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est à leur proximité, à payer à ces saints le tribut de respect qui leur est dû, et à se recommander à leur puissante protection auprès de Dieu.

Un moyen de seconder en ce point la dévotion des fidèles, sur-tout dans les villes et gros villages, ce seroit, les jours où l'église célèbre la gloire des principaux saints, de dire, de grand matin, une messe à laquelle pourroient assister les voisins, et pendant laquelle il leur seroit fait une courte instruction sur les droits du saint à leurs hommages, sur l'utilité pour eux de l'invoquer, sur-tout de l'imiter, et sur la manière dont ils pourroient, même en vaquant à leurs travaux ordinaires, sanctifier ce jour, sans qu'il fût rigoureusement cĥommé. (1)

Le soir, à l'heure où les travaux sont censés finis, on pourroit aussi les inviter à se rendre à l'église pour y assister à une lecture de piété, et à telles prières que leurs pasteurs jugeroient convenables.

Ainsi se conduisoient nos pères dans la foi, avant que les fêtes se fussent multipliées. Que dis-je ? ces chrétiens admirables alloient plus loin encore comme nous le voyons dans l'auteur des Constitutions apostoliques (2) ils se réunissoient pour prier, le matin à l'heure de tierce, à sexte, à none, à vépres, et au chant du coq. Le matin, pour rendre graces au père des lumières qui fait luire le jour; a tierce, (neuf heures du matin), parce que ce fut à cette heure que l'auteur de la justice fut condamné à mort ; à sexte, parce qu'il fut mis en croix à midi; à none (trois

(1) C'est aussi l'esprit de l'indult: même long-tems avant qu'il parût, ce pieux usage avoit lieu dans des églises de Paris et d'autres villes, mais personne n'est tenu de le suivre ; et il ne faut pas laisser ignorer aux pères de familles, que travailler dans les vues de Dieu, c'est prier.

(2) Precationes facite, manè, tertid. sextd, nond, vesperè, atque ad galli cantum. (L. 8-3.)

heures après midi), parce qu'à cette heure, l'auteur de la vie expira sur la croix; au soir, pour remercier l'auteur du repos, et bénir Dieu pour toutes les graces reçues dans le jour; au chant du coq, parce que le retour du jour appelle les enfans de lumière au travail et à l'œuvre du salut éternel.

Dans ces siècles de ferveur, nous dit un savant er pieux écrivain (1), les laïcs même, sans y être obligés, récitoient les offices divins avec une admirable assiduité. Durant tout le jour, dit saint Ba sile, qui vivoit au quatrième siècle, les chrétiens, même au milieu de leurs travaux,'étoient tellement occupés des louanges du Seigneur, qu'on les entendoit chanter des pseaumes dans leurs maisons, dans leurs champs, quelquefois même dans les places publiques.

Le dimanche, qui, comme nous l'avons dit, étoit pour eux presque le seul jour d'assemblée générale, ils le passoient, soit à écouter Dieu dans des instructions, dans des lectures pieuses, soit à lui parler dans de ferventes prières : le matin, ils participoient presque tous à la divine eucharistie: le soir, quand les offices étoient finis, ils alloient visiter les prisonniers, consoler les affligés, porter des secours aux malheurenx, instruire ceux qu'ils savoient dans l'ignorance des points essentiels de la religion.

Le reste de la semaine, ils repassoient dans leur mémoire les principales vérités qui leur avoient éte annoncées le dimanche: ils s'en entretenoient; ils

(1) Thomassin, discipl. de l'église, tom. 1. Nous connoissons encore beaucoup de vertueux laics, qui, chaque jour, récitent dévotement l'office canonial: ils y consacrent nn tems que d'autres donnent aux jeux et aux vanités du *monde.

se les expliquoient : les pères sur-tout avoient soin d'en faire des répétitions dans leurs familles: cat chacun dans la sienne étoit comme un pasteur particulier qui présidoit aux prières et aux lectures domestiques, instruisoit sa famille, ses enfans, ses serviteurs; les exhortoit à mettre en pratique les maximes évangéliques qu'il leur inculquoit. Il faisoit plus i les pratiquoit lui-même ; et sa vie étoit comme un miroir dans lequel, à chaque instant, les personnes de sa maison pouvoient lire et les règles de l'évangile, et leurs obligations personnelles : ce qui fait dire à saint Chrysostôme que les maisons par ticulières étoient alors comme autant d'églises.!

C'étoit cette conduite angélique qui étonnoit qui convertissoit les payens; c'étoit cette constante piété qui remplissoit l'église de saints, dont le nombre et les œuvres paroissent aujourd'hui incroyables à la lâcheté de tant de chrétiens. Que ceux qui, parmi nous, murmurent de la suppression de quelques fêtes, passent ainsi la semaine; et ils se trouveront bientôt consolés: que du moins ils célèbrent dignement les fêtes non-supprimées ; qu'ils se souviennent que l'assistance à leur paroisse est, comme le dit un éloquent et saint evêque, un devoir confirmé par la pratique

de tous les siècles, par les lois de l'église, par la -> doctrine des saints, par l'exemple des gens de bien, par l'unité du ministère: c'est-là propre»ment l'assemblée des fidèles, c'est le corps autour

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duquel les aigles doivent se réunir; c'est-là où est » la source des sacremens, l'autorité de la doctrine, » la règle du culte, le lien commun de la foi; c'est » la maison de prière où vous devez venir confesser » la foi que vous y avez reçue sur les fonts sacrés, et » soupirer après l'immortalité que vos cendres Y » attendront. C'est une manière de schisme, de dé» sobéissance, de séparation du corps de fidèles, de

» s'en absenter. » (1) Voilà les vrais principes voilà les saintes règles de l'église. Qu'ils sont coupables, ceux qui, malgré nos paternels avertissemens, s'obstinent à les fouler aux pieds. Le concile d'Elvire, celui de Sardique, le concile in Trullo, celui d'Agde, ceux d'Angers, de Château-Gonthier, de Langres, de Sens, de Chartres, de Trèves, de Mayence, le concile de Trente, les conciles particuliers de France et d'Italie, tenus depuis celui de Trente, les assemblées du clergé de France de 1645, de 1657, de 1700, déclarent qu'il y a obligation de droit aux fidèles, d'assister à la messe de paroisse, les fêtes et dimanches, au moins de trois dimanches l'un; et ils commandent aux évêques de les y porter par tous les moyens de la chariré. Dans un savant commentaire sur cet objet, inséré au tome 6 des Mémoires du clergé de France, il est dit : le concile de Trente a décidé (2) que chacun doit entendre la messe et la parole de Dieu, dans sa propre paroisse. Notez ce mot doit; il fait entendre une obligation, une loi rigoureuse.

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Rappelez souvent à vos paroissiens ces grandes vérités : toute personne qui oseroit leur enseigner une doctrine contraire ne pourroit être qu'un fourbe ou un ignorant: dites-leur souvent avec saint Cyprien (3): la discipline, c'est-à-dire, les saintes » règles de l'église, est la gardienne de l'espérance,

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(1) Massillon, sermon sur le véritable culte.

(2) A tridentino prescriptum est, ut missam et verbum Dei in sud quisque parochia audire debeat, Nota Verbum debere quod obligationem sonat et legem. (tom, 6. pag. 1209.)

(3) Disciplina custos spei, retinaculum fidei, dux itineris salutaris, fomes aut nutrimentum bonæ indolis, facit in Christo manere semper, ac jugiter Deo vivere et ad promissa cœlestia et divina præmia pervenire hanc et sectari salubre, et aversari ac negligere, leihale.(Cyprian, tract. de discip. etc.)

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» l'ancre de la foi, le guide dans la voie du salut, le » soutien, l'aliment des bonnes mœurs, la règle sûre » de la vertu : elle fait demeurer sans cesse en Jésus» Christ; elle fait vivre constamment pour Dieu; » elle fait parvenir aux promesses célestes, et aux récompenses divines; en la suivant, on trouve la "vie: en s'en écartant, en la négligeant, on arrive » à la mort. »

Les changemens dans l'office divin, qu'entraîne la translation de quelques fêtes, seront indiqués à la fin de l'Ordo qui va être imprimé dans peu. Je vous salue affectueusement.

† CL. LE Coz, Archevêque de Besançon.
Par M. l'Archevêque, Grappin, secrétaire.

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DEPUIS la formation de l'église moderne de France, nous avons reçu un assez grand nombre de lettres pastorales, d'instructions pastorales, et même de mandemens. Le titre de ces différentes espèces d'écrits, annonce assez que, soit au fond, soit dans la forme, ils ne doivent pas avoir le même objet, ni être traités de la même manière : une lettre pastorale devroit différer d'une instruction. La première admet une certaine négligence de style, comporte des détails qu'il ne convient pas de trouver dans la seconde. Celle-ci peut traiter les matières religieuses avec une profondeur et des déductions que l'autre ne comporte pas. Le mandement offre un caractère essentiellement différent des deux autres :'on n'y doit pas rencontrer la même onction; c'est le législateur, le magistrat qui doit paroître beaucoup plus que l'orateur et le pasteur; c'est un supérieur qui intime des or dres. Son style doit être pur, clair, noble, mais

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