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les meilleurs livres élémentaires qui font la base de l'éducation chrétienne: il continua d'ajouter à ces lectures des instructions familières que des respectables ecclésiastiques venoient faire dans sa maison. Le service divin n'y a pas plus été interrompu que tous les autres exercices, religieux.

M. Savouré, devenu père d'une nombreuse famille, lui faisoit espérer, ainsi qu'à la multitude de ses élèves, qu'ils le conserveroient encore long. tems. Il n'avoit que soixante ans environ, et jouissoit de tous les avantages d'une constitution robuste, lorsqu'une mort prématurée et soudaine est venue l'arracher à la société.

- Ses obsèques ont été interrompues par les larmes de sa famille, de ses élèves, et même d'une multitude de citoyens distingués qu'il avoit formés aux sciences et aux vertus. Il est malheureusement devenu trop rare de voir la dépouille de l'homme de bien suivie, jusqu'au tombeau, par un cortège nombreux que l'amour, le respect et la reconnoissance rassemblent.

Nos lecteurs pourront apprécier la perte que la religion et les sciences viennent de faire, en lisant le discours suivant, que M. Remy-François-HenryJoseph Olivier, l'un de ses écoliers, âgé de quinze ans, a véritablement composé et a demandé la permission de prononcer, pendant la cérémonie de ses funérailles. (1)

Nous nous hâtons de prévenir le public que M. Savouré a laissé un fils, âgé d'environ trente ans, qu'il a formé lui-même; et qui est infiniment capable, sous tous les rapports, de continuer le bien que son père et son grandpere ont fait dans la partie de l'éducation publique, Madame Savouré, veuve, si respectable par les soins vigilans avec lesquels elle n'a cessé de seconder les travaux de son mari, veut bien encore les continuer dans la maison, dont elle confie le soin à son fils aîné. -Cette pension a été trans

« Sans autre éloquence que ma douleur, je veux chers condisciples, déplorer avec vous, le triste évènement qui vient d'enlever à une famille respectable, le chef le plus vertueux; et de ravir à nos jenes années, le maître le plus éclairé, le plus sage.

Ne croyez cependant pas, chers condisciples, que prenant ici la parole, j'aie eu l'ambition d'être l'interprête de vos regrets: je n'ai voulu, qu'à titre de plus ancien dans la maison d'éducation de M. Savouré, acquitter la dette de la plus ancienne reconnoissance.

Votre douleur..... ah! sans doute, bien mieux que moi, vous l'eussiez exprimée!

Nous ne le verrons donc plus, ce maître estimable, notre ami, notre père !...... Nous ne le verrons plus, tantôt enrichir notre esprit des connoissances les plus utiles; et tantôt déposer dans nos cœurs, le germe des vertus les plus solides?... Nous ne le verrons plus, porter sur nous ses regards attentifs et nous prodiguer ses tendres soins!

..... Nous ne le verrons plus, encourager par l'attrait des récompenses, nos timides efforts; et par ses conseils en assurer le succes!..... Hélas! la mort nous l'a ravi, et lorsque tout sembloit nous promettre de le conserver long-tems encore!!!

Je n'entreprendrai pas de décrire ici les vertus qui ont embelli le cours d'une si belle vie : elles yous sont trop connues; elles le sont trop aussi de ceux qui se sont mêlés à sa famille et à nous, pour honorer sa pompe funèbre. Mais puis-je me défendre de rappeler le sage et ferme attachement

portée, depuis plus de vingt ans, hôtel d'anès, rue de la Clef, faubourg Saint-Marceau, qu'on sait être un des quartiers les p us ains de Paris; et dans un local spacieux et beau, dont M. Savouré étoit propriétaire.

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à la religion, que M. Savouré sut conserver dans ces tems désastreux, où deux devoirs, également sacrés pour le citoyen religieux, paroissoient inconciliables Par sa conduite, dans ces circonstances orageuses et difficiles, il nous a fait connoître les bornes qu'en pareilles conjonctures, la prudence doit mettre à un zèle sage et éclairé.

Témoignons donc au ciel toute notre reconnoissance, de ce que ce sincère, ce fidèle ami de la vertu et de la religion, sitôt ravi à notre tendresse, a du moins assez vécu pour nous conduire jusqu'à une heureuse époque où la vertu demande moins d'efforts; jusqu'à l'époque où le génie de la victoire vient d'assurer le règne de la sagesse, par le rétablissement de la liberté du culte.

Mais, ô famille désolée! en exprimant nos regrets, ne rendons-nous pas les vôtres plus amers? Non, non! comme nous vous avez la confiance que l'ame pure de celui dont nous voyons la dépouille mortelle sous ce drap funèbre

repose maintenant dans le sein du Dieu qu'il a toujours si fidèlement servi, et dont nous venons d'implorer pour lui, la miséricorde et la clémence. Eh! quel espoir plus réellement consolateur!

Pour nous, chers condisciples, ce qui doit adoucir notre douleur et modérer nos larmes, c'est que du moins ce maître, si digne objet de nos regrets, nous a formé et nous laisse dans son fils un autre lui-même, qui, nous consacrant désormais tous ses soins, ne vivra que pour nous faire oublier la perte d'un père, dont bien mieux que nous encore, il apprécioit le mérite. Vous le verrez, comme celui que nous avons perdu, guider et affermir vos pas dans les voies de la vertu et de la sagesse; et comme lui, orner votre esprit des plus utiles et des plus solides connois

sances."

M. Schelles, Evêque démissionnaire de Cambray.

M. Jacques-Joseph Schelles étoit né à Wormhout, le 14 juin 1747, et est mort à Dunkerque au commencement de l'année 1803. Il avoit été principal du collège de Bergues. Il fut, pendant quelques années, curé de la première paroisse de Dunkerque. Lorsque la persécution eut dispersé çà et là les ministres de la religion, M. Schelles devint non-seulement le curé de toute la ville de Dunkerque, mais il répandit au loin les fruits de son ministère. Son nom acquit de la célébrité dans toute l'étendue du diocèse de Cambray on ne parloit que de ses vertus. Cette considération entraîna tous les suffrages, lorsqu'il fut question de donner un évêque à cette église, dont la réputation des talens et des qualités pastorales de Fénélon, avoit rendu l'épiscopat si difficile et si délicat à remplir. Quelle violence il fallut faire au respectable M. Schelles, pour le déterminer à accepter. cette dignité! Il fut sacré à Reims, le 9 novembre 18oo. M. Schelles étoit très-savant: on admiroit en lui la réunion de toutes les vertus dont se compose le caractère d'un estimable ecclésiastique. C'étoit sur-tout sa modestie, son humilité, son immense charité, sa piété exemplaire, qui le faisoient aimer et respecter de ses compatriotes. Il donnoit aux pauvres, comme s'il eût été très-riche: il envoyoit souvent aux malades, ce qui avoit été destiné pour être sa ncurriture pendant le jour. Des mœurs angéliques, une simplicité d'enfant une ame étrangère à toutes les choses de ce monde, n'ayant rien, et exempt de toute inquiétude sur ses besoins, ignorant au milieu de la révolution s'il y en avoit une; il étoit citoyen du ciel, sans N.° 12. T. XVI. 8. Ann.

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ambition sur la terre: et lorsque, par suite des dispositions du concordat, il eut le bonheur de se démettre de son évêché, il n'avoit d'autre inquiétude que de savoir s'il pourroit encore être utile dans quelque campagne.

La timidité de M. Schelles étoit extrême, et elle étoit telle que son commerce en devenoit difficile: on craignoit toujours d'avoir allarmé une conscience aussi délicate, une ame aussi belle. Son ame étoit répandue sur sa physionomie; son extérieur étoit beau et intéressant: on peut dire qu'il étoit le seul homme qui ignorât tout ce qu'il valoit. Nous attendons du diocèse de Cambray, de plus amples détails sur la vie de ce respectable évêque: nous n'en avons encore parlé que d'après nous-mêmes, et d'après les notions qui nous sont parvenues au moment de son élévation à l'épis

copat.

Une lettre de M. Asselin, ancien évêque de St.Omer, nous a transmis les détails les plus consolans sur les derniers instans de la vie de ce prélat, et sur les regrets unanimes que son troupeau accorde à sa mémoire.

MM. Desportes, Fontaines et Bonamy, prêtres,
décédés à Saint-Domingue.

Tels sont les noms des trois prêtres vénérables qui s'étoient associés à l'auguste et sainte mission dont le concile national, tenu en 1797, avoit chargé M. G. Mauviel, en le nommant évêque de l'ancienne partie française de l'île Saint-Domingue. Ce prélat, digne de tous les sentimens d'amour et de respect que son clergé lui a voués, nous adresse, en date du premier de cette année, une lettre dans

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