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étoient fomentées, les factions soudoyées. Non ils ne sont plus ces tems désastreux: la nation a prévalu; elle règne; elle veut régner en paix: elle vient d'abattre à ses pieds la dernière tête de l'hydre; le pape a parlé.

Bénie soit à jamais, M. F., la mémoire de ces deux héros qui ont arrêté le torrent de l'iniquité : leur concours a fait cesser tous nos maux. Dix ans de calamités publiques ont assez prouvé la néces-sité de cette union entre ces deux chefs. L'autorité de l'un ne servira donc plus à détruire celle de l'autre fortifiée plutôt l'une par l'autre, vous serez, M. F., tous les jours les témoins de cette heureuse concomitance. Nous ne croirons plus à ces menaces d'exhérédation, à ces anathêmes; nous ne croirons plus à ces libelles qui circulèrent sous le nom respectable du chef de l'église : nous ne verrons plus ces entreprises impies sur l'oint du Seigneur. Non, nous ne reverrons pas se renouveler cette insurrection de puissances: la foi commune des deux chets est le gage de la fidélité que conservera le pouvoir de l'un sur l'autre; tandis qu'elle est pour nous celui d'une soumission bien ordonnée, et d'un attachement bien mérité.

Appuyée sur ces principes, l'église de France ne verra dans son sein qu'un peuple, qu'un clergé. Ah! s'il pouvoit en arriver autrement, le Seigneur arrêtera le complot des méchans; il confondra les orgueilleux. Tous les scrupules sont levés; tous les doutes sont éclaircis: il n'y a plus de retranchement. Les périls pour la religion sont passés; il n'y en auroit d'autre pour elle que celui où vous l'exposeriez vous-mêmes, ô prêtres! en suivant encore la même divergence d'opinion et de conduite. Quittez donc, ô prêtres ! la patrie le réclame, le pape vous en conjure, Jésus-Christ l'ordonne; quittez vos

yoies diverses, marchez tous ensemble dans la grande route qui vient d'être tracée: ces voies diverses n'offriroient plus pour vous que fossés et précipices.

Pour vous, qui avez été en opposition avec l'autorité temporelle, encore plus tard, vous deviendriez rébelles à l'autorité spirituelle: quoiqu'en un tems les défenseurs officieux de cette dernière, vous n'en seriez pas moins les détracteurs ouverts dans celui-ci, où les actes de sa puissance ne peuvent être

méconnus.

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Ne vous abusez pas sur les intentions du souverain pontife: ses actes agréés par le gouvernement, sont les lois réglementaires: ses intentions, nous ne les connoissons pas; Dieu seul connoît les cœurs, et en est le scrutateur.

Trop heureux, ô prêtres! lorsque le gouvernement, en vous appelant, ne vous demande aucun compte: pourquoi en exiger entre vous? pourquoi les uns appeleroient-ils les autres en jugement, lorsque tous, également sans autorité, vous l'attendez de la même source? Oui, qui est-ce qui oseroit parler de rétractation de principes consacrés de nouveau par les pouvoirs compétens? ceux-là ne seroient que de perpétuels artisans de discorde; et ils ne seroient plus pour leurs frères, les prêtres engagés déjà dans ces principes, le tendre objet de leurs desirs, mais bien l'objet d'une horreur méritée. Ah! si les premiers receloient dans leurs cœurs ces réserves funestes, ceux-ci ne trouveroient de remède à cette folle prétention, que dans l'esprit de patience et de charité qu'ils ont constamment suivi.

Alors, ce que ne pourroient achever les hommes étant réservé à votre grace, Seigneur; alors frappez s'il faut des victimes, choisissez parmi les

derniers. S'il est expédient qu'ils s'en aillent, ils s'en

iront.

Mais pourquoi ces craintes fâcheuses viennentelles troubler la joie que nous avons conçue, M. F. Y auroit-il encore quelque danger pour la religión, que nous n'appercevons pas; ou y auroit-il des articles secrets dans le traité pour la paix religieuse? Mais que dis-je? où seroit le danger? La loi sur le culte n'est-elle donc rien? la profession de foi du gouvernement n'est elle donc rien ! Quel est l'état en Europe qui offre une meilleure garantie!

La possession de grands biens dans l'église,direzvous, la puissance du clergé, renforcée par un grand nombre d'ordres monastiques, manquent ici. Mais ne savons-nous pas l'abus de ces biens, l'abus de ces établissemens religieux ne savons-nous pas que l'époque de ces biens dans l'église, est l'époque de la dégénération dans le clergé séculier et régulier? ne savons-nous pas que la religion a été illustrée par les plus éminentes vertus, lorsqu'il n'y avoit ni biens, ni établissemens de perfection dans l'église ne savons-nous pas que l'ee a brillé du plus grand éclat de lumière, lorsqu'elle n'avoit pas dans son sein les biens, continuels objets de distraction et de dissipation? Oui, comme par une contrariété frappante de la nature, les vœux de pauvreté ont dévoré les votans d'ambition et de richesse. Le vice radical de nulltié de propriété, avoit rendu le clergé le plus grand propriétaire.

Mais peut-on compter, direz-vous, sur quelque stabilité, lorsqu'il n'y a ni base permanente ni durable! Quoi, M. F.! est-ce que la religion avoit d'abord traité avec les peuples, ni les princes par des traités humains pour se faire garantir sa durée ?

N'est-elle pas assez garantié par son auteur ? la religion traite avec les coeurs, s'en empare, les règle et les conduit; sa garantie est là. Elle a traité ainsi avec la France depuis des siècles; la France l'a honorée depuis qu'elle l'a connue: ses rois, son peuple, n'ont jamais traité avec d'autres nulle part le culte n'a été plus éclairé, plus respecté. Aucune puissance n'a jamais montré tant de piété envers le chef de l'église; nulle part la piété des fidèles n'a été plus tendre, plus généreuse; nulle part le peuple n'a été plus difficile pour les innovations en religion : les novateurs ont été forcés de porter au loin leurs erreurs; et si quelqu'une y a pris naissance, elle y a trouvé aussi son tombeau, et une sainte horreur l'a toujours suivie. Elle n'a partagé aucune hérésie étrangère : à peine le venin de quelqu'une y a pénétré, que des HiJaires ont été là pour les arrêter. Et n'avez-vous pas été, dans cette dernière tribulation, les témoins du courage héroïque que la religion a inspiré à ses ministres fidèles, en même tems que vous avez vous-mêmes fourni des preuves non équivoques de votre constance er de votre fermeté dans la foi? Les plus puissans ennemis de Jésus-Christ n'ont pu changer la foi de vos pères; elle est restée la même, malgré les efforts d'une puissance toure criminelle.

Eh quoi! lorsque la rage, l'impiété, les violences, les ruses, les caresses, les perfidies ont échoué, que craindriez vous de la filiation du pouvoir français en J.-C., de la paternité du chef de l'église concourant ensemble à la restauration du culte, également intéressée à son maintien ?

Faudroit il croire que les chefs en traitant entr'eux n'ont pas stipulla paix religieuse, et qu'ils ont voulu laisser les prêtres dans cette diversité

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d'opinion et de conduite que le péril seul de la religion a pu excuser? Non, M. F., la France n'avoit à recevoir d'autre avantage de la part du chef de l'église le chef de l'église ne pouvoit refuser ce bienfait spirituel lorsqu'il devoit recevoir tout le bienfait temporel de notre part. Le pape a donc voulu nous donner la paix religieuse que le gouvernement lui a demandée : la paix religieuse est donc stipulée, ratifiée. Des articles secrets retardent sans doute les salutaires effets de ce traité. Non M. F., ce n'est pa ici le cas d'articles secrets; les affaires de conscience ne peuvent être subtilisées, saisies par l'un et échappées à l'autre. Personne n'ayant qualité de transiger sur ce point pour les autres, on sait que ce qui ne seroit pas conforme aux principes n'obligeroit pas. Tout doit donc être connu sur ces matières pour être ratifié par la Conscience publique et particulière. Quiconque s'autoriseroit des volontés particulières des contractans, s'érige en autorité supérieure, et doit être regardé comme perturbateur du repos public. Ceux-là donc sont coupables qui, s'appuyant tantôt d'un bref, tantôt d'une allocution, tantôt d'un pouvoir furtif d'absoudre, prétendent qu'il n'y aura de paix tant qu'ils condamneront; qu'il n'y aura de paix que lorsqu'ils absoudront. J'avois eu donc tort de croire et de vous persuader que le péril de la religion avoit engagé les prêtrés dans les divers partis d'opinion et de conduite. Non, M. F., ces prétentions ne sont que les dernières agitations des esprits qué l'activité du concordat fera cesser. Les résultats heureux opérés dans certains diocèses, nous remplissent d'espoir et de consolation.

Quel besoin d'ailleurs ne faut-il pas croire que les prêtres éprouvent de s'embrasser, de recevoir

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