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A Forges, le premier consul ayant été informé que plusieurs prêtres mariés continuoient à intervenir dans les affaires du culte et à gêner les opérations de l'archevêque, il a fait connoître que les prêtres mariés n'ont le droit de se mêler directement ni indirectement des affaires religieuses, auxquelles ils doivent demeurer beaucoup plus étrangers que les laïcs; que la prudence veut même qu'ils n'aient point d'avis, et qu'ils ne prennent point de part aux discussions du clergé; que le saint-père a pris des mesures pour qu'ils pussent être admis à la communion laïque; qu'ils doivent en profiter, pratiquer l'exercice de la religion comme les autres citoyens, et se tenir toujours éloignés des discussions et des affaires de l'église.

Sans doute le premier consul n'a fait qu'expri mer ici quels ont toujours été les principes de l'église à l'égard des prètres mariés mais n'a-t-on pas trouvé le moyen d'éluder cette respectable discipline, en regardant les prêtres, mariés par les officiers civils, comme des prêtres simplement concubinaires; ou en cessant de les regarder comme mariés, attendu l'acte de divorce qu'on leur fait faire ?

Vous rappelez-vous le ton d'emphase avec lequel nos incrédules avoient annoncé la découverte du zodiaque de Dendara? A les entendre, il détruisoit toutes les chronologies connues, y compris celle de la bible; ce qui leur tient fort à cœur. Malheureusement pour eux, c'est le cri de la montagne qui enfante une souris.

Déjà les citoyens Pasumot, Le Coz et autres, ont attaqué la prétendue antiquité de ces zodiaques; déjà le plus célèbre antiquaire de l'Italie, actuellement fixé à Paris, M. Visconti, a ramené co

zodiaque à des époques très-récentes. Un savant anglais, très-verse dans les langues orientales et dans tout ce que l'érudition a de plus profond, M. le docteur Stenley, entre aussi dans la lice: il imprime en ce moment, à Londres, un ouvrage ex professo sur les zodiaques. Il embrasse toutes les idées accessoires à la question, et saisit cette occasion de venger la sainte écriture contre les attaques de l'impiété. Dès que l'ouvrage nous sera parvenu nous le ferons connoître.

L'archevêque de Malines, M. de Roquelaure, a suspendu de ses fonctions un prêtre de son diccèse, pour avoir exhorté un moribond à restituer à l'église les biens ci-devant ecclésiastiques qu'il avoir acquis.

M. l'abbé Cambacérès, oncle du second consul, est mort le samedi 6 novembre 1802, à la suite d'une maladie de dix jours. Il étoit né à Montpellier, en 1722; avoit été archidiacre et chanoine du chapitre de cette ville, docteur de Sorbonne et prédicateur du roi. On a de lui un recueil de sermons fort estimés. (1)

Voici l'extrait d'une lettre de M. l'archevêque de Rouen, contenant diverses instructions pour les ecclésiastiques de son diocèse :

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«Le cardinal légat nous a transmis une décision » sur l'aliénation des biens nationaux, qu'il importe » de vous communiquer. Elle contient trois dispositions. Son éminence défend par la première, d'agiter, soit en public, soit en particulier, aucune question relative à cet objet. Par la seconde elle renvoie, pour ce qui concerne les biens des » églises, à l'article 13 du concordat, qui assure

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(1) On trouve à l'Imprimerie Chrétienne, les sermons de l'abbé Cambacérès, en 3 vol. in-12. Prix 7 fr. 10 s., neufs et reliés, ainsi que beaucoup d'autres sermons, prônes, etc.

» la propriété incommutable des acquéreurs. Enfin, par la troisième, elle veut, sans aucune dis»tinction, que les prêtres interrogés par les acquéreurs des biens nationaux, leur répondent : Qu'ils » peuvent retenir légitimement la possession de ces biens. »

On lit dans la Gazette officielle de Saint-Domingue, les arrêtés suivans du général en chef: "Du 26 messidor. -- La religion catholique, apostolique et romaine est la seule dont l'exercice public est autorisé à Saint-Domingue. Deux ecclésiastiques, désignés par le général en chef, rempliront les fonctions de vicaires-apostoliques. Ils sont chargés de présenter au général en chef les candidats destinés à remplir les fonctions de curé et de vicaire : ils proposent tous les réglemens qu'ils croient convenables pour leur assurer un traitement suffisant. Il y a un curé dans les communes chefs-lieux de quartier: dans les autres communes, il n'y a que des vicaires. Le dimanche est, à compter de la date du présent, le jour de repos des fonctionnaires publics et des citoyens. Cependant, les dates des actes publics et privés s'expriment conformément au calendrier républicain, quant au quantième et aux noms des mois : les noms des jours sont ceux de l'ancien calendrier. Le présent réglement n'est que provisoire.

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Du même jour. Le citoyen Cibot, ci-devant préfet des missions à Saint-Domingue, est nommé pour remplir les fonctions de vicaire-apostolique dans le département du Nord: le citoyen Lecun, ci-devant préfet apostolique, est nommé pour remplir les mêmes fonctions dans les départemens de l'Ouest et du Sud. Nul autre ne pourra prendre le titre ou exercer les fonctions de préfet ou vicaire apostolique, dans la partie française de SaintDomingue.

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LE GENIE DU CHRISTIANISME, par M. de Château-Briand; Paris, 1802, 5 vol. in-8. prix 18 francs.

Premier Extrait.

Cet ouvrage long-tems attendu, et commencé dans des jours d'oppression et de douleur, paroît quand tous les maux se réparent, et quand toutes les persécutions finissent: il ne pouvoit être publié dans des circonstances plus favorables. C'étoit à l'époque où la tyrannie renversoit tous les monumens religieux, c'étoit au bruit de tous les blasphêmes, et pour ainsi dire en présence de l'athéisme triomphant, que l'auteur se plaisoit à retracer les augustes souvenirs de la religion. Celui, qui, dans ce tems-là, sur les ruines des temples du christianisme, en rappeloit l'ancienne gloire, eûtil pu deviner qu'à peine arrivé au terme de son travail, il verroit se rouvrir ces mêmes temples sous les auspices d'un grand homme? La prédic tion d'un tel évènement eût excité la rage ou le mépris de ceux qui gouvernoient alors la France, et qui se vantoient d'anéantir par leurs lois les croyances religieuses que la nature et l'habitude ont si profondément gravées dans les cœurs. Mais, en dépit de toutes les menaces et de toutes les injures, l'opinion préparoit ce retour salutaire, et secondoit les pensées du génie qui veut reconstruire l'édifice social.

Quand la morale effrayée déploroit la perte du culte et des dogmes antiques, déjà leur rétablis sement étoit médité par la plus haute sagesse. Le nouvel orateur du christianisme va retrouver tout ce qu'il regrettoit. Du fond de la solitude ou son imagination s'étoit réfugiée, il entendoit naguères N.o 2. T. XVI. 8. Ann.

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la chute de nos autels : il peut assister maintenant à leurs solemnités renouvélées. La religión, dont la majesté s'est accrue par ses souffrances recouvre la liberté de son culte, au milieu de la victoire et de la paix dont elle affermit l'ouvrage. Toutes les consolations l'accompagnent ; les haînes et les douleurs s'appaisent à sa présence. Les voeux qu'elle formoit depuis douze cents ans pour la prospérité de cet empire, seront encore entendus; et son autorité confirmera les nouvelles grandeurs de la France, au nom du Dieu qui, chez toutes les nations, est le premier auteur de tout pouvoir, le plus sûr appui de la morale, et par conséquent le seul gage de la félicité publique.

Parmi tant de spectacles extraordinaires qui ont, depuis quelques années, épuisé la surprise et l'admiration, il n'en est point d'aussi grand que ce dernier. La tâche du vainqueur étoit achevée; on attendoit encore l'œuvre du législateur. Tous les yeux étoient éblouis; tous les cœurs n'étoient pas rassurés mais, graces à la pacification des troubles religieux qui va ramener la confiance universelle, le législateur et le vainqueur brillent aujourd'hui du même éclat.

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Ainsi donc l'historien Raynal avoit grand tort de s'écrier, il y a moins de trente ans, d'un ton si prophétique: Il est passé le tems de la fondation, la destruction et du renouvellement des empires! Il ne se trouvera plus l'homme devant qui la terre se taisoit ! On combat aujourd'hui avec la foudre pour la prise de quelques villes; on combattoit autrefois avec l'épée pour détruire et fonder des royaumes. L'histoire des peu ples modernes est sèche et petite, sans que les peuples soient plus heureux.

Avant la fin du siècle, il a pourtant paru cet homme dont la force sait détruire, et dont la

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