefs pour organiser le massacre, et les deux élus convinrent entre eux de se faire accompagner chacun par soixante-quinze camarades qui, dans l'intervalle d'un samedi à celui de la semaine suivante, chasseraient sous leurs ordres.

MM. Asa B. Foster et Augustus Wood partirent donc, et le 19 avril 1856 on compta les pièces, qui se divisaient de la manière suivante :

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Certes, voilà une chasse qui vaut la peine qu'on la cite, et jamais, que je sache, roi ou empereur du vieux continent n'en fit de pareille dans les forêts de sa couronne!

BENEDICT H. RÉVOIL.

Les quelques pages que l'on vient de lire, sont la préface d'un joli volume que vient de publier la librairie Hachette, et dans lequel notre colla

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borateur Révoil a groupé le récit des chasses intéressantes qu'il a faites par lui-même, ou auxquelles il a assisté pendant les neuf années qu'il a passées aux États-Unis, de 1841 à 1849.

Ce récit forme une série de dix-neuf chapitres où l'auteur fait connattre les différentes espèces de gibier, inconnues pour la plupart en Europe, qui font les délices des sportsmen de l'autre monde.

Nos abonnés ont pu lire déjà dans le Journal des Chasseurs, quelquesunes de ces pages intéressantes; nous sommes persuadés néanmoins, qu'ils auront grand plaisir à les retrouver réunies en un seul volume formant un ensemble bien coordonné et contenant d'ailleurs bon nombre de récits nouveaux qui ne le cèdent en rien à leurs devanciers.

Les Chasses dans l'Amérique du Nord appartiennent à la Bibliothèque des Chemins de fer, elles seront désormais l'une des plus agréables distractions du chasseur en voyage.

C. G.

LE TIR NATIONAL FRANCAIS

Le tir national français est-il une entreprise d'intérêt privé, une spéculation, en un mot, ou doit-il compter parmi les créations d'un ordre assez élevé pour être classé parmi les choses d'intérêt public?

Dans le premier cas, nous n'aurions pas un mot à dire. A peine quelques conseils seraient-ils permis à nos bonnes intentions. Si, au contraire, comme nous l'espérons, l'État, en concédant le privilége, a eu un but plus noble et plus généreux et a par suite imposé de grandes obligations à l'administration nouvelle, la discussion est ouverte à tout le monde, et nous ne craindrons pas de nous exprimer avec une entière franchise.

A toute affaire qui commence on doit tenir compte des difficultés du début. Tout est inconnu, tout est à créer, et il faut souvent trancher en quelques heures des questions qui demanderaient de longs jours d'étude. Tel a été certainement le cas pour la direction du tir national, car il nous est impossible de voir autre chose qu'un essai dans ce qui a été fait cette année.

Pendant les quinze jours qu'a duré l'existence du tir national, nous nous sommes fait un devoir d'en être l'hôte assidu. Nous y avons rencontré quelques amis, nous avons eu l'honneur d'y faire connaissance avec bon nombre d'illustrations parmi les tireurs français et étrangers, et c'est après avoir entendu et recueilli les observations des maîtres de l'art, que nous avons formé notre opinion définitive. Disons-le franchement, nous avons entendu beaucoup de plaintes, formulées en général avec beaucoup d'indulgence, parce que les motifs qui les inspiraient étaient considérés comme la conséquence inévitable d'un début; le résumé très-consolant de l'opinion générale était que l'entreprise était appelée à un grand avenir, mais à la condition impérieuse d'être beaucoup plus populaire et de mieux mériter son titre de Tir National.

On blâmait, avec quelques raisons, le prix excessif des cartons et surtout celui des cartons des prix d'honneur; c'était une prime offerte au plus riche et non au plus adroit. On comparait avec étonnement ces prix énormes de 10 francs, 2 francs et 1 franc par cartons avec ceux des tirs nationaux

Belges et des tirs fédéraux de la Suisse, et on avait peine à s'expliquer ces différences. Mieux eût valu cent fois offrir des primes de bien moindre valeur et les mettre à la portée du plus grand nombre (1).

Il ne faut pas s'y méprendre, le tir national est une de ces institutions honnêtement démocratiques, aussi bonnes que la chasse elle-même, pour confondre dans une noble et sympathique émulation, non-seulement les différentes classes de notre société française, mais tous les peuples en voisinage; ne craignons donc pas de le rendre populaire, le but n'en sera que mieux atteint.

On blâmait encore que le prix d'honneur fût offert au coup le plus près. Il n'est pas besoin d'être expert en matière de tir de précision pour savoir qu'un coup de broche appartient le plus souvent à une halle de fortune, tandis qu'un bon tireur seul peut fournir une série de beaux coups successifs. Mieux eût valu, de toute évidence, le partager en deux parts, l'une au plus beau coup, l'autre au plus haut point, pourquoi ne pas accepter franchement les exemples que nous donnent les nations qui nous ont précédés dans la carrière? Les idées bonnes sont bonnes, même n'étant pas de nous. Le goût du tir prendra, nous l'espérons, de fortes racines en France; mais il y est, quant à présent, fort peu répandu; les armes de précision y sont extrêmement rares, et le peu qui en existe est presque entièrement d'origine étrangère, la carabine de guerre n'existe qu'entre les mains de nos soldats, bien plus, nos arquebusiers, qui ont si justement acquis une renommée européenne pour la fabrication des armes de chasse, sont encore bien novices dans celle des armes de précision, que personne du reste, ne songeait à leur demander. De ce côté tout est à faire.

En attendant l'époque, sans doute prochaine, où nous aurons conquis notre rang, était-il bien logique de faire lutter nos carabines de chasse, légères et de petit modèle, contre ces redoutables carabines suisses et belges qui sont la perfection du genre. N'eût-il pas été plus juste d'établir plusieurs classes de carabines de précision et de réserver quelques cibles aux armes légères se tirant à bras détaché et avec la détente simple?

Nous demandons instamment pour l'année prochaine l'installation de cibles de ce genre, car nous regretterions de voir trop se propager en France l'école des armes d'affût. Le tireur habitué à ce modèle, à ses aides, à sa

(1) Voici les tarifs du tir fédéral, en Suisse, et ceux du dernier tir national, en Belgique :

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En Suisse Pour le grand prix d'honneur, 7 cibles. Entrée, 5 fr. ; 7 balles, une à chaque cible, 30 fr. En tout, 35 fr.

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Nul tireur ne peut se présenter deux fois.

Pour les cibles tournantes. à volonté, de 20 à 25 cent. par balle.

En Belgique, au dernier tir national, le tarif le plus élevé, pour armes de précision,

a été de fr. pour une série de 10 balles, sans plus. La moyenne a été de 1 fr. pour chaque série de 5 balles, soit 20 cent. le coup.

La garde civique a eu droit à une série gratuite de 5 balles pour les cibles qui lui étaient réservées.

double détente, devient à peu près incapable de se bien servir des autres armes. Il n'en est pas qui convienne moins à notre caractère, et si nous ne refusons pas carrière à une pareille école, c'est à la condition d'ouvrir à côté d'elle celle qui doit lui servir de correctif.

Les tireurs français se plaignaient encore que l'établissement ne leur eût pas été ouvert à des prix modérés pendant quelques jours avant le concours, ou qu'on n'eût pas établi quelques cibles blanches pour régler les armes. Bien peu, même parmi ceux qui appartiennent à des sociétés d'arquebuse, ont à leur disposition des cibles à 170 mètres ; il leur a donc fallu se présenter devant des cibles fort coûteuses, avec des armes non réglées, tandis que les Suisses et les Belges, par exemple, chez lesquels le tir de la carabine est depuis longtemps déjà une distraction nationale et de tous les jours, se présentaient parfaitement exercés et avec des armes réglées à la distance. Nous voudrions donc que l'année prochaine la distribution des cibles fût mieux classée et mieux équilibrée; nous voudrions, en outre, que chaque tireur fût obligé de présenter son arme à la commission, qui fixerait la catégorie à laquelle cette arme appartient.

Puisque nous sommes en train de demander, faisons des vœux :

Pour que le tir au pistolet soit moins obscur, pour qu'il soit établi dans un emplacement plus calme et qui permette au tireur de se posséder; le tir au pistolet, cette année, était le modèle de l'impossible;

Pour que le tir, si bien accueilli de la garde nationale, soit surveillé et réglé militairement, que chacun ne soit pas là pour tirer à tort et à travers et à sa guise, mais en présence et sous les ordres des officiers instructeurs. Cette école, profitable à tous, serait, bien entendu, au meilleur marché possible, et on la placerait de manière à ne pas être une gêne insupportable pour les tireurs de précision, qu'elle étourdit et ébranle par la force des détonations et qu'elle aveugle par sa fumée;

Pour que le service des marqueurs se fasse tout autrement qu'il ne s'est fait, que chaque coup sans exception soit marqué et bouché, que le tireur puisse se mettre en communication avec le marqueur de manière que pas un coup n'échappe à ce dernier, et qu'il indique ceux mêmes qui ne portent pas en cible. Le service, tel qu'il était fait cette année, a donné lieu aux réclamations les plus vives et les plus légitimes; MM. les commissaires du tir les ont trop bien comprises pour que nous ayons besoin d'insister sur cette question capitale; mais il ne nous est pas permis de ne pas appeler de toutes nos forces leur attention sur la police de sûreté du tir, qui s'est faite avec la plus déplorable indifférence. Nous avons été personnellement témoin de plus de vingt cas d'imprudence, tous susceptibles d'occasionner de grands malheurs. Nous n'ignorons pas que cette surveillance est une des grandes difficultés à vaincre; mais nous n'y voyons pas raison suffisante pour l'abandonner.

Nous ne parlerons pas du service de propreté extérieure, des moyens

TOME XXIX.

2e SEMESTRE 1860.

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