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d'hui. Il ne doit en exister d'autre entre vous, que celle d'ami de la religion, ou d'ennemi. Le prêtre ami de la religion sera reconnu à son langage de paix, de charité, de concorde; il sera reconnu à sa modestie, à, ses ouvertures d'amitié tranches et douces, à ses démonstrations de joie, qui sont le témoignage d'une parfaite satisfaction.

Le prêtre ennemi de la religion, sera reconnu à l'esprit de contestation perpétuelle, à ses prétentions, à son entêtement dans ses opinions, a son ambition à les faire dominer; celui-là seul demeurera l'ennemi de la religion.

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Car ce n'est qu'à la faveur du troublé général menaçant la religion, que cet emportement de zèle, diversement tendu, recoit quelque excuse; ce n'est qu'à la faveur de ce trouble général, que tous les maux attachés à cet emportement de zèle prennent excuse, ce n'est qu'a cette faveur que la patrie pleurant le sang qu'il lui a coûté, sentant vivement encore les plaies qu'elle en a reçues ce n'est qu'à cette faveur, dis-je, qu'elle a fart la paix avec vous, o ministres en vous exhortant a la faire entre vous. Ce n'est qu'à cette faveur que respectant l'autorité qui agit sur les cons ciences, elle l'a invoquée à son secours, a accepté 'sa loi qui doit être la vôtre. Ce n'est qu'à cette faveur, qu'elle vous rend également sa confiance, vous appelant indistinctement aux places et attachant un nouveau et égal prix aux travaux que vous allez entreprendre.... Quelle foule de sentimens ne doit pas exciter en vous, o ministres, ô l'auteur de tant de générosité! quelles résolutions nouvelles ne doit-il pas produire dans les ames les plus froides et les plus endurcies Ce n'est enfin faveur de ce trouble général menaçant la religion, que cet emportement de zèle

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diversement entendu est justifié, et que les ministres sont regardés comme étrangers à tous les excès, à suite de cette diversité d'opinion et de conduite, Mais aussi la religion sauvée, toutes clameurs nouvelles sont des crimes d'orgueil; toutes menées sourdes sont des crimes de sedition; toutes entreprises contraires sont des crimes de rébellion.

Une fois la religion sauvée, toutes les agitations à ce sujet, tous les troubles sont des crimes de lèze-nation.

Une fois la religion sauvée, tout défaut d'intelligence, de franchise, de bonne volonté, d'union, est un crime de trahison, de perfidie.

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Une fois la religion sauvée, toutes les armes levées pour elle doivent comber; tous les ressorts doivent être rétablis dans leur état naturel, Une arme encore levée, un ressort encore tendu, une autre question que celle du premier consul à vie est

un crime.

Ne perdez pas, & ministres, les fruits de dix années d'efforts louables en tout, quoiqu'en sens contraire.

Ah! s'il est vrai que vous ayez eu le mêmẹ but, vous devez vous embrasser en y arrivant; et s'il est vrai que le peril pour le salut de vos frères eût opéré votre séparation, le salut de vos frères hors de tout péril, doit opérer votre prompte réunion. Ainsi soit-il.

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Le 6 fructidor an 10, la mort a enlevé, à Tâge de 67 ans, M. Nicolas FRANCIN, évêque constitutionnel du département de la Moselle, et démissionnaire par soumi s on au concordat,

Il céda à l'empire des cu constances en acceptant

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son élection à l'épiscopat; il fut confesseur et martyr de son attachement aux principes du christianisme et à son culte; il vécut de privations, pour étendre sa bienfaisance; et son esprit conciliant, dans les tems difficiles, ainsi que ses moeurs pures et douces, lui ont captivé l'affection des hommes de toutes les opinions et de tous les partis.

M. Bien-Aimé, son successeur, vengea, autánt qu'il put, les citoyens de Metz des mesures politiques qui les privoient de M. Francin comme évêque, en le plaçant à la tête de son conseil épiscopal, et en le nommant à une des cures de cette ville. Il lui continua les témoignages de son estime, en manifestant le desir qu'on décernât tous les honneurs possibles aux restes chéris de ce premier pasteur.

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Les autorités judiciaires, militaires et civiles ont concouru spontanément à rendre cet appareil funèbre, aussi solemnel que touchant; et chacun y répétoit à l'envi, les vertus et les qualités de celui qui en étoit l'objet.

La garde nationale, commandée par détachémens, voulut s'y trouver au complet.

Les membres des tribunaux se joignitent au cortège, afin de rendre le dernier devoir à ce ministre de la religion, qui sut faire concorder les fonctions ecclésiastiques avec les lois de l'état.

Ils procédèrent, accompagnés de nombre de citoyens de toutes les classes, vers le domicile du décédé, à l'heure indiquée par les administrateurs temporels de la paroisse Notre-Dame, dont la prévoyance, le zèle et les talens établirent l'ordre et la décence, et donnèrent à cette cérémonie un ton attendrissant qui devenoit l'écho des cœurs de ceux qui y assistèrent.

( 1.

C'est ainsi qu'un hombreux clergé, ayant à sa

tête

tête M. Chevraux, curé de Sainte-Segolène, procéda vers l'église paroissiale, où la messe fut célébrée par cet ancien et vénérable pasteur, en présence du corps placé dans le sanctuaire, et revêtu des ornemens pontificaux, insignes inséparables du caractère ineffaçable de l'ordre de l'épiscopat.

La santé du nouvel évêque de Metz ne lui per mettant point de présider au service, on eût desiré y voir un des vicaires-généraux, et entendre une voix sentimentale semer les fleurs de l'éloquence chrétienne sur la tombe de l'objet de nos regrets; mais les sanglors des pauvres noyés dans les larmes de toutes les ames honnêtes et sensibles, ont pro noncé l'oraison funèbre.

Les communes qui avoient eu le bonheur de posséder M. Francin, celle de Kenismaker où il fut curé ayant son élection à l'évêché de la Moselle, celle de Woipy, où il s'étoit acquis un asyle, toutes deux reconnoissantes de ses bienfaits, se disputèrent l'honneur de lui offrir une sépulture; la famille du défunt décida. La délicatesse du clergé sur le droit de transfiner de paroisse à paroisse, ayant été mise à l'abri par la décision des personnes en autorité, on continua la marche à travers une affluence de citoyens de tout état, de tout âge et de tout sexe, sur les traits desquels se peignoient, non point l'avide curiosité d'un spectacle nouveau, mais bien le sentiment caractérisé d'une tristesse respectueuse. On arrive enfin dans l'enceinte des sépultures; les accens de la douleur redoublent et interceptent les sons de la prière publique; on dépose la dépouille mortelle de cet homme regretté dans une place choisie, et sur laquelle l'amour de ses paroissiens eievera un monument qui attestera à la postérité que la mémoire du juste est impé

rissable, et que les traits de l'envie viennent se briser contre elle.

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BERTRAND, ex-vicaire épiscopal de Metz, actuellement curé à Sedan.

M. Gabriel-François Moreau, ci-devant conseiller-clerc au parlement de Paris, chanoine et théologal de l'église de Paris, sacré évêque de Vence le 29 avril 1759, nommé à l'évêché de Mâcon en 1763, et à celui d'Autun en 1802, est mort à Autun, le... de ce mois de septembre. Il étoit né à Paris, le 24 septembre 1721.

Nous n'avons aucun mémoire particulier qui puisse servir à l'éloge de ce prélat. Pendant sa vie on a généralement loué les qualités brillantes de son esprit, la douceur de ses niceurs, la modération mœurs, de son caractère : il avoit résisté aux conseils et à l'exemple de ses collègues, qui, en 1791 et 1792, ont cru devoir quitter la France; il subit aussi les honneurs de la prison en 1793, et offrit un grand caractère de dignité et de constance au milieu des calamités de ces derniers tems. La sensibilité qu'a témoignée le premier consul en apprenant la perte de cet évêque, et les regrets que ses amis lui accordent, sont au-dessus de tout éloge. Le journal officiel publie que Bonaparte avoit demandé pour lui le chapeau de cardinal.

Les habitans de la ville de Tours ont été singulièrement édifiés de l'humilité avec laquelle M. de Boisgelin, archevêque de cette ville, a reçu le pallium des mains du citoyen Montault, élu évêque de Poitiers en 1791, actuellement évêque d'Angers, et nommé commissaire par sa sainteté pour cette cérémonie.

Les tems anciens ne font mention que de deux espèces de pallium. Le premier étoit un habit fait

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