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principes la multitude de consultations qu'il a données en faveur des prêtres opprimés, est inom brable. On peut dire qu'il a été l'avocat du second ordre; on peut même dire qu'il a été par excellence, le défenseur des prêtres opprimés.

Mais quel n'a pas été l'étonnement de tous les amis de M. Maultrot, quelle n'a pas été la surprise de tous les membres instruits du clergé, lorsqu'ils ont vu ce célèbre jurisconsulte prendre en main la défense des anciens évêques, ou plutôt, des anciens abus qu'il avoit si long-tems et si courageusement attaqués ; et se porter contre la constitution civile de 1791, avec toute la véhémence, et disons-le, avec toute l'âpreté de ses moyens? Il est vrai aussi que sa réputation et ses forces ont semblé déchoir par la nature même de sa nouvelle cause. Depuis cette époque, M. Maultrot a beaucoup écrit ; mais aucun de ses nouveaux ouvrages ne lui a survécu. Il n'a pas même jugé à propos de les insérer dans le catalogue suivant, qui a été écrit sous sa dictée.

M. Matiltrot ne se contint presque jamais dans les limites de la modération: nous l'avons vu, en novembre dernier, se refuser au stratagême qu'avoit imaginé le vénérable M. Lasseray, pour op rer une réunion, en faisant célébrer, au nom de chacun d'eux, un service pour MM. Gasaignes et Pellicier-Daupresbin, prêtres, leurs amis communs. Nous n'exhumerons pas la lettre que M. Maultrot écrivit à ce sujet à M. Lasseray.

Mais nous désapprouvons également l'opinion de ce savant, qui accusoit d'intrusion les évêques cons titutionnels; et celle, tout aussi fortement prononcée, par laquelle il reprochoit le même vice aux nou veaux évêques établis par suite du concordat de 1801. Toutes ces variations, de quelque côté qu'elles se soient tournées, ne prouvent que la foiblesse de l'esprit humain.

M. Maultrot avoit perdu l'usage de la vue depuis plus de quarante ans ; et depuis ce triste accident, il n'a peut-être jamais passé un jour sans dicter à son secrétaire. C'est cette dictée qui a donné le jour à un grand nombre d'ouvrages, qui étonnent par l'immensité des recherches et par la profondeur de l'érudition.

M. Maultrot, qui étoit né avec un patrimoine honorable, perdit presque toute sa fortune dans le cours de la révolution. Il fut obligé, en l'an six, de vendre sa belle et rare bibliothèque, dont il ne reçut pas même le prix, attendu la faillite et l'infidélité de l'huissier-priseur chargé de la vente : mais il supporta cet échec avec sa patience et sa foi ordinaires.

Cet excellent homme étoit du commerce le plus doux : il eut des amis chauds, des amis respectables, parmi lesquels nous comptons le célèbre abbé Mey, MM. Lepaige, Vanquetin, Viard, Camus, etc. (1) Nous devons une partie des détails qui précèdent, à l'estimable M Leroi, son confrère et son ami, et actuellement prêtre.

Ce savant célèbre, ce chrétien vénérable, cet homme de mœurs pures et simples, est mort à Paris, le 12 mars 1803, niuni des sacremens de l'église, qu'il reçut en pleine connoissance plusieurs jours auparavant.

Pour l'utilité de ceux qui se livrent à l'étude des matières canoniques, nous joignons ici le catalogue de ses ouvrages.

1. Apologie des jugemens rendus en France contre le schisme, par les tribunaux séculiers, etc. 1752, 2 vol. in

(1) On se rappelle eneore la promenade instructive que cette société étoit dans l'usage de faire dans le jardin de l'abbaye St.-Victor, après les vêpres des dimanches et fêtes.

1a, réimprimés la même année en 3 vol., et ́en 1753, } vol. avec beaucoup d'augmentations. La première partie de cet ouvrage est de l'abbé Mey; la seconde est de Maultrot.

2. Maximes du droit public français, 1772, 2 vol. in-12, téimprimés en 1775 à Amsterdam, 2 vol. in-46. et 6 vol. in-12, avec des augmentations très-considérables. On a inséré, dans cette seconde édition, des réflexions sur le droit de vie et de mort, qui sont de Blonde, avocat.

3. Les droits de la puissance temporelle défendus contre la seconde partie des actes de l'assemblée dă curgi in-12. de 1765, concernant la religion ; 1777,

4. Dissertation sur le Formulaire, 1775, in-12.

5. Consultation pour les curés du diocèse de Lisieux, in-12.

6. Mémoires sur la nature et l'autorité des assemblées du clergé de France; 1777, in-12.

7. Institution divine des curés, et leur droit au gouvanement général de l'église, ou, Dissertation sur le vingthuitième verset du vingtième chapitre des Actes des Apotres; 1778 2 vol. in-12.

8. Les droits du second ordre, difendus contre les apologistes de la domination Episcopale; 1779, in-12.

9. Le droit des prétres dans le synode ou concile diocésain; 1779, in-12.

10. Les prêtres juges de la foi, ou, Réfutation du mémoire dogmatique et historique touchant les juges de la foi, par Labbé Corgne; 1780, 2 vol, in-12.

11. Les prétres juges dans les con iles avec les évêques, ou, Refutation du traité des conciles en général, de l'abbé Ladvocat; 1780, 3 vol. in-12.

12. Dissertation sur les interdits arbitraires de la célé bration de la messe, aux prêtres qui ne sont pas du diocèse; 1781, in-12.

13. Dissertation sur l'approbation des prédicateurs; 1782, 2 vol. in-12.

14. L'approbation des confesseurs introduite par le concile de Trente; 1783, 2 vol. in 12.

15. Examen du décret du concile de Trente sur l'appro bation des confesseurs; 1784, 2 vol. in-12.

16. Dissertation sur l'approbation des confesseurs ; 1784, 1 vol. in-12.

17. Jurisdictionordinaire immédiate sur les paroisses, etc. 1784, 2 vol. in-12.

18. Traité des cas réservés au pape; 1785, 2 vol. in-12. 19. Traité des cas réservés aux évéques; 1786, 2 vol. in-12.

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20. Traité de la confession des moniales; 1786, 2 vol.

in-12.

21. Défense du second ordre contre les conférences eccllsiastiques d'Angers; 1787, 3 vol. in-va.

22. L'Usure considérée relativement au droit naturel 1787, 2 vol. in-12.

23. L'Usure considérée relativement au droit naturel, bu, Refutation de l'ouvrage intitulé: La question de l'usure éclaircie, par M. Beurrey; 1787, 2 vol. in-12.

24. Examen du principe du pastoral de Paris, publié par M. de Juigné, 1788 1789; 6 brochures formant 2 vol. in-12.

25. Véritable nature du mariage; 1788, 2 vol. in-12.

16. Examen des décrets du concile de Trente, et de la jurisprudence française sur le mariage; 1788, 2 vol. in-12. 27. Dissertation sur les dispenses inatrimonialės; 1789, I vol. in-12.

18. Défense du droit des prétres dans le synode ou con cile diocésain, contre les conferences ccclésiastiques sur les synodes; 1789, 1 vol. in-12.

29. Origine et étendue de la puissance temporelle, suivant les livres saints et la tradition; 1789-1790, 3 vol. in-11.

30. Discipline de l'église sur le mariage des prétres; in-8°

1790,

31. Observations sur le projet de supprimer en France un grand nombre d'évéchès; 1790, in-8°.

32. Défense de Richer, chimère du richérisme; 1790,

2 vol. in-8.0

33. Histoire du schisme de l'église d'Antioche; 17917 in-8°.

34. Histoire de saint Ignace, patriarche de Constantinople, et de Photius, usurpateur de son siège; 1791, in-8. 35. L'Indépendance de la puissance spirituelle, défendue contre un écrit; 1791, in-8°.

36. L'Autorité de l'église et de ses ministres, défendue contre l'ouvrage de M. Larrière, intitulé etc.; 1792, in-8.A

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M. Lepaige.

Cet avocat célèbre vient de terminer son bonorable carrière, à l'âge de près de 90 ans. Il étoit né à Paris en 17..et est mort dans cette même ville, sur la fin de l'année 1802. Il fut le chef et l'arbitre des canonistes français, dans un siècle qui a produit dans cette science les plus habiles dont le barreau français puisse se glorifier.

M. Lepaige a beaucoup écrit ; et nous espérons que sa famille et ceux à qui l'amitié et la confiance lui ont fait laisser une grande partie de sa bibliothèque, donneront un jour au public, le catalogue de ses nombreux ouvrages. Mais on ne peut s'empêcher de regretter que, soit la quantité de mémoires ou d'écrits d'un homme aussi laborieux, soit la multiplicité de ses occupations ne lui aient pas permis d'approfondir des sujets importans de discussion, et d'attacher son nom à quelque grand ouvrage. Tel est cependant le sort le plus commun des hommes dont l'estime et la confiance publique règlent impérieusement tous les momens de leur vie.

M. Lepaige, fut nommé bailly du Temple: c'étoit une marque distinguée que M. le prince de Conty avoit voulu lui faire accepter de sa confiance.

Ce prince en avoit une entière en lui; et on sait que Louis XV ne fit pendant long-tems rien d'important, sans consulter un parent à qui on ne peut refuser une grande étendue de lumières et un caractère prononcé c'est à l'aide du prince de Conty, que M. Lepaige eut une grande influence sur les querelles religieuses qui ont agité presque tout le règne de Louis XV. On a dû à ses conseils,

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