Page images
PDF
EPUB
[graphic][subsumed][subsumed]

Chasi

SPÉCIALE

DES PAIRS ET DES DÉPUTÉS

DU ROYAUME,

SESSION DE 1818- 1819,

CONTENANT la Vie politique de chacun d'eux jusqu'à ce jour. On y a
joint, sous le titre de Supplément, une Notice historique sur les
nouveaux Députés élus.

L'OUVRAGE est terminé par un Tableau des Députés réélus mis en
parallèle avec les Députés non-réélus.

[graphic][merged small]

BEAUCE, Libraire de S. A. R. Monseigneur Duc d'Angoulême,

rue Guénégaud, n°. 19.

1819.

DC

142

647

782840-190

AVIS DE L'ÉDITEUR.

L'OUVRAGE qu'on présente au Public a été inspiré par cet amour de la vérité qui doit diriger tout citoyen qui désire la paix et la prospérité de son pays. L'épouvantable résultat de la loi des élections atteste que ce ne sont point les amis de la dynastie des Bourbons qui l'ont défendue et qui la défendent encore : les partisans de cette loi funeste n'ignorent pas qu'elle entraînera la chute de la monarchie et renversera l'édifice social fondé sur la Charte que le Roi, dans sa sagesse, a cru devoir donner à son peuple; au contraire, c'est sur elle qu'ils fondent leur criminel espoir. Il en est beaucoup, parmi eux, qui regrettent la monarchie de Buonaparte et la domination de cet usurpateur; ils ont tendu des piéges à des ministres foibles, imprévoyans, et les ont entraînés dans des erreurs qui sont la source des calamités publiques.

Parcourons quelques pages des fastes révolutionnaires, et laissons se juger eux-mêmes les fougueux partisans de la révolution. Lecteur, faites la plus grande attention à ce que vous allez lire.

Les Etats - Généraux, qui prirent ensuite le titre d'Assemblée nationale, avoient désorganisé tout ce qu'ils n'avoient pas détruit; ils avoient avili la religion et l'autorité royale: ainsi furent brisés les principaux liens de la société.

Aux Etats-Généraux succéda l'Assemblée législative: celle-ci ne rétablit rien, prononça la déchéance du Roi, et convoqua la Convention nationale. Cette dernière assemblée, si l'on en croit M. de Serres, aujourd'hui garde-des-sceaux, étoit saine en majorité mais, selon nous, elle fut composée en grande majorité d'êtres féroces, débauchés, familiarisés avec le crime, d'hommes passionnés, enfin, qui couvrirent la France de cadavres, et couronnèrent leurs forfaits par le plus exécrable des attentats, le meurtre du vertueux Louis XVI, en se constituant à-la-fois, par une monstruosité sans exemple, accusateurs, jurés, juges et BOURREAUX. Le journaliste Prudhomme, dont l'esprit républicain n'étoit pas douteux, mais que le sentiment de la justice agitoit, osa dire à Danton que la Convention, qui s'attribuoit le droit d'accuser Louis XVI, ne pouvoit plus avoir celui de le juger. «Tu as raison, répond le farouche » et digne collègue de Robespierre; aussi ne prétendons-nous pas le juger: NOUS LE TUERONS!. . . . .

[ocr errors]

Ecoutons maintenant l'énergumène Hébert, connu sous le nom de Père Duchêne, et nous aurons en même temps le portrait le plus parfait du juste couronné et celui des lâches apostats qui se livrèrent à tous les excès du crime, après avoir eu le mal

heur d'abandonner le sentier du devoir. «Je voulus être, dit Hébert, » du nombre de ceux qui devoient être présens à la lecture de l'ar» rêt de mort de Louis. Il écouta avec un sang-froid rare la lec»ture de ce jugement. Lorsqu'elle fut achevée, il demanda sa » famille, un confesseur, enfin tout ce qui pouvoit lui être de quel» que soulagement à son heure dernière. Il mit tant d'onction, de » dignité, de noblesse, de grandeur, dans son maintien et dans » ses paroles, que je ne pas y tenir. Des pleurs de rage vinrent » mouiller mes paupières. IL AVOIT, DANS SES REGARDS ET DANS SES >> MANIÈRES, QUelque chose de VISIBLEMENT SUrnaturel a L'HOMME. Je me » retirai, en voulant retenir des larmes qui couloient malgré moi, » et bien résolu de finir là mon ministère. Je m'en ouvris à un de » mes collègues, qui n'avoit pas plus de fermeté pour contenir les >> siennes; et je lui dis, avec ma franchise ordinaire: Mon ami, » les prêtres, membres de la Convention, en votant pour la mort,

quoique la sainteté de leur caractère le leur défendît, ont formé la » majorité qui nous délivre du tyran. Hé bien, que ce soit aussi » des prêtres constitutionnels qui le conduisent à l'échafaud. Des >> PRÊTRES CONSTITUTIONNELS ONT, SEULS, ASSEZ DE FÉROCITÉ pour remplir » CET EMPLOI. Nous fimes en effet décider, mon collègue et moi, que » ce seroient deux prêtres municipaux, Jacques Roux (1)et Pierre » Bernard (2), qui conduiroient Louis à la mort; et l'on sait qu'ils » S'ACQUITTÈRENT DE CETTE FONCTION AVEC L'INSENSIBILITÉ DES BÊTES FÉ>ROCES. » Tel est le mémorable jugement de l'un des plus ardens révolutionnaires, sur Louis le Martyr, et sur le caractère morat des prêtres constitutionnels.

Ministres du Roi, voilà les hommes que doit produire votre loi des élections!.....

Sans inventer des calomnies, que nous désavouons d'avance, nous avons dû rapporter les faits tels qu'ils sont; nous l'avons fait sans fiel et sans amertume, et nous nous sommes abstenus de réflexions inutiles; mais nous en avons assez dit pour faire connoître l'esprit, les talens et le caractère des hommes auxquels les intérêts de la nation sont confiés.

BEAUCE.

(1) Le 15 janvier 1794, Jacques Roux ayant été traduit au tribunal de police correctionnelle, pour friponneries qui l'avoient fait chasser de la Commune, et les juges ayant dit que les délits dont il étoit chargé passoient leur compétence, ils le renvoyèrent au tribunal révolutionnaire. Au moment où il entendit prononcer cette décision, il se frappa de cinq coups de couteau, et on le reporta à Bicétre, où il se donna encore plusieurs coups de canif, et où il mourut de ses blessures.

le 27

(2) Pierre Bernard, son digne collègue, fut condamné à mort, juillet 1794, comme complice de Robespierre, et exécuté le même jour.

« PreviousContinue »