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suscité à la vie de grande Nation. Malheureux jour, que nous oserons conjurer pour la dignité de la Patrie, mais que nous devons prévenir, si nous voulons prendre l'initiative du progrès moral dans le grand travail de la civilisation humaine. Au lieu de nous laisser surprendre par les événements, nous prendrons la force d'initiative pour cette réforme importante du fond de la conscience nationale; aujourd'hui qu'une force irrésistible pousse tous les peuples à un renouvellement général dans toutes les directions de la vie, nous démontrerons que l'Italie n'a point renić sa place d'honneur à l'avantgarde des nations civilisées.

FIN.

ADDENDA

Insérer pag. 11, ligne 27.

Après la proclamation du Royaume d'Italie à Turin la politique de la France fut adressée à trouver la possibilité pratique d'une conciliation quelconque de la Papauté avec le Cabinet italien. Dans sa lettre du 20 Mai 1862, l'empereur Napoléon en s'adressant à son ministre des affaires étrangères, énumère les obstacles qui se sont jusqu'alors opposés à la réalisation de ses efforts, mais il déclare qu'il est du devoir des hommes d'État de chercher à réconcilier deux causes que les passions seules représentent comme irréconciliables, et il discute la question au point de vue des deux parties y intéressées:

« L'Italie, comme État nouveau, a contre elle tous ceux qui tiennent aux traditions du passé; comme l'État qui a appelé la révolution à son aide, elle inspire la défiance à tous les hommes d'ordre. Elle a, à ses portes, un ennemi redoutable dont les armées et le mauvais vouloir facile à comprendre, seront longtemps encore un danger imminent. Ces antagonismes déjà si sérieux. le deviennent davantage en s'appuyant sur les intérêts

de la foi catholique. Il y a peu de temps, le parti absolutiste était le seul qui lui fût contraire.

« Aujourd'hui la plupart des populations catholiques en Europe lui sont hostiles, et cette hostilité entrave non-seulement les intentions bienveillantes des gouvernements rattachés par leur foi au Saint-Siége, mais elle arrête les dispositions favorables des gouvernements protestants et schismatiques qui ont à compter avec une fraction considérable de leurs sujets. Ainsi, partout, c'est l'idée religieuse qui refroidit le sentiment public pour l'Italie. La réconciliation avec le pape aplanirait bien des difficultés, et lui rallierait des millions d'adversaires.

« D'autre part, le Saint-Siége a un intérêt égal, sinon plus fort, à cette réconciliation, car si le SaintSiége a des soutiens zélés parmi tous les catholiques fervents, il a contre lui tout ce qui est libéral en Europe.

« L'intérêt du Saint-Siége, celui de la religion, exigent donc que le pape se réconcilie avec l'Italie, car ce sera se réconcilier avec les idées modernes, retenir dans le giron de l'Église deux cents millions de catholiques et donner à la religion un lustre nouveau en montrant la foi secondant les progrès de l'humanité.

<«< Le pape ramené à une saine appréciation des choses, comprendrait la nécessité d'accepter tout ce qui peut le rattacher à l'Italie, et l'Italie, cédant aux conseils d'une sage politique, ne refuserait pas d'accepter les garanties nécessaires à l'indépendance du Souverain Pontife et au libre exercice de son pouvoir. On atteindrait ce double but par une combinaison qui, en maintenant le pape maître chez lui, abaisserait les barrières qui séparent aujourd'hui ses États du reste de l'Italie.

<< Pour qu'il soit maître chez lui, l' indépendance doit lui être assurée, et son pouvoir accepté librement par ses sujets. Il faut espérer qu'il en serait ainsi, d'un côté, lorsque le gouvernement italien s'engagerait visà-vis de la France à reconnaître les États de l'Église et la délimitation convenue, de l'autre, lorsque le gouvernement du Saint-Siége revenant à d'anciennes traditions, conserverait les privilèges des municipalités et des provinces de manière à ce qu'elles s'administrent pour ainsi dire elles-mêmes: car, alors, le pouvoir du pape, planant dans une sphère élevée au-dessus des intérêts mondains de la societé, se dégagerait de cette responsabilité toujours pesante et qu' un gouvernement fort peut seul supporter.

<<< Les indications générales qui précèdent ne sont pas un ultimatum que j'aie la prétention d'imposer aux deux partis en désaccord, mais les bases d'une politique que je dois m'efforcer de faire prévaloir par notre influence légitime et nos conseils désintéressés. » ( Moniteur Universel du 25 septembre 1862).

Le ministre M. de Thouvenel formula les propositions du Gouvernement français en transmettant ses instructions à l'ambassadeur à Rome:

1.o Le maintien du statu quo territorial, le SaintPère se résignant sous toutes réserves à n' exercer son pouvoir que sur les provinces qui lui restent, tandis que l'Italie s'engagerait vis-à-vis de la France à respecter celles que l'Eglise possède encore.

2.o Le transfert, à la charge de l'Italie, de la plus grande partie, sinon de la totalité de la dette romaine.

3. La constitution au profit du Saint-Père d'une liste civile destinée à compenser les ressources qu'il ne trouverait plus dans le nombre réduit de ses sujets.

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