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tution à l'entrée de la mer Rouge d'une forte administration sanitaire revêtue d'un caractère international, l'interruption des communications maritimes entre les ports arabiques et le littoral égyptien, le choix de lieux favorables à l'établissement de vastes lazarets, la police des ports d'embarquement et de débarquement des pèlerins; enfin, l'interruption éventuelle et momentanée des communications de l'Europe avec l'Égypte : telles sont les principales questions qui se rattachent au système de précautions suggéré contre les dangers d'importation par mer que présente le pèlerinage de la Mecque.

La conférence n'a pas étudié avec un soin moins attentif la question de l'importation de la maladie par la voie de terre et des obstacles qui pourraient lui être opposés dans toutes les contrées qu'elle peut parcourir en poursuivant sa marche envahissante, depuis l'Inde et la Perse, dont le rôle dans la propagation du choléra a particulièrement fixé son attention, jusqu'aux provinces de la Russie d'Europe, d'une part, et, au sud et au sud-est, dans les provinces de la Turquie, à partir de la frontière persane.

Tels sont, Sire, les traits principaux de l'œuvre très-complète de la conférence sanitaire internationale. On ne peut, d'ailleurs, en apprécier exactement l'importance que dans les rapports substantiels des diverses commissions qui ont préparé les résolutions de cette docte assemblée.

C'est après en avoir pris connaissance que nous avons l'honneur de signaler à V. M. la valeur de travaux qui ont porté leurs premiers fruits et de prévisions confirmées déjà par les faits observés dans le cours du pèlerinage qui vient de s'accomplir, et dont nous demandons à V. M. la permission d'indiquer, en terminant, la physionomie générale.

Nous sommes heureux de constater que, cette année, l'état sanitaire des pèlerins de la Mecque a été très-satisfaisant, et que leur rassemblement dans les villes saintes de l'islamisme n'a déterminé aucune maladie d'un caractère menaçant pour les pays qu'ils ont traversés au retour. Diverses causes ont pu contribuer à ce résultat. D'une part, les caravanes ont été beaucoup moins nombreuses; mais il est permis de croire aussi que les mesures de police sanitaire appliquées, dès l'année dernière, sous l'active surveillance du grand schérif, ont été d'une grande efficacité. Ainsi, les sacrifices ont tous eu lieu en dehors de la ville de la Mecque et dans des endroits préparés spécialement pour cette destination. Les restes des victimes ont été transportés et enfouis à une grande distance; des soins particuliers ont été pris pour assurer la propreté individuelle et pourvoir aux besoins des pèlerins, peu habitués jusqu'ici à de pareilles précautions. La ville de Djeddah a subi une véritable transformation: les rues assainies, les maisons remises à neuf, les vieux et infects magasins du bazar remplacés par des constructions propres et élégantes, témoignent des efforts de l'autorité locale pour améliorer les conditions matérielles de la population et des pèlerins, et satisfaire ainsi aux vœux de la conférence sanitaire internationale, qui avaient trouvé un interprète zélé chez le regrettable docteur Schnepp, médecin sanitaire et agent vice-consul de France à Djeddah, mort à son poste, au mois d'août de l'année dernière.

La commission sanitaire envoyée par le gouvernement ottoman et dirigée par un médecin expérimenté a surveillé très-attentivement, avec le concours du nouveau médecin sanitaire, vice-consul de France à Djeddah, les mesures adoptées pour la police des navires affectés au transport des pèlerins dans la mer Rouge. Cette active surveillance, en prévenant l'encombrement causé à bord des navires par les facilités excessives que les voyageurs trouvaient précédemment pour s'embarquer, a eu pour effet de déterminer, cette année, un nombre considérable de pèlerins à renoncer à la voie de mer pour se rendre en Syrie par caravanes. On ne peut qu'applaudir à ce retour aux anciennes pratiques, les transports par paquebots favorisant, ainsi que l'expérience l'a démontré, la propagation de la maladie. Enfin, la commission sanitaire ottomane a fait un voyage d'exploration des côtes, à l'entrée de la mer Rouge, pour chercher et déterminer un point sur lequel pourraient être établis un lazaret et un poste sanitaire. Il ne faut pas se dissimuler que les conditions nécessaires pour la création d'un établissement de ce genre sont difficiles à rencontrer.

Le Gouvernement de V. M. aura à s'entendre ultérieurement, à cet égard, avec les diverses puissances intéressées, car la police de la navigation de la mer Rouge est incontestablement une question internationale, qui se place au premier rang dans l'ensemble des mesures à adopter pour combattre le choléra et opposer à l'invasion du fléau une barrière réellement efficace.

Si l'on doit se féliciter de ce que, cette année, le pèlerinage de la Mecque n'a pas créé un danger pour l'Europe, il serait toutefois imprudent de se livrer à une sécurité que l'avenir pourrait troubler, tant que l'œuvre de salut commun entreprise au nom de la civilisation n'aura pas été poursuivie et achevée. C'est à ce résultat que tendront les constants efforts du Gouvernement de l'Empereur, encouragé dans cette tâche par la haute approbation de V. M.

Nous sommes avec respect, Sire, de Votre Majesté, les très-humbles, très-obéissants serviteurs et fidèles sujets,

Le Ministre des affaires étrangères,
MOUSTIER.

Le ministre de l'agriculture, du commerce et des travaux publics, DE FORCADE.

Convention conclue à Paris, à la suite de l'Exposition universelle de 1867, pour faciliter entre les Musées de tous les pays un échange de reproductions d'oeuvres d'art, ainsi que d'œuvres scientifiques et littéraires (1).

Il existe dans chaque pays de beaux monuments qui intéressent l'histoire de l'art et qui peuvent être facilement reproduits par le moulage, l'électrotypie, la photographie, et autres procédés dont l'emploi est sans danger pour les œuvres originales.

A. La connaissance de ces monuments est nécessaire au progrès de l'art, et leurs reproductions sont de la plus haute utilité pour former le goût public;

B. Un service de reproductions d'objets d'art a été créé au Kensington Museum, et des exemplaires de ces objets ont figuré dans le compartiment anglais de l'exposition universelle de Paris de 1867, où l'on a pu voir des spécimens de l'art français, italien, espagnol, portugais, allemand, suisse, russe, indou, celtique et anglais;

C. On propose le projet ci-après pour les échanges:

1° Chaque pays nommera une commission spéciale, dans le but d'obtenir pour ses musées les reproductions qu'il pourrait désirer;

2o Les commissions de chaque pays correspondront entre elles et feront connaître les reproductions qui ont été faites, afin que chaque Gouvernement puisse profiter, à peu de frais, des travaux des autres

pays;

(1) Cet arrangement, que l'objet spécial qu'il a en vue, le rang de ceux qui y ont apposé leurs signatures, enfin les conditions mêmes de sa négociation, ont empêché de dresser dans la forme diplomatique ordinaire, n'a pas donné lieu à un échange de ratifications souveraines. Dans chacun des pays au nom desquels il a été souscrit, les Gouvernéments se sont réservé d'en assurer l'exécution par voie de mesures administratives. Voyez le Moniteur universel du 22 août 1868, la lettre du prince de Galles au duc de Malborough, en date du 12 mars 1868, et l'arrêté du roi des Belges ' du 17 mai 1871.

3o Chaque pays s'arrangera pour faire l'échange des objets qu'il désirera obtenir;

4o Pour favoriser la formation de ces Commissions et pour faciliter les reproductions, les soussignés, membres des familles régnantes de l'Europe, assemblés à l'exposition de Paris en 1867, ont approuvé ce projet et exprimé le désir d'en favoriser la réalisation.

Fait et conclu à Paris, 1867.

Grande-Bretagne et Irlande: Albert-Édouard, prince de Galles; Alfred, duc d'Édimbourg.

Prusse Frédéric Guillaume, prince de la couronne de Prusse.
Hesse: Louis, prince de Hesse.

Saxe Albert, prince royal de Saxe. - France: Prince Napoléon (Jérôme).

Belgique Philippe, comte de Flandres.

Russie Le Césarewitch; Nicolas, duc de Leuchtemberg.
Suéde et Norwége: Oscar, prince de Suède et de Norwége.

Italie Humbert, prince royal d'Italie: Amédée, duc d'Aoste. Autriche Charles-Louis, archiduc d'Autriche; Régnier, archiduc d'Autriche.

Danemarck: Frédéric, prince de la couronne de Danemark.

Circulaire adressée, le 25 octobre 1867, par le Ministre des Affaires étrangères aux Agents diplomatiques français, sur l'occupation des États romains.

M. Nous ne voulons pas nous attacher, en ce moment, à énumérer les incidents successifs qui ont fait naître et poussé à ses conséquences extrêmes une crise aussi menaçante pour la sécurité du Saint-Siége que dangereuse pour les véritables intérêts de l'Italie. Il nous suffit de l'envisager au point de vue de notre droit et de notre honneur et de constater les devoirs qui en découlent pour nous.

La convention du 15 septembre 1864 (1) a été provoquée et signée librement par le gouvernement italien; elle l'obligeait à protéger efficacement la frontière des États pontificaux contre toute agression extérieure. Nul ne peut douter aujourd'hui que cette obligation ne se soit pas trouvée remplie, et que nous ne soyons en droit de replacer les choses dans l'état où elles étaient avant l'exécution loyale et confiante de nos propres engagements par l'évacuation de Rome. Notre honneur nous impose certainement le devoir de ne pas méconnaître quelles espérances le monde catholique a fondées sur la valeur d'un acte revêtu de notre signature.

Nous tenons à le dire cependant, nous ne voulons en aucune manière renouveler une occupation dont mieux que personne nous mesurons la gravité. Nous ne sommes animés d'aucune pensée hostile à l'égard de l'Italie. Nous conservons fidèlement la mémoire de tous les liens qui nous unissent à elle. Nous sommes convaincus que l'esprit d'ordre et de

(1) V. cette Convention, t. IX, p. 129.

légalité, seule base possible de sa prospérité et de sa grandeur, ne tardera pas à s'affirmer · hautement. Dès que le territoire pontifical sera délivré et la sécurité rétablie, nous aurons accompli notre tâche et nous nous retirerons.

Mais, dès à présent, nous devons appeler sur la situation réciproque de l'Italie et du SaintSiége l'attention des puissances. Aussi intéressées que nous à faire prévaloir en Europe les principes d'ordre et de stabilité, nous ne doutons pas qu'elles n'abordent, avec un sincère désir de les résoudre, des questions auxquelles, pour un si grand nombre de leurs sujets, se rattachent des intérêts moraux et religieux du caractère le plus élevé.

Telles sont, M., les considérations que vous vous appliquerez à faire valoir, et qu'appréciera, j'en ai la confiance, le gouvernement auprès duquel vous êtes accrédité. Agréez, etc.

MOUSTIER.

Déclaration signée à Bruxelles, le 24 décembre 1867, pour le règlement réciproque des indemnités dues aux sauveteurs d'engins de pêche dans les ports français et belges. (Éch. des ratif., à Bruxelles, le 11 juin; promulguée en France par décret du 27 juin 1868.)

Le Gouvernement de S. M. l'Empereur des Français et le Gouvernement de S. M. le Roi des Belges, ayant résolu d'un commun accord de mettre un terme aux difficultés auxquelles donne lieu le règlement réciproque des indemnités à allouer aux sauveteurs d'engins de pêche dans les ports des deux Pays, sont convenus des dispositions suivantes :

1o Les sauveteurs français de filets de pêche appartenant à des Belges, et réciproquement les sauveteurs belges de filets appartenant à des Français, auront droit à une indemnité fixe de deux francs par filet. 2o A cette indemnité s'ajoutera le poisson trouvé dans les filets. 3o Le payement de l'indemnité de deux francs sera fait:

En France, en présence de l'autorité maritime, soit du domicile du sauveteur, soit du domicile du propriétaire des engins sauvés, soit du lieu de sauvetage;

En Belgique, entre les mains du receveur des domaines du ressort du lieu de sauvetage.

4o Le présent Arrangement sera ratifié et les ratifications en seront échangées à Bruxelles dans le délai de six semaines, ou plus tôt si faire se peut.

En foi de quoi, Nous, Envoyé Extraordinaire et Ministre Plénipotentiaire de S. M. l'Empereur des Français en Belgique, dûment autorisé à cet effet, avons signé le présent Acte pour être échangé contre une Déclaration correspondante du Gouvernement de S. M. le Roi des Belges. Fait à Bruxelles, le 24 décembre 1867.

Comte de COMMINGES-GUITAUD.

Trait conclu à Agogodjo le 14 janvier 1868, entre la France et les rois de Camma et du Rembo, pour la reconnaissance de la suzeraineté de la France (1).

Les Rois et les Chefs de Camma, le Roi et les Chefs du Rembo soussignés,

Désirant s'assurer la protection du Gouvernement français et resserrer les liens d'amitié, de famille et de commerce qui les unissent aux habitants du Gabon, aux Oroungous, au cap Lopez, ainsi qu'aux tribus de l'Ogoway, tous soumis à la France, et tous leurs voisins ou amis, ont conclu avec le commandant du Pionnier, autorisé à cet effet au nom de la France, le présent traité, auquel ont assisté et signé comme témoins: MM. Kertangny, enseigne de vaisseau;

Robin, enseigne de vaisseau;

Lartigue, médecin de 2o classe de la Marine;

R. B. W. Walker, de la Société royale de Géographie de Londres, représentant de la maison Hatten et Coxon, au Gabon et dans son établissement à l'île Dônie, dans l'oliva n'Commi, etc.., interprète et officier pratique.

ART. 1er. Les Rois et les Chefs ci-dessous dénommés concèdent de

(1) Voici en quels termes le Moniteur officiel (juin 1868) a analysé et expliqué la portée de ce traité :

Aux termes d'un traité passé avec les chefs du cap Lopez le 1er juin 1862 (V. t. VIII, p. 413), le territoire compris entre ce point et notre établissement du Gabon a été cédé à la France. Les chefs de Sanga-tang et d'Isambey, anciens foyers de traite, n'ont pas tardé à reconnaître également notre souveraineté. Ces contrées qu'arrose l'Ogoway, magnifique cours d'eau qui communique avec des centres de population et de commerce importants, ont été ainsi délivrées du honteux trafic qu'elles subissaient de temps immémorial et sont entrées dans la voie des échanges réguliers. Cette annexion vient de se compléter par la Convention passée le 14 janvier 1868 avec les Rois et les chefs de Camma et du Rembo, et portant reconnaissance par ceux-ci de nos droits à la suzeraineté de leur pays. L'action de notre établissement du Gabon se trouve ainsi reculée jusqu'au Fernand Vaz, rivière appartenant à l'estuaire de l'Ogoway, et parcourant, comme ce dernier fleuve, des contrées riches en produits d'exportation. Voici quelques détails sur cette nouvelle possession, qui paraît appelée à un avenir commercial d'une certaine importance.

Le Fernand Vaz a une ouverture de 300 mètres de largeur; la passe peut avoir 100 mètres. La barre qui en défend l'entrée est en général praticable pendant la saison des pluies. La sonde donne toujours 4 mètres, mais le courant est très-violent, et il est prudent de n'entrer qu'à la fin du flot. Tout porte à croire que la barre est praticable presque journellement pour un bâtiment à vapeur, et fréquemment pour des chaloupes soutenues par des avirons. Quant aux brisants de la plage, ils peuvent être franchis presque constamment par des pirogues du pays.

Après avoir traversé la lagune de Fernand Vaz, on pénètre dans l'oliva de N'Commi, nouvelle lagune qui n'a pas moins de cinq à six milles de largeur. Le grand nombre d'iles et même de bancs de sable et de vase qu'on y rencontre ne peut nuire à la navigation.

Cette lagune est alimentée par les eaux de l'Ogoway et par quelques autres petites rivières relativement peu importantes. La principale débouche dans la partie méridionale et porte le nom générique de Remboë (rivière) et celui de Rembo-Tsambey-Owenga. Ses eaux sont douces et potables. De sa partie supérieure on se rend, disent les naturels, en douze heures de marche, à une nouvelle lagune appelé Oliva Zouangué, qui se rapproche souvent beaucoup de l'oliva N'Commi, sans qu'on ait pu découvrir entre elles de communications directes.

Dans tout le pays de Camma, c'est-à-dire sur les bords de la lagune du Fernand Vaz et de

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